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[RP] La Bête des Monts d'Arrée

--Yann_le_loup
Le vent glacé fouettait le visage du cavalier, qui, afin de se protéger au mieux, avait relevé le col de son manteau. Galopant dans la lande bretonne, déserte et silencieuse, il arrivait par cette froide fin d’après-midi, en vue du hameau où le terrible carnage avait eu lieu.

"Va à Brennilis, c’est là que la petite est morte. Le responsable de la Milice locale est au courant de ton arrivée, contacte-le une fois sur place…..
Avant que toute la Bretagne soit en panique et ne voit des loups partout, il faut agir promptement, je compte sur toi, Yann."




Les consignes de son officier supérieur à la Maréchaussée de Brest, résonnaient encore à l’esprit du soldat, tandis qu’il entrait dans Brennilis.

Yann Kerbriec, dit "le Loup", surnommé ainsi en raison de ses connaissances approfondies de l’animal, avait été dépêché sur place car les Monts d’Arrée étaient le théâtre ces dernières semaines, d’attaques répétées de loups. La population était terrorisée et la Maréchaussée de Brest avait décidé de confier l’affaire à son meilleur élément pour en finir avec ces atrocités.

Le village, bien que modeste, s’était paré de mille feux pour les festivités de Noël. Des guirlandes et des décorations habillaient chaque maison, et de nombreuses lanternes réchauffaient l’atmosphère, pourtant glaciale en cette fin d’année 1456.

Un homme de forte carrure, portant la barbe épaisse et le tablier caractéristique des forgerons, se tenait sur la place centrale, immobile et insensible au froid.

Yann tira sur les rênes de son cheval et se dirigea vers lui….

- Je cherche le responsable de la Milice…vous le connaissez ?
- Ah ça pour sûr !!!! Vous l’avez en face de vous….C’est vous le gars de Brest ?
- C’est moi…Où est la fillette ?

Le visage du forgeron se durcit encore un peu plus….

- Elle est par là, venez…

Yann attacha sa monture à l’arbre qui trônait au milieu de la place et suivit l’homme.

- On l’a trouvée hier, à peu près à cette heure-ci, près du lavoir. On nous a dit de la laisser dans l’état où on l’avait découverte…alors, ben c’est ce qu’on a fait…on l’a juste transportée à l’église.

L’homme, bien que faisant tout pour ne pas le montrer, semblait bouleversé.

- Vous comprenez, ça fait la 5ème en un mois, alors les gens, ici, ils commencent à s’affoler, on a fait des battues, on a organisé des tours de garde, mais rien n’y fait. Ces maudites bêtes ont tellement faim avec ce froid à pierre-fendre, qu’elles ne craignent plus d’approcher le village.




Le villageois poussa la lourde porte de l'église et entra, suivi par le jeune homme.

- LA cinquième, vous dites ? Pourquoi, il n’y a eu que des femmes de tuées ?
- Des jeunes femmes même, oui Messire, de pauvres et innocentes jeunes femmes, mais des proies faciles pour ces prédateurs…..Et cette fois-ci, c'est une enfant. Voilà, elle est là….

La fillette était allongée sur un lit confectionné avec de la paille et des chiffons, à côté duquel des cierges avaient été allumés. Yann ne put s’empêcher, en cette période de la Nativité, de songer à l’Enfant-Dieu dans sa crèche…
Mais la réalité était toute autre. Le forgeron mit sa main devant la bouche et se lissa nerveusement la barbe. Yann était déjà au travail.

Les blessures étaient multiples : la moitié du visage avait été arrachée et ce qu’il restait de la mâchoire pendait sur le côté. Des dents avaient été enfoncées dans la gencive supérieure et l’os du nez était fracturé à deux endroits. Des cheveux collés au visage par le sang et la boue achevaient le macabre tableau.

L’enquêteur souleva doucement le drap qui recouvrait l’enfant, et ne put réprimer une grimace, lui qui pourtant en avait vu d’autres en matière d’attaques de loups.



