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[IG/RP] La Vouivre et le Pholcus -La vie Ducale

Cyclopede
Grilles du château ducal

Et si tout ça ne menait au final qu'à pas grand chose d'autre qu'un échange stérile ? C'était bien ce qui martelait les sinus frontaux du pauvre colosse, alors qu'il se tenait devant l'entrée de ce qui était le lieu du pouvoir angevin. Une montagne, fut-elle faite de chair et de cœur, avait du mal à imaginer que la rencontre faite aussi fortuitement que celle d'un duc dans un bouge fut réellement réelle. Mais il se souvenait encore des mots échangés, et il fallait l'avouer, il s'en souviendrait longtemps, après que les nobles putains et les nobles étrons ruraux aient finis de pourrir en terre.

Alors, fort de cette rencontre inattendue qui fendit un peu les certitudes de la marmule porchère, Cyclopède avait finalement pris la route pour le château, avec au bout d'une corde, sa dernière truie. Il avait, dans son vocabulaire peu maitre de la langue, qui lui était pourtant maternelle, parlé d'une truitelle. Le mot lui était doux à l'oreille. et comme la douceur, chez ce gentil rustre, était le fondement de toute chose, il n'avait pas cherché plus loin. Le malheur de la très jeune bestiole, outre d'être la matière première idéale pour satisfaire la noblesse du coin, était sa cécité. Comme quoi... Mais le Duc lui-même l'avait dit : point besoin de voir pour renifler les truffes, où elles sont ! Comme le Saint Infirme avait raison ! Et les truffes, on pouvait les lever rien qu'à l'odeur, dans ce coin de terre, se disait Cyclopède, en n'essayant même plus de masquer son sourire de satisfaction.

Donc, un porcelet femelle aveugle au bout d'une corde, et un colosse de chair à l'autre bout, voilà ce qui était planté, devant la herse. La voix forte du géant tonna un peu, comme un orage d'été, malgré la volonté de se faire humble.

Hola, la garde. J'ai ici un présent pour sa Seigneurie. Il est au courant, mais j'préfère annoncer la couleur. La truite ici présente est désignée pour servir en truffrerie, et plus si affinité, mais là... J'sais pas les gouts personnels du Duc, sinon qu'il imagine aussi bien que toi et moi !

La pauvre bestiole, légèrement fatiguée d'avoir été trainée des faubourgs d'Angers à cette grande porte, reniflait comme un prélat pontifical le soir, après l'apérol. Elle collait son maigre flanc contre le mollet massif du porche, en tremblant tant de trouille que d’excitation. L'index épais du charretier lui gratta le front, pour l'apaiser.

Griotte, ma pauv' fille, te voilà rendue. Si la dentelle suprême est pas malhonnête, tu devrais pas finir en boudin... ou pire, violentée physiquement. Mais il m'a fait bon effet,e t c'est donc sans scrupule que tu vas finir à son service. rend toi compte... Gambader pour choper des truffes ! C'est pas l'pied ?

"Grouik " fut la seule réponse de la jeune truie aveugle. Le porcher lui même ne savait pas trop comment le prendre. UN remerciement ? Une malédiction ? Une simple mal diction ? en fait, il s'en frottait le membre central, parce que le Duc avait, de manière tacite, acceptait qu'il devint, lui, le porcher ducal. IL patienta donc en regardant le garde, qu'il prenne la relève.

Evidence
Herses du Chateau


Qui a la Foi peut vivre, confiant, de la Providence.
Ce sera la conclusion d'un aveugle faite à Raknor en taverne ou quelques verres de prunes vides s'alignent aprés le départ de Cyclopède.
Quitter le chateau régulièrement, quitter les endroits calfeutrés et prendre le risque de quitter aussi le confort facile de l'entre-soi reste toujours source régulière de rencontres enrichissantes. Rester fidèle à ce principe est aisé pour qui est dans la cécité.
On prend les choses comme elles viennent car on peut rarement les éviter.

Dans son frais bureau, le Duc énumère des noms de Défenseurs à récompenser de leur dévouement. Cela va couter aux stocks de venaisons, mais c'est juste retour des choses.
Il a beau recompter quelquechose cloche.
Plus tard ce sera le Maire Connetable Cheeky qui trouvera l'erreur..

Il ignore donc qu'au pied du chateau un Porcher est venu concrétiser une promesse de comptoir aussi vite.
Quand un garde vient chuchoter à l'oreille d'Evidence, rien d'anormal.
Quelle feuillette une archive du Tribunal non plus.
Qu'elle disparaisse en emportant quelques billets à donner aux Conseillers pareillement.

A la herse levée elle s'approche, longiligne habillée d'ample nuit, du bonhomme tenant en laisse l'animal.
On lui résume la chose, elle constate.
Son sourire ineffable de servante multi tâches reste inébranlable.
Elle prend la laisse de la jeune truie.

Le Duc aime les gens de parole, ser Cyclopède.Il sera trés touché par votre acte soyez en sûr.
Je veillerai cependant à ce que cette belle aveugle et le notre ne partent en promenade seuls.
Déos seul sait où il faudrait les retrouver.
N'oubliez pas que vous devez excuses au Comte de Gennes pour satisfaire notre Juge.

Elle ouvre la main libre pour que la donzelle dodue la renifle, bavant dessus.
Il faudra lui passer un anneau à l'oreille pour éviter que le Bailli n'en fasse une erreur d'abattoir .
La truffe est rare sur les coteaux de Loire, mais bien présente à qui sait la traquer.

A t'elle un nom?
Devons nous indiquer au Duc qu'il doit lui en choisir un?

