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[RP] Les lapins restent-ils blancs au printemps ?

Luciedeclairvaux
[Aurillac, destins croisés]

Un espoir de fou …Voilà bien ce qui les distinguait toutes deux. L’une l’avait encore. L’autre l’avait perdu dans les failles pyrénéennes, au creux d’un torrent sombre, ou au détour d’une sente escarpée. Peut-être le jour où elle s’était endormie sur une pierre près de l’eau. Peut-être avant. Peut-être à Pau. Elle ne savait plus trop. Mais cela s’était joué là-bas, et il lui avait fallu tout ce temps et toute cette route pour voir que désormais ses mains étaient … vides !

Key l’avait encore, cet espoir fou. L’enfant à venir peut-être, la portait vers l’espérance. Ou bien était-ce la soudaineté. L’incompréhension. Le doute. Oui, peut-être Yira était-il quelque part entre la vie et la mort. Peut-être fallait-il le sauver. Peut-être. Mais Lucie ne le pensait pas une seconde. Elle tendait la main à Key …« Viens ma belle, prends ma main et partons loin. » avait-elle écrit. Le soir au campement, loin d’elle, elle tendait ses doigts frêles vers la voûte étoilée, et se souvenait des trop courtes heures passées.

Aurillac les avait vues réunies. Douces retrouvailles, heureuses confessions.

Puis un soir, Ange avait tenté de venter les mérites d’une vie d’aventure et de liberté, à un Yira tendu par la présence de celui qu'il pensait être le bourreau du cœur de la petite. Elle avait donné raison à Senese, devant lui. Orgueil blessé. Une porte avait claqué.
Le lendemain, elle décidait d’user sa dernière chandelle pour écrire une autre suite. D’user ses dernières forces pour s’éloigner de Senese …Quitter le groupe. Même pas une dernière rapine pour la route. Non. Là, maintenant, tout de suite. Elle ne s’était même pas assise et le leur avait annoncé, pâle malgré la fièvre qui lui rongeait le bide. Elle avait failli s’évanouir en refermant la porte, avait titubé sur la chaussée, ivre de rage et de désespoir, et avait mué sa hargne en un cri sourd : Libertad !

Et elles furent à nouveau séparées.

Ange, du doigt, parcourut l'onde étoilée d'une trace frémissante. Brouiller les destins. Se jouer des Dieux. Effacer leurs repères célestes et leurs jeux.

_________________
Yiralyon
Ils s’étaient donnés rendez vous un peu avant minuit. Depuis leur arrivée à Aurillac qu’ils n’avaient pas eu le temps de se voir. Sa chope tournait sur la table, encore et encore, le bois torturé par un mouvement circulaire exprimait une complainte monotone qu’il ne faisait taire que pour écouter les bruits provenant de l’extérieur. Des sons de graviers qu’on écrase sous les chausses… mais personne ne s’arrête à la porte. A bout de patience, il réduit les lamentations au silence et se lève.

Les rues sont peu fréquentées à cette heure, un petit voleur d’une dizaine d’année s’approche de lui et quémande en feignant l’affamé. Ca ne prend pas. Avant que le gosse n’ait tenté quoique ce soit pour s’emparer de sa bourse, Yiralyon lui décoche une baffe en pleine figure. Punir l'intention.


C'est pas ton jour gamin, même ça tu l’auras pas volé.

La veille, un autre avait goûté sa main. Ce Senese, dont certains échos avaient déjà modifié l’image qu’il s’en faisait, avait affiché un détachement outrageant à l’égard d’un sujet qui ravivait en lui de douloureux souvenirs... Angoulême et cette folie qui l’avait conduit à détruire plusieurs personnes…Angoulême où pendant des journées interminables, il n’avait cessé de se demander si ses jambes le porteraient encore… Angoulême où son Trésor avait bien failli être enterré…

Laissant un mioche étalé sur le sol et encore abasourdi par ce qui vient de lui arriver, il poursuit sa route à travers la ville jusqu’à en franchir les portes.