Le bassin était enfoncé, la poitrine ouverte et les côtes apparentes de la jeune fille avaient été broyées. Les viscères se répandaient sur la couche et une odeur de putréfaction commençait à envahir l’église, malgré le froid et l’encens que l’on avait fait brûler autour de la dépouille.

Cette vision d’horreur vint à bout de la résistance du forgeron, déjà soumise à rude épreuve ces derniers jours. Il explosa dans un sanglot mêlé de colère.

- Il faut attraper ces bestioles Messire, et croyez-moi, j’accrocherai moi-même leurs cadavres en haut d’un pieu, à la vue de tous pour que les gens sachent qu’ils peuvent désormais dormir tranquilles, sans craindre que leurs enfants ne soient agressés par ces bêtes sanguinaires….mais avant ça, faut trouver où se cachent ces loups.....ah, qu’Aristote nous vienne en aide….

Yann "le Loup" était pensif.

- mouais, jamais vu de pareilles blessures, le ou les loups qui ont sauté sur cette jeune fille étaient particulièrement agressifs et leur acharnement très inhabituel. Ce qui m’étonne, c’est que je ne vois aucune blessure à la gorge…c’est pourtant là qu’ils attaquent en premier…et puis pourquoi ne l’ont-ils pas dévorée ? Toute cette énergie dépensée pour rien, c’est étrange…

- ben sûrement qu’ils auront été dérangés avant d'avoir pu la manger, cette pauvre petite !

- oui peut-être bien....Il faudra que j' interroge celui qui l’a trouvée…En attendant, pouvez-vous m’amener chez les parents de la victime ?



(Evidemment, ce RP est ouvert à toutes et tous, alors si les parents de la petite ou qui que ce soit d'autre passent dans le coin, qu'ils n'hésitent pas à intervenir et donner corps à cette histoire naissante)
--Oeil_de_loup



Caché dans le cimetière derrière l'église, l'homme à la capuche, n'avait rien manqué des derniers évènements.

Il avait vu le cavalier entrer dans Brennilis et parler avec Lantic le forgeron. Il avait essayé d'entendre ce que s'étaient dit les deux hommes...mais sans succès.

Quand la porte de l'église s' ouvrit et que Yann et Lantic sortirent, il se dissimula prestemment derrière une pierre tombale en pestant....

Grrrrr, mais qui c'est ce fouineur encore......? m'est avis qu'il va nous mettre des bâtons dans les roues ce freluquet...tant pis pour lui, on s'en occupera aussi !

L'homme plaqua sur sa poitrine le rabat de son manteau tâché de sang et sortit discrètement par l'arrière du cimetière.
--Yann_le_loup
- Mais jamais, je vous assure, jamais elle ne s'éloignait, c'était une petite trés obéissante...mais avec ces maudits loups, on n'est plus en sécurité nulle part....

La femme cacha son chagrin dans un mouchoir, tandis que son époux la serrait dans ses bras.

- Je ne crois pas que ce soit des loups qui aient fait ça, Dame....



- Hein ?!!! Qu'est-ce que vous racontez ? que voulez-vous que ce soit d'autre ?

Lantic le forgeron et les parents de la victime dévisagérent Yann, qui poursuivit.

- Ce ne sont pas des blessures de loups qui ont tué votre enfant, j'en suis absolument convaincu....et puis les animaux ne se seraient jamais approchés aussi près du village...non il y a une autre explication....et je trouverai laquelle....cette tuerie doit cesser...

.................................

Oeil-de-Loup en quittant le cimetière était repassé par le lavoir, pour vérifier encore une fois qu'il ne restait rien qui puisse le compromettre.
Il avait ensuite pris la direction de la forêt. Il se retournait souvent, scrutant de son unique oeil jaune ses arrières pour voir s'il n'était pas suivi.
Il arriva au dolmen de Ti-ar-Boudiket alors que l’église sonnait les vêpres.