Passe un percepteur avec son coffret à Impôts, puis une cargaison de blé et farines.
Quelques pas de cotés sont nescessaires.A cette heure le Chateau grouille d'activités.
Cyclopede
Un frisson glaça la colonne vertébrale - pour ne pas dire la Cordillère - du géant. Alors que sa bestiole lui suçait le gros pouce, avec un certain talent, une forme inquiétante s'avançait. Pas simple à décrire pour le cocher, comme le rustaud qu'il était. Bin fallait quand même pas oublier que ses fréquentations, c'était surtout du standard... Une blonde à la gouaille entendue, et entendable... Un ancien tribun aux cuisses de batracien... et c'était sans compter quelque radasse, ou autre pourcel en dentelles ! Mais là, fallait admettre que le gros en perdait le latin qu'il ne possédait même pas. Une silhouette tellement originale que la ceinture de toile rouge, qui était sensée tenir l'abdomen relâché du colosse, en perdit sa fonction. La petite pipe en terre que le géant planquait derrière cette dernière en profita pour filer au sol, dans un bruit cristallin, au moment où elle se brisa... Comment ça, elle prenait d'office la bestiole ? Mais, bougre cul, comment résister à un tel sourire ?

Mille excuses, gracieuse Grace... Fallait pas vous déranger vous même, quand même !

Mais comme la dite bizarrerie tendait sa pogne, et que la truite commençait déjà à en baver, il renonça à en dire plus.

Du coup, puisque vous prenez la chose en main, et que si j'ai bien compris, ma route s’arrête ici, sachez qu'elle s'appelle Griotte. et c'est pas négociable, pass'que , comment vous dire... elle le mérite, ce nom !

Là, les paluches dignes des plus belles ailes de moulins du Nord se mirent en branle, nerveuses, et tentèrent de lisser une barbe hirsute, et raide comme une lande bretonne gavées d'ajoncs.

Pour ce que vous mentionnez, Mille haies dit, (oui, il aimait à tenter les langues vivantes), je sais c'que je dois ! Votre Seigneur, le Prince qui voit que dalle, me la déjà dit. "Une formalité, mon bon cocher", qu'il a dit... alors, ça va... J'suis pas complétement demeuré ! Mais pour griotte... Comment dire..
Il s'était promis de pas chialer, il était pas du genre de cette vieille fiotte qui lui avait pourri sa soirée. Mais tout de même... Griotte... Son bébé ! Il tenta de sourire, et démasqua ses ratiches, curieusement blanches, qui donnaient dans le genre Pyrénéen, du coup.

Y aura moyen de la voir ? temps en temps ? enfin, si le Prince veut bien, bien sur ! Parc'que cette bestiole, même si elle est infirme, elle a un don. et j'voudrais pas qu'elle le perde, voyez ?


Et merdre, il fallait qu'il dise une couillonnerie, et en plus qu'il se marre, tant c'était idiot, de mentionner la vision, dans ce contexte ![/i]
Charlotine
Une femme vient me chercher, qui se présente comme la fameuse Evidence, les yeux de Falco, ou du moins sa main, quand il s’agit d’écrire et de porter message. Elle me guide jusqu’à une petite pièce où le Duc m’attend. L’endroit est …. spartiate, loin du luxe que peuvent offrir certains châteaux ducaux. Heureusement pour moi, j’avais depuis longtemps réussi à vivre autrement que dans la dorure. La décoration se limite à une armure usée, tout autant que la seule tapisserie qui orne le mur. Nos sièges, des bancs de pierre. Spartiate oui, mais cela ne veut pas dire que l’endroit ne sera pas chaleureux pour autant, quand, enfin, je m’en serais acclimatée. Une remarque qui me fait sourire, un geste de la main pour m’inviter à m’assoir, je remercie Evidence et je m’installe

Bonsoir Falco, ravie de vous revoir.

Ben oui, dans l’intimité d’une lettre, j’utilise le « tu » et quand je me retrouve face à face, c’est le vous qui l’emporte. Il faut que je m’y habitue, c’est assez courant ces temps-ci.

Vous savez moi et les mondanités ….. avec ou sans chiens enragés face à moi …. C’est un peu du pareil au même ! Cela dit, je vous remercie d’avoir fait en sorte que les vôtres ne me mordent pas.

Ou comment reprendre un peu là où nous nous en étions arrêtés l’année précédente. Cette différence de vision du rapport aux hommes, de la vassalité, toussa toussa …. Mais là encore, ces derniers temps, je faisais de gros efforts, limités à certaines personnes, j’en conviens, mais je les faisais quand même, sans ne tomber dans le trop plein de convenances. Fallait pas pousser mémé non plus !
Je zieute les fruits secs, servis avec abondance, mais la faim me fuit quelque peu ces temps-ci. Mon petit souper d’avant visite aura donc amplement suffit à caler mon estomac pour le reste de la soirée. Le vin par contre …. Il me tente plus qu’il ne faudrait. Juste le temps de reprendre Falco au vol


Oh pitié ! Cessons là les « Dame » et autre appellation du genre. Nous sommes entre nous, personne ne devrait vous en tenir rigueur. Vous permettez que je nous serve du vin ?

Je n’attends pas la réponse. Je prends la bouteille et les deux verres et je les remplis raisonnablement avant d’effleurer sa main pour lui transmettre le sien. Puis je me cale bien confortablement sur la pierre qui me sert coussin et humant le nectar avant d’en boire une gorgée

Hum. Excellent. Nouvelle petite gorgée. Il est dommage que le vent ne souffle pas plus fort pour porter la Réforme encore plus loin même. Mais c’est ainsi. En tout cas, il a soufflé suffisamment pour me faire quitter l’Helvétie, pour un temps du moins. Il apparait évident que je ne sais pas rester au même endroit trop longtemps, je suis un peu … difficile dira-t-on !

Et dans le doute aussi, sur tellement de choses, qui ne seront bien évidemment pas toutes glissées au cours de cette conversation mais qui se cumulent, jour après jour, au point de me retourner la tête.