Ses pieds foulent les herbes d’un petit sentier, des heures qu’il marche sans savoir où aller. A l’aide d’un bâton, il balaye vigoureusement les branchages qui se mettent en travers de son chemin tout en repensant à Ange… ou Lucie ? Elle n’avait même pas pris le temps de lui expliquer les origines de cette soudaine mutation formelle. Des semaines que Keyfeya et lui devaient la retrouver, qu’elle écrivait son mal être… et alors qu’ils étaient enfin réunis … elle fuyait. Et elle fuyait dans l’insouciance la plus totale, cautionnant au passage l’impétuosité excessive de Senese par laquelle il s’était rit de la mort et de la souffrance qui se répand autour du défunt. « Mais tu sais yira j’ai toujours été comme ça » avait elle surenchérit… cette phrase résonne encore dans son esprit tandis que son bras découpe et fait gicler la sève avec une violence décuplée.


Puisque… Slash ! t’es… Slash ! comme ça… Slash et Reslash ! aussi cruche… Slash ! que lui… Slash ! ALLEZ… Slash ! VOUS FAIRE…

La torche s’éteint. Son geste s’arrête. L’obscurité est maître.
Keyfeya
[En chemin…]

La tombée de la nuit, Key avait fait ses premiers pas, quittant la sécurité d’Aurillac. Ombre marchait à sa côtés silencieuse et inquiète.
Elle portait une cape noire et se fondait parfaitement dans la nuit qui commençait, c’était le début d’un long périple.
Un bruit la fit se retourner brusquement.


Yira…. Murmura-t-elle.

Elle se concentra et identifia un léger battement d’ailes. Elle saisit vivement le parchemin apporté, le déroula et ferma les yeux, son visage dépeignant sa tristesse quand elle ne reconnut pas l’écriture de son tendre amour mais celle de Lucie.
La lettre lui redonna quand même un pâle sourire car la belle Lucie lui proposait fort gentiment que Key la rejoigne et qu’une fois ensemble celle-ci prendrait soin d’elle et de sa petite.
L’offre était alléchante pour Key, rien qu’à l’idée de se reposer sur une épaule amie, elle se sentait fort lasse de se battre, d’être forte, d’être seule. Chaque inspiration semblait lui peser comme si elle n’avait pas lieu d’être.
Mais Yira était bien plus qu’une passade, une aventure qu’on oublie, elle avait encore quelques forces et voulait les user pour lui, elle n’abandonnerait pas.

L’oiseau repartit avec cette idée en guise de réponse et Key continua sa marche, ses yeux s’habituant à l’obscurité, elle scrutait les abords du chemin.
A chaque craquement de branche, à chaque souffle dans les feuillages, elle appelait doucement l’être aimé. Jusqu’à ce que son esprit répète inlassablement la rengaine, l’obsession de la jeune femme.

Yira…Yira….Yira…

La nuit avançait à grand pas, elle s’arrêta et entendit la musique d’une pluie douce et sentit l’odeur de la terre humide, les gouttes tombaient doucement puis plus vite comme une cavalcade, assommant Key sous le torrent céleste, elle resserra les pans de sa pèlerine et rabaissa sa capuche sur son visage et continua sa lente et pénible marche.

Elle l’appelait plus souvent, ses pas se faisaient plus lourds, la fatigue pesant, sa cape devenue boueuse et trempée, ses appels se transformant en suppliques. Elle retenait les murailles de son esprit, s’interdisant la pensée.
Le ciel palissait mais ses yeux restaient dans les ténèbres ; ses jambes pliaient doucement sous son poids et celui qu’elle portait. Jusqu’à ce que les remparts cèdent, en pleine campagne, au bord d’un chemin qu’elle ne connaissait pas.

« Où es-tu ? M’as-tu donc oublié ? Ne suis-je donc pour toi qu’une chimère pour que tu m’abandonnes ainsi ? Moi et notre enfant ? Me voilà esclave de mon cœur, et mon cœur ne bat que pour toi. Ne connaitrais-je donc jamais que la douleur de mon cœur qui saigne de t’avoir à jamais perdu ? Où dois-je aller pour te trouver ? Que dois-je faire pour retrouver ton amour ? »

Ses jambes l’abandonnèrent et elle tomba à genoux dans la boue, martelant sa poitrine de ses mains, le visage levé vers le ciel, ses larmes se mêlant à la pluie torrentielle.

Elle poussa un cri de désespoir et hurla suppliante, appelante.



