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Loups à Sang pour Sang

--Gunzhausen
[Matin de Neige sur Aubeterre]





C'était l'un de ces matins que le vieux prévost redoutait. La neige était tombée en abondance durant la nuit et un froid hivernal s'immisçait dans les couloirs de la forteresse d'Aubeterre. Il grommela un long moment, ses courbatures le faisant souffrir dans ses premiers instants de la journée. Sa jambe en particulier irradiait une lancinante plainte remontant le long de la cuisse se prolongeant jusqu'à la hanche. Il maudit les injures du temps tout en tentant de faire passer ses rhumatismes accentués par le froid. Il n'était plus jeune, cela il le savait, il avait même bien vécu, vu des contrées et fait mille rencontres ; mais aujourd'hui il sentait dans son for intérieur que le temps l'avait rattrapé et que l'avenir ne serait plus jamais comme avant.

Là, dans sa chambre, il fit un dernier mouvement pour réveiller ses vieux muscles encore engourdis puis se dirigea vers une table basse où se trouvait une vasque de cuivre et une jarre d'eau qu'il alla suspendre au-dessus du feu qui mourrait dans l'âtre de la cheminée. Il ouvrit le battant de bois obstruant la fine ouverture faîte dans les murs et donnant sur l'extérieur.
Une lumière aveuglante lui fit cligner plusieurs fois les yeux avant qu'ils ne s'habituent. Ses vieux os avaient raison de crier à l'agonie. D'aussi loin que portait son champ de vision, tout n'était que blancheur. La neige, comme un linceul immaculé, avait recouvert le paysage et les rais du soleil ne faisaient qu'accentuer l'impression laiteuse noyant l'horizon. Il secoua la tête. La fraîcheur du matin pénétra dans l'embrasure, vivifiante, fouettant son visage.

Il décida que, comme tous les matins, il irait chasser et relever ses pièges. Qu'importe les caprices des cieux, c'était cela qui lui tenait à coeur maintenant. Il passa devant son armure posée sur un chevalet en bois. Il ne put s'empêcher de laisser flâner sa main sur les parties polies du métal. Relique des temps anciens, souvenir d'une vie pleine d'aventures, celle où sa force la déplaçait si aisément, comme une seconde peau, sans effort. L'armure lui renvoya son image déformée par les ans, comme un pied de nez. L'homme avait changé ; une longue barbe blanche mangeait son visage émacié, de larges sillons zébraient ses joues et son front. Mais il n'avait pas de regret, et avait su accepter son sort. Il donna une pichenette sur l'armure la faisant tinter, un sourire de vengeance aux lèvres. Il alla chercher ses affaires posées dans un coin de la pièce, ses chausses et son manteau de mouton. Sur une patère étaient suspendus sa besace et son ceinturon sur lequel un couteau de chasse trônait fièrement. Le vieux suisse prit l'ensemble dans ses bras et déposa le tout sur la table. Il fit ensuite un brin de toilette avec l'eau tiède et s'habilla pour aller faire son tour matinal. E si Dame Nature le voulait, il ramènerait à Nanoue le fruit de ces pérégrinations. Nanoue, la gouvernante, Nanoue l'amie, Nanoue la confidente, celle qui aujourd'hui partageait sa vie, celle auprès de qui il aimait être. Deux âmes solitaires, deux existences passées au service des autres, deux êtres réunis par le hasard, deux coeurs désireux de finir leur vie côte à côte.

Se saisissant de son arbalète et du sac à carreaux, il quitta sa chambre et tout en marchant dans les couloirs du château déserts à cette heure matinale, il continua à s'équiper. Descendant les escaliers étroits, il passa devant les armes du Seigneur des lieux et se rappela la longue conversation qu'il avait eue avec le Comte d'Aubeterre. Il lui avait fait part de sa fatigue, de son âge avancé, de son envie de prendre du repos. Le Comte avait parfaitement compris et l'avait invité à préparer sa relève. La relève, elle était toute trouvée. Baudoin, le sergent d'armes était l'homme idéal pour prendre sa place. Ce dernier l'avait secondé depuis tellement d'années qu'il connaissait maintenant tous les rudiments d'un chef de gardes. Lentement, tout en le surveillant de loin, Gunzhausen l'avait laissé prendre les affaires en main, ses marques et l'ascendant sur les hommes d'armes pour asseoir son autorité. Bientôt, il pourrait aller trouver le Comte pour lui signifier que Baudoin était apte à assumer son poste. Encore quelques temps, se dit-il intérieurement, l'instant de gommer les restes de l'impétuosité qui le caractérisait tant.

Quelques domestiques saluèrent Gunzhausen qui répondit vaguement d'un signe de la main. Il s'engagea dans la cour principale du château où le froid le saisit d'un coup. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale. La neige fraîchement tombée crissa sous ses bottes. Sa respiration laissa une blanche volute suspendue un bref moment dans l'air. Il resserra sa veste de mouton autour de sa taille puis se dirigea jusqu'à la porte Saint-Martin. Il dépassa les deux gardes emmitouflés dans de lourds manteaux à l'entrée du château puis à pas vifs s ‘achemina vers la forêt bordant le hameau d'Aubeterre.

L'automne avait été doux, presque agréable, laissant un sursis à la forêt encore parée de couleurs orangées et brunes contrastant avec la blancheur de la couche de poudreuse. D'ici quelques jours, le froid aurait fait son œuvre, détruisant les restes de l'année passée pour ne laisser que les branches squelettiques se croiser dans un méandre de bois en sommeil. Gunzhausen se dit qu'il fallait profiter de ces quelques jours pour chasser dans les sous-bois et peut-être glaner un lièvre ou deux. Il posa un genou à terre et arma son arbalète. . Légère, facile à recharger, elle n'avait pas la portée, ni la puissance d'une arme de guerre et était destinée simplement à la chasse. Il souffla dans ses doigts puis plaça un carreau sur la fine encoche prévue à cet effet. D'une main il releva sa capuche et s'enfonça sous les couverts. A demi courbé, avançant à pas mesurés, il écoutait la forêt, tentant de percevoir les bruits des animaux présents. Après de longs moments d'errance passés tantôt en guet tantôt en approche, le vieux chasseur n'avait levé qu'un lièvre et une perdrix sans pouvoir les épauler et ce fut presque de guerre lasse qu'il se releva, se demandant s'il n'allait pas rentrer sa besace vide. Soudain, émergeant d'un taillis, un sanglier passa devant lui, à quelques coudées, dans un grognement porcin. Réflexe de chasseur, il épaula au jugé et décocha son trait. La corde de l'arbalète émit un gémissement mat libérant dans l'effort quelques éclats de givre. Mais l'animal disparut rapidement dans un fourré. Gunzhausen le suivit. Quelques traces de sang perlées sur la neige attestèrent qu'il avait fait mouche. Il s'approcha doucement du mur de végétation en armant de nouveau son arbalète. Le cliquetis métallique du système de tir se fit entendre et il introduisit un nouveau carreau tout en regardant dans la direction où s'était enfuie sa proie. Il contourna le bosquet puis s'agenouilla en jetant un regard de l'autre côté de la haie. La bête blessée était là, grognant et tournant en rond. Un carreau était planté dans son arrière train. Il se décala légèrement et visa sa cible. Sans la quitter des yeux il se releva doucement. L'animal dut le percevoir et tenta une échappée, mais le carreau transperça son flanc le figeant un instant dans sa course. Il s'écroula sans vie.

Le Prévost baissa son arme et souffla longuement. Non, ce ne serait pas cette fois qu'il rentrerait bredouille à La Rabatelière. Nanoue serait contente. Certes, il ne s'agissait pas d'un gros sanglier mais il était tout à fait honorable. Il replaça son arbalète sur l'épaule et prépara son gibier pour le retour au château. Alors qu'il retirait les carreaux du corps de l'animal, il crut percevoir comme un hennissement de cheval. Il secoua la tête, se demandant s'il n'entendait pas des voix. Mais le bruit fut de nouveau perceptible. Il arrêta son travail et tendit l'oreille tout en laissant glisser sa capuche sur ses épaules. Encore une fois. Il n'y avait pas de doute possible un cheval se trouvait tout proche. Avec prudence, Gunzhausen sortit son couteau de chasse et s'aventura à scruter les environs. Prudemment, il avançait pas à pas dans la direction des bruits. La présence d'un équidé au coeur même de la forêt était chose étrange, pour ne pas dire inquiétante. Les réflexes du Prévost prirent le dessus et oubliant ses douleurs articulaires, il fit des bonds d'un tronc d'arbre à un autre, profitant de leur protection centenaire. Est-ce un voyageur égaré ? Un bandit se cachant ? Autant de questions auxquelles il allait pouvoir répondre car maintenant il entendait nettement le son irrégulier de sabots sur le sol. Il provenait par delà d'une haie. Gunzhausen crut même percevoir l'ombre de l'animal à travers le mince treillis de végétation. Il contourna l'obstacle et avec une grande prudence décida de prendre la mesure de la scène.

Il se retrouva à une moins d'un dizaine de mètres d'un cheval tournant et virant, nerveux et faisant de grandes embardées. Là juste derrière lui, il crut discerner une forme humaine couchée à même le sol. Il tenta de s'approcher du corps à terre partiellement recouvert d'une fine couche de neige, mais le cheval se plaça entre lui et son but. L'animal donnait de violents coups de tête de bas en haut, soufflant de larges brumes de ses nasaux très bruyamment, il défendait ce qui devait ou avait été son maître, comment le savoir ? À chaque pas le cheval se faisait plus menaçant et semblait devenir très agité. Le vieux prévost n'avait aucune chance s'il venait à le charger aussi il entreprit de le calmer, seule solution pour s'approcher du corps et voir si un étincelle de vie l'habitait encore.
Ermesinde
Sous la lune ronde et pleine, voilée par intermittence d’une brume noire effilochée par la brise, un destrier avait traversé la nuit . Des plaques de givre aux cernes des ornières rendaient par endroit le sol glissant et l’avancée hasardeuse . A plusieurs reprises, il avait chancelé et accusait à présent une boîterie, vieille blessure au tendon réveillée par les efforts conséquents de la bataille qui avait retenti aux portes de Saintes . Les sabots s’enfonçaient profondément dans la poudreuse , arrachant un renâclement à la bête sous l’effort consenti . Rênes laissées à l’abandon , elle avait poursuivi son chemin , s’enivrant de cette nouvelle liberté . A tout moment , la jument isabelle s’arrêtait , arrachant ici quelques lichens au moussu des troncs , grattant le sol de son pied pour s’emparer des touffes d’herbes dissimulées sous le manteau blanc hivernal . Puis, au fil des heures, au poids de l’être pesant sur son encolure , elle avait sans doute pressenti quelque chose d’anormal .

Le hurlement d’un loup se fit entendre pour la seconde fois . Oreilles en mouvement , un tremblement nerveux agitait désormais la fine peau du cheval esseulé . La forêt avait changé de visage et les taillis se faisaient plus épais . Les branches cinglaient sa croupe en autant de mains invisibles et celle aux ongles maculés de sang caillé qui pendait sur son épaule droite ne suffisait plus à rassurer l’équidé . Aucune chaleur n’en émanait et la bête livrée à elle-même piaffait parfois pour montrer son mécontentement . Elle fit entendre un hennissement strident , tentant vainement de déceler à travers la brume matinale les effluves familières d’un compagnon d’écurie qu’elle aurait pu rejoindre .

L’odeur forte d’un sanglier parvint instantanément à ses naseaux et la jument s’immobilisa . Au premier couinement , elle fit un écart et le corps inerte sur son dos glissa de selle , chuta lourdement dans la neige . Surprise du délestage , indécise sur la direction à prendre , la cavale fit demi-tour, croupe en arrière, prête à cingler l’attaquant de ses postérieurs . A quelques mètres , la silhouette familière de sa cavalière étendue au sol l’intriguait par sa position anormale . Roulant des yeux effrayés , l’animal se mit en position de défense , prêt à pilonner aussi des antérieurs le moindre assaillant .

Un homme surgi de nul part se planta soudain face à lui . Renâclant bruyamment, Padmée dressa sa tête fine , le jaugea du regard . Puis, sans doute rassurée par l’absence de cris et de mouvements brusques, affamée , la bête se décida à faire quelques pas en avant et des naseaux , se mit en devoir d’inspecter les poches du manteau de l’individu , cherchant par habitude à détecter l’odeur d’un morceau de pain sec .

Pour la jeune femme qui gisait le visage dans la neige, lèvres bleuies , mains crispées dans une étreinte illusoire , la morsure du froid n’était plus perceptible et le seul combat qui subsistait à présent était celui d’un cœur aux palpitations irrégulières . Les reins ne tremblaient plus sous la déchirure . L’insidieuse douleur dans son corps avait disparu à la faveur de l’inconscience . Un impact profond qui partait de la base de la nuque révélait une violente commotion dorsale . Le petit jour se levait tandis qu’un souffle déclinait peu à peu . A l’aube rougeoyante , un flanc offert à la terre répondait par l’écarlate d’une empreinte . A l’heure où sonnaient Matines au clocher d’une église , aucune prière, aucune supplique n’avait pu encore franchir les lèvres givrées d'Ermesinde .

Un tourbillon de craquements, de gémissements et de heurts se fit entendre dans les branches des feuillus, comme s’il fallait qu’il ne reste plus rien d’entier et de solide en Froides Terres .

Le loup , lui , se taisait , terré au plus secret de la lande, tandis que dans le lointain, des tours hautes et imposantes se profilaient dans la brume …

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--Gunzhausen




Gunzhausen resta un moment sans faire le moindre mouvement, jaugeant le cheval qui lui faisait face, tentant de plonger son regard dans le sien afin d'y déceler un signe d'apaisement. L'animal, certainement surpris par son arrivée, semblait pourtant enclin à se laisser approcher. Andreas leva doucement les bras en l'air pour fixer son regard et l'amener à venir à lui. Comme dans pareille situation, sa langue natale refit naturellement surface et le switz d'Uri s'exprima alors dans sa langue gutturale.

- Ruhe, Ich will dir kein übel, komm langsam.

L'animal, après quelques mouvements de tête, s'avança lentement puis plus franchement vers Andreas. Respiration régulière, curieux ou simplement affamé, il plongea sa tête vers les poches du vieux Prévost tentant d'y trouver son bonheur. Gunzhausen ramena sans mouvement brusque l'une de ses mains vers l'encolure du cheval ne générant qu'un léger tressaillement de la peau de l'équidé sous sa paume.

- Das ist wirklich.

De la deuxième main il alla chercher dans sa besace un petit sac de graines qu'il avait l'habitude d'emmener pour garnir ses pièges à oiseaux. Il y avait peu à manger mais c'était tout ce dont il disposait pour l'animal. Il versa le contenu du sachet dans le creux de sa main alors que le cheval, semblant très impatient d'y goûter, poussait de la tête le bras d'Andreas.

- Tiens, dit-il tout en tendant sa main et laissant le cheval s'approprier la poignée de graines.
En un bref instant tout avait disparu et pendant que la langue continuait à chercher des restes dans le creux de sa main, Andreas regardait la silhouette allongée dans la neige.

S'assurant que maintenant l'animal était calme, il le repoussa délicatement, et tout en le gardant à l'oeil pour voir sa réaction, il s’approcha du corps. Le cheval le suivit. Le cavalier était couché sur le ventre. Le vieux prévost retira comme il le put la fine couche de neige recouvrant le corps immobile avant de s'hasarder jusqu'à la tête. Une grande quantité de sang s'était échappée d'une vilaine blessure au sommet de la nuque. Comme une teinture vermillon, le sang séché avait maculé le crâne et en grande partie le visage contusionné et bleui par le froid. Gunzhausen plaça sa main sur le dos afin de voir s’il respirait encore, ferma les yeux un bref instant, et les ré-ouvrit brusquement.

Il avait senti un léger soulèvement de la cage thoracique. Il s'empressa alors de poser la main sur le front. Il était brûlant, preuve de vie mais aussi d'une forte fièvre. Il fit un examen complet du cavalier. Les habits du malheureux étaient en lambeaux et une tâche de sang sur la neige attira son attention sur le côté du corps. Une autre blessure tout aussi importante lui avait été infligée au flanc. Là aussi le sang avait abondamment coulé. Il se releva et porta sa main aux lèvres dans un geste de réflexion. Il ne savait de qui il pouvait s'agir, mais il se devait de le ramener au plus vite à la forteresse. Il dégagea toute la neige qu'il put, défit sa cape et en recouvrit le blessé. Mince réconfort pour le corps meurtri. Porter l’inconnu à dos d'homme jusqu'à La Rabatelière était chose impossible pour sa vieille constitution. Le cheval serait donc sa seule chance. Il l'appela doucement. L'animal vint jusqu'à lui. Gunzhausen s'adressa à lui comme à une personne.

- Tu vas nous aider, ton maître a besoin de toi.

Réflexes de soldat obligent, il sortit de sa besace de la cordelette et les tissus lui servant à enrouler les gibiers. Il plaqua le linge en boule contre la blessure des côtes, puis il comprima le tout avec la corde, la nouant autour du thorax du blessé. Un trajet à dos de cheval pouvait ouvrir à nouveau la plaie. Il prit les rênes du cheval et l'amena près du corps. Gunzhausen souffla longuement, puis l'agrippa avant de le soulever de toutes ses forces. Du mieux qu'il put, il plaça le blessé au travers de la selle avant de le recouvrir de sa cape. Dans l'effort, il avait cru percevoir un gémissement. S'assurant que le corps était stable, il prit la bride du cheval et emprunta le chemin du retour à pas rapides.

Il ne sut combien de temps il lui fallut pour quitter la forêt et regagner le chemin menant au château mais le plus dur était fait. Sa course, malgré la neige, était maintenant plus aisée et il vit bientôt se dessiner au loin le hameau au pied de la forteresse d'Aubeterre.

Engourdis par le froid, les deux gardes, de faction à la porte Saint Martin, semblaient plongés dans une torpeur. L'un deux avait posé ses deux mains sur le refend du mur d'enceinte et avait laissé sa tête y reposer nonchalamment. Le second tapait du pied en faisant quelques pas pour se réchauffer. C'est à ce moment qu'il vit au loin l'étrange équipage qui se dirigeait en contre bas de la forteresse.

- Raoul !

- Quoi ?

- Regarde c'est pas l'vieux qui r'vient ?


L'homme accoudé, releva la tête en plissant les yeux.

- Ben, il est pas parti à pince l'ancien ?

Intrigués les deux hommes regardèrent plus précisément la scène à mesure que le prévost et le cheval se rapprochait.

- Si crénom, c'est l'vieux ! File voir ce qu'il a dégoté.

Le garde s'empressa de dévaler la pente douce en direction de Gunzhausen, manquant à plusieurs reprises de glisser sur la neige et le verglas. Gêné par son grand manteau il arriva gauchement à hauteur d’Andréas et essoufflé, il lâcha.

- Qu'est-ce qu'vous nous ramenez là, Messire ?

Gunzhausen le foudroya du regard.

- En plus d'être bête t'es bigleux Quentin !? Va dire que je ramène un blessé. Schnell !

Sans attendre, l'homme repartit sur ses pas à grandes enjambées tout en criant qu'un blessé arrivait. Le Prévost secoua la tête de désespoir en voyant Quentin gesticuler tout en courant maladroitement en direction de l'enceinte fortifiée. Au fond de lui, il espéra bien ramener un blessé et non pas un corps sans vie qui ballotait sur le cheval.

Quentin passa devant Raoul sans même s'arrêter puis se dirigea vers la salle des gardes.

- Qu'est-ce qui s'passe ? cria Raoul.

- Un blessé, l'Prévost y ramène un blessé !

Gunzhausen arriva à la porte, accueilli par Raoul.

- Vous avez besoin d'un coup de main ?

- Nein, mais file prévenir Sa Seigneurie et Baudoin.

- Vous l'avez trouvé où vot'moribond ?
s'enquit-il avant de partir

- Dans la forêt.

Il arriva près de l'entrée de la salle des gardes, alors qu'un attroupement de gens de maison commençait à se créer. Pointant du doigt deux domestiques, Gunzhausen donna ses directives.

- Vous deux, portez le blessé à l'intérieur. Toi dit-il en saisissant le bras d'un garçon d'étable, emmène le cheval et donne-lui à manger avant de le soigner.

Précédé des deux hommes portant le corps, le Prévost arriva dans la salle servant de lieu de repos pour les hommes d'armes de la forteresse. Un feu accueillant crépitait dans l'âtre. Déjà Quentin avait fait place nette sur la grande table de bois massif pour que l'on puisse y déposer le blessé. Une femme de cuisine avait suspendu un broc d'eau au-dessus du feu et ramenait des morceaux de linge. Les hommes déposèrent le blessé, toujours enveloppé dans la cape, sur la table. Gunzhausen leur dit de disposer puis retira la cape dévoilant à la vue de tous le corps meurtri. L’on entendit alors dans l’assistance plusieurs cris d'effroi. Sans attendre, il vérifia que le blessé en était toujours un en plaçant sa joue contre le nez du malheureux. Un léger souffle effleura son visage alors qu'au même moment sa main se portait sur son front d'où irradiait une vive chaleur.

- Il vit encore. Il faut se presser.

Même le Prévost, pourtant habitué aux tristes réalités de la guerre, était forcé de constater que l'homme allongé sur cette table était bien mal en point. La peau du blessé était bleue et entachée par les morsures du froid. Plusieurs engelures s'étaient installées sur les mains et au visage. Les lèvres au contact de la neige avaient aussi doublées de volume et craquelaient. Malgré tout, à bien y regarder, ce n'était que des blessures superficielles à côté de celles à la tête et au torse.

- Raoul va me chercher ma trousse de barbier et toi Quentin nettoie-le et déshabille-le pour que l'on voit de quoi il en retourne.

Le Prévost alla se nettoyer les mains à l'aide de l'eau chaude mise sur le feu et invita la femme de cuisine à en faire bouillir une quantité suffisante.

Quentin n'était pas à l'aise, la vue de ce corps couvert de blessures, même s'il était encore en vie, le rendait nerveux ; mais les ordres étaient les ordres. Il prit un linge qu'il trempa dans l'eau et commença à nettoyer le sang sur le visage et le crâne du blessé. Après quelques passages, il s'étonna des traits juvéniles et fins qui s'étaient dévoilés peu à peu au cours de la toilette. Malgré tout, le visage boursoufflé et contusionné restait impressionnant. Doucement, il coupa la cordelette retenant le linge placé contre le thorax du blessé. L'armure légère de cuir était percée à hauteur du flanc et tachée abondamment de sang. Il défit les sangles de la cuirasse et aidé d'un autre garde l'ôta. Raoul était revenu avec le sac contenant les instruments qu'avait demandé le Prévost. Alors, les deux hommes sortirent le matériel qu'ils déposèrent soigneusement sur un linge.

Quentin de son côté découpait la chemise du blessé, quand soudain ...

- Prévost !!!

Son cri se répercuta dans la pièce au bas plafond. Le Prévost alarmé vint immédiatement à son côté.

- Quoi ?

Quentin souleva un pan de chemise découpée afin de montrer à Gunzhausen ce qu'il avait découvert.

- C'est une donzelle vot'gibier !

- Crénom !
jura le Prévost lui aussi surpris. Il fit lâcher la chemise à Raoul. Tout le monde dehors. Raus Schnell !!!

Regardant la femme de cuisine.

- Toi tu restes ! Raoul va me chercher Nanoue et vois pour que Sa Seigneurie rapplique rapidement ici.


Tout le monde s’empressa d’obéir.
Ermesinde
Au matin de ce 29 décembre , la neige n'avait de cesse de tomber …

Dans l’embrasement d’un levant ensoleillé de vapeurs glaciales, elle effacerait bientôt les traces du retour d’un équipage vers la forteresse d’Aubeterre . Les vieilles pierres emprisonneraient-elles le secret de la jeune femme au crâne rasé qu’on y avait ramenée en cette aube ?
Le corps marqué douloureusement par l’acier ne gémissait toujours pas malgré l’introspection auquel on le soumettait à présent sur une table . Rien n’avait pu encore éveiller une once de conscience en celle qui gisait inerte , au milieu des regards curieux . L’oreille était restée sourde aux borborygmes d’un vieil homme et la ligne des sourcils demeurait plane au-dessus des paupières closes en dépît de l’inquisition outrancière à laquelle venait de se livrer une paire de ciseaux sur une chemise souillée de sang . La poitrine féminine mise à nue révélait une parcelle de vie encore palpitante sous les tribulations d’un cœur en arythmie . Les lames se faisaient néanmoins à cet instant moins acérées que le regard jeté par le prévost aux deux soldats qui le secondaient . Des ordres fusèrent et le silence retomba . Seul un léger souffle exhalé fit écho au crépitement des flammes dans l’âtre …

Personne n’avait jamais pris soin d’Ermesinde et sans doute eut-elle posé le bleu d’un iris teinté d’incrédulité sur la main inconnue qui parcourait en cet instant son visage d’un linge humide et chaud . Les lèvres craquelées , la peau bleuie rendaient méconnaissables les traits de la libertadienne . Rien dans la constitution frêle de la jeune femme ne laissait supposer l’endurcissement de cet être suite aux épreuves traversées, ni son entêtement qui n’avait d’égal que sa fierté . Comment réagirait-elle lorsque une lueur égarée embraserait à nouveau son regard ?
A la faveur de la chaleur ambiante , les doigts de sa main droite tétanisée esquissèrent tout à coup un mouvement , effleurant Gunzhausen qui venait de se rapprocher . La paume se retourna lentement vers le haut : l’appel à l’aide demeurerait muet…

Par une croisée proche, un rayon de soleil transforma les cristaux de givre en un arc-en-ciel de lumière sur le vitrage, nimbant de couleurs chaudes le visage émacié de la blessée . Préambule à un kaléidoscope d’impressions diverses …La flambée dans la cheminée baignait la salle des gardes d’une chaleur douce et auréolait les murs d’ombres dansantes .

Si ceux qui avaient été jusqu’à présent les compagnons de route de la rebelle s’étaient doutés un seul instant qu’une des leurs se trouvait dans l’antre de l’ennemi juré d’hier , ils en auraient certainement frémi de colère et de rage . Pour l’heure, on s’empressait sans doute de se repaître hardiment d’un frugal matinel chez les Rouges convalescents .

Bientôt , si ce n'était la faim , ce serait l'odeur du sang qui ferait sortir les loups du bois tandis qu’à la Rabatelière, une bise aigrelette continuait à faire entendre sa complainte au dehors …

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Fablitos
[Angoulême]

Si Aristote existe, s’il mérite l’capital d’humour dont beaucoup sont prêts à l’créditer, force est d’reconnaître qu’le grand Barbu est balèze en mécanique des hasards. Et c’est sans doute sa façon espiègle d’jouer avec l’genre humain que d’faire un pied d’nez à la barre du temps.

Ainsi, dans la soirée d’la saint-sylvestre, nuit charnière entre l’an 1456 et l’an 1457, au moment même où une inconnue au crane rasé sombre dans un profond sommeil dans l’une des chambres d’quelque château Périgourdin, plus précisément à la forteresse d’Aubeterre , la porte d’une taverne angoumoisine s’ouvre sur un autre inconnu à la peau cuivrée. Lorsqu’il surgit de derrière la lourde tous les r’gards convergent dans sa direction. La faune éparpillée dans la salle et l’long du zinc r’marque qu’il n’porte aucune lame mais qu’il a une canne, une tige de bois surmontée d’une main gantée sur laquelle il prend appui pour s’mouvoir, l’poignet passé dans un lacet d’cuir.

Tout les deux portent la même marque gravée au fer rouge sur l’palpitant. Libertad !

C’soir là, il neige à gros flocons sur une ville r’croquevillée sur elle-même et l’vent du nord prend des allures d’tempête. Quelques silhouettes ballottés luttent contre la bourrasque. Ces rares zigues à la bourre, ces irréductibles retardataires, progressent l’dos voûté, opposant à la poussée vir’voltante de l’averse neigeuse le frêle bouclier d’leur beau mantel de soirée. Ils trouvent un refuge momentané sous les porches, s’perchent ici où là, clopine pour éviter les plaques de glace et r’prennent leur course titubante.

Bienv’nue en Périgord ! Angoulême vous accueille avec sa physionomie d’légume des mauvais jours. Angoulême l’ennuyeuse a sale mine. Angoulême la sombre est noire et grise. Angoulême la triste est noyé, rayé, rincé. Partout, même refrain, même mauvaise haleine. Les gens s’méfient les uns des autres. Ils ne s’aiment pas. Il marchent au vélin anonyme. A la calomnie. La viande manque. La joie manque. La vie manque.

Des tuiles, des ardoises, des pots d’terre tournoient. Arrachés aux façades, à la lisière des toits, aux f’nêtres, ils flottent dans l’espace ou explosent dans l’ombre des trottoirs. Leurs débris roulent plus loin dans un raffut du tonnerre. Les arbres noirs tordent leurs grands bras malingres. Ils font mine d’contenir le voile des flocons et d’vouloir arracher au tourbillon sa perruque blanchissante. Au lieu d’ça, l’vent du nord s’ébouriffe. Il s’enfle d’nouvelles forces en abordant les rues et harcèle la perspective floue des pavés en balayant la chaussée d’la poudreuse qui la r’couvre.

L’inconnu, Messire Personne, El Señor Nadie, celui qui vient de franchir la porte d’la taverne angoumoisine, se tient sur le palier d’la taule. Adossé au paravent destiné à protéger les premières tables des courants d’air. Il reste dans une posture immobile un bon moment, embrasse la salle du r’gard. Il paraît démesurément grand, brun, a les cheveux longs ramenés en un catogan que retient un fin lacet d’cuir, l’teint légèrement mat, l’front barré d’quelques mèches rebelles. La neige prise dans sa crinière de jais fond encore, ruisselant sur son visage attentif. Il scrute sans aménité particulière les habitués du lieu, une clientèle constituée pour une large part d’paysans et d’artisans du cru, à laquelle s’mêle la triste et odieuse caste des notables et des nobliots périgourdins.

Ces exécuteurs des basses œuvres, ces élus dévoyés, ces baltringues, ardents défenseurs de leur poutrocratie comtale, tous désireux de se frotter aux défenseurs d’la liberté pour se valoriser à leurs propres yeux. Sans doute sont ils en quête d’supériorité… Ils n’font rien d’autre qu’astiquer les lames du déshonneur… Ils s’racontent toujours les mêmes histoires, ressortent sans arrêt les mêmes arguments destinés à rehausser la pâleur d’leurs actes. Une caste de s’conds rôles, d’arrivistes aux mains sales, d’nantis du régime, d’auxiliaires de l’épuration libertaire, de spécialiste du fauchage, de la mise en procès gratos, une bande d’infréquentables assassins venus noyer dans la bière leurs insuffisances, leurs remords tardifs et les hideurs de leurs dégradantes fonctions.

Lui, l’inconnu, plus élancé qu’la moyenne du troupeau, plus insolent, plus désinvolte, la crinière emmêlée, n’a toujours pas quitté son mantel trempé. Il n’fait même pas mine d’essuyer les goûtes qui glissent d’ses mèches brunes jusqu’à son nez, puis du nez au sol. Pourtant, il s’attire tous les r’gards.

Son allure n’est pas étrangère à la curiosité spontanée qu’il suscite. Qui est-il ? Que vient il chercher en ce lieu de plaisir frelaté ? Quelques uns parmi ceux qui croisent son r’gard émeraude ont bien l’esprit traversé par une sourde et instinctives méfiance, mais, trop accaparés par l’voisinage d’une jolie donzelle, par le frôlement d’une gorge, par l’invite d’une chope ou d’un sourire, pour souhaiter donner suite à une intuition sans véritable fond’ment, r’tournent très vite à leurs discussions ou bien au creux d’leurs songes. Renvoyés à leurs chimères, ils lèvent leur godet à leur conquête d’un soir et la volonté alourdie par l’alcool, l’attention mobilisée par les mirettes d’cette compagne éphémère évacuent bien vite l’intrus d’leurs préoccupations.

Sans cesser d’afficher l’sourire désinvolte qui étire le coin d’ses lèvres, il passe entre les tables, parcourant la pièce d’ses yeux d’chasseur de chaise libre. Les bottes martelant l’plancher, il se dirige vers le fond d’la bodega et avise un tabouret disponible. Il s’y laisse tomber, sort sa bourse de cuir, fait reluire quelques écus et commande une bière, le r’gard en goguette dans l’décolleté pigeonnant d’la fille du taulier qui lui d’mande c’qu’il désire boire tout en ramassant les chopes vides et en passant un coup d’torchon sur la tablée.

Il lance un rapide coup d’œil autour de lui, à côté d’lui deux hommes s’tiennent autour d’la table voisine, les coudes appuyés sur l’bois marqué par les empreintes des chopes v’nues s’y poser. Devant eux une boutanche de tord-boyau et une forêt de godets vides. Inondés de lumière, leurs visages sont congestionnés par la chaleur et la piave. L’plus jeune distribue une nouvelle tournée et engloutit son propre verre. L’front plissé, les doigts jouant sur le revers de son col de ch’mise, il profite du répit caverneux d’la nuit pour s’abandonner et raconter sa journée à son vis à vis.

Oh ! tu m’écoutes mon Polo ou tu dors ? j’te disais donc qu’le vieux Gunzhausen ramène sa trogne à Aubeterre avec un gibier peu ordinaire… ni plumes, ni poils… juste un crane rasé… et plutôt mal en point l’gazier…

L’inconnu, sans qu’aucune expression particulière n’vienne troubler sa trogne, laisse traîner un oreille attentive essayant d’suivre sans en avoir l’air les propos échangés, entrecoupés d’rires, d’bruit de chopes qui s’entrechoquent, d’raclement de chaise sur le plancher, qui participent au brouhaha habituel d’une taule en pleine effervescence.

A la table d’à côté, les deux hommes poursuivent leur conversation décousue en lapant un nouveau flacon. En fait, dans l’cas du garde d’Aubeterre, il est plus juste de parler d’monologue. Entre deux verres d’gnôle, l’zigue lutte pour maîtriser un hoquet rebelle. La bouche ouverte sur une langue chargée, il cherche, enfoui dans sa trogne, une chute à son récit qui s’doit d’impressionner son interlocuteur.

Soudain, un rire enfantin lui monte aux lèvres. Il happe une gorgée d’air et s’écrie goguenard,

Et puis, t’devin’ras jamais quoi mon Polo ! v’là t’y pas qu’une fois désapé notre tondu nous exhibe une poitrine à faire pâlir toutes les nourrices sur des lieux à la ronde ! Mouahahaha !

Du coup, j’me suis r’trouvé tricard dans la pièce et j’ai été prié d’vider les lieux avec tout c’que la piaule comptait d’loufiats. R’marque j’m’en plains pas, j’y ai gagné ma soirée dans l’affaire ! allez à la tienne mon Polo et aux miches d’la rasée !

A un jet d’esgourde des deux hommes, rompant avec sa passivité, l’inconnu empoigne sa canne d’un geste vif et s’arrache d’son tabouret pour disparaître en claudiquant dans la nuit hivernale. Oublié la bière, oublié l’décolté d’la fille du taulier. Malgré sa blessure à la cuisse qui s’réveille sous l’effet d’la course folle, l’visage r’devenu subitement énergique, l’andalou affiche un sourire résolu. Avec une brusquerie inattendue, il traverse la ville en clopinant, agissant sans états d’âme, sa conduite étant dictée par son seul esprit d’fraternité. Il faut rallier la meute au plus vite pour s’lancer dans l’rapatriement sanitaire d’Ermy.
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*amalinea*
Clopin, clopan, la souris se fait souris des neiges. Enveloppée dans sa cape, le nez bravant le vent, elle s'attelle à retrouver la forme et la vitalité qui l'habitaient naguère.
Autour d'elle la nuit étend ses sombres ailes, poussant les habitants à rester dans leurs demeure et à clore fermement leurs volets. Néa n'en a cure, elle a toujours aimé la solitude des lieux désert et le silence d'un monde sans humains.
Solitaire de naissance, ces dernières semaines l'ont presque rendu misanthrope. Rare sont les êtres qu'elle tolère à ses cotés. Afin de n'avoir pas à subir la présence des habitants de cette bourgade, c'est de nuit qu'elle entreprend ses ballades convalescentes.

Depuis quelques jours le pas est plus assuré, le dos se déplie au fur et à mesure que la plaie qui balaie son ventre cicatrise. Il lui ai encore impossible de s'étirer, de rire, mais cela n'a aucune importance, rien ne prête à rire en cette contrée.

Les yeux plissés, le regard sombre, Néa contemple les flocons qui tombent en bourrasque désordonnée, s'amoncellent dans les recoins formant congères ou s'ébattront au matin les mouflets du patelin.

Passant devant une taverne ou elle ne mettra sans doute jamais les pieds, le bruit de la porte qui s'ouvre la fait sursauter et d'instinct se renfoncer dans l'ombre. Petite forme blanche que rien ne distingue, elle reconnait de suite le profil aquilin qui s'extrait du bouge. Bien longtemps qu'elle n'avait vu cette silhouette. La vue d'une cane à sa main ne l'étonne pas outre mesure mais laisse à déduire qu'il n'est pas au mieux de sa forme lui non plus. Mais baste, les temps sont durs et le voir debout est déjà une bonne nouvelle.

En deux enjambées, elle s'est faufilée derrière lui. Délaissant son estomac, sa main droite s'élève jusqu'à l'épaule de l'Andalou. Diable qu'il est grand ! tout juste s'il ne lui faut pas se mettre sur la pointe des pieds pour l'atteindre ! D'une voix rendu menue par le froid et le tiraillement que provoque son geste, la Souris interpelle :


Ainsi El Toro, à quitté son étable ?
Debrinska
Nuit noire... nuit des rencontres , nuit des loups.....
La meute va se reformer pour sauver une des leurs en détresse...

la louve solitaire .... s'approche flaire , hume le vent.... ptiLoup a ses côtés...

Dans l'écurie Braque son frison`s'agite... l'étalon a aussi senti quelque chose... Elle le touche de son vif!


Puis elle se dirige dans le noir , guidée par l'esprit du cheval.... le selle et s'aidant des planches mal équarries ..parvient à se mettre en selle!

Allez mon beau ... en avant Braque!

Elle siffle son loup et s'enfonce dans la nuit ...

Elle a entendu l'appel du sang.....celui auquel pas son âme ne peut résister!

Quelqu'un possède l'Art sans le savoir ....

Le galop de son cheval lui déchire les entrailles....

Mais Braque ne s'en soucie pas...précédé de ptit Loup . il entre dans la ville...évite le guet de par lui même et se met au trot pour la conduire devant une auberge!

Elle remarque immédiatement les deux silhouettes qui lui semblent discuter .....

Elle reconnait l'une d'elles , du haut de Braque, son frison, elle l'apostrophe, tandis que ptiLoup le poil hérissé se tend en attaque:
Messire El Toro, vous m'avez fait appelée... me voila .... à votre service!
Puis dévisageant la petite ombre dans le noir... elle dit : salut petit... je suis Debrinska et toi?
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Diabolikbarbiturik
[ANGOULEME]

Elle errait dans les rues enneigées de la ville. Elle avait laissée derrière elle la petite endormie profondément sur son lit. Avançant sous la neige, elle avait froid, mais il fallait qu'elle y aille, il faut qu'elle la retrouve, mais où chercher?

Elle se dirigeait vers la taverne, le lieu le plus propice à être informée. Lieu où ca cause de tout et de rien, où ca écoute sans entendre, lieu de beuverie exagérée parfois, peut être que quelqu'un sait.

Avançant rapidement dans la ruelle, un peu plus loin quelques personnes discutait, au fur et a mesure qu'elle avançait elle commençait à distinguer et reconnaitre les silhouettes. Elle laissa échapper un sourire de soulagement. Enfin des visages connus. Elle s'approche deux, se frotte les mains glacées.

Ah ! Fab, Néa vous êtes là !

Elle saluât d'un geste de tête rapide la Dame au loup qui était avec eux puis repris essoufflée
Fab ! je suis très inquiète je n'ai pas vu Ermy à l'auberge, serait tu où elle est? Peut être n'a t'elle pas été blessée? Mais ce qui m'étonne c'est qu'elle nous ai pas rejoint.
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Fablitos
[Angoulême – une rue en plein cœur de l’hiver]

Ainsi El Toro, à quitté son étable ?

D’une volte-face rapide l’andalou esquive de justesse la main qui cherche son épaule. Sa dextre s'referme instinctivement sur l'manche d'la dague passée dans sa ceinture et dissimulée sous son mantel, puis l’relâche aussitôt affichant une grimace un peu morveuse en reconnaissant la frêle silhouette qui vient d'surgir dans son champ d’vision.

Mais que vois-je ?…Une souricette en goguette ! qu’est qu’une bestiole d’ton gabarit vient faire dans une rue si sombre, par un temps aussi pérave qu’celui d’ce soir ? s’enquit-il en soulevant la gamine à bout d’bras pour mieux la contempler. Como esta chiquita ? Tes blessures ?

Alors que Néa s’apprête à lui répondre, l’pas d’une monture étouffé par l’sol r’couvert de poudreuse lui fait froncer les sourcils. La lame finalement dégainée vient trouver sa place dans sa main droite alors que du bras gauche, l’andalou écarte la souris, la poussant doucement dans son dos jusqu’à c’qu’elle disparaisse derrière l'rempart protecteur qu'lui offre ses épaules.

Messire El Toro, vous m'avez fait appelée... me voila .... à votre service!

Nouveau sursaut et nouveau sourire qui vient doucement étirer l’coin d’ses lèvres alors que la belette met pied à terre. Dans un soupir de soulagement, la dague est aussitôt remisée dans l’fourreau que vient recouvrir l’étoffe de son vêtement.

salut petit... je suis Debrinska et toi?

Holá chica ! décidément c’est la soirée des rencontres… Néa j’te présente Debrinska, une ex troufionne de l’Ost du Lyonnais Dauphinée, armée ô combien réputée pour son savoir faire en poutrage de femme enceinte, médicastre à ses heures… Debrinska, l’souriceau qu’t’as d’vant toi s’nomme Amalinéa ou Néa pour les intimes… musaraigne libertadienne à toute heure ! Et bien puisque les présentations sont faites, allons donc…

Ah ! Fab, Néa vous êtes là !

L’andalou éprouve alors une sensation des plus étranges face au concours d’circonstances initial qui prend un tour tout à fait incroyable : Elle se sont toutes passé l’mot !

Fab ! je suis très inquiète je n'ai pas vu Ermy à l'auberge, serait tu où elle est? Peut être n'a t'elle pas été blessée? Mais ce qui m'étonne c'est qu'elle nous ai pas rejoint.

Ouep c’possible… N’trainons pas là !… Suivez moi, toutes !… doucement tout d’même l’poulailler ! Sur l’souffle !

Elles s’élancent à sa suite dans la pénombre d’la rue. Ombres glissant l’long des murs, ils franchissent rapidement le porche d’une ferme dont la silhouette vient d’surgir d’la nuit. L’andalou leur fait signe de presser l’pas sans bruit, s’assure une dernière fois d’ne pas avoir été filé et leur ouvre la porte d’un grange dans laquelle il a confié sa monture au bon soin du proprio. Une fois la lourde refermée, il appuie son front contre les planches et sonde la nuit par les interstices, ses mirettes suivant la ligne des bâtiments. Aucun danger ne les menace mais l’heure est à la méfiance, aux précautions, au repli sur soi.

Ici nous serons en sécurité… nous sommes chez l’Emile, un brave gars qui nous a bien aidé et nous file encore un coup d’pogne à Natt et à moi… doit encore pioncer l’ancien… on f’ra les présentations plus tard si vous voulez bien… bon parlons peu, parlons bien…

Adossé contre la cloison de bois de la grange, l’andalou, qui n’était pas homme de discours, leur fait part rapidement de la conversation dont il a été le témoin involontaire quelques minutes plus tôt dans une taverne de la ville. Le ton avec lequel il narre son histoire achève de semer le trouble dans sa propre caboche. Plus il pense à cette femme au crane rasé, plus il est persuadé que c’est bien d’Ermy dont les deux hommes parlaient en vidant leurs verres de gnole.

Voilà c’est comme ça qu’ça s’est passé, j’vous cache rien, j’sais rien d’autre mais il m’semble que ça peut valoir l’coup d’aller j’ter un œil chez l’nobliot du domaine d’Aubeterre.

Après s’être tous entre-regardé et être allé au bout d’un morne silence, l’andalou rompt la trêve et fait glisser sa ceinture hors des passants d’ses braies et dégage une bourse de cuir au dos d’laquelle coulisse un fin lacet d’la même matière. Il en sort les écus qu’elle contient les comptes rapidement et pose son r’gard émeraude sur Diab’.

Bueno ! va nous falloir d’quoi jaffer, d’quoi picoler et des armes histoire d’pas s’sentir complètement à poil… Diab’, Debrinska va t’filer un coup d’pogne pour effectuer l’ravitaillement dés que les commerçants auront ouvert leurs échoppes…

Deb’… s’tu permet qu’j’ecorche ton blase, t’en profiteras pour choper d’quoi compléter ta trousse d’couture et d’quoi préparer les onguents et autres mixtures dont tu as l’secret… si j’suis à peu près certain qu’Ermy s’trouve là-bas, j’sais pas dans quel état nous la trouverons…


L’andalou pointa ensuite son index en direction d’la souris,

Toi Néa, s’tu veux bien, essaye d’choper les camarades qui sont en état d’tenir en selle et d’nous accompagner à la chasse à l’Ermynette… un peu d’action, ça peut p’t’être brancher l’grognon ou bien l’colosse… à toi d’voir avec eux…

D’mon côté, j’remonte fissa dans ma tanière choper c’dont j’ai besoin… Natt et ses yeux noirs, mes armes et des fringues chaudes… on s’retrouve à la tombée d’la nuit à la sortie d’la ville avec l’matos et les volontaires… Gaffes à vos trognes… Hasta pronto chicas !


Dehors la neige tombe sans discontinuer et à l’est, l’aube naissante commence à jeter sa cape sur la ville. L’fondement vissé sur la selle de Viento de Abril, l’andalou trotte vers les portes d’la ville, bientôt la poudreuse balayée par le vent aurait recouvert les traces de sabots, à l’autre extrémité de la longe qu’il tient fermement de sa dextre, se trouve attachée une magnifique pouliche à la robe aussi noir que l’anthracite. Le gouffre d’la nuit agonisante se referme alors sur lui.
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--Nanoue
[SALLE DES GARDES DE LA FORTERESSE D'AUBETERRE]





Matin de neige. Son tendre Gunzhausen serait-il quand même sorti comme à son habitude pour relever ses collets ? Il n'était point raisonnable le vieux prévost et elle le fâcherait. Nanoue sourit. Il avait fallu attendre si longtemps pour enfin goûter à la plénitude d'une existence calme et tranquille ! Avoir enfin un homme sur qui compter, pas de première jeunesse, pour sûr, mais si réconfortant, si captivant ! Cela lui suffisait. A son âge, il ne fallait pas en demander trop. C'est qu'elle aussi n'était pas d'une grande fraîcheur. D'ailleurs son dos le lui rappelait souvent ces derniers temps. Elle avait eu grand mal à se lever, mais comme elle n'avait pas l'habitude de s'écouter, elle ne se plaignit pas. Profitez de la vie maintenant. Une vie de douceur dans le château du comte d'Aubeterre auprès de sa petite Elayne. La mignonne, la belle Elayne, celle qui faisait sa fierté. Comme elle l'aimait son Elayne qui l'avait prise comme gouvernante pour diriger le château de son époux Valnor. La brave petite ! Elle s'était souvenue de sa vieille nourrice Nanoue, seule dans le château de Virieu habité par les fantômes après le départ du cousin RicLayat. Son petit Ric qu'elle avait élevé avec Elayne et qui l'avait lâchement abandonnée. Où était-il à présent ? On l'avait cru mort, puis il était réapparu pour disparaître à nouveau, la soif d'aventures étant la plus forte. Comme il lui manquait ! Mais assez pleurniché ! Il était temps de rejoindre les cuisines pour secouer toutes les servantes qui pensaient plus à rire avec les soldats qu'à faire leurs corvées.

- Dame Nanoue, dame Nanoue !

Instinctivement la gouvernante redressa son dos pour se donner davantage d'autorité. Surtout ne pas montrer que les années la voyaient chaque jour plus fatiguée.

- Pas la peine de hurler, le Raoul. Je ne suis pas sourde,[/color=green] maugréa-t-elle. [color=green]Qu'est-ce que tu veux ? Je suis pressée. J'ai du travail, moi ! Avec tous ces soldats dans le château. Enfin quand je dis soldats, je devrais dire estomacs ambulants ...

- Dame Nanoue, y'a urgence. L'prévost ... y vous attend dans la salle des gardes. C'est grave !


Regard affolé de Nanoue.

- C'est grave ?

- Que oui ! Venez vite !


Elle eut un haut le coeur. Aristote ne lui accorderait donc jamais la paix ! Elle se précipita à la suite du garde ...

La première chose qu'elle vit en entrant dans la salle, ce fut son Gunzhausen. Aristote soit loué, il était vivant ! Puis son regard se porta sur un corps qui gisait sur la table centrale. Elle vint immédiatement à ses côtés et jaugea l'étendue des dégâts en quelques secondes. Une femme ! Une femme au crâne rasée, ensanglantée. Un regard interrogateur à son compagnon des vieux jours.


- J'l'ai trouvée dans c't état, ma Douce, murmura-t-il.

- C'est qui ?

- Je sais pas !

- Pas grave, on ne peut pas laisser cette malheureuse ainsi. Il faut la soigner au plus vite.


Se tournant vers Raoul.

-Va me chercher deux servantes en cuisines. Qu'elles ramènent de l'eau chaude, des draps et des linges propres. Ah ! Et puis aussi une chemise.

Il fallut peu de temps pour que se présentent deux jeunes filles un peu intimidées de se retrouver ainsi dans l'antre des gardes. On parlait beaucoup de ce lieu en cuisines et pas toujours en bien. Mais la présence de Nanoue rassura et elles s'activèrent rapidement à passer des linges propres trempés dans l'eau chaude. La gouvernante, aidée par le prévost, nettoya délicatement tout le corps. Petit-à-petit celui reprit un aspect correct si ce n'était les profondes plaies qui l'enlaidissaient.

- Il me faut de la bourse-à-pasteur fraîche. Que quelqu'un aille m'en chercher dans le jardin des simples.

- Mais Dame, avec la neige !

- Et bien tu la déblaies la neige. Tu sais très bien où est la bourse-à-pasteur, petite sotte.


Il fallut peu de temps à la servante pour ramener la plante demandée. Il faut dire que Raoul s'était empressé d'aider la servante à déblayer la neige. Nanoue tamponna la peau avec l'herbe, ce qui eut pour effet d'arrêter tout saignement. Parfois ses mains touchaient celles de Gunzhausen. Ils échangeaient alors un regard d'affection, heureux de se retrouver ensemble à sauver une vie.

- Des feuilles de chou rouge maintenant pour éviter que les plaies ne s'infectent. Vous enlèverez la veine majeure et vous les écraserez avec un rouleau jusqu’à ce que les feuilles soient humides. Allez ! Oust ! Plus vite que cela.

Dès que cela fut fait, Nanoue les appliqua directement sur les parties à traiter. Elle les recouvra ensuite d’un linge propre.

- Il faudra les changer toutes les deux heures. Le chou rouge est plus efficace que le vert, mais il tache davantage. Tant pis ! Au point où elle en est la pauvre ! Par contre, on ne peut pas la laisser sur cette table. Il faut que des gardes costauds l'emmènent dans une chambre confortable et bien chauffée. Je lui ferai boire de la tisane d'écorce de saule blanc. Cela fera descendre la fièvre et calmera la douleur des plaies. Elle a besoin de se réchauffer aussi et de se reposer. Mon ami, pouvez-vous m'accompagner ? Vous me raconterez votre aventure, et nous avertirons ensuite Dame Elayne de cette bien curieuse visite. Mais avec sa bonté naturelle, elle ne trouvera rien à redire, même par les temps qui courent. Cette jeune fille pourra remercier Aristote de vous avoir mis sur son chemin et d'être accueillie dans un château comme le nôtre. Nos maîtres sont si braves ! Ce sera le paradis pour elle, ici !

Elle la regarda attentivement.

- Elle a quand même curieuse allure cette fille avec son crâne rasé. Jolie mais curieuse !

Nanoue n'avait plus le goût de reprocher à Gunzhausen sa promenade matinale. Tout au contraire ! Il était à ses côtés et avait sauvé cette jeune fille. Elle était fière de lui. Elle lui aurait presque pris la main. Mais pas devant les servantes et les gardes ! Cela jaserait trop ensuite !
Debrinska
(Dans l'ombre des ruelles)

La Louve a trouvé l'homme qu'elle cherchait celui qui l'a appelée....elle sourit de le voir faire un rempart de son corps à la petite! Il a de l'honneur et de l'Art ..un chef....

Holá chica ! décidément c’est la soirée des rencontres… Néa j’te présente Debrinska, une ex troufionne de l’Ost du Lyonnais Dauphinée, armée ô combien réputée pour son savoir faire en poutrage de femme enceinte, médicastre à ses heures… Debrinska, l’souriceau qu’t’as d’vant toi s’nomme Amalinéa ou Néa pour les intimes

Décidément, cet homme a des lettres...il a trop lu le Roman de Renart sourit-elle en son for intérieur, un toro, un souriceau, et pour elle? quel nom lui a.t.il réservé?

Et soudain , elle se redresse...avant qu'elle ne l'aperçoive... elle sent que quelqu'un se dirige vers eux...le poignard apparaît dans sa main.., tandis que Ptit'Loup se coule silencieusement dans le noir d'encre d'un recoin de la venelle...léger sourire sur ses lèvres...si la personne était armée de mauvaise intention...les prières seraient vite dites... les crocs de petit'Loup ne laisse pas le temps d'un Ave ... c'est tout juste si tu arrives à prononcer le nom de Satan!

La femme qui arrive est une de celles qu’elle a vu à l’auberge … celle…. Mais laissons –là ce problème ….

Sur l’injonction de Messire El Toro… elle s’enfonce, tenant Braque par, la bride, à leur suite… dans les ruelles blanchies de neige…contraste saisissant…. Certains, dans l’arène, pareils à d’éphémères papillons sont « de sang et d’or », d’autres se pensent parchemin en « rouge et noir », mais Angoulême sur ce coups-là, a tracer sur les vélins, en « noir et blanc », des lettres de deuil !


(Dans la grange de l'ami)

L’andalou les conduit dans une masure … une grange….rapidement en homme habitué donner des ordres, il fait le point de la situation… un des leurs se trouve, probablement blessée, entre des mains qu’il ne faudrait pas !

Instant de révolte…dans la tête de deb lorsqu’elle l’entend dire :

Diab’, Debrinska va t’filer un coup d’pogne pour effectuer l’ravitaillement dés que les commerçants auront ouvert leurs échoppes

Ses yeux de jade lancent des éclairs… elle ouvre la bouche pour protester… dire que d’habitude elle travaille seule… qu’elle n'a point besoin de duègne …pour se rendre en ville acheter ce dont elle a besoin. Que, si on la voit en compagnie d’une Libertad son plan pour pénétrer dans le château risque d’échouer !
Mais à l’instant où elle va ouvrir la bouche, une autre idée germe dans sa tête…[b]et si elle donnait l’impression d’être forcée de faire ce qu’elle fait et que les chalands pensent qu’elle agit un peu sous la menace[/b]

Elle se tourne vers la dénommée Diab…. Toise la Dame avec dans les yeux comme une lueur de défi… elle espère seulement que le Toro va comprendre ce qu’elle va faire !
Ne pas parler, (elle a appris a ne faire confiance à personne) et surtout pas lorsqu’il y des femmes :
Allons Dame …. Nous y allonsPetite, dit-elle encore en s’approchant de Néa, voila pour toi 10 écus si tu donnes à manger à mon cheval, et si tu demandes à l’homme qui habite ici de s’en occuper le temps que je vais être absente !

Puis, se retournant vers Falbitos, elle sourit en ajoutant… si vous avez besoin d’une monture…j’ai demandé à Braque de se laisser faire…il se mène aux genoux et est très sensible du mors !

Hasta la vista, à une prochaine Senòr !
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Valnor


Angoulême dépassée après une brève halte, la voie du Sud s'ouvrait maintenant en direction de la forteresse d'Aubeterre. En cette fin de journée, le soleil bas sur l'horizon ne portait plus sur le paysage la douceur salvatrice de ses rayons et le froid revenait en force pour prendre possession des lieux durant la nuit.

Laissant son étalon libre de sa course, le Comte entrait sur ses terres, recouvertes depuis peu d'une couche fine et blanche. Il aimait cette période, ce froid, cette impression de fraîcheur vivifiante. Alors que les flancs du destrier se soulevaient sous son propre effort, Valnor se surprit à se rappeler l'un des souvenirs qui font une vie. Des paysages identiques, quoique que plus abruptes, recouverts d'un même linceul. La solitude du cavalier au milieu d'une forêt se dirigeant au travers d'un pays inconnu vers une destination dans le Levant des Terres Froides. Invitation dans le sanctuaire d'un autre Loup. Surprise d'y trouver une fleur....
Sourire aux lèvres, il se rappela la fuite de la haute bâtisse, aux côtés de son joyau avec pour tout écrin quelques affaires jetées à la hâte dans les sacoches de voyages pour fuir la colère du maître des lieux. Aujourd'hui il allait retrouver celle pour qui son coeur vibrait depuis tellement longtemps et qui lui avait tant manqué.

La forêt défilait et les ténèbres commencèrent à emplir le royaume sylvestre, mais il n'en avait cure, il était sur ses terres. Un hurlement d'un loup au loin, l'écho d'un autre annonçait le retour du Loup d'Aubeterre à La Rabatelière. Peut-être Luna ?
L'homme et sa monture débouchèrent sur la vallée du hameau d'Aubeterre, dévoilant l'amas d'habitations au pied de la forteresse. Valnor talonna son étalon, il avait hâte d'être dans ses murs. Quatre cavaliers sortirent du château au devant du comte, porteurs des oriflammes de ses terres : Aubeterre, Montmoreau, Bèlves et Romefort. Il calma ses ardeurs laissant les hommes de sa garnison lui rendre les honneurs, et retint Feu d'Aubeterre dans sa course.
Arrivés à quelques mètres devant lui les cavaliers stoppèrent net leur course, ils portaient les surcôts bleu-Gris ceints du Loup bondissant, capes blanches au même motif imprimé sur l'épaule droite. Dans un mouvement coordonné ils abaissèrent leurs lances puis une voix que le Comte connaissait très bien se fit entendre.

- Qu'Aristote soit loué de rendre à nos terres Notre Seigneur. Laissez-nous l'honneur de vous faire escorte.

Le Comte regarda tour à tour les quatre hommes puis s'adressa à celui qui portait l'oriflamme d'Aubeterre.

- Vous faîtes honneur à votre Maître, qu'il en soit ainsi. Prenez place à mes côtés et portez haut mes couleurs.

Les cavaliers relevèrent leurs lances et se disposèrent autour du Comte. Les hommes reprirent au petit trot la route vers les hautes murailles. Valnor s'adressa à l'homme sur sa droite.

- Alors Etienne, tout c'est-il bien passé durant mon absence ?

Un sourire barra le visage du soldat.

- Oui Monseigneur, heureux de vous revoir icilieu. Ce sont les hommes du guet de La Prade qui nous ont fait prévenir de votre passage sur les terres de Feu le Baron Dazibao. Nous vous attendions pour vous accueillir.

Valnor rendit son sourire à son sergent d'armes. Ils se connaissaient depuis si longtemps, lui aussi était heureux de le revoir. La troupe couvrit rapidement la demi-lieu jusqu'au pied de l'enceinte fortifiée qui était illuminée par nombres de torches.

- Sa Grandeur votre épouse a souhaité que vous soyez accueilli comme il se doit et à mander que le château prenne ses beaux atours. Souhaitez-vous passer au hameau ?

- Non, il est tard la nuit est pratiquement tombée.
Jetant un rapide coup d'oeil par dessus son épaule vers le village. Trop tard pour saluer les villageois, je le ferai demain avec le Frère Tresquin.

Puis regardant les murailles, son regard fut accroché par un détail. L'une des meurtrières de La Poivirière ornant la Tour Flanque battant la route d'accès à la forteresse avait tout son contour noirci. Montrant du doigt ce qui attirait son regard il demanda.

- Il y a eu le feu la-haut ?

- Non Votre Grandeur. Baudoin ne put s'empêcher de réprimer un rire. Durant les troubles qui ont sévis dans la région, nous avons pris les postures de siège et par deux fois des troupes armées sont passées près de La Rabatelière. Aussi pour les tenir éloignées du hameau nous avons donné de la Couleuvrine que nous a laissé le Vicomte de Hautefort, Messire Sanktuaire de Crussol.

- Et ? S'enquit le comte en passant sous le porche d'entrée.

- Beaucoup de bruit et de fumée Monseigneur, d'où les traces, mais efficace.

Valnor se promit d'en parler au Premier Ecuyer de France le moment venu.

- Et c'est tout pour les nouvelles ?

- Messire Gunzhausen a trouvé un cavalier à moitié mort dans la forêt et qui s'est révélé être une dame.


Valnor regarda interloqué le sergent d'armes. Alors qu'un garçon d'écurie s'avançait pour prendre les renes du cheval, le Comte remercia le jeune homme d'un signe de la main.

- Je vais mener Feu d'Aubeterre moi-même jusqu'à l'écurie. Et ensuite ?

- Et bien, la femme est soignée dans nos murs mais elle a été salement blessé.

Les deux hommes démontèrent. Valnor prenant la direction des écuries tout en continuant d'écouter Baudoin lui narrant l'histoire de la trouvaille de Gunzhausen.
Soudain sans prévenir, Feu d'Aubeterre fit une violente embardée, soufflant et renâclant. Ses sabots frappaient les pavés de la cour avec force. Le Comte sous la surprise failli en lâcher les longes.

- Oh ! Cria-t-il. Tout doux, tout doux !

Tous les hommes présents regardèrent avec étonnement le cheval toujours nerveux. Valnor passa la main sur l'encolure où un bandage avait été posé sur la blessure que le cheval avait reçu à Saintes.

- Qu'a-t-il Monseigneur ?

- Je n'en sais rien, je n'en sais rien...


Quelque peu calmé, Valnor tira sur les lanières de cuir pour faire avancer Feu d'Aubeterre vers les écuries, un homme d'âge mûr s'avança vers le Comte en s'inclinant.

- Occupez-vous de notre jeune ami, il est un peu nerveux ces derniers temps.

Et encore une fois l'étalon fut prit d'une crise. Valnor ne l'avait pas vu ainsi depuis...depuis le combat. Laissant l'animal au maître palefrenier, il s'éloigna traversant l'allée centrale des box. Il s'arrêta net devant un emplacement. Celui de Grise de Lune, sa jument disparue dans une tragique partie de chasse aux sangliers. Personne n'avait jusqu'à là osé placer un autre cheval dans le box tant la peine du Comte avait été grande à la perte de sa monture.
Valnor écarquilla les yeux. Un cheval à la robe Isabelle y avait pris place. Il était sûr de l'avoir déjà vu, c'était certain. Baudoin s'empressa de courir derrière le Comte de peur que le Comte n'entre dans une colère noire au vue de ce sacrilège. Mais étonnamment c'est d'une voix calme qu'il demanda.

- D'où vient cette monture ? Montrant du doigt l'animal.

Baudoin s'attendait à un emportement soudain du maître des lieux et il tenta d'expliquer rapidement le pourquoi de la présence du cheval à cette place précise.

- Monseigneur, nous sommes désolé, il n'y avait plus de place ailleurs et la jument était blessée, nous n'avions pas d'autre choix que de la mettre ici.

- Oui, oui Baudoin dit évasivement le Comte, mais à qui est cette monture ?

- A la Dame blessée Votre Grandeur.

Valnor se retourna vers son Sergent d'Armes. Son regard noir prit un air contrarié.

- Je serai prêt à parier fort cher, mais cette jument...montrant du doigt l'animal... est le destrier de l'un des soldats que j'ai combattu devant Saintes il y a un peu plus d'une semaine. Donc... nous avons un hors la loi dans nos murs Baudoin ! Emmenez-moi immédiatement voir cette furie ! Je comprend pourquoi Feu d'Aubeterre était si nerveux en arrivant aux écuries.

Baudoin ne saisit pas la fin de la phrase du Comte. Pourquoi avait-il dit « furie » ? Mais déjà le maitre des lieux partait à grandes enjambées vers le corps du château et le sergent d'armes s'empressa de le rattraper pour le lui indiquer où se trouvait la blessée.

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*amalinea*
Grange aux secrets

Y a des claques qui se perdent ! Et la main de la Souris est bien prête de s'envoler vers la trogne de l'énergumène au loup. L'aime pas les gens, la Souris, on ne le répétera jamais trop et encore moins celles qui se prennent pour donneuse d'ordre sans avoir daigné se présenter.


Une poutreuse qu'il a dit l'andalou ! Mais que vient elle faire là ! Si elle s'écoutait, Néa enverrait cette pimprenelle gouter le gout de sa lame, histoire de lui apprendre à ne pas se fier aux apparences. Cependant le Fab à l'air de la connaitre et lui faire confiance, ce qui laissait une marge de crédibilité à la donzelle.
Mais fumisterie et rat d'égout, elle ne l'emporterait pas au paradis et le jour ou Néa lui accorderait sa confiance n'était pas encore inscrit sur son calendrier personnel, bien au contraire !
Balançant la pièce dans la neige, Néa jeta un œil à la grange aux murmures avant de s'enfoncer dans la nuit à la recherche d'un colosse, d'un grognon et de qui, chez les rouges, auraient envie d'une ballade de santé.
Bouquetdenerfs
Il avait annoncé sa venue au domaine dés que possible. L'homme revenait des terres à risque, l'Anjou et la Bretagne n'était pas des plus commodes pour un homme de sa trempe. Le retour fut long, pénible et la solitude encore trop pesante. Et puis il fallait bien s'y résoudre, sa mission avait échoué, une bien grande débandade!

Les murs s'annonçaient à l'horizon, le hameau et le domaine n'étaient plus très loin. Drôle de sensation qui envahissait l'homme à cet instant précis. Un étrange partage entre la honte d'un périple à oublier et le fol espoir de retrouver ses proches. La chose semblait pourtant bien impossible quelques jours auparavant, lorsque que la justice bretonne se souciait encore de son destin.

Ses pas s'accentuaient de foulée en foulée, les tours semblaient désormais à portée de bras. Il observait ci et là quelques gardes bienveillants postés en vigiles d'une terre calme et sereine. A ne point s'y méprendre, son arrivée était donc toute proche! Aux gardes, il se présenta, sa longue barbe et son allure de voyageur n'inspirait guère confiance. Et sa bouille n'avait plus été vue depuis quelques temps déjà dans les parages.


Brave garde, sauras tu annoncer à ton maître qu'un certain Bouquet de Nerfs attend à sa porte? , il le questionna mais le ton était autoritaire. Et pourtant ses responsabilités étaient nulles en ces terres, surement un bref aperçu de ses engagements militaires.

Bouquet de Nerfs, une consonance vaguement connue par le garde en question. Mais l'allure louche du visiteur n'inspirait que peu confiance. Alors à son tour le garde prit la parole.


Que désires-tu voyageur?

Voila question qui méritait réponse. Le visiteur s'exécuta.

Visite de courtoisie ou simples retrouvailles, appelle cela comme tu voudras! Appelle ton maître, veux-tu?

Son regard en disait long sur ses attentes. L'un des gardes prit le chemin du château, Bouquet de Nerfs attendant aux portes. Il lui faudrait probablement voir un autre responsable avant de découvrir la belle Elayne ou bien son fameux époux le Comte d'Aubeterre. Mais peu importe, c'était finalement pour bientôt!
Valnor


- Monseigneur ! Monseigneur !

Le comte remontait le chemin de Saint Martin quand un garde le héla. Baudoin et lui se retournèrent.

- Monseigneur ! .... dit encore une fois le garde à la hauteur des deux hommes. Sieur Bouquet de Nerfs est aux portes du château et demande à vous voir.


Valnor sourit. Voilà bien longtemps qu'il ne l'avait vu et était heureux de savoir qu'il se portait bien puisqu'aujourd'hui présent à La Rabatelière. Un bref instant il oublia ce pourquoi il se pressait vers l'intérieur de la forteresse.

- Voilà une bonne nouvelle ! Faite-le entrer et qu'il s'installe comme il le souhaite icilieu. Marquant une courte pause le Comte ajouta. Dites-lui que je dois m'occuper d'une affaire urgente dans l'immédiat mais nous dînerons ensemble ce soir, j'ai hâte d'entendre le récit de son voyage.

Le Garde s'inclina légèrement avant de reprendre la route de la porte principale, alors que le Comte et son sergent d'armes repartaient dans le sens opposé.

Arrivé à la porte du château où Bouquet de Nerfs attendait, il s'adressa directement à lui.

- Messire le Comte vous souhaite la bienvenue. Il dit de vous installer comme vous le voulez et qu'il mangerait avec vous ce soir. Le Garde espérait avoir parlé comme il se devait, peu habitué aux belles phrases.

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