Et je suis en proie à quelques questionnements dont je me suis dit qu’il serait bon de partager avec un homme comme vous. C’est que …. Izaac, il barule sur sa mule. On ne sait jamais trop où il est ou encore, où il va … mais il nous surprend toujours à débarquer quand on ne s’y attend plus. Et puis, je connais son discours et ses réponses, avant même de les lui avoir posées. Sourire évident, parce que, peut être que je les connais tellement que je me refuse à les entendre. Et aux dernières nouvelles, il allait bien. Et vous ? Comment vous portez vous ? L’Anjou se bat toujours pour gagner son indépendance ? Journaliste un jour …. Journaliste toujours ….
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Evidence
Herses du Chateau



Y aura moyen de la voir ? temps en temps ? enfin, si le Prince veut bien, bien sur ! Parc'que cette bestiole, même si elle est infirme, elle a un don. et j'voudrais pas qu'elle le perde, voyez ?
Le porcher Cyclopède pitrouille sa chemise et son dos doit dégouliner de sueur tellement être si proche du Chateau semble le mettre mal à l'aise.Mais visiblement il a un coeur simple et énorme bien lardé dans sa couenne paysanne.
Evidemment Evidence demeure imperturbable, droite même avec un cochon en laisse, aimable de façon dosée au millimètre.
A l'opposé du Cyclopède qui transpire l'émotion à chaque geste ou parole.
Elle répond.

Le Duc est Vicomte et non Prince ou Baron, pour faire simple c'est votre Duc.
L'Archiduché ne dispose pas de Principautés contrairement à la Couronne de France qui aime à s'émietter.
Messer de Cartel se fera un plaisir de vous montrer les progrés truffiers de..Griotte, dès que vous le souhaiterez Ser Cyclopède. Il dit souvent que l'excellence des conseillers lui libère un temps appréciable à consacrer à tous ceux vivant hors du chateau.

Sans préavis, une manche se déploie faisant jaillir la main de chirurgienne scribe.
Evidence connait peut être 13 façons de saluer la noblesse, mais elle maitrise aussi la poignée de main quand la politesse le demande.
Son sourire s'élargie sans que les lèvres ne se séparent.

SI vous avez doléance, quelle quelle soit, le Duc vous recevra, comme tout à chacun.

Bon, dans les faits, c'est au coeur des tavernes que souvent ces choses la se disent plutot que dans une salle du Chateau. Et l'aveugle n'a pas posé encore une fois son dérrière dans la salle du Trône dévolue à ce genre de choses. Considérant que si on le cherche il est facile à trouver.

Falco.
Chateau Ducal - Cabinet Paquerette

Prenez une pièce vide, deux bricoles à boire et manger et placez y une femme.
Aussitôt l'endroit paraîtra habité depuis toujours.
Caillou chauve, il laisse le ressac des paroles monter puis redescendre au grés des hésitations de sa visiteuse.
Il attend pour goûter le vin; mais continue de marteler de la noisette sur la pierre.
Les mots entrent, dansent, s'assemblent, il en fait objet à explorer de fond en comble à l'abris de son regard en creux.
Il apprend aussi de son interlocutrice, car Nîmes est loin.
Tourmentée, hein? Pour avoir oreille camarade en Réforme elle aurait pu aller en toute proche Lorraine.
Pour prendre de l'air sur d'autres choses pesantes, peut être plus intimes, elle aurait pu filer aux douceurs du Sud..
Mais non, elle a remontée la Loire jusqu'ici.
Il se décide à ôter l'écume des propos avant d'aller plonger dans le coeur de vague.

.....L’Anjou se bat toujours pour gagner son indépendance ?
L'Anjou n'a plus besoin de se battre pour cela.
Il est indépendant de fait, jusqu'au bout de ses institutions, depuis quatres années maintenant.
Archiduché souverain, il va mordre qui lui manque de courtoisie s'il le veut...Et mène ses affaires comme il l'entend.
Anjou n'a nul besoin que France ou Empire le reconnaissent Indépendant pour qu'il le soit.
Et nul hochet comme une reconnaissance Héraldique n'y changera rien à l'inverse de Bretagne friande de..Ce genre de reconnaissance pour se sentir encore existante.
Anjou est adulte, maman France peut promettre, tempêter et agiter son doigt, sa fille vit sa vie comme elle l'entend à présent.
Un peu comme la Réforme vis à vis de Rome, si vous me permettez l'analogie.

Le verre tinte contre ses dents, une gorgée est dégustée.
Anjou finira bien par faire aussi bon vin que Touraine..Ce cru en prend le chemin.
Allons maintenant mettre les pieds dans cette eau.

Des questionnements? C'est heureux.
Sans Dogme et Droit Canon pour décider à notre place de ce qu'il faut faire et penser, nous devons supporter l'intégralité du poid du don de Deos.
Le Libre arbitre.
Je me croyais moi même, orgueil s'il en est, à l'abris des questionnements.
Et je vous reçois peut etre aussi tourmenté que vous.
Nous avions un différent sur la vassalité, la féodalité..En venant ici vous avez du en croiser bien des facettes, non?

Il sourit, ce qui entrouvre sa balafre assez pour deviner les incisives.
Au soir d'Angers, les chandelles gouttent sur le dallage.
Quelqu'un discrêtement apporte un braséro.

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Cyclopede
Visiblement la messe était dite. La drôle de dame avait assénée ce qui devait sans doute être entendu comme la Parole vraie. Cyclopède, qui semblait sourire, mais qui faisait son possible pour bien comprendre pourquoi elle voulait lui refiler un infirme, à la place d'une autre, tentait d'avaler les miettes. Puis il hocha la tête, rassuré quant à sa future information des travaux de groin de la petite rose animale. Et comme la dicte dame finit par tendre un appendice sans honte, le colosse resta un instant a observer les doigts fins et blancs. Une envie irrépressible de cracher dans son battoir avant de serrer la pogne offerte, comme il le faisait d'ordinaire pour conclure un marché, mais le sourire de la gueuse le fit renoncer. Il attrapa donc au vol ma mimine, et tacha de ne pas broyer les doigts. La poigne, pourtant, était réelle, mais il ne secoua pas l'ensemble trop fort, ni trop vite.

Merci de vous pouvoir vous remercier, ma Dame. J'suis sur que le Duc à aut' choses à faire que de recevoir des gens comme moi. Même si vous me l'offrez, je crois qu'il a sans doute meilleure compagnie.