Yira …

Elle s’effondra dans la terre mêlée au ciel, vidée de ses forces, se roula en boule sur le bord du chemin, resserrant son corps sur son petit ventre, le visage boueux, à mille lieues des villes.
Luciedeclairvaux
[De l'art de l'accueil]

Les lettres de Key n’étaient pas rassurantes, et la blondinette se demandait si elle faisait bien de la laisser derrière elle. Mais revenir en arrière, elle ne voulait même pas y penser. Revenir en arrière, c’était nier.

Comme le jour où Senese avait proposé le plan "un pas en arrière, deux pas en avant" ... Oui, c'était peut-être là le déclic. Une lueur de raison dans l’esprit dérangé. Ce qui l'avait décidée à suivre son rêve récurrent : une ville avec un lac.

Pas plus raisonnable, à première vue.

Un lac ? On lui avait dit : par là ! Et elle avait suivi le doigt. Pour un peu d’eau, pour l’élément liquide qu’elle haïssait tant, mais qui la fascinait. Traverser des forêts, à perte de vue. Des forêts pleines de lapins qui commençaient à roussir avec l’arrivée du printemps. Inexorablement, le temps avait posé son empreinte sur les choses et sur les êtres. Inexorablement, l'immaculé s'était transformé, mué peu à peu. Poil après poil, la bête avait perdu sa robe nacrée. Plume après plume, l'ange s'était noirci. Mutation invisible. Noir jusqu'à oser dévoiler ses cicatrices. Dis-moi, dis-moi qu'elles sont fermées et qu'elles sont belles.

Il le lui avait dit.

Elle pouvait donc partir.

Ange portait maintenant le foulard attaché autour de sa taille pour y retenir ses braies, qui devenaient chaque jour trop grandes. Peu à peu. Imperceptiblement.

Et ceux de son rêve, la trouveraient-ils changée ?
Et eux, auraient-ils changé ?…

Elle n'avait même pas fini de se poser la question qu'elle fut arrêtée par une douanière à l'entrée d'une ville inconnue. « Frontières fermées », « laisser-passer », « quitter le Poitou immédiatement ». Mais oui, bien-sûr. Compte là-dessus.

La route n’en finissait plus. Chemins de traverse à demi-déserts. Après les agréables rencontres en Limousin, le Poitou semblait lugubre. Jusqu’au jour où elle leva le nez sur un coin de forêt …

Un petit air de déjà-vu. Un parfum d’elle. D’L. Troublantes réminiscences. Elles étaient passées par là, autrefois. Par là, mais dans l’autre sens. Une boucle était bouclée dans l’arabesque de leurs vies. Une page était tournée. D’autres suivraient, lentement, inexorablement.

Ce soir-là, Zorg lui apparut en rêve. Elle n'était plus très loin.
Yiralyon
La panique commence à monter… Il ne faut pas ! Le sentiment est refreiné tant bien que mal, il attend que les yeux s’habituent à la pénombre et s’engage à faire demi tour. Sauf que dans sa hargne à faire saigner les broussailles, il n’a pas suivi une trajectoire linéaire, ayant choisi ses victimes suivant leur capacité apparente à bien gicler.

Il est complètement paumé.

La panique récidive, il accélère le pas, se mange branches et épines, la peau de son visage se déchire par endroit tandis que ses vêtements se couvrent de lacérations. Le rythme cardiaque martèle douloureusement ses joues maintenant traversées par des filets de sang. Les pieds ont de plus en plus de mal à se défaire de ces ronces qui tentent de l’emprisonner.

Il tombe. La chute est longue et le choc imprévisible...

A son grand étonnement, ses coudes et ses mains rencontrent un sol assez mou, boueux. Ses oreilles perçoivent un très léger clapotis à proximité. Il relève la tête.

La lune se reflète dans un large cours d’eau, offrant un éclairage précieux. Au centre, un petit îlot sur lequel on peut distinguer une ébauche de construction, ou plutôt… les pierres semblent pâles et rongées par le temps. Un vestige en ruine, petite offense à l’immuable.

Le bastion n’est pas très loin. Yiralyon se remet debout, plonge ces bottes dans l’eau et décide de se rendre au cœur de l’abri improvisé.