C’était là qu’allaient se réunir comme toutes les semaines, les membres de " La Compagnie des Loups". Ils avaient choisi ce lieu comme point de rendez-vous, car les villageois, qui appelaient le dolmen : "la maison des lutins" en avaient peur et fuyaient cet endroit comme la peste, craignant d’y faire une inquiétante rencontre. Ils avaient bien raison.

Œil-de-Loup était l’un des derniers à arriver, il fit, en guise de salut, le signe de reconnaissance des Loups, et s’assit à sa place habituelle.
Il ne manquait plus qu’un membre : leur chef….
--Yann_le_loup
Tous les membres de "La Compagnie des Loups" se levèrent à l'arrivée de leur chef.

Il monta sur la pierre qui lui servait d'estrade à chaque réunion et commença aussitôt, sans cérémonial d'aucune sorte.

- Mes amis, je suis fier de vous....Notre objectif est pleinement réalisé....La population est effrayée, les villageois se terrent et ont peur, même de leur ombre.....La peur mes amis, le plus efficace des poisons, celui qui paralyse des villages entiers et auquel succombent même les plus robustes.....Nous voulions que les gens d'ici vivent dans la terreur....nous voulions désorganiser leur fragile équilibre social pour pouvoir imposer notre loi...nous sommes en passe de réussir ce pari mes amis...c'est pourquoi je vous demande de rester mobilisés....la victoire est proche et je vous promets que quand ces contrées seront sous notre emprise, vous vivrez tous comme des princes.......

Les Loups l'acclamèrent en levant leurs bâtons et en faisant luire la lame de leurs couteaux à la pleine lune. Dans l'euphorie générale, leur chef se mit à pousser un cri de bête, féroce et glaçant. Il envoya son hurlement vers l'astre de la nuit qui les inondait de sa lumière bleue....



Puis il leva la main, pour faire taire sa troupe.

- Mais avant ça, il y a un petit obstacle à écarter de notre chemin

Son regard devint sanguinaire.

- Un homme a été envoyé de Brest pour enquêter sur les meurtres....Il doit disparaître......Oeil-de-Loup, tu t'en occupes, prends 2 hommes avec toi et fais ça rapidement, le temps presse.

Quand la réunion prit fin, chacun s'en alla par les chemins des bois. Leur chef resta un moment seul, songeur, puis revenant à la réalité, il s'enfonça à son tour dans l'obscurité de la forêt.

Il réajusta son manteau car le froid devenait pénétrant, malgré son tablier en cuir, de forgeron...
Nagirrok
Cramponné à la bride de son cheval qui galopait dans la lande enneigée, Nagi repensait au courrier que lui avait envoyé son ami Yann.

Ca a l'air sérieux pour qu'il me demande mon aide, dans quel pétrin il s'est encore fourré ?

Le temps, exécrable ces derniers jours, ne facilitait pas la progression du Griffon. Les bourrasques de neige l'aveuglaient et il comptait davantage sur l'instinct de sa monture qui l'avait déjà tant conduit par les routes d'Armorique, pour se frayer un chemin dans cette tempête hivernale.

Le soleil rougeoyait sa révérence du soir alors que le cavalier entrait dans Huelgoat. C’est là que les deux hommes avaient convenu de se retrouver.

Il ne mit pas longtemps à dénicher « La dernière Chance », la taverne où l’attendait son ami.


--Yann_le_loup
Oui tu as bien entendu...Une série de meurtres atroces perpétrés par une bande de sauvages et qui veulent mettre ça sur le dos des loups.

Nagi ne semblait pas en croire ses oreilles. Yann lui versa un autre godet de chouchen et poursuivit.

Ces misérables ont déjà commis leurs crimes dans la moitié du Duché....Ils sont par ici en ce moment mais devraient quitter la région pour aller vers Vannes où ils vont continuer leur macabre travail...Il faut les arrêter Nagi...et vite

Oui, bien-sûr tu peux compter sur moi...mais comment sais-tu tout ça ? Et pourquoi font-ils tout ça ?

C'est simple, un de mes informateurs à Brest m'a parlé d'un matelot qui lui avait raconté une étrange histoire : une bande de Loups-Garous qui sévissaient en Bretagne et tuaient d'innocentes victimes. Je n'ai moi-même jamais cru à ces attaques répétées de loups, ça flairait le coup fourré à plein nez.

J'ai donc fait coffrer le matelot et voici la sinistre histoire qu'il m'a relatée :
Il faisait partie d'une bande de brigands qui détroussaient les voyageurs dans le Léon. Leurs méfaits ne rapportant pas autant qu'ils le souhaitaient, ils ont décidé de passer à la vitesse supérieure.
Sous la houlette de leur chef dont j'ignore encore l'identité, ils ont décidé de tuer d'innocentes victimes, en général de trés jeunes filles et de maquiller leurs forfaits en attaques de loups.


Yann se versa lui aussi une autre chopine, reprit son souffle, et continua...

Evidemment, le village visé tombait rapidement dans la psychose des loups, tu sais ce que la peur peut engendrer chez les honnêtes gens....Totalement paniqués, ils étaient prêts à se jeter aux pieds de la première personne qui leur prometterait une solution à leurs malheurs....

Nagi coupa la parole à son ami.

....et les Loups-Garous de pacotille arrivaient pour proposer leurs services aux villageois, moyennant une gentille rétribution sonnante et trébuchante...

Exactement, ils tuaient 1 ou 2 loups pour leur faire porter le chapeau, les villageois étaient rassurés, les crimes s'arrêtaient, et nos malfrats, les poches pleines s'en allaient recommencer dans un autre village.
Mon matelot en a été tellement horrifié qu'il leur a faussé compagnie...mais il est pas allé assez loin pour m'échapper...


Nagirrok
Nagi, tout en vidant son godet, imaginait à quoi pouvait ressembler cette "Compagnie des Loups" qui entendait désorganiser et épouvanter les Bretons, et étaient prêts à toutes les horreurs, uniquement par profit....

Quels misérables !!! Et qu'attends-tu de moi ?

Va à Vannes, tu y retrouveras une femme dont voici le nom...(Yann le chuchota à l'oreille du soldat)....c'est mon contact là-bas, elle est au courant de l'histoire et j'ai pleine confiance en elle....Je l'ai prévenue de ton arrivée....reste avec elle et sois attentif aux arrivées dans la ville de voyageurs en bande...Pour ma part, je suis leur piste et te rejoindrai là-bas à Vannes...Ah dernière chose, cette fille est trés jolie...alors reste bien concentré sur ta mission !!!

C'est ainsi que Nagi se retrouva sur la route de Vannes, pour aider son ami à mettre hors d'état de nuire "La Compagnie des Loups"....

Maryana
La nuit était tombée sur Gwened. J'étais rentrée en ma demeure aussitôt mes travaux quotidiens terminés. J'avais comme chaque jour, conservé une trace de la douane que j'avais fait le matin même. Cela me semblait encore plus important ces derniers jours.

Voilà quelques temps, j'étais entrée en contact avec un homme résidant à Huelgoat qui m'avait mise au fait d'une affaire on ne peut plus étrange. En effet, de surprenants évènements semblaient se produire dans sa petite bourgade. J'avais conservé nos lettres, et je les relisais chaque soir avec attention, de manière à m'en imprégner, qu'aucun détail ne m'échappe. Je ne pouvais qu'imaginer la terreur à laquelle les pauvres villageois pouvaient se trouver confronter, loin d'imaginer que des êtres humains puissent être à l'origine de telles atrocités, et quelles atrocités, j'en avais froid dans le dos rien qu'à la lecture des descriptions que m'en avait fait ledit Yann...

J'étais penchée sur sa dernière missive, celle où il m'annonçait l'arrivée prochaine d'un émissaire. Notre mission, surveiller les entrées dans la ville, notamment celles des voyageurs en bande. Cela m'était aisé, sans doute est ce pour cela qu'il m'avait contacté au premier abord. Néanmoins au fur et à mesure de l'enquête, j'avais appris à faire confiance à son jugement, à tous points de vue. Aussi attendais je avec confiance celui qu'il devait envoyer à ma rencontre.

Chaque soir, je laissais devant ma demeure une lanterne allumée, car je n'avais eu de renseignements précis sur la date d'arrivée du visiteur, même si étant donné la gravité des évènements, je la considérais comme imminente.

J'étais assise à ma table de travail, que j'avais rapproché de la fenêtre de manière à pouvoir jeter un oeil à l'extérieur de temps à autre, tout en compulsant minutieusement les détails de l'affaires.

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--Yann_le_loup
Bonne route mon ami et sois prudent...

Yann regarda Nagirrok s'éloigner dans la nuit, sur sa monture....

Même avec la pleine lune, je sais pas comment il fait pour voyager de nuit...enfin...que Lug veille sur lui.

Yann laissa l'auberge de "La dernière chance" derrière lui et remonta la rue qui menait à son hôtel. Même avec la clarté de la lune, il avançait avec précaution, regardant bien où il mettait les pieds. De nombreux pavés manquaient dans la chaussée et les trous ainsi formés étaient invisibles sous la neige.
C'est dans le dernier virage avant son hôtel, que l'attaque se produisit.

Aussi soudain qu'efficace, le coup de gourdin l'atteignit à la tempe avant qu'il ne puisse esquisser le moindre geste. Tout en s'écroulant, il eut le temps d'apercevoir un borgne à l'oeil jaune qui le regardait, la mâchoire serrée. Puis tout devint noir.

............................................................

Allez réveille-toi crevure, qu'on voit ta petite gueule de fouineur....hé hé hé !!!

Yann ouvrit un oeil et ne vit rien qu'un brouillard opaque. Il ouvrit le deuxième et distingua une silhouette penchée sur lui.
Une migraine atroce l'empêchait de rassembler ses idées.

Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

Qui on est ? On est ceux que t'aurais jamais dû déranger, abruti...T'as mis ton nez dans les affaires de "La Compagnie des Loups", et ça c'est puni de mort chez nous...pas vrai les gars ?

Ses agresseurs étaient trois. Peu à peu, il parvenait à faire le point sur sa situation...qui n'était pas enviable !!!!!
Les Loups l'avaient ficelé autour d'un petit rocher qui se trouvait à l'entrée d'un dolmen.

Bienvenue à Ti-Ar-Boutiged le fouineur, la "Maison des Fées".... Joli comme non, hein ?
J'espère que tu aimes parce que ce sera ta dernière demeure....
Mais avant ça, on va discuter un peu, toi et moi...


Nagirrok
Nagirrok avait galopé toute la nuit et les lueurs de l'aube pointaient depuis longtemps déjà, quand il vit se dresser les murailles de Vannes.

Ahhhh....Gwened....te voici enfin.....

Il avait fait escale au Faouët pour reposer et désaltérer son cheval mais la pauvre bête était fourbue. C'est donc à pied qu'il pénétra dans l'enceinte de la cité des Vénètes.

Bon, ben y'a plus qu'à trouver les locaux de la douane.....

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Maryana
J'étais à mon bureau ce matin là, comme tous les autres matins. Je mettais à jour la liste des arrivées et départs de la ville, lorsqu'un nom attira mon attention.

Le guet qui surveillait les portes l'avait griffonné de façon très maladroite, mais j'étais presque certaine qu'il s'agissait de l'homme que j'attendais, l'émissaire de Yann.

Je me rhabillai prestement, me couvris aussi bien que possible et sortis d'un pas rapide, prenant la direction des portes de la cité. J'y arrivais rapidement, mon bureau n'en étant pas très éloigné. J'interpellais le guet.


Demat ! Pouvez vous me dire où trouver la dernière personne qui était de garde cette nuit et qui a déposé sur mon bureau son rapport ?

L'homme m'en indiqua un autre du doigt, qui visiblement s'en allait, son service fini sans doute. Je l'interpellais.

Hep là !

Me rapprochant rapidement de lui.

Demat, excusez moi de vous interpeller ainsi, mais votre collègue m'a dit que c'était vous qui étiez de garde pour le dernier quart de nuit.

Je vis l'homme blanchir, je compris qu'il s'attendait à des accusations. Je souris pour le rassurer.

Ne vous inquiétez pas, je veux juste m'assurer de ce que vous avez écrit là.

Je lui tendis le feuillet et lui montrais du doigt le nom en question pour qu'il me le déchiffre. Il me regarda et me répondit distinctement :

- Nagirrok.

Je souris, le nom était le bon.

Pourriez vous me le décrire ? Sa visite est attendue.

Je vis l'homme qui semblait gêné.

- C'est que dame, on voit passer tel'ment d'monde, j'ai noté son nom c'est mon travail, mais j'pourrais point vous l'décrire ce bougre.

Mon visage se crispa. Bien évidemment, ça n'était pas de la faute du garde, il avait raison au fond. Mais cela ne m'aidait pas à savoir comment j'allais retrouver un homme dont je ne savais pas à quoi il ressemblait. Je me maudis intérieurement de ne pas avoir demandé à Yann de description, ou de ne pas lui avoir dit de me faire demander tout de suite à l'arrivée, ou d'avoir convenu d'un signe distinctif. Tout se bousculait dans ma tête. Par où commencer...

Bien, merci quand même.

Je tournais les talons. Les tavernes, et mieux encore, les tavernes qui permettaient l'hébergement. Il devait s'y être rendu, s'il avait galopé toute la nuit ainsi que je le pensais. Je les écumais une à une, interrogeant les taverniers, et cherchant du regard un visage qui ne me serait pas familier. J'aurai volontiers couru, mais je ne portais pas la tenue adéquate pour cela, coincée dans cette jolie robe rouge.

Après un certain temps de recherche, j'aperçus de loin un homme qui eut pu être celui que je cherchais. Je réajustais ma robe et m'avançais doucement.


Messire ?
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Nagirrok
Un ange ! Un ange tout droit descendu du ciel était apparu à Nagirrok.

Une chevelure d'or dégringolait en cascade sur ses magnifiques épaules que sa robe ajustée rapidement, ne dissimulait pas complètement.
Sur son visage, que Vénus elle-même aurait jalousé, perçaient deux yeux de braise qui paralysaient celui qui osait s'y aventurer....La Déesse serait-elle une Gorgone ?

Nagi dont le trouble ne faisait qu'augmenter repensa aux propos de Yann....
Ah dernière chose, cette fille est trés jolie...alors reste bien concentré sur ta mission !!!

Il était bien en dessous de la réalité.

Messire ?

Le soldat prit sur lui pour se ressaisir et s'inclina devant la jeune femme.

....Nagirrok, pour vous servir gent Dame....Je suppose que vous êtes Dame Maryana ; Yann m'a fait votre description....
Je suis navré de me présenter à vous dans cet état, mais j'ai pris la route sitôt après avoir quitté Yann et je viens juste d'arriver...Avez-vous déjeuné ?

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Maryana
Je ne pus m'empêcher de sourire, je sentais quelque chose d'étrange dans le regard de cet homme qui me fit douter un instant, jusqu'à ce qu'il me parle, que je m'étais adressée à la bonne personne.

Appelez moi donc Mary si vous le voulez bien, ce sera un peu moins protocolaire voulez vous ? Je n'ai rien d'une dame, empoussiérée comme je le suis étant donné que je viens de parcourir les tavernes pour vous retrouver. Vous auriez du me faire demander, ou vous faire indiquer ma demeure.

Je le regardais, me retenant de rire, car au fond je n'étais guère plus présentable que lui de toute façon. J'avais une irrésistible sensation de deux enfants sur un jeu de piste, ce qui aurait pu grandement m'amuser, si celui ci n'avait pas été si macabre.

Nagirrok a écrit:
Avez-vous déjeuné ?


Et bien non, je n'ai pas encore déjeuner, je me suis précipité aux portes de la ville après avoir vu votre nom sur la liste des arrivants, et depuis je vous cherche.

Je ris franchement, à la cocasserie de la situation.

Vous ne vous êtes pas encore installé donc ? Souhaitez vous prendre gite dans une auberge ou accepterez vous le maigre confort de ma simple demeure ?

Que mon invitation lui agrée ou non, je saisis son bras d'un air déterminé. Il nous fallait faire au plus vite le point, voir s'il avait de nouvelles informations, et pour ce faire, il fallait en passer par chez moi, car tous mes documents relatifs à l'affaire s'y trouvaient stockés. J'entrepris de l'entraîner à ma suite.
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Kandrek
Les murailles de Reoz dépassées depuis maintenant plusieurs heures, un homme somnelait sur la selle de son cheval. Grand de taille, ses longs cheveux noirs étaient caressées doucement par la brise nordique telle la main d'une amante attentionnée. Son visage naguère beau, maintenant défiguré par une longue cicatrice, un cache-oeil dissimulant l'orbite vide, la où il avait perdu un oeil. Le soleil poursuivait sa course paresseuse vers le nord, la nuit ne tarderait guère. Las, l'homme aperçu une lumière à l'horizon et estima qu'il était près d'une auberge de campagne. Son estomac grondant, le corps fatigué, le borgne pressa sa monture, avide de bonne nourriture et chouchen. Laissant son cheval à un garçon d'écurie et lui lançant quelques écus pour s'occuper de sa monture, l'homme entra dans l'auberge.

Il alla directement vers le tavernier et observa le bougre, petit de taille, les cheveux et la barbe longue et crasseuse, un sourire édenté et une lueur rusée brulant dans ses yeux porcins.

Noz vat aubergiste, dit l'homme d'une voix morne, je voudrais un repas chaud et du chouchen, beaucoup de chouchen...

Oui messire, lui répondit l'aubergiste, dites-moi, vous seriez ti pas un voyageur, ceux-ci sont rares ces temps-ci avec toutes ces histoires...

Intrigué et se demandant de quelle histoire l'aubergiste pouvait parler, l'homme lui fit signe de continuer. L'aubergiste prépara le repas de l'homme, lui servit une chope de chouchen, prit une bonne rasade d'une mixture étrange puis raconta ce qu'il disait, une lueur de peur se lisant dans ses yeux.

Z'êtes pas au courant messire?... Ce sont des rumeurs, mais on parle d'attaques de loups, des voyageurs m'ont raconté de drôles de choses sur ces créatures, des choses terrifiantes... je ne désire pas en parler plus, mais suivez ce conseil, si vous voyagez sur ces routes soyez prudent...

L'aubergiste se tut et servit le repas au borgne. Celui-ci mangea dans la salle déserte, songeant à ce que l'homme lui avait dit. Ce n'était pas la première fois qu'il entendait parler d'attaques de loups, mais la plupart du temps c'était des paysans effrayés d'avoir vu une de leur bête déchiquetée par une de ces créatures qui répandaient les rumeurs les plus folles. Puis si ces attaques étaient réelles, peut-être tomberait-il sur ses bêtes, un peu d'action, histoire de chasser l'ennui qui était en lui...
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--Yann_le_loup
Schlaaaakkk !!!

La baffe claqua sur la joue comme le fouet d'un cocher.

Alors raclure, tu vas répondre, oui ?
T'es qui ? Qui t'a envoyé ? T'es seul ?

Yann récupéra du coup porté et fixa l'homme.

Qui je suis ? Quoi, tu m'as pas reconnu ? J'suis le Père Fouettard, tu sais celui qui vient reprendre leurs joujoux aux enfants qu'ont pas été sages....Et toi on m'a dit que t'avais pas été sage du tout, alors refile-moi ton couteau à égorger et tes cordes à ficeler, et que ça saute....

Ben dites-moi, c'est qu'on a un comique avec nous, hein les gars ?
T' aurais pas dû t'échapper de ton cirque, l'ami, tu vas le regretter, crois-moi...


Schlaaak !!!!

Yann, bien qu' essayant de donner le change, n'en menait pas large. Comment allait-il se sortir de ce guêpier ?
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