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[RP]Vous n'aurez pas la Champagne et la Lorraine? Sûr?

Elenna_vs
Côté brigand... contre son gré


Néant. C’était du néant qu’elle commençait à sortir, reprenant connaissance à très lente allure. Des bruits imprécis lui venaient aux oreilles. Et les sensations, beaucoup de sensations. Son corps était lourd, malgré son poids léger, et endormi. Ses muscles étaient comme empêchés de fournir le moindre effort. Et sa tête… Lourde, elle aussi, embrumée, sonnée. Elle fronça des sourcils néanmoins dans une veine tentative d’ouvrir les yeux, mais ce fut un premier échec. Un mouvement de la langue dans sa bouche pour avaler le peu de salive qui s’y trouvait, lui fit rendre compte qu’elle était pâteuse, comme après une mauvaise sieste. Et ce corps, qui ne voulait toujours pas bouger, plongé dans un immobilisme brouillardeux. Les bruits se firent un peu plus précis tandis qu’elle combattait son état d’apathie généralisée. Des rires vagues, des paroles aux mots incompréhensibles, des bruits de regroupements, des cliquetis métalliques,… Un faible mouvement de la tête fut opéré, prenant appui sur le sol, dans l’espoir désespéré de réveiller ce qui semblait mort. Les paupières répétèrent les efforts pour s’ouvrir. Elles ne tenaient que quelques secondes avant de se refermer. Les images aussi étaient floues, sans contexte, sans signification. Les couleurs se mélangeaient, les contours ne se distinguaient pas. Bon sang, elle aimait boire de la mirabelle, mais elle ne se rappelait rien… Et surtout pas d’une cuite comme celle-ci ! Le vide avait envahi son esprit. Elle ne parvenait pas à associer les images et les sons, encore moins à réfléchir et à se souvenir. Pour l’instant, c’était l’instinct de survie qui prenait le dessus, qui ordonnait ses mouvements pour se sortir de cette brume. La blonde eut la volonté de se servir de ses mains, de s’appuyer dessus pour se redresser. Mais là aussi, c’était bloqué. Pas par son état cette fois, mais par des liens suffisamment serrés pour l’empêcher des les utiliser correctement. Ses yeux bruns s’ouvrirent un peu plus, mais les connexions ne se faisaient toujours pas. Quel était donc ce maléfice qui la touchait ? Elle avait bien du mal à s’en défaire… Assurément, ce n’était pas la mirabelle lorraine qui provoquait cet effet. Ou alors, elle devait arrêter de boire tout de suite !
On la ballota dans tous les sens pour l’attacher encore plus. Elle ne comprenait pas bien ce qu’il lui arrivait, ni qui étaient ces gens. Une chose était sûre, ils ne sentaient guère la rose.
Ce réveil fut pénible et long, mais il approchait de sa fin. La tête encore un peu dans le c**, on pouvait le dire, ses mirettes regardaient ce qui se trouvait autour d’elle. Des gens, un campement, un feu, et… Judicael ! Elle cauchemardait ou quoi ?! Elle eut beau fermer les yeux et froncer les sourcils pour essayer de faire disparaitre cette vision, elle revenait. Alors, la jeune femme n’eut pas d’autres choix que d’accepter la réalité en face. Elle planta son regard sur sa personne et le fixa. La tonalité de son visage en disait long sur sa pensée profonde.
Prenant quelques forces, elle parvient à articuler des mots, bien qu’ils témoignassent parfaitement de son état grogui par ce qu’on lui avait administré :


- Je… Je croyais que… Vous n’aviez rien… contre la Lorraine…

Le souffle fut court, et sa respiration fut plus haletante, en démontrait le pli de ses vêtements de nuit. N’importe qui aurait pu demander « Mais où suis-je ? » ou encore « Que m’avez-vous fait ? ». Mais pas Elenna. En l’occurrence, ce qu’on lui avait fait, elle commençait à s’en douter. Il n’y avait pas beaucoup d’explications à son état. Quant à l’endroit où elle se trouvait, attachée comme elle l’était, cela n’avait aucune espèce d’importance. Elle tenta de ravaler une fois de plus sa salive, pour humidifier cette bouche qui se desséchait. Puis, retrouvant quelques peu ses forces, elle redressa tant bien que mal la tête, par les rares appuis qui lui restaient et regarda son agresseur en face, bien déterminée à lui montrer qu’elle ne se laisserait pas faire, qu’elle était combattive et prête à réunir toutes les forces qui lui restaient dans une dernière bataille.
Sans en avoir l’air, elle le scrutait malgré l’étourdissement qui la prenait. Que lui voulait-il ? Pourquoi l’avoir emmenée ? Evidemment, elle n’était pas dupe. Certaines raisons étaient assez évidentes. Mais elle ne se démontrait. Elle tiendrait bon, pour la Lorraine.

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Murphy_le_penible
Côté brigand ... ya un autre côté d'ailleurs ?

Le Pénible, tel était son surnom. Et pour cause, le voyage à ses côtés avait été un calvaire pour ses co-brigands. Déjà il ne savait pas lire une carte dans le bon sens, et c'est à lui qu'on avait laissé cette charge, eh bien ça n'avait pas manqué, ils devaient être à Reims, mais c'était à Troyes qu'ils s'étaient retrouvés. Ensuite, ne comptez pas sur lui pour chasser dans les bois, ne serais-ce qu'un lapin, il est discret comme une vache qui mettrai bas dans une église silencieuse

Une fois sur place, le nigaud avait cru bon de picoler toute la soirée puis d'aller hurler dans les rues :
"Rentrez chez vous les pécores, la mairie est à nous !". En titubant et gerbant tous les 5 mètres. Pour la discrétion on repassera ...

Murphy -on ne sais par quel miracle- se retrouva à la mairie pile au bon moment. La fête avait déjà, le pauvre n'avait pas tout compris, il rendit son dernière verre sur les pieds d'un garde avant de tenter de l’assommer. Le Pénible manqua sa cible et se fit un tour de rein en jurant de tous les noms, un brigand lui sauva la mise en assommant le garde.

Trop ivre pour se battre, Murphy fureta dans les bureaux de la mairie pour y trouver non pas de l'or mais de la boisson. Se battre ça donnait soif pensait-il. Et c'est sur une vieille bouteille de vin qui devait valoir son pesant d'or que l'assoiffé se jeta. Il la descendit d'une traite et s'effondra sur un fauteuil confortable, laissant la besogne au reste de la troupe.

"Pas piller, gné papotib ... ZZZZzzzzZZZZzzz. Pico'l *hips* é ? Mouaa ? naa *hips* aaan. ZZZzzzZZZzzz"
A force de geindre dans son sommeil il fut repéré par ses compagnons.Une réputation de boulet ça se soigne, comme son habitude, le larron se fit traîner hors des lieux en ronflant.
Tamano
Côté des defenseurs

C'était son tour de garde, armé de son épée et paré de son bouclier, Tamano avait escaladé la petite colline jouxtant le camp. Il avait là, la meilleure des vues pour surveiller les abords immédiats et même plus à l'horizon. Les rapports des éclaireurs arrivaient régulièrement, ils étaient là. Non loin.

Les rats... Ces ainsi qu'ils se nommaient eux même. Drôles de noms, des vermines rien de plus... Et comme toute vermine, un prédateur pouvait les chasser aussi vite qu'un félin qui bondit sur sa proie.

Son regard parcourait l'horizon, à la recherche du moindre signe : fumée, bruissement, sabots si tant qu'ils étaient montés. Mais rien.

Le tour de garde se terminait, un autre prenait sa place. Tamano retourna donc au camp établi en contre bas.
Il croisa alors le dénommé "Crapaud", c'était le sobriquet qu'on lui donnait, d'un geste il l'interpella.


Messire il fit alors une révérence pour le saluer Vous faites une sortie ? Puis-je vous accompagner ?

l'inaction n'était pas son fort, bien qu'il soit patient.
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Ex archevêque de Reims. En reconstruction
Ansoald
L'escamoteur psalmodiait un petit air de sa composition, soustrait ci et là aux oraisons entendues dans les processions religieuses, quand il se plaisait sous des cieux cléments à être une araignée vagabonde sur les toits. Une certaine légende dorée ajoute qu'il n'hésitait pas à conférer aux pénitents le sacrement du baptême. Mais laissons les chenilles et revenons à la chanson. Il mélangeait donc avec désinvolture le latin et les patois de diverses contrées, quand il ne réduisait pas les mots en simples borborygmes dans le souci de tenir la cadence. Cadence qu'il imprimait sur le parvis dallé et sur le chemin de clôture des chanoines par de petits bonds rapides de ses bottes ferrées. Ansoald faisait le tour du propriétaire.

Enfin, lassé de ses repérages, il pénétra dans la maison de Dieu. Augustes piliers soutenant la voûte du ciel et blablabla. Il se rinça la figure d'un bon coup d'eau fraîche puis avança à grandes enjambées sur l'allée centrale, dégoulinant. Un prêtre, habillé d'une soutane de guingois sur ses frêles épaules, s'opposa à sa résolution. Il brandit sa croix et Ansoald dégaina sa rapière. L'échange, inégal, s'acheva rapidement par la fuite de l'intermédiaire. Quelques fidèles, femmes et enfants pour la plupart, hésitèrent à suivre son chemin. Ce qui s'ensuivit finit par les convaincre de foutre le camp.

Par la magie d'un ingénieux bricolage, Ansoald transforma un vase brûle-parfums en encensoir à flammes. Il avait puisé de bonnes braises dans la cheminée d'une arrière-salle et balançait la sphère en maintenant ferme les trois chaînettes métalliques au creux de sa paume gantée. Les gonfalons ne résistèrent pas longtemps à l'examen minutieux de leur structure. De hautes flammes déployèrent leurs langues sensuelles sur les tissus fragiles; Elles claquèrent, vibrionnantes, sur les poutres du toit. L'autel avait revêtu son habit de feu. Assurément, les bancs feraient bon combustible.

Le thuriféraire sortit de l'édifice en feu avant que les fumées n'obscurcissent sa vision. Satisfait, tenant à la main l'encensoir transformé en fléau, il contemplait l'incendie, en disant:


Bon Dieu, en un instant, j'ai allumé cent cierges.
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Judicael.


𝖈𝖔𝖙𝖊́ 𝖇𝖗𝖎𝖌𝖆𝖓𝖉𝖘

L'index sec s'était pointé sur la carte.

- Là, qu'on envoie un petit rat donner l'ordre de se poster sur ce chemin, puis sur celui ci. Que tous les gens qui y passent soient exhortés d'y payer la douane volante...

Le doigt avait couru jusqu'à un autre noeud.

- Ici, le groupe attendra que l'accès soit dégagé. En toute logique, suite aux attaques, les gens vont accourir. L'armée devra bouger. Je veux un groupe, plus conséquent. Qu'ils soient patients.

La carte avait été roulée et dans les regards des gens de la Cour, tout était limpide et minutieusement calculé. Les rats avaient cela de nuisible qu'ils étaient partout et nulle part à la fois. Discrètement lovés dans leurs trous, creusant en souterrain des galeries innombrables et quadrillant leur territoire désolé. Rognant sur les récoltes. Souillant de leur saleté les provisions. Chacun était parti à son poste. Les choses sérieuses pouvaient commencer. Le travail de fond avait porté ses fruits, les rumeurs s'étaient répandues comme une mauvaise maladie.






Les bras croisés, le corps droit flanqué dans les bottes usées, le roux observe la Duchesse reprendre ses esprit. Oui. C'est pénible. Cette pesanteur généralisée. Cette salive tarie, qui manque aux rouages... Lui aussi avait déjà connu les effets d'un tel réveil. Mais point pour avoir été enlevé. Qui voudrait de lui? Plutôt pour être passé sous l’affûtiau du barbier de la Cour des Miracles. Une bonne grosse gueule de bois... Qui vous fait prendre racine.

L’œil vert est atone. C'est paradoxal. Il ne s'est pas fermé de la nuit. Il détaille le cou de cygne, la nuque grêle se contorsionner pour lutter contre des pesanteurs bien mystérieuses. La nuit fut longue. Est-elle seulement terminée? Pas. Les hommes sont entrés dans la ville. Et les cris attestaient encore du cours des choses. Duchesse elle, avait été laissée en retrait. Gardée par deux tire-laine, elle ne devait pas souffrir de ce spectacle désolant. Quand on imagine que tout cela aurait pu se passer chez elle...


- La Lorraine regorge de quelques merveilles locales dont nous avons apprécié le caractère... Disons que nous avons souhaité en garder un souvenir.

Le corps du Pourpre se penche, ploie jusqu'à frôler la joue qui s'est recouverte d'un geste habile d'un baillon carmin. Les femmes sont trop bavardes. Celle-ci avait une extraordinaire propension à la joute oratoire, qu'il avait largement testée deux jours auparavant. Et il n'était plus l'heure de jouter. Il ajoute à son oreille, comme il savait si bien le faire, quelques mots soupesés.

- Dommage que vous ne dormiez pas nue.

Il aurait pu, au delà de la saisir par les hanches comme il l'avait fait avec un succinct plaisir, sentir le grain de sa peau. Ses hommes qui en contrebas de sa fenêtre, l'avaient réceptionnée comme un pauvre sac de grain, auraient pu trouver consolation d'avoir planqué toute la nuit pour l'atteindre... Retrouvant son assiette, le chef de l'armée des Rats se détourna d'elle , pour prendre congés et rejoindre le chœur du village.

"Saccagez tout. Brûlez l'église. Videz les greniers. Servez-vous chez l'habitant ce qui n'est plus dans les caisses du trésor. Violez les filles, tuez les hommes." . Tels avaient été les ordres de ce roux des enfers. Jusqu'ici, toute entreprise couronnée de succès au nez et à la barbe des deux duchés mitoyens. Les exactions avaient de beaux jours devant elles.

C'est en tournant les talons qu'il la vit. Blonde, jeune et terrée derrière un fourré de prunelier, qui ne laissait entrapercevoir que deux yeux stupéfaits d'être découverts. Depuis combien de temps était-elle là? Avait-elle vu la captive? Avait-elle entendu des bribes de conversations? Le faciès de Cael se durcit instantanément. Qu'importe ce qu'elle avait pu entendre, cette fille les épiait, ou se terrait en attendant qu'ils s'en aille. Et aucun témoin n'était jamais souhaitable, de façon si éloignée de la ville. Quel meneur serait-il, à déroger à ses propres règles...? D'un mouvement rapide qui arracha un cri à l'infante, il s'élança à sa poursuite et la saisit sans mal par les cheveux, l'immobilisant. Et tandis que ses bras l'enfermaient de leur force tentaculaire, le museau vint se plaquer à la tempe. La voix rauque, saisissant la peur palpable de l'oiselle vint grogner un peu contre la peau lactescente de cette nouvelle distraction.


-Viens par ici ma jolie! Là... Sais tu que c'est mal, d'épier son prochain mon enfant? ...
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Recueil-galerie d'avatar

Dernière édition par Judicael. le 09 Avr 2018 08:39; édité 1 fois
Owenra
RP écrit à quatre-mains avec JD Delio
Réplique Delio
Réplique Owen'


Côté brigands et pas à Troyes


Il ne savait plus très bien comment tout ça avait commencé … Sur un coin de table ? Une conversation surprise par une oreille traînarde ? Peu importait … Il était dedans, et il y était jusqu'au cou.

Le plus chiant dans cette histoire, c'est l'attente. La mise en place des pions sur l’échiquier était lente, parfois incertaine … C'est un coup incertain, ou maladroit, qu'il l'avait vu se faire assigner un groupe de retardataire. Il trainait la patte à l'arrière, morose, et inquiet pour son jeune frère … Que faisait-il en ce moment ? Il espérait que la bicolore ne lui avait pas trop abimé ! Elle entendrait parler du pays dans le cas contraire …

Mais ce qui pesait surtout l'italien à ce moment-là … C'est l'absence de bouffe, d'alcool, et de femme à trousser. Le tourisme et les beaux paysages, très peu pour lui. La brute avait des désirs, ou plutôt des vices, assez simple. Morose, il avançait un peu en avant de ses compagnons de route, lorsque ses émeraudes se posèrent sur une fermette qui se dessinait en contrebas de la colline qu'il venait de gravir. La monture fut stoppée tandis qu'il observait les alentours … Rien d'autre. Poussant un grognement, il talonna son cheval sans avoir l'assurance que ses compagnons de route suivraient …


-J'ai faim. J'vais m'servir.

Faim de quoi ? Là était toute la question, et les occupants des lieux ne tarderaient pas à en découvrir la réponse.

La bâtisse était simple. De bois, surmontée d'un toit de chaume, deux porcs se partageaient un enclos avec quelques volailles. Plus loin, un petit potager vivotait à l'avant d'un champs de blé qui n'en était qu'à ses prémices … Il mit pied à terre non loin de l'habitation, peu inquiet d'être vu. Et s'avança sans tirer sa bâtarde au clair, toujours trop confiant en ses capacités, un jour, ça lui jouerait des tours …

La porte de mauvaise facture, hurla à la mort lorsqu'il l'enfonça d'un coup de botte. Son imposante stature se dessinant dans l’embrasure, tandis qu'il posait un regard amusé sur le couple qui se tenait recroquevillé à l'autre bout de la pièce. Enivré par les effluves de terreur qu'il semblait inspirer, il s'avança sans un mot, prenant place à table … Pile à l'heure pour le repas ! Elle était garnie d'une miche chaude, d'une bonne soupe et de fromage … Pas de viande, dommage. L'italien commença donc à se remplir la panse, faisant mine d'ignorer le couple tremblant tandis qu'il pillait leur nourriture sans une once de regret.

    Le temps paraît long depuis Genève. Il a fallu marcher pour rejoindre le point de rencontre. Là, il a fallu s'organiser. Entrer dans l'armée, sortir de l'armée. Commencer à compter et puis s'arrêter. Répondre pour rassurer les Lorrains. Puis partir avec une journée de retard. Lutter chaque jour contre l'araignée tissant sa toile au sein du corps décharné. S'épuiser. Broyer du noir à se retrouver loin de son Autre, loin de sa Soeur. Même loin de Vivia qui égaie ses soirées d'ordinaire. Ainsi, avachie sur l'encolure d'une monture prêtée pour le voyage (on lui a choisi une jument docile, facile à vivre, peut-être sent-elle que sa cavalière est tourmentée par la Faucheuse qui lui tient la main depuis quelques temps), Renarde n'est pas de bonne compagnie. Elle ne cause pas ou peu. Le ventre toujours plus vide chaque jour qui passe. Ses compagnons de voyage devant, elle reste un peu en arrière, laissant libre cours à la jument de suivre ses camarades équins. Le silence est pesant jusqu'à la brisure causée par le Rital, tête du cortège, annonçant la faim le tenaillant, et le fait qu'il partait se servir. Interloquée, Cadavre se redresse sur la selle en grimaçant. De ses iris vertes pâles, la voilà qui scrute le contrebas de la colline. Le Blond (dieu, qu'elle hait les blonds) semble se diriger vers la ferme solitaire qui siège sous ses yeux et ceux de ses compatriotes. Mollets sont pressés autour des flancs de l'équidé. Le pas est pris. Sans mot échangé avec les autres, la colline est descendue.

    Pupilles affutées scrutent et détaillent la bâtisse, l'enclos, les poulets, les porcs, le potager au loin. D'une légère pression sur les rênes, monture est stoppée. La tête pivote vers les compagnons de route et la voix lasse se fait entendre :

Prenez les poules et les légumes du potager, là-bas. Ça pourra toujours servir. Laissez les porcs, ils risquent d'être chiants à transporter.

    Et de mettre bottes à terre. Pour rejoindre l'intrus à l'intérieur de la ferme. Au contraire du Rital, c'est une silhouette frêle et malingre qui se glisse par l'embrasure de la porte. Le visage arbore l'air neutre qu'il dépeint d'ordinaire, le teint est gris, les yeux cerclés dans leurs orbites. Emaciée, cadavérique, grise, malade. Si elle n'avait pas cette chevelure flamboyante sur la tête, nul doute qu'elle pourrait incarner la Faucheuse sans trop de difficulté. Elle s'amène, à son tour à la table en lançant un regard bref et désintéressé vers le couple de souris qui se terre plus encore face à cette arrivée annonciatrice de mort. Si elle ne porte pas d'arme imposante comme le blond, elle se contente de courtes lames. Jadis, elle maniait deux épées courtes, elle participait à des duels, combattait, cognait armée de lames ou de ses poings. Une once de nostalgie traverse ses pupilles avant qu'elle ne daigne attraper un bol de soupe. Sans se presser, elle se met à boire le mixture de légumes, grimaçant de temps à autre lorsque le liquide chaud griffe la gorge lésée.
    Finalement, elle laisse un bol à-demi bu avant de poser le regard clair sur le Rital et de daigner s'intéresser à lui :


On va prendre les poules et les légumes. Pis on s'casse.

    Son attention se reporte sur le couple en penchant la tête sur le côté de les voir trembler. Elle s'adresse encore au Blond :

P'tain... J'savais pas qu'tu pouvais faire aussi peur. Hin hin.

    Un ricanement rauque lui échappe tandis que la tête se redresse.

Lentement mais sûrement, l'Italien dégustait son repas dans une indifférence relative envers le couple craintif. D'un furtive regard en coin, il observa le squelette entrer ...
Mère Renarde … Il ne savait plus pourquoi il l'appelait ainsi. Sans doute cela l'avait emmerdé une fois, c'est tout ce qu'il lui faut pour persévérer dans la connerie au blond … Oui … C'est le roux qui l'avait sortie celle-là … Bref ! Il n'avait ni affection, ni animosité envers la rousse, aussi, il reporta l'attention sur sa ripaille. La miche et le fromage y passèrent tandis qu'il coupait tout ça d'un peu de soupe … Riche idée d'être arrivé à l'heure du repas !

Lorsque la voix de la Renarde se fit entendre, il se contenta d'hocher lentement. Pas du tout contre l'idée d'avoir quelques réserves pour la route.

Les propos suivants lui arrachèrent un sourire en coin, tandis qu'il posait son regard sur les fermiers. La donzelle était vieille, ou pas, mais le travail l'avait en tout cas flétrie avant l'âge … Le mari lui, était sec, un corps sculpté par les privations et le travail à la dure. Des gens bien … Des gens au mauvais endroit, au mauvais moment. Le regard fuyant de l'homme attira l'oeil aiguisé, et le Rital releva les yeux vers l'étage, juste à temps pour voir une tête brune, et un regard horrifié disparaître en un couinement. La trogne se fendit immédiatement d'un sourire teinté de sadisme, alors que les émeraudes retombèrent comme un couperet sur le fermier affolé …


-Pars devant si tu veux, j'ai pas fini ici.

L'Italien se déplia lentement, un large sourire aux lèvres. Le regard du couple se fit suppliant, mais peu lui importait ! Sans plus de considération pour l'un ou pour l'autre, il se dirigea vers l'échelle …

-Ces petits cachotiers avaient planqué le dessert …


L'échelle protesta sous son poids tandis qu'il commençait à la gravir sous le regard ahuri des parents qui ne firent pourtant rien …

En haut, sa carcasse imposante se dessine aux yeux terrifiés de la pauvre enfant. Seize ans tout au plus, des formes légères qu'il devine sous sa petite robe bleu usée et trop petite pour elle, tandis qu'elle se colle au mur du fond, avec l'espoir qu'il l’engloutisse pour la mettre à l'abri. Si seulement ...


    Effectivement, l'attitude des fermiers plus que passive, est suspecte et l'Owen', suspicieuse commence à songer à la possibilité d'un petit quelque chose dissimulé, mais quoi ? Une cassette pleine d'écus ? Peu probable à la vue de la demeure. Des armes ? Non plus vue l'attitude du couple. Contre toute attente, le regard se porte de manière hasardeuse sur l'échelle, ignorée depuis l'entrée. Les yeux la gravissent jusqu'à ce que la réponse se montre d'elle-même juste avant de fuir. Et Renarde reporte son attention sur Delio. À la vue du sourire qui ne lui plaît pas, elle fronce le museau et réplique :


On n'a pas qu'ça à foutre.

    Lorsqu'il choisit de prendre la direction de l'échelle, elle grogne en fronçant les sourcils alors qu'il commence à hisser sa carcasse imposante sur les échelons. Si l'idée de voler leur repas aux deux fermiers dont la chance est relative, ne la dérange pas tant, l'idée de permettre un quelconque outrage lui est beaucoup plus dérangeante. Elle reporte son attention sur le couple. Les voir ainsi horrifiés ne la met que plus mal à l'aise. Doit-elle laisser faire ? Doit-elle permettre que telle chose se passe au-dessus de sa tête ? Doit-elle rester indifférente face à l'annonce d'une violence gratuite prochaine ?Un soupir s'échappe des lippes charnues. Bavarde s'y invite, s'y étire, caressante, avant que corps ne se verticalise d'une impulsion soudaine faisant râcler la chaise sur le sol.

    Energie recouvrée grâce à la pointe de colère sourde qui la transporte jusqu'à l'échelle. Celle-ci se voit escalader souplement. L'étage gagné. Le dos de l'Imposant fait face au minois Canin. Sans dégainer de lame car il n'est pas son ennemi, et pourtant, si elle voulait être certaine que la descendance des fermiers ne subissent aucun dommage, peut-être devrait-elle, sans même prendre le temps de parler, profiter d'être dans le dos du Rital pour lui subtiliser l'élan vital d'un coup de lame dans la carotide. Oui, peut-être devrait-elle... Mais non, depuis quelques temps, raison est plus forte qu'instinct et colère. Aussi pousse-t-elle un nouveau soupir et s'autorise-t-elle à harponner le bras de Delio.


On leur a d'jà pris leur rente pour le mois. On a bouffé à leur table. On est attendu ailleurs et l'temps presse. On s'casse. Maint'nant.

    Ce dernier mot, soufflé avec un aplomb certain semble ne souffrir aucun refus. Aussi, par mesure de précaution car après tout, un rejet est toujours à craindre, main libre rejoint la garde d'une dague. Intérieurement, elle espère ne pas avoir besoin de s'en servir, sachant bien que si une querelle devait avoir lieu, elle n'aurait pas le dessus à mains nues. Elle cherche à fixer les yeux à la couleur semblable aux siens, plus vivants et plus étincelants pourtant. Bien que ses propres pupilles témoignent d'une volonté de fer et d'une lueur de défi constante, infaillible depuis son enfance. La jeune fille contre le mur aurait peut-être l'honneur sauf et ne connaîtrait peut-être pas l'outrage subit par l'Owen' par le passé, du moins, cette dernière tenterait tout pour empêcher pareille offense d'avoir lieu au su canin.


Il n'entendit pas l'échelle, il ne la sentit pas venir. Rusée Renarde qui vient soudainement s'interposer entre le loup et la brebis … L’émeraude s'assombrit de colère d'être ainsi privé de son petit plaisir, et l'italien pousse un grognement aux derniers mots. Sur retournant brusquement pour planter son regard au sien. Elle le défiait ? Il n'avait pas rêvé ? « Maintenant » qu'elle avait dit ! Elle semblait oublier qu'il pouvait la briser comme un fétu de paille … La trogne se crispa de colère, les crocs se découvrant peu à peu avant qu'il ne crache en pointant un doigt sous son nez …

-Occupe-toi de tes fesses la Renarde ! Maintenant « dégage » où j'me ferai l'plaisir de t'envoyer dans la …

Il s'interrompit lorsqu'il aperçut le fermier, coutelas au clair, se jeter dans leur direction. L'idiot semblait avoir retrouvé ses baloches ! L'émeraude n'en scintilla pas moins de surprise, et le Rital eut le reflexe stupide de bousculer la Renarde pour qu'elle s'écarte ! Relevant son bras pour se protéger …

-Argh !

Le sang coula, quelques gouttes en tapissant le sol tandis qu'il ressentait une cuisante douleur dans l'avant-bras. Le visage ravagé par la douleur se transforma aussitôt en un masque de haine, le gros poing se refermant pour venir s'écraser sur le visage du fermier qui émit un craquement sourd à l'impact. Le faisant valdinguer vers l'arrière, pour finalement disparaître vers l'étage du dessous, dans un grand fracas boisé et des cris d’effroi …

-Raaah ! Puttanna *!

Il poussa un rugissement, tendant son bras devant lui pour en observer la blessure … Pas le temps de dire ouf ! Un cri aigu se fit entendre, et la gamine se jeta sur son dos avec l'énergie du désespoir. Labourant sa joue de ses petites griffes, tandis qu'il tentait de s'en saisir …

    La tension se fait palpable lorsque, pupilles contre pupilles, ils se fixent en chiens de faïence. Le doigt sous le museau est superbement ignoré, alors que les babines s'étirent pour laisser apparaître les crocs en un rictus suffisant, l'air de dire "Des menaces, toujours des menaces et rien de concret". Elle est prête à dégainer pourtant, d'ailleurs, la l'acier de la lame commence à se montrer jusqu'au coup de théâtre. Surprenant, inattendu. Regards se quittent pour se poser sur un fermier sorti de sa torpeur, armé et menaçant. Sans qu'elle ne puisse réagir, Renarde est brusquement écartée d'un revers du bras. La force est telle qu'elle heurte un mur et tombe, genoux au sol. Lorsque les yeux se redressent, c'est pour embrasser la vue du poing de Delio s'abattant avec force sur le faciès de l'assaillant désespéré. Le bruit de la chute en bas ne laisse rien présager de bon. Avant même de pouvoir pousser un soupir si chère à la Grise. Elle ne peut que constater l'assaut de la jeune fille dans le dos de Rital imposant et l'attaque à coup d'ongles.

    Renarde se relève. Cette fois, la lame est dégainée sans ménagement. Elle s’immisce dans le dos du Blond, encore. Mais cette fois, elle frappe. Après avoir attrapé fermement la masse de cheveux bruns. Après l'avoir tirée en arrière. Après avoir découvert la gorge blanche. Elle frappe. La lame caresse et mord l'épiderme. Elle mord et coupe peau, vaisseaux, artère et trachée. Le liquide vital s'échappe, fuit pour s'écraser sur les vêtements du blond assailli. Sans lâcher la chevelure, Cadavre accompagne la chute du corps. Les bras étreignent le corps pour le guider en douceur sur le sol tandis que la gamine hoquète, s'étouffant dans l'hémoglobine expulsée par le cœur affolé avant que, les poumons ne se retrouvent noyés, expulsant le dernier souffle dans un râle rauque. Avec douceur cependant, Renarde Galeuse glisse les doigts sur les yeux ternes de la jeune fille. Au mauvais endroit au mauvais moment, en la tuant, elle lui épargne probablement la colère sans borgne du Rital et des souffrances probablement longues et insupportable. Un songe lui vient lorsqu'un soupir franchit ses lèvres "Pourquoi faut-il toujours qu'ils fassent des actes idiots ?".

    La Rousse se redresse. Alors seulement accorde-t-elle son attention au bras du Rital. Elle essuie sa lame sur la robe bleue et usée. Déchire un pan dudit vêtement. À pas discrets, Rital est rejoint. Bras est délicatement observé sans être touché. Tête se penche sur le côté alors qu'elle glisse sans mot dire, le linge bleuté parsemé de carmin, autour du bras lésé. Nouant un bandage improvisé. Pupilles rejoignent leurs homologues une fois le linge en place.


J'te f'rai un truc mieux qu'ça quand on s'pos'ra. Et j'te dois une catin à la prochaine ville.

    Elle n'oublie pas qu'il lui a épargné une blessure, une cicatrice de plus. Une façon de le remercier sans prononcer le mot équivoque.

Cette garce tenait à la vie ! Un premier coup de griffe lui laboura la joue gauche, suivit de coups multiples donnés par ses petits poings. Tandis qu'elle griffait une seconde fois son cou.Visait-elle la jugulaire? On ne le saura jamais … Renarde se jetta à son secours, se saisissant de l'imprudente pour l'égorger proprement … Enfin … Ce n'était pas l'avis de sa chemise qui s’imprégna du carmin enfantin, le faisant se cambrer de rage pour tenter d'en éviter la caresse, mais peine perdue ...L'étreinte diminua jusqu'à ce qu'il en soit libéré. Vert de rage, l'italien retira le coutelas de son bras, observant le fluide qui s'en écoulait légèrement en faisant jouer ses doigts … Par chance, ce con n'avait pas touché de point sensible !

Mère Renarde s'approcha à nouveau, nouant un bandage improvisé autour de la blessure. Redressant son regard pour rencontrer le sien, il poussa un grognement agacé, le regard dur …


-Tu m'dois tout un bordel ! La prochaine fois, occupe-toi de tes fesses !

Il s'en détourna pour se diriger vers l'échelle, et la descendit en ruminant sa colère. En bas, il constata que le fermier n'était pas mort … L'épouse sanglotait sur le corps meurtri par la chute, la position de ce dernier semblait indiquait qu'il s'était brisé la colonne en chutant. Sans pitié, et rancunier, l'italien s'approcha et envoya valser la fermière du plat de la botte. Dégainant sa bâtarde en plantant son regard dans celui du fermier ... Le rictus se fit haineux alors qu'il vint placer la pointe sur le derme tendre du cou, et pressa doucement pour qu'elle pénètre lentement … Les yeux s'écarquillèrent de surprise face à la triste réalité qui s'offrait à lui … Foutu. Il était foutu. Le liquide vital s'échappait de la plaie et d'entre ses lèvres tandis qu'il tentait de balbutiait ses derniers suppliques … Mais rien à faire. Une plaie pour une vie. Retirant sa lame du corps sans vie, le Rital se dirigea vers la sortie sans un regard en arrière …

-On s'casse !


    Sans grande surprise, l'Imposant est colère. Il est clair qu'il rêve pour le bordel, l'Owen' n'a pas l'intention de dépenser une somme astronomique. Il rêve aussi pour qu'elle ne s'occupe que de ses fesses. D'ailleurs cette réplique lui arrache un sourire en coin quand son regard traduit sans peine un "cause toujours, tu m'intéresses". Il descend. Elle descend. Il abrège les souffrances du fermier sous les pleurs de son épouse. Elle balance une bourse au sol en s'adressant à la fermière :

Pour la bouffe et les pertes humaines.

    Le Rital part. Renarde part sans remords.

* Putain
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Eusebius_
Côté brigands... Côté Bon Vivant


Comme souvent cela avait commencé avec l'envie de faire comme beaucoup : respecter les règles, étudier, travailler, se morfondre sans ma blonde à mes côtés... Mais, comme toujours, l'envie de reprendre la route me tarauda bien rapidement. La route ou plutôt l'usage du ramage et du plumage d'un bourgeois négociant la diversité des biens de bouche et de confort de son hôtel particulier pour plumer le marchand présomptueux. Les Archanges en sont témoins: Deos m'a fait tel que je suis car la diversité d'esprit, et la notion personnelle du "bien", étaient ce qui conduit chaque humain à se surpasser.

La peine que provoqua la disparition soudaine au couvent de ma grande-sœur Nevada contrasta avec ma réconciliation avec beau-frère Marie et la venue de ma brune amie Théa. Ces retrouvailles scellèrent mon destin : je suivrais la direction que le vent m'offre en leur compagnie. Aucune idée du but ni des compères qui participeraient à la sauterie. Une certitude : bien que l'Anjou soit ma patrie, que j'aime m'y ressourcer et que nombre de mes amis y résident, mon sang bouillant veut seulement s'exprimer à travers des activités jugées risqués et amoral par beaucoup.

Parés de mes riches habits, chargeant charrette de négociant avec quelques denrées liquides non périssables, aux yeux du monde je pris la route pour négocier en m'octroyant agréable compagnie féminine et mâle protection armée bien que la réalité était miroir concernant la dangerosité de mon escorte.
Il est amusant de constater que les rumeurs de faits non constatés pas réelles interactions nous précédèrent. Bon certes tout n'était pas faux, même si les divers portraits sensément nous représenter et circulant dans le royaume étaient assez mauvais. Sans oublier la déformation des méfaits reprochés. En tout cas il n'est nullement inscrit en lettres de feux sur nos fronts nos activités passées et pourtant notre périple fut à l'image de la peste : avant même d'arriver en un lieu la peur avait fait son office et l'accueil se résumait à des volets et portes clauses avec chiens galeux pour seuls compagnons de soirée. Cela eut le don de me rendre de très mauvaise humeur. Pas réussit une seule fois à arnaquer colporteur itinérant ou camelot de foire. C'est donc bien remonté et maussade que j'arrive à destination.

Attaquer la France, détourner écus servant à engraisser marionnettes de la Reine, mise à sac de ces outrageants édifices faussement déclarés divins et insultant la mémoire d'Oane et des Archanges, perspective de combats de toutes natures telles furent les promesses reçues d'un roux issus de la Cour des Miracles. J’accepte temporairement de lier mon destin au sien. C'est avec une joie sauvage et ardente que je troque mon fallacieux costume de négociant pour celui de brigand diraient certains. Pour moi je redeviens seulement qui je suis : un blond aimant sentir sa vie à la limite de sa fin en défiant Deos de le surprendre à chaque instant.

Et c'est ainsi que, solitaire l'espace d'un instant, je me coule dans la nuit sur ma cible. Je ne peux le percevoir mais je sais que tous nous faisons de même. Hétéroclite compagnie mue par la seule envie d'une action commune pour répondre à des désirs personnels.
La suie que j'ai collée sur mon visage me gratte quelque peu. J'en ai aussi étalé sur les parties métalliques de mon accoutrement assez léger. Je ne suis pas ici en tant que guerrier alors tissu et pourpoint de cuir sont ma seule protection. Allongée sur le toit d'une fabrique de lin ma grande carcasse attend le signal. Il avait été convenu que j'étais de ceux qui élimineraient les menaces pour permettre ainsi aux autres comparses d’œuvrer tranquille. Mon regard de jade a déjà reconnu le chemin de la descente et découvert l'allée que j'emprunterais pour surprendre le groupe de miliciens que j'entrevois passer à intervalle régulier. Je souris en observant ma cible.

À n'en point douter le godet que je partagerais avec beau-frère Marie, pour fêter cette nuit, sera accompagné d'anecdotes. Un instant je prie Deos de protéger ses miches et celles de Théa, perdent deux femmes que je considère comme des sœurs me rendrait d'encore plus mauvaise humeur... Alors que la ville s’endort le regret de ne pas avoir aussi ma blonde dissimulée dans la pénombre me rattrape. Pour un loup solitaire j'avais développé de bien fortes relations sans même m'en rendre compte. Raison de plus de préserver ma vie en ôtant la leur et permettre notre réussite.

Une dernière pensée s'agitât. Cela faisait longtemps que je n'avais entendu quiconque crier pour sa vie, cela me manquait. Comme ce jour, où avec ma blonde, nous avions torturé ce pécore pendu par les pieds comme le porc qu'il était. Le sang en feu, l'esprit enfiévré, je me contrôle difficilement alors que la nuit est totale et qu'un chat en bas du bâtiment de bois chasse. La mienne tarde à venir...

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Elliot..
Côté Brigands
Toujours avec Vivia. Trop d'amour.


La nuit est fraîche, il ne le réalise qu'après coup. Seulement quand l'adrénaline qui a coulé dans ses veines a assez réchauffé son corps pour ressentir le contraste. L'excitation a quelque chose de fascinant en cette énergie grisante qui dilate les pupilles et accélère les battements du cœur. La blonde s'est lovée contre lui, le touche et là où sa pudeur aurait normalement fait barrière, où sa réserve aurait refermé la coquille d'un coup sec, Elliot est cette fois hésitant quant à l'idée de se laisser aller. Le corps de sa victime est encore chaud que son acolyte vient susurrer son poison distillé à son oreille. Le respect est mort et l'italien n'est pas en état de s'en préoccuper. L'infernale joue avec ses nerfs, joue avec les ombres qu'elle a pu percevoir chez lui. Il le sait et pourtant, bien que tentante, il s'échine à lui résister.

- " Colle-moi encore Vivia, et je risque fort de me laisser tenter. "

Si le "avec toi" n'est pas nécessaire, c'est que la menace est flagrante. L'homme est tendu, sous tous les sens du terme. Il la repousse et se penche pour planquer le cadavre dans les buissons. Le retour avec les provisions sera silencieux du côté masculin. Blondie joue, il se renfrogne et Dieu seul sait ce qu'il peut se passer dans sa tête en effusion. Une pensée pour Violette. L'impression de vivre une autre vie et de plonger dans les ténèbres loin de sa lumière réconfortante. Le jeune homme est en pleine transition, vacillant dangereusement entre clarté et obscurité. Malheureusement pour lui, son association avec la Hyène n'est pas terminée et il sait déjà qu'elle a semé en lui la graine du doute et celle de la tentation. Les champenois n'ont qu'à bien se tenir, car visiblement, lui ne le fera pas.
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Magdelon..


Ils ne sont pas faciles à trouver, les petits rats ayant envahi la Champagne. Au milieu du royaume, l'invasion de la Champagne commence à faire parler d'elle, et c'est avec un sourire de contentement que l'oiselle entend les bribes d'informations qui lui arrivent aux oreilles. Évidemment qu'elle aurait aimé en être, mais le destin en a décidé autrement. Pour l'heure, la noiraude se venge sur les chemins, arrachant des bourses et jouant de la fronde avec ses coéquipiers. La nuit a porté ses fruits et bientôt le quatuor s'éloignera des chemins pour revenir à un peu plus de civilisation. Quelques écrits sont tentés, rien ne prouve qu'ils arriveront à destination dans le capharnaüm du Nord. Le pigeon s'envole dans le ciel auvergnat, brisant le nuage de fumée expulsé par ses lèvres bleuies et picorées par les effets du chanvre, un sourire vilain accompagnant son ascension vers le ciel.

Citation:
A mes compagnons de route que j'oublie pas.

Le ciel rouge sang accompagne vos forfaits dont l'écho arrive jusqu'au fin fond du royaume.
Qu'ils tremblent devant la racaille des Miracles et de ses rats.
Dans mes pensées obscures, vous flottez, ancrés à mes souvenirs jusqu'à mon trépas.
Pillez, volez, violez, la victoire n'en sera que plus belle.

M.


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~~*~~ ReVolte ~~*~~




Citation:











Gwenvael
Côté brigands... Côté Gentil (le bien, le mal, c’est une question de point de vue)

Début de printemps en Bretagne, espoir.

Ouais après un hiver rigoureux et ennuyeux, monotone, l'soleil revient et avec lui l'espoir d'revivre. S'avez comme les p'tits z'oiseaux qui copulent, p'tain j'y crois dur comme fer, mais hélas, que dalle a l'horizon, alors j'tue le temps...

J'traine dans des rades craignos, des tavernes miteuses, j'vide des godets, j'm'alcoolise, j'me tape des filles de joies et dans les moments les moins ennuyeux, j'me tape avec des collègues d'biture une bonne salade de phalanges, mandales, gnons, nez cassé, ratiches perdues et coup d'bouteille.

Le classique en Bretagne vous me direz? pas faux... Mais bien vite, j'me lasse... Jusqu'a ce p'tain de jours bien breton. Vous s'avez ceux où l'soleil vous inonde de ses rayons de pluie, du bon crachin breton qui vous mouille la tronche pire que si vous offriez une faciale a une catin, ouais ok, où a votre bourgeoise si vous êtes un gars bien.

Enfin revenons a nos moutons, ce jour là, j'la croise la brune... Oui hein j'vous vois venir, bah tiens bien sur que la pensée ma traversé l'esprit sur l'moment, remarque elle me traverse peut-être toujours l'esprit d'ailleurs. Bref, V'là pas qu'elle me propose un voyage organisé pour visité la champagne. P'tain moi de suite bien sur j'pense aux caves, j'me dis que sa me changera de la bière et du chouchen puis peut-être que les femmes vénales sont différentes là bas.

P'tain t'ai vraiment con Gwen! Pas de ça qu'elle parle la brunette, elle parle de pillage. Là de suite, j'me calme, j'prête l'oreille, limite j'dégage la catin qui traine sur mes genoux. J'ai les yeux étincelant... Mon ouïe est sur le coup aussi aiguisé que celle d'un loup. On me parle de chasse... Hum j'sens que finalement le printemps va être chaud.

Certains ce voient déjà ce rouler dans des lits d'écus, où tout autres butins, mais moi... J'ai juste envie d'foutre le bordel, d'me lâcher, après tout nous ne vivons qu'une seule fois. Mais le plus excitant, c'est la jouissance de sentir et voir la peur dans les yeux des proies, juste cela, un p'tain de kiffe, j'ai le dos qui en frissonne d'excitation. Un plaisir intense juste après celui que peu vous offrir une femme, bah ouais faut pas déconner quand même.

Alors, j'fonce, j'dis chiche Théa! Feu!. On recrute un peu sur la route, on perd quelques têtes aussi, le vagabondage est parfois, souvent ennuyeux mais j'm'accroche...
Le vent me porte le nom de quelques futurs compagnons, dont certains me rappellent au bon souvenir de Snagov, motivation supplémentaire pour continuer et braver l'ennui.

On galop, on dévore les routes et les campagnes et enfin on pointe nos museaux en champagne.

J'me vois déjà sabrer le champagne, m'en foutre plein le gosier, jouer avec le breuvage sur l'corps des femmes, a me délecter de ma langue de leurs goût mélangés a celui du vin pétillant. Mais d'abord il faut ce cacher, marcher a pas de loups, prendre son mal en patience, la traque commence, la chasse n'est pas encore ouverte, j'ai pourtant les crocs acérés, patience Gwen , patience... Une qualité hélas qui me fait parfois défaut, mais là j'en viens a me surprendre, Théa sachant retenir la bête.

J'tourne en rond dans les bois, autour des arbres, j'marque mon territoire en pissant sur toutes les souches. Bah ouais désolé la bière p'tain c'est efficace. J'compte les lunes, j'attend que l'chef lance l'assaut, j'ronge mon frein, j'déprime limite parfois, si si j'vous assure.

Enfin libération!!! la chasse ce lance, ce soir nous boufferons les chevaux de Troyes. Sage le jour, caché dans nos tanières mais a la nuit venu, on lâche les fauves.
J'hurle a la lueur de la lune qui nous offre juste suffisamment de luminosité, ce soir j'veux mordre, sentir la peur et le goût du sang.

j' me faufille avec mes compagnons a travers les rues et ruelles de la cité, la meute ce regroupe. Un signal et nous assiégeons la mairie. Comme une meute de loup, qui encercle sa proie, nous mordons et nous venons sans mal a bout de la bête, victoire.



Off through the new day's mist I run
Off from the new day's mist I have come
I hunt
Therefore I am
Harvest the land
Taking of the fallen lamb

Metallica "of wolf and man"


(Je cours à travers la brume du petit matin
Je suis venu de la brume du petit jour
Je chasse
Donc je suis
Moissonnant le pays
Nous prenons l'agneau qui est tombé)

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Padawan, incarné par Eusebius_
Côté… Le sien

1. Padawan ne mange pas d'avoine


Il était de ces créatures plus à l'aise la nuit que le jour. L'astre solaire avait cette particularité de le rendre léthargique, posé sur un rebord de fenêtre, un tabouret, un tas de foin où tout autre endroit propice à une agréable sieste. Il n'avait aucune idée du nom donné au lieu où il vivait. Ni ce que pouvait bien manigancer tous ces bipèdes qui s'affairaient dans son entourage immédiat. Lui tout ce qui l'intéressait c'était dormir. Il aimait la douce chaleur du soleil printanier sur sa fourrure en ce jour. Il prenait des forces pour ses activités de la fin du jour puis les nocturnes.

Le soleil déclinant il s'affaira pour effectuer une toilette en bonne et due forme, insistant sur ses moustaches, ses oreilles et surtout ses griffes. Tout ce qui lui serait nécessaire pour la suite. Il bailla une dernière fois et commença son tour habituel. C'était une tradition pour lui de visiter deux jardins en particulier. Dans l'un il utilisait les rosiers pour se soulager la vessie et dans l'autre la menthe sauvage. Et à chaque fois il entendait les sempiternels :


- Padawan j'vais t'étriper !

Cela le rendait encore plus joyeux. Il était le dieu de son monde, faisait ce qu'il aimait quand il le voulait, indifférent aux jérémiades inintelligibles des bipèdes.

Au pied de la fabrique de lin proche du vieux moulin, les bruissements d'un rat. Padawan a faim et... Padawan ne mange pas d'avoine.
Souriceaux_
Quand Souriceaux se présente.

Des années qu'il vagabondait et qu'il mettait à profit les organisations syndicalement neutre. De fatum au lions, ou l'inverse, d'ailleurs, du Périgord au Maine, du nord au sud, de l'ouest à l'est.

Ce soir la, il était en témoin, observant ses cousins, éventuellement, leur filant un petit coup de pied au cul, ou d'autres fois, leur donnant la chance immonde en se précipitant dans les pieds d'un garde apeuré.

Fin, Bref, la famille souriceaux de Wittschloessel (de lacordocou) était toujours présente sur la scène internationale.

Bouffer du royaliste restait une grande résolution.

Il eusse tot fait d'entendre causer de ce projet, et forcement, Mwaaaaaaaaaaar, il aiguisa tranquillement ses dents. Le campagnard est craintif, surtout quand tu le grignotes par les pieds, jusqu'à voir son petit nez, devenu tout rouge.

Il fallait foutre un grand coup de pied au cul a ces trou du C** royalistes. Il fallait foutre un grand coup de pied au culte des ces trous du C** de pseudo religioniste.

C'est ce qui lui plaisait, à Souriceaux.

Il arriverait toujours assez tot pour l'absolution, comme bon nombre de ses congénère, pour se régaler des victimes.



Tremblez, petit peuple, royaliste, nous aurons votre peaux
Beltane
[Côté défenseurs]


Cette nuit-là, Beltane ne dormait pas. C’était probablement le cas de beaucoup de champenois. Mais ce n’était pas la peur qui la tenait éveillée (bien qu’elle prît la menace d’une attaque de brigands très au sérieux). Son éveil elle le devait à ses propres démons car la nuit apporte avec elle quelque chose de plus grave que l’obscurité. Elle est porteuse de sombres desseins. Elle fait de la solitude un fardeau et trouble la pensée, elle brise nos certitudes et réveille nos inquiétudes, elle annihile l’espoir et nous submerge de mélancolie.

Cette nuit-là n’apporta nul repos à la demoiselle. Couchée sur un matelas de paille plutôt inconfortable, les yeux grands ouverts, le regard perdu en pensée, elle attend. Au dehors, la lune brille d’une douce lumière créant dans la chambre un léger jeu d’ombres et de lumières. Tout est silence. Perdue dans ses pensées, Beltane observe les ombres s’agiter au plafond. Elles dansent, elles oscillent et vacillent bientôt porter par une lumière rougeoyante. Puis tout s’accélère. La lumière se fit plus vive chassant l’obscurité, alors seulement là elle comprit. Elle se leva brusquement pour regarder par la fenêtre et son inquiétude se confirma. A l’extérieur, enhardi par le souffle du vent, un immense brasier s’était déjà formé. Il enflammait le ciel et semblait se propager à la vitesse d’un cheval au galop. Les cris commençaient à s’élever dans la ville, pas des appels à l’aide, des cris de détresse, des cris de désespoir. Dans l’auberge où elle se trouvait tout le monde semblait désormais éveillé en proie à de terribles malheurs.
Beltane se tenait toujours devant la fenêtre, immobilisée d’effroi, elle assistait au spectacle d’un enfer qui s’abat sur terre. Des hommes armés jusqu’aux dents massacraient tous ceux qui tentaient de prendre la fuite. Les soldats, défenseurs de la cité, ne semblaient pas nombreux mais ils opposaient encore une admirable résistance.
Puis un bras la saisit, l’arrachant à la morbide scène.


- Viens, dépêche, il ne faut pas rester là !

L’inconnu tire la jeune fille l’emmenant dans une course contre la mort. Ils dévalent les escaliers, traversent la salle principale et arrivent au dehors. Dehors justement c’était le chaos, l’air était irrespirable, il brûlait les poumons. Les corps mutilés jonchaient le sol. Des hommes, des femmes, quelques enfants… Toujours entrainée dans une course folle, main dans la main, l’homme la guidait dans les rues de la ville. La jeune fille peinait à suivre le rythme, ses seuls moments de répit se présentant lorsque l’homme stoppé net par un ennemi entrait dans un affrontement dont il sortait toujours vainqueur. Par un miracle inattendu, ils atteignirent la porte de la ville. Mais le passage leur était barré. Devant eux se tenaient trois hommes assoiffés de sang et de terreur prêt à en découdre. Un combat perdu d’avance. Pourtant le courageux inconnu s’élança contre eux pris d’une furie aveuglante.

Fuis ! Cours ! cria t‘il à la jeune fille qui peinait à comprendre ce qui lui arrivait. Alors elle courut, aussi vite qu’elle le pouvait elle s’enfuit hors de la ville à travers la campagne.


[Jamais là où il faudrait]



Le cœur battant et le souffle haletant, des larmes plein les yeux, elle continue de courir, pas même arrêtée par les branches qui lui fouettent le visage et les ronces qui lui déchirent les mains. Enfin, lorsqu’elle est suffisamment loin de la ville, elle s’arrête, tentant de reprendre son souffle dans un crise de panique. Prise au ventre par un soubresaut, elle vomit sa bile peinant à réaliser ce qui venait de lui arriver. Le calme revient. Pourtant la nuit n’en a pas encore fini avec elle. Soudain, elle entend des voix s’élever et elle comprend qu'elle a couru droit dans la gueule du loup.

Court moment de lucidité où elle se cache dans un fourré, sa main posée sur sa bouche comme pour être sûre de ne faire aucun bruit. Cependant il est trop tard, son regard croise celui du malfaiteur. De nouveau submergée de panique elle quitte sa cachette prête à fuir. Mais on n’échappe pas à son destin deux fois de suite. Cri de surprise lorsque l’homme la saisit, la voilà pris au piège. Si elle avait pu auparavant se débarrasser aisément d’un saoulard qui peinait à tenir debout s’en était une autre d’un homme robuste en possession de ses pleins moyens. Elle se débat, elle lutte mais en vain. La voix grave et séduisante comme celle du diable s’adresse à elle dans une question pour le moins ironique. Le cœur battant de peur mais aussi de rage d’être ainsi aliéné, l’innocente ne tarde pas à répondre d’une voix vociférant comme une provocation.

- Vous et tous vos misérables comparses on n’a pas la même notion de ce qui est mal. Vous serez punis pour vos crimes...
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Alix.anne
[Coté gens]


Blonde, rousse, entre les deux. La mèche dansant au doux vent de Champagne, elle va le coeur léger et la mine joyeuse vers Troyes. Les sorties sont rares, et les taches de rousseur qui se battent sur son nez retroussé réclament leur dose de soleil pour pouvoir s'exprimer à leur juste mesure. Non pas qu'elle le sache, d'ailleurs, les miroirs et tout autre outil à usage cosmétique sont prohibés dans le petit couvent d'où elle arrive.

C'est en arrivant près des murailles qu'elle comprend que quelque chose se trame. Ralentissant l'allure, elle les franchit tout de même. Cela arrive parfois que des menaces poussent les villageois à la suspicion.

Prenant par la rue principale, en direction du marché, elle trébuche. Baissant les yeux, elle retient un haut le coeur qui la submerge comme un tsunami une côte japonaise. Entre ses dents elle retient son frugal repas du matin, luttant contre le ressac de la nausée. Ci-gît une brune, sans vie, sans autre marque que l'étau carmin qui enserre une gorge qui a cessé de respirer. Alix Anne détourne le regard, se signe et récite précipitamment une prière du pardon, espérant accompagner ainsi la jeune femme vers un paradis solaire plutôt qu'une lune sans espoir...


Je confesse à Dieu Tout Puissant,
A tous les saints,
Et à vous aussi mes am...


Tout en fuyant la vision d'apocalypse, courant plus que marchant, désormais vers le poste des maréchaux, elle interrompt prière et course, dans un hoquet de stupeur, alors que cognent dans ses oreilles les ordres lancés par le Renard, au milieu de ses troupes qui s'éparpillent.

A peine si elle a le temps de chercher un bosquet que son regard de lapin est pris dans les phares verts de Judicael qui l'alpague, l'appelle. Tant et si bien qu'elle en oublierait de fuir. Le panier qui devait recueillir les bouteilles pour la messe s'échappe et choit, elle fait demi tour, mais il est déjà trop tard.

Sauf qu’il y a une autre jeune femme… une blondinette qui se trouvait là, et qui se fait alpaguer. Un instant Alix Anne reste interdite, incapable de bouger, de penser. L’artistotélicienne en elle lui hurle qu’il faut faire quelque chose, qu’il faut agir, qu’il faut sauver la demoiselle. Mais l’instinct de survie, celui qui prend le dessus dans ce genre de situation, celui là lui dit de laisser là le panier, de prendre ses jambes à son cou, et de fuir. De fuir sans se retourner.

D’oublier.

De passer outre le regard de la jeune fille, qui doit avoir son âge.
De ne pas se rappeler l’air sur son jeune visage.

Et elle court. Elle court, petit nonnette perdue dans Troyes. L’air frais lui brule les joues, la pupille ne s’acclimate pas à la pénombre qui rampe dans les ruelles, prenant sa place avant de la laisser à la nuit qui ne va pas tarder à les envelopper.

Elle court à perdre haleine.

Les sanglots ne tardent pas, venant noyer la gorge, les yeux, encombrant le nez, bouchant les oreilles. Elle essaie, elle essaie fort ! de ne pas pleurer, de ne pas faire de bruit... Echoue quand elle happe d'un grand coup une bouffée d'air vicié par les Rats qui s'égrènent partout dans la ville.

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Nemyt
Les instants défilent au fil des ans, cruauté, lâcheté, un échec au détour de chaque choix pour m’empêcher d’être la femme que j’aurais pu devenir, un chemin à travers le temps, jonché des épaves des vies que j'avais saisies, des opportunités ratées, de ses mains tendues que j'avais repoussées.
La nuit était venue, mes doutes aussi.
Je froissais à nouveau cette missive reçue il y a quelques jours déjà. Je ne pouvais m'en séparer. L'odeur de peau du vélot, sa texture si douce contrastant avec la douleur des mots.
Mon frère Black était mort.
L'ironie poussera le vice en me précisant que sa vie arrachée le fut par des brigands.
Est-ce finalement raisonnable de s'attacher aux gens alors qu'à tout moment ils pouvaient vous être enlevés?
Mon avis est qu'on s'attache aux gens parce qu'on a peur d'être seul et cette peur est plus forte que la crainte de les perdre.
Pourtant, je l'avais détesté, après tout il n'avait jamais posé regard sur moi, laissée seule dans un monde ou j'avais du tellement lutter.
On devait rire de moi, quelque part, ce passager noir pourrissant mon être, riait. J'écrivais mon pardon à Black et j'apprenais sa fin.
L'éclat joyeux aurait du illuminer mon visage devant l'absurdité de la situation, mais pas cette fois...


Les feux s'étaient peu à peu éteint. Les corps souillés avaient roulés dans les fossés. les cris, les pleures s'étaient tus, le maigre butin partagé.
Le vent soufflait dans les étroites ruelles de Troyes, crachant la complainte
de la sombre besogne accomplie.
La détermination obstinée qui brillait dans le regard de la blonde n'avait pas faiblit.
Elle avait tué parce qu'elle devait le faire. Rien à ajouter.
A quelques mètres, un son presque imperceptible.
Une carriole abandonnée.
Nemyt se hissa sur le chariot et, en bloquant son souffle, s'approcha de l'arrière. Elle s'ouvrit un coffre tout en longueur, juste assez grand pour contenir un enfant.
Une petite fille.
Avec de longs cheveux et des yeux noirs emplis de terreur.


- Tu vas... me... me tuer ? balbutia-t-elle.

- Oui.

L'enfant ferma les yeux, Très fort, résignée.

La blonde la dévisagea, mal venue, juste pas là au bon moment.
Elle ferma doucement le coffre. La pitié. L'absurdité de cette pensée lui tira un sourire, il n'y avait pas d'autres mots pour exprimer ce qu'elle ressentait.
De son perchoir improvisé, elle chercha la brune dans l'obscurité naissante.
L'envie soudaine de la prendre dans ses bras. Savoir qu'elle allait bien...


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