Un tapis de feuilles parsème l’intérieur de la ruine. Maintenant calmé, il retire ses vêtements trempés, déroule une petite couverture et s’allonge… il fait en sorte que son esprit ne se perde pas lui aussi… il pense à Elle… puis à Elles… il dort…. longtemps…

… le soleil fait craquer la chair meurtrie sur son visage et il a soif. Il se lève difficilement et s’approche du bord, joint ses mains en coupe pour récupérer un peu d’eau. Ses lèvres sont les premières à en profiter, la peau sèche et maltraitée de son visage ensuite. Heureusement que l’eau n’est pas salée.

Après avoir estimé la direction à prendre, il récupère ses affaires et rentre.

Arrivé enfin à Aurillac alors que la nuit va bientôt tomber, du courrier l’attend. Keyfeya est inquiète, il l’a rendue inquiète. Quel imbécile il faisait, elle n’avait vraiment pas besoin de ça. Qu’est ce qui lui avait pris de tout plaquer. Il s’était senti abandonné mais est ce une raison… peut être la folie qui revenait, le fossé se creusait à nouveau… ? Il devait la retrouver au plus vite. Un rapide tour aux écuries lui apprend qu’elle est partie. Sans doute pas en direction du Nord, trop dangereux, ça brigande là bas et on l’aura probablement mise au courant. Le Sud non plus, elle n’avait pas voulu passer par le Rouergue en arrivant, pas de raison que ça change. Est ou Ouest ?

Direction Tulle !
Senese
[Nœud suivant, mauvaise pioche.]

Tapis dans les buissons, les yeux rivés sur la route, ils savent qu’il leur faudra ce soir réussir leur embuscade. La défaite de la veille leur laisse en bouche un goût amer et vrille encore leurs estomacs.
La faim. Des jours qu’ils s’oublient, qu’ils sacrifient confort et besoins à leurs rêves de fortune. De fortune, ou de frisson…
Cette fois Hermès, clément, semble avoir répondu à leurs prières.

Proie facile.

C’est une cavalière, perdue vraisemblablement. En temps normal ce combat trop déséquilibré aurait fait débat. Mais nous ne sommes pas en temps normal. Il la leur faut.
L’arbalète est armée, pointée sur la cape noire qui vient de s’effondrer. Un doigt sur la gâche s’apprête à lui percer le flanc d’un carreau meurtrier. Retenir son souffle, lentement baisser la mire, ajuster. Camarde hésitante ; le temps semble se suspendre dans un profond silence...

...qu'un cri déchire.

Ce nom, cette voix… Keyfeya ! Que pouvait-elle bien se perdre en plaine, seule et dans son état ?! L’arme est posée, la position abandonnée, le brigand inquiet sort du fourré et se précipite.
Dans la boue il s’agenouille près de la jeune femme, par capillarité l’eau imprègne ses braies. Une main glisse sous le capuchon pour trouver la nuque de Key, l’autre lui saisit la taille. Il la redresse avec une infinie précaution. Elle retrouve quelque vigueur, lui se découvre et la débarbouille de son foulard. La toilette révèle un visage exsangue, des traits tirés, traduisant sans doute la fatigue d’une course éperdue.
Pour s’enquérir de son état, l’italien lui saisit les mains : molles et glacées. D’abord la sortir de cette flaque qui draine sa chaleur. Il la hisse et l’aide à se remettre sur pieds. Comme elle est faible ses genoux se dérobent. Un bras long et noueux lui fauche alors les jambes pour l’arracher au sol. Il l’emporte jusqu’à la monture abandonnée. L’eau boueuse ruisselle le long des coudes de Senese : trempée. L'homme est grand, d'une poussée il l’installe amazone sur son Ombre, attend qu'elle trouve l'équilibre.


"Il est parti, n’est-ce pas ?!"

Détresse et lassitude dans le regard de la belle. Les paupières écrasent des iris submergés. Toute réponse est superflue.

"Elle aussi, Key. Une pause, le temps de s’entendre… Cherche Lucie et tu le trouveras probablement lui."

Le pied à l'étrier il monte en croupe, et avec une autorité suffisante pour interdire toute contestation, l’enserre de ses bras et attrape les rênes :

"Mais pour l’heure, je t’emmène à Murat. Tu as grand besoin de te reposer."

Coup d’œil alentour pour rassembler ses compagnons. Seule Salti suivra…
Keyfeya
[Il n’est pas de meilleur endroit pour la foudre pour tomber, que les ténèbres.]