Relâchant la longue main un peu froide, le gros se recula et tenta une révérence, sans trop savoir comment faire.

Bien... Je me retire... t'en fais pas, ma fille, on va t'apprendre à faire plein d'trucs, tu va voir. Pis avec un peu d'bol, ton nouveau copain te traira aussi bien que moi, va.

Mince, un doute affreux fit que son cœur fit une descente de trois lieues, pour remonter d'autant, dans un temps si court qu'il eut juste le temps d'avaler l'équivalent d'une miche de deux livres de salive.

Heu, j'parlais à Griotte, bien entendu ! En qui vous concerne, Mie Laide Huis, ce sera aussi un ravissement physique, aussi, si j'vous revoye ! Bon, la, faut que ... ALlez ! J'y vais.

Et le colosse de chair de renoncer à parler, tant il s’empêtrait dans ses explications. Une main se leva et il fit en sorte de saluer noblement, comme il l'avait vu jadis, mais cela donna plus dans l'évaporation de moucherons... Il tourna les talons, et fila droit vers sa cité.
Charlotine
Chateau Ducal - Cabinet Pâquerette

Un instant, je me croirais presque dans un confessionnal. Je réalise que j’ai fait tout ce chemin pour venir échanger avec un homme dont finalement je ne sais que peu de choses, si ce n’est qu’il a le verbe qui arrache n’importe quelle oreille de toute autre discussion, qu’il a des idées opposées aux miennes et qu’il ne se laisse pas influencer par la première brune venue.
Un instant se rappelle à mon bon souvenir cette drôle de folie qui guide chaque jour mes pas.
Un instant seulement, car celui d’après, je me prends un premier revers. Ah bon, depuis 4 ans déjà ….. Ce ne sont plus des lacunes que j’ai sur la France, c’est plutôt un gouffre qui la sépare des mondes successifs dans lesquels je me suis enfermées. Ainsi donc se confirmait ce sentiment que mon destin, s’il ne me permettrait peut-être pas de goûter à ces quelques douceurs de chair humaine promises, aurait au moins eu ce mérite de m’ouvrir sur ce qui se passe ailleurs. Anjou déliée de toutes chaînes donc. Ce schéma d’auto-déclaration d’indépendance n’est pas sans me rappeler un cas similaire qui s’est suivi de quelques années de troubles avec les couronnes voisines. J’aimais cependant beaucoup la métaphore utilisée par Falco et je chassais vite la déconvenue par un sourire.

Trêve de bavardages d’usage, nous en venons au cœur du sujet. La Réforme, ses questions, ses non réponses, et ces esprits qu’elle torture. Je ne m’attendais pas à ce mon interlocuteur me dise se trouver sans doute dans le même état que moi. Mais n’était-ce pas là l’essence même de notre Foy ? Nous remettre sans arrêt en question, ignorants que nous sommes ? Une nouvelle lippée de vin coula lentement dans ma gorge, laissant un arrière-goût fait de finesse et d’acidité dans la bouche.


Oui, on peut le dire. Je n’ai jamais autant baigné là-dedans que depuis que j’ai mis un pied en France. Ça en est d’ailleurs assez déroutant pour un esprit comme le mien, surtout après un an passé en Helvétie. Mais bon, je tente de m’en accommoder. Il faut dire ce qui est, le titre et la couronne ne font pas l’homme, pas plus que l’épée ou le livre qu’il tient à la main. J’ai appris à chercher au-delà. La sagesse prend son temps pour me cueillir, mais elle œuvre dans l’ombre et bien malgré moi parfois.

Un soupir, léger, peut être même audible, mais j'avais encore du mal à admettre que j'étais à ce point de changer. J'avais tellement peur de perdre cette force de caractère qui me permettait d'avancer, peur que cette sagesse ne me rende trop souple, trop faible, au fil des ans. La peur de vieillir, sans doute, seule de surcroît, peut être, aussi. Je secouais la tête et finissais mon verre. L'heure n'était pas aux apitoiements sur mon sort. J'aurais encore de la route à faire qui me permettrait de me lamenter sous le regard des étoiles.

Ne vous y méprenez pas pour autant. Je n’ai pas dit que je comprenais et que j’acceptais cette idée de lien de vassalité entre les hommes. Mais à dire vrai, mes questionnements ne portent pas là-dessus pour le moment, mais sur les missions que Déos m’a confiée … ou devrais-je dire … que je pensais m’avoir vu confiées.

Ainsi donc, je franchissais le cap. Puissent mes frères et sœurs sicaires me pardonner un jour de douter à ce point. Plus d’une année passée à leur côté, faite de convictions et de certitudes au point où j’en suis arrivée à me demander, qui, de Rome, ou de nous, étions le plus en erreur dans nos actes. Mon poing venait de se serrer emportant avec lui le tissu de ma robe. Ma mâchoire se serre. Les traits de mon visage se durcissent. Puisse surtout le Très Haut me pardonner si je m’égare.

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Falco.
Château Ducal - Cabinet Paquerette

La chaleur nouvelle rayonne, jouant à mettre en avant certains traits de visage de sa visiteuse. En vain, bien sûr. Il ne peut se fonder que sur les respirations, les tonalités, les choix dans les mots et leurs acolytes. Prima Inter Pares, aussi.
Et quoiqu'elle fasse en se plaçant en simple personne en quête de réponses et d'errance, sa fonction est part essentielle de Foi, d'identité.
C'est du moins l'option mentale qu'il sélectionne. Postulat.
Parce qu'elle est pétrie de Réforme selon le Lion. Lui l'est nettement moins.
Autant discerner ce qui dans sa Foi est source de trouble au philtre de la sienne propre.
Alors il écoute jusqu'à ce que meure un silencieux froissement de tissus

Alors laissons le féodal de côté, il est part de la Cité comme rappelé dans
Le Testament d'Aristote. Mais je vous accorde que les Ecritures, encore une fois, permettent toutes les exégèses.

Une autre noisette. le geste se fige. Le fruit est doucement secoué puis enfermé dans une main mi brulée mi rayée..
Un trou rond en ornait le bois.
Sur son profil les brasillements du braséro s'amusent aussi. Créant des puits d'ombres trompeurs dans ses orbites. Y plaçant du sombre pouvant induire en erreur sur la nature de ce qui l'anime.La nuit n'est pas toujours noirceur.

Ainsi donc vous pensez que Deos confie des missions? A l'instar de ce qu'affirme le Pape ou ses Cardinaux?
J'ignorais que certains Réformés possédaient telle intimité avec Lui...Au point d'être ses outils dédiés sur terre pour accomplir Son Dessein...

Non, la nuit dans un regard n'est pas toujours noirceur. Mais le sourire qui accompagne les mots, la main qui s'ouvre ou roule une noisette verreuse sont sans équivoques.

Je pense qu'on s'aventure sur un périlleux chemin quand on se pense plus mandaté par Deos qu'autrui. Il n'accorde aucun mandat, aucun de nous n'est Son outil, Sa voix, Son épée.Ni Romain, ni Réformé.
Notre Foi a pour socle cela. Nul d'intercède entre le Croyant et Dieu.
Je suis Réformé, j'ai traqué et pourchassé du Romain, convaincu d'être le Bien et eux le Mal. Puis je me suis rendu compte que Rome n'est qu'un mot.
Qu 'en fait il n'existait qu'un seul ennemi. Celui qui empêche le Croyant de croire.
Celui qui, invoquant mandat divin, proclame que le Libre arbitre ne doit s'exercer que sous sa tutelle de lois et de fer.
Celui qui, Athée, étouffe au nom de sa raison, par le verbe et le fer toute expression de Foi dans la cité qu'il arpente.

Hum...De quelles genre de mission parlez vous?

Un léger postulat déplié dans l'air , l'expression de divergences nées de la façon qu'à chacun de vivre la Diaspora.
D'une pichenette il fait voltiger la noisette au loin. Démoniaquerie? Elle tinte sur la visière de l'armure usagée.
A nouveau un sourire, celui la invitant à répondre sans aucune once de taquinerie.

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Charlotine
Toujours au même endroit


J’observe l’homme qui joue avec les noisettes.
J’écoute le croyant qui me pique, d’abord, en utilisant ce que je viens de dire pour le mettre en parallèle avec ce que je dénonce tant chez les autres, avant de mettre des mots sur le cœur même du trouble qui m’anime.
Je ne dis rien. Je suis venue en sachant que je n’aimerais pas entendre ce qu’il aurait à me dire alors même que c’était ce que je venais chercher.
Je nous ressers une goutte de vin. Un fruit sec vole. Je le suis du regard et je penche la tête quand il percute l’armure.
« Bien visé ! ». C’est sorti tout seul, accompagné d’un sourire presque aussitôt effacé. Parenthèse furtive au milieu de la discussion.

Je ne pense pas être devenue sicaire par hasard, pas plus que Prima. C’était la volonté de Déos que de me faire rejoindre le bras armé de la Réforme et de m’en faire devenir la Porte-Parole. Il n’est pas question de me placer au-dessus de quiconque et je ne saurais souffrir d’une comparaison avec le Pape.

Je me lève. J’ai besoin de bouger, pour réfléchir, pour trouver les mots. Je m’approche du braséro pour me réchauffer les mains et d’une voix étonnamment fragile, je me livre un peu plus.

Pourtant, vous n’êtes pas totalement dans le faux, par cette remarque qui pourrait être blessante, si elle ne se rapprochait pas autant de la vérité. Le Lion a choisi la lutte armée, pour combattre Rome et pour imposer la Réforme. Nous luttons contre toute forme d’asservissement. Nous prônons un monde égalitaire, sans contraintes. Ce sont là les missions que j’évoque.

Je suis en train de faire les cent pas, bras derrière le dos. Je suis mon idée, que j’aurais bien développée, s’il ne l’avait pas fait avant moi.

Je n’ai aucun scrupule à prendre les armes pour défendre ma Foy ou pour aller soutenir ceux de nos frères et sœurs qui se verraient oppressés par Rome, pas plus que je n’en n’ai de dénoncer ses agissements. Voir que l’EA s’immisce autant dans le temporel pour assoir son pouvoir et ses richesses plutôt que de se consacrer au spirituel qui est censé être le fondement de son existence, ça me révolte et je continuerais de pointer du doigt toute la teneur de sa perversion pour que s’ouvrent les yeux de ses fidèles.

Par contre, j’ai des doutes quant à la légitimité de certaines de nos actions. Imposer la Vrai Foy par les armes n’est-ce pas un pied de nez au libre arbitre ? Appliquer un impôt sur les personnes et les biens, n’est-ce pas une forme d’assujettissement ? Ainsi donc, ce contre quoi nous disons lutter se retrouve être ce dont nous usons pour arriver à nos fins.


Je venais de me rasseoir, ou plus précisément, de m'avachir sur ce qui me servait de siège, verre à la main, yeux plongés dans le nectar rouge, entrailles nouées.
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Falco.
Château Ducal - Cabinet Paquerette

Elle fait exactement ce qu'il a détesté pendant les premiers interminables mois de sa cécité.
Elle bouge en parlant.Souvenir douloureux, humiliant.rageant.
Il se souvient de la gêne que cela lui causait de devoir s'échiner à localiser les autres.
Proches? A droite? A gauche? Approchent ils vite? Pourquoi s'arrête t'il la et pas avant ou aprés?Que tient sa main? Serre t'il le poing?
La sourde peur qui l'étreignait d'être si vulnérable, de ne pouvoir anticiper les intentions que lorsqu'il était trop tard.
Cela a changé depuis.
Une fois bien ancré dans l'esprit qu'on était à la merci de tous, que prendre le parti de la confiance était la seule issue viable pour faire la paix en soi, entre instinct et raison.
Il l'écoute donc sans distraction sensitive. Trouvant cependant que ce souvenir amer ayant resurgi porte une signification, un lien avec ce qu'elle explique.
Elle revient face à lui, comme éreintée.

Alors il parle à voix basse, longuement.

Faire du mal, faire la guerre est il légitime?
Oui, sans aucun doute possible si la violence que nous décidons de commettre est dosée avec justesse.
Si cette violence n'est pas une fin en soi, mais un moyen proportionné à l'accomplissement d'un objectif légitime.
Faut il massacrer dix paysans devant une citadelle qui résiste?Ou bien cent? Quel est le nombre juste? Pourquoi je le fais?
Uniquement pour que ces paysans ne garnissent pas les remparts et prolongent ce siége avec plus de morts de part et d'autres que nescessaire?
Pour distiller la crainte dans toute la région et ainsi rendre plus aisées les prochaines batailles? Quelques morts pour en éviter plus encore?
Ou pour le plaisir que procure le fait qu'on peut le faire par simple envie?

Quand ce chateau tombe, dois je y mettre le feu? Violenter les femmes, saccager tout ce qui peut se saccager?
Je puis le faire, car j'en suis vainqueur.
Alors je peux le faire pour d'excellentes raisons...Comme affaiblir durablement la contrée et ainsi éviter qu'une guerre s'éternise, causant des tourments sans fin.
Je peux le faire parce que j'éprouve une joie sans borne d'avoir vaincu ces êtres abjects aux idées contraires aux miennes.Par mépris, aussi.

Tuer un Evêque tuera t'il Rome? Non.
Mais tuer cet Êveque précis, fera cesser les injustices intolérables qu'il cause ou encourage.

La juste violence proportionnelle aux intentions. lutter contre le plaisir, se détacher de la haine, lutter contre l'hubris.
Toujours accorder à son adversaire la même intelligence que soi et le même droit à défendre ce qu'il estime juste...Ne pas lui infliger ce que nous trouverions déshonorant s'il le faisait à notre encontre....Ce n'est pas ma Foi qui me dicte cela, c'est ma conception de la noblesse.

Il ne voulait pas en dire tant. Le sujet lui est cher, car ce n'est ni plus ni moins que le chemin de sa propre vie. Il n'a quasi tous le temps du combattre aux cotés et contre des barbares. Ces sempiternels guerriers pétris d'amour pour le sang et la cruauté gratuite.
Si imbues de leur pouvoir sur autrui qu'ils peuvent déchainer à l'envie.
Ceux la sont animés par l'exact contraire de ses propres choix nés d'une éducation nobiliaire..Désuète.
Quand il a embrassé la Réforme il y a trouvé la source de ces régles, leur origine. Naturellement, comme allant de soi.
Alors il se passe un index strié de cicatrices d'escrimes sur les cernes bordant une de ses orbites vides , se frottant l'arrête du nez.
J'ai entendu les hauts faits du Lion de Juda..J'espère juste que sa Foi n'est pas le pretexte, parfois, pour s'adonner à des excés de zêle dans l'usage de la violence.
Nous valons mieux que ce que Rome prône à notre encontre. Je reste convaincu que la mesure dans l'épée quand nous combattons est notre meilleur atout face aux fanatismes des pires prélâts Romains..


Elle doute? Qui ne douterait pas? Tout ceux qui marchent souvent dans les charniers se posent des questions...Du moins ceux qui écoutent encore leur âme.
Elle est avachie, il a le dos droit contre la pierre. Mais il se fait l'impression d'être tige creuse. Parler de ces convictions lui a permis de taire d'autres questionnements intimes.


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Charlotine
Château Ducal - Cabinet Paquerette 

La voix calme qui s’adresse à moi contraste avec toute l’énergie que j’ai pu mettre dans mes propos. M’apaise t elle ? Trop tôt pour le dire, mais elle me rend sans doute plus attentive encore.

Je pèse chacun des mots, les appréciant à leur juste valeur, en cherchant le sens le plus fort, et aussi le plus probable. Moi les yeux grand ouvert, observant chaque trait de mon interlocuteur, et lui, devant s’attacher à toute autre chose pour compenser. Mais qu’on ne s’y méprenne pas, je ne respecte pas l’homme parce qu’il est aveugle, ce serait lui faire déshonneur. Non, je le respecte, parce qu’il est de ces hommes sur lesquels j’aime à m’appuyer, forts de leur expérience, qui vient enrichir la mienne, tant l’authenticité et la profondeur de leurs paroles me touche.

Quand il prend pour exemple le fait de tuer un évêque, j’avale tout le contenu de mon verre. Il ne pouvait pas évoquer sujet plus parlant. Souvenir d’une épopée arlésienne terminée à Genève, prémices d’une vie nouvelle où le fer a pris le pas sur le verbe, où les convictions ne se sont devenues qu'obsessions et aveuglement – sans jeu de mal déplacé. Je revois le sang, le corps sans vie, la fuite. Je ressens encore la peur qui a suivi l’adrénaline, et les remords qui se sont petit à petit estompés, laissant place à une fierté mesurée. Le passé, la seule chose sur laquelle nous ne pouvons plus interférer mais qui doit nous permettre de mieux appréhender le futur.


"Il n’est de noblesse que d’âme, et c’est dans votre cœur qu’il vous faut être noble."

Un sourire timide ponctue le logion 1 de Christos car dans la bouche de Falco, la noblesse ne sonnait pas comme outil d’asservissement et c’était sans doute la première fois depuis longtemps que je m’autorisais à y voir quelque chose de positif. Encore une fois, ce n’était peut être pas tant la noblesse qu’il fallait combattre, mais les hommes qui en détournait le fond. De la même manière que nous ne devions sans doute pas combattre ceux qui pensent différemment, mais ceux qui imposent que l’on pense comme eux. Et j’en revenais ainsi au mal qui me ronge : n’était ce pas justement ce que je faisais ?

Le LionSoupir. C’était ma déception du moment, le début de mes doutes et de mes questions. J’y avais mis beaucoup d’énergie, comme toujours quand je m’impliquais dans quelque chose, et que j’y croyais. Jusqu’à ce que je me rende compte que c’était loin d’être à l’image que je m’en faisais. Les discordes à l’intérieur même de la forêt avaient été plus que révélatrices. J’étais fière d’en porter la marque et de brandir mon arme, qu’elle soit faite de métal ou de plume, pour porter haut, fort et sans craintes mes revendications. Je n’avais pas flanché face à certaines attaques loin d’être justifiées. J’avais même accepté de porter le poids de la responsabilité de certains départs, n’ayant pas réussi à remettre de l’ordre dans des esprits qui se fourvoyaient. Mais tout ça n’avait servi à rien. La forêt se murait dans le silence et l’inertie. La réalité était là : le Lion n’avait plus aucun moyen d’agir.

Ce n’est plus qu’un nom qui se chuchote au coin du feu quand le temps l’hiver laisse la place aux histoires. Qui aujourd’hui le craint encore vraiment ? Qui lui accorde du crédit ? Soyons francs, la compagnie commerciale des ambuleurs fait bien plus trembler sur son passage. J’aimerais vous répondre avec une facilité déconcertante que la Foy seule anime ses membres, mais ça m’est impossible. Loin de moi l’envie de jeter la pierre sur qui que ce soit, j’ai aussi des choses à me reprocher en la matière, mais je pense qu’à de nombreuses reprises, nous nous sommes éloignés du droit chemin sous un faux prétexte. Nous avons refusé l’ouverture et le dialogue, les jugeant ennuyeux et inutiles. Pourtant, nous aurions eu tellement de choses à accomplir. Vouloir mourir en martyr de fera pas avance les choses. Ce n'est que moyen détourné de nous donner bonne conscience et de teinter de gloire des actes qui pourtant ne font en rien briller la Réforme
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Falco.
Château Ducal - Cabinet Pâquerette

C'est donc cela aussi? Un constat d'impuissance? Le Lion de Juda est né de la fureur Romaine, il a porté le fer pour créer les premiers espaces libre ou faire fleurir leur Foi.
Et maintenant? La Réforme à t'elle encore besoin des sicaires?
Sa visiteuse a des respirations qui en disent long.
Il la devine plutôt belle quoique cinglée par les années salées. Combattante, ses gestes ont la rythmique du reître. Et lasse, tellement lasse.

J'ignore l'actualité de vos alpages, charlotine .Si être féroce est encore utile, si la vigilance doit rester la régle.
Ici dans le royaume sous Eusaias et Angelyque les notres se sont glissés partout. Gagnant le droit d'être reconnus à leurs mérites plutôt que triés par leur Foi parmis leurs égaux.
Mais Rome demeure vacharde. Surtout quand elle est instrumentalisée pour éloigner ceux qui gênent. Vautour aux aguet elle se sent aigle quand on lui confie sinistre tache d'éviction.

Voila pour le constat sur l'état du monde, de la Franche Comté à la Lorraine, du Louvres soudain bigot sous la morte reyne. Par le prisme d'un aveugle du moins.
Il se fonde sur les échos sans trop se soucier des complications et compromissions sous jacentes. Synthèse à l'extrème, imparfaite sans doute, mais suffisante pour jauger l'air qu'on accorde aux Réformés pour emplir leurs poumons.

Le Lion fut un fanatisme luttant contre un autre. Aucune des tolérances apprises par les Dispersés ne pouvait avoir grâce à son regard.
Il devait être peur, crainte, effroi.
Mais cela a t'il utilité partout ou seulement sur des saillants de front faisant symboles?
Prenez ici, par exemple.
Rome était partout elle a abandonnée sa mission et son maillage des campagnes.
Pourquoi la combattre? Elle est recroquevillée en sa cathédrale, à merci.
Partout les cloches se sont tues, partout la foi est réduite à de vagues souvenirs devant l'épreuve. Le verbe suffit.
Mais il faudra toujours conserver l'épée parée et le faire savoir.
Pour que nul prélat n'ignore qu'une Annonce placardée effrayant les édiles ou le bedaud comporte le risque d'un pied de fer dans le ventre de l'afficheur .
Pour que les zélés émissaires de Rome assument leurs excés à défaut d'entendre raison.
Nous sommes Aristoteliciens.

Il tait sa vision de l'avenir. Quand Réforme sera assez en cours variées pour peser à l'encontre d'interêts complexes. Qu'invoquer Rome sera arme terrible pour causer un grand massacre dans les palais et les ruelles.
A ce moment le Lion assoupi manquera cruellement.
Il enferme deux noix dans sa main et les brise lentement.

Le Lion ne doit pas dormir, il doit peut être juste cesser de chasser au vent pour ne se consacrer qu'aux olifants...Et soutenir la Diaspora, en accepter ses contraintes.
Lion est Sicaire ayant besoin d'adversaire, beaucoup d'entre nous sont des guerriers du néant ayant pour seule bataille que de faire cesser le tonitruant silence de la Foi.

Les esquilles tombent sur le banc de pierre, il les fouille du doigt pour en pêcher le fruit.
Il comprend le désarroi de celle ci.
Quand il menait des gens de guerre il a eu ce genre d'épreuve quand le sens de leur existence même semblait devenu vain dans un monde soudain étranger à leurs valeurs.
A son tour d'exhaler un long souffle.
Elle doute sur la raison d'être d'une épée, il a doute aussi et s'accorde enfin la permission de le murmurer.
Charlotine...Le croyant peut il rompre un serment et se tenir debout devant Déos le jour du jugement?
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Alatariel
[Les couloirs du château]

Elle n'a pas besoin elle, de clochette pour se mouvoir dans le château. Elle en connait ses moindres recoins ou presque : Le fou a piégé certains passages peut fréquentés et elle ne s'est jamais risqué à découvrir par elle même les dits pièges.

Elle est une Cac débordée, entre mandats, impôts contrats commerciaux, découverte de la vie sentimentale et atelier de couture de renommée internationale. Mais ce qui l'occupe ce jour ce sont les impôts.
Craon a remonté presque 100 écus de plus qu’Angers. LA HONTE. La banlieue dortoir de l’Anjou est désormais plus dynamique que la capitale. Et ça la Saumuroise a du mal à l'accepter, reste politique foireux d'une époque où les villes déterminait le parti politique.

Faut qu'elle lui en parle. Il est duc il doit en être informé de toute urgence. En réalité elle devrait transmettre cela à Évidence, qui se chargerait d'en informer le duc... Mais la distance imposée par le duc lorsqu'ils sont au château a tendance à lui peser.

Salon Paquerette ? La baronne sourit, Paquerette de Dénéré ayant été sa suzeraine pendant des années. Peut être Falco le sait-il ? ou pas d'ailleurs.

Elle frappe à la porte et l'ouvre en grand.

- Mon duc, nous avons un problème gravissime. Craon est plus active d'Angers.
La formulation aurait du être "Angers est moins active que Craon". En attendant, elle se tient là, droite comme un i, emmitouflée dans son mantel de soie fourré de létice. Sa surcote est aussi riche et chaude, bien loin de la rigueur réformée du Duc.
Mais qu'importe, elle est ce qu'elle est et il l'avait bien accepté.

- Et j'ai été contacté pour exporté du fer et de l'argile...
D.... Charlotine bonjour

Pas de dame elle avait dit. Cela avait faillit lui échappée.
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Charlotine
Château Ducal, cabinet pâquerette

Tout ce que j’entendais c’était finalement ce que j’avais au plus profond de moi et qui me tordait les entrailles depuis quelques semaines. Il est étrange, parfois, comme nous avons besoin d’entendre de la bouche d’un autre ce qui aurait pu tout aussi bien sortir de la notre. Pas tout, bien sur. J’apprends beaucoup de ces échanges, bien plus que ne se confirment mes pensées. Car oui, tout évolue. La vie n’est pas figée. Ce pour quoi nous combattions hier n’a plus raison d’être aujourd’hui, sans pour autant que ça en soit la fin. Demain, ça pourra redevenir une nécessité.

Le Lion n’est pas prêt à accepter la Diaspora pas plus qu’il n’est prêt à se réveiller sauf à ce qu’on lui mette un combat à se mettre sous la dent. C’est mon constat de Prima et de sicaire. Le Lion, fort de sa Foy et des convictions qui l’animent devraient être plus actif, même si pour cela, sica doit être déposée au profit du verbe. Certains l’ont compris, le sujet est plusieurs fois revenu dans les discussions, pour chaque fois terminer en feu de paille.

Je n’étais pas sure d’être claire, mais je suivais mon idée. Les effets du vin peut être, à vider mon troisième verre. A moins que ce ne soit déjà le quatrième. Non quand même pas. Toujours est-il que …

En fait, c’est comme s’il n’y avait plus de cohésion au sein même des sicaires. Chacun fait sa route de son côté, met ses priorités ailleurs. Et aujourd’hui, je me demande où se place la Religion dans tout ça, un peu comme si elle n’était plus qu’affaire personnelle. Alors oui, c’est le propre de la Foy, que d’appartenir à chacun, mais, quand on intègre une organisation, c’est dans le but d’œuvrer ensemble, de faire des choses pour la communauté. Le combat ne sera jamais terminé, pour défendre la cause qui est la nôtre. Il doit juste revêtir une forme différente. C’est du moins ainsi que je vois les choses.

Je marquais une pause, posant mon verre et attrapant des noisettes pour tenter de faire comme Falco. Sauf que je n’étais pas douée pour ça et ça se fini par un jet de fruits secs qui atterrirent sur le sol pour rouler jusqu’aux pieds de mon interlocuteur. Un mouvement de sa part, et ils finiraient écrasés, mais pas mangeables. Je toussotais et me hâter de les ramasser avant de me rasseoir.

Je ne lâcherais jamais mon épée. A l'heure où le combat devra reprendre, je serais la première à aller au front. Mais pour le moment elle ne m'est pas utile, ni en Helvétie, ni ailleurs. Elle ne sert pas la Foy mais la volonté d'une poignée d'homme de laisser vivre à travers elle le pâle reflet de ce qu'ils ont été par le passé. Je ne veux pas vivre dans le souvenir mais œuvrer pour l'avenir. Je veux que ma voix soit entendue, sans n'avoir à mettre ma sica sous la gorge de mon interlocuteur pour le pousser à m'écouter.

De la même manière, je commençais à émettre des doutes sur la légitimé de l'impôt Léonin. Nous reprochions à Rome de profiter de l'argent de ses fidèles, pourtant, nous arpentions les routes pour prélever à des inconnus, des écus qui devaient financer nos missions. Était ce là l'exemple que nous voulions montrer? Hypocrisie monumentale que de ne pas avouer que pour certains, la Foy ne servait que de prétexte à un enrichissement personnel. Tout aussi fourbe de se voiler la face en mettant en avant le libre arbitre pour cautionner ceux qui n'avaient de cesse de salir et le Lion et la Réforme. J'avais l'impression d'être devant un puzzle dont je mettais petit à petit les pièces dans le bon ordre.

Dans ce flot de pensées, j'étais interpellée par les quelques mots que le Duc venait de me chuchoter. Il me fallut quelques secondes de réflexion. Au moment où je m’apprêtais à répondre, j'étais arrêtée par le bruit d'une porte sur laquelle on frappe avec qu’elle ne s’ouvre pour laisser apparaître la CAC couturière. Ça me coupe net dans mon intervention. Les yeux écarquillés, je la regarde s’avançait, prête à annoncer un drame d’une nature invraisemblable. Je suis suspendue à ses lèvres, en oubliant l’espace d’une seconde le pourquoi j’étais là, mon désarroi, tout ça tout ça. C’est ce moment-là que j’ai – me semble-t-il – choisi pour secouer la tête un brin décontenancée.


Heu, bonsoir Alatariel.
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