Elle n’avait entendu, ni bruit de pas, ni note qu’une arme dégainée révèle, rien et même si…..elle n’aurait sans doute rien fait. Rien. Juste un silence sombre et la solitude de tout un cœur, un esprit.
Une peau froide qui trésaille, fripée par l‘eau qui ruisselle, par la terre mouillée. On tâtonne, on la fouille surement, un maintien sous la nuque et sur sa hanche la retourne.
Celui-là aura eu beaucoup de chance, elle est une proie des plus aisées. Mais quand les capuches tombent, elle découvre un homme au visage inquiet, emprunt de mille précautions envers elle. Aux traits de son visage quand il la regarde, elle se dit qu’elle ne doit pas être belle à voir, même débarbouillée. Quelques instants avant de reconnaitre.

Senese….elle tente maladroitement de sourire, clignant des yeux, elle ne ressent qu’une chaleur diffuse sur sa nuque et sa hanche qui s’en va jouer vers le bout de ses doigts, puis qui vient la saisir sous les bras. Il la tire vers le haut, mais elle n’est plus qu’un corps inerte, une âme sans force.
Puis dans ses bras, d’un geste vif, la chaleur se fait plus présente, lui rendant un semblant de vie. Elle distingue Ombre, le regard inquiet, mais qui semble heureux d’accueillir sa maitresse.

Key s’agrippe comme elle peut, à la selle, à la crinière, grelottante, de sa hauteur, elle regarde maintenant Senese comme une Ombre regarde la lumière. Le silence est là, les premiers mots tombent, une question qui n’en est pas une. Elle ne répond pas, l’ami a déjà compris.


« Elle aussi, Key. »

Bien sûr, elle sait, elle comprend. Elle le regarde, se demandant où l’homme trouve tant de force. Les situations se ressemblent, le comportement différent. Que veut-il lui faire comprendre …? Des détresses similaires ?
Non, elle comprend à la phrase qui suit.


« Cherche Lucie et tu le trouveras probablement lui.»


La foudre s’abat, fissurant son esprit, finissant sa course au milieu du cœur, qui vole en éclats. Pourquoi ? Pourquoi aurait-il suivi Lucie ? La laissant elle….. Pourquoi ces mots ? Que sait-il qu’elle ignore ?
Encore dans ses réflexions, Key n’entends plus, Senese l’emmène, son esprit fou aussi.

Non, non, Lucie a écrit, Lucie sait, Lucie est son amie, elle lui aurait dit si Yira était avec elle, elle ne l’aurait pas trahie, Lucie est loyale, Key est sûre de cela mais…

Une pensée, un souvenir, l’ultime lettre de Yira.
« Ange s’en va, j’aurais eu le temps de rien comprendre……Ne me cherche pas, je vais faire une longue marche dans le BA. Je suis las. Prends soin de toi et de la petite. »

Des hommes, elle en a vu, connu, la plupart des traitres et des lâches. Elle pensait Yira fait d’un autre bois. Il l’a pourtant abandonnée….elle et son enfant…. Comme un lâche….comme un traitre…..S’il préfère les blondes, il va connaitre la colère d’une brune….

La colère…..maitresse…..rose rouge….Elle la sent à présent battre dans ses tempes, envahir la moindre parcelle de son corps, le tremblement de ses mains s’accentue jusqu’à laisser place à une froide et effrayante immobilité, le bleu de ses yeux tirant vers une couleur ciel d’orage.

Maintenant elle connait le chemin, si elle ignore où est Yiralyon, elle sait où va Lucie.

Tour d’horizon vers les sentiers, à la vue de la direction prise, le chemin mène à Murat. Bien. Dans son dos, Senese.

Geste vif, elle fait volte face et saisit en même temps la dague dissimulée dans sa manche, la déposant sur la peau fine du cou de l’italien. Ses yeux dans les siens, Les mots tombent comme des couperets.


Pourquoi as-tu dis cela ? Pour quelles raisons Yira aurait-il suivi Lucie ?
Réponds !
Senese
[Tout doux, Ombre, tout doux...]

Dague. Il avait toujours adoré cet attribut délicieusement féminin, son aisance à se glisser entre les plates d’une armure, à produire les "miséricorde". En dansant sur sa gorge la fine langue d’acier éveille ses désirs morbides. Et voilà qu’il la taquine du menton, repousse et franchit le fil, lèvres sur la pointe, funambules ; puis sourit en sortant de cette malsaine contemplation.

"Keyfeya ressuscitée…

Puis plus ferme :

Ne soyons pas naïfs, veux-tu ?! Il ne voulait pas que j’emmène Lucie en plaine, notre dernière rencontre en taverne fut plutôt houleuse. La porte a claqué et c’est la dernière fois qu’on les a vus à Aurillac. J’ignore ce qui s’est passé ensuite, mais je constate : Ils sont partis le même soir. Une pause.
Ils ont une belle complicité, Key. Secrètement, je l’ai toujours enviée."

Et comme dans l'abandon de la jeune femme la lame se fait moins pressante, il engage Ombre sur la route de Murat.
Yiralyon
La chope qu'il tenait dans ses mains se brisa en un instant. Il avait du mal à encaisser le non dit de la lettre qu'il venait de recevoir. Il était en train de la perdre.

Prenant plume et parchemin, il écrivit une réponse aussitôt.


Citation:


Pourquoi tes mots me fouettent, comme animés par la haine ? Et de qui parles tu, qui est « celle que je cherche » ? Je n’étais parti trouver personne si ce n’est moi-même. Toi et l’enfant, notre fille que j’ai vu, êtes tout ce qui compte pour moi, tu n’as rien d’autre à penser nous concernant.

(...)

Mes doigts jouent avec la chevalière dans un coin sombre d’une taverne, je l’enlève parfois pour lire ce que tu as fait graver. « Chaque battement de ton cœur me prête vie ». Seul, loin de toi, chaque fois que tu occupes mes pensées m’empêche de sombrer. Je pense chaque seconde à toi, ne me hais pas.

Yiralyon


Ange lui avait fait parvenir une lettre incompréhensible. Elle se réjouissait qu'il ait pris la bonne décision et que Key et lui se rendent à Saumur. Du fait de sa dernière entrevue avec elle, il aurait normalement jeté la missive au feu pour ne pas avoir à y repenser. Mais les mots qu'elle contenait étaient précieux... Limoges était à deux jours, sa prochaine étape.
Keyfeya
[Quand la colère mène le débat....]

Le bras avait failli partir, coupant net à la conversation, elle imaginait déjà le sang gicler de la plaie béante qu’elle aurait fait, au lieu de cela elle l’avait foudroyé du regard lui donnant l’ordre de se taire, elle s’était retournée serrant toujours la dague dans sa main et avait attendu l’arrivée à Murat, silencieuse, étrangement calme, elle s’était fabriquée un masque de marbre pour affronter l’avenir.

En ville, elle avait pris un bain dans une rivière du coin, à la chaleur de pâles rayons de soleil, elle avait noué ses cheveux noirs en un épais chignon, maintenu par un ruban rouge, elle avait lavé ses vêtements, et avait rangé la barrette ainsi que l’émeraude ornant son cou dans son sac de voyage.

Elle avait laissé Senese en ville, pour continuer seule, elle était allée au pas jusque Ventadour, se donnant le temps, et là, un pigeon gris avait fait son apparition, Yira réapparaissait comme par magie, les morts écrivaient donc….la réponse fut cinglante, elle le remettait dans ce qui semblait être ses priorités.

Puis elle avait écrit à Lucie rapidement, la prévenant de son arrivée, à partir d’ici, elle commençerait un galop jusqu’à son arrivée près de Lucie, elle avait recroisé Senese dans les ruelles de Ventadour , qui lui avait demandé de l’emmener lui et son groupe jusqu’en capitale, elle avait accepté, cela ne la retarderait pas plus après tout et même si ses mots étaient comme des coups de poignard dans le cœur de Key à chaque fois qu’il évoquait Yiralyon et Lucie, il l’avait ramassé sur le bord du chemin. Elle s’était donc arrangée pour trouver une charrette et avait attelé Ombre , à quatre sur son dos, la pauvre bête aussi forte soit-elle n’aurait pas apprécié.

Juste avant le départ une réponse de Lucie lui était parvenue, elle semblait croire que Key avait retrouvé Yira et qu’ils la rejoignaient tout deux, ensemble, elle sourit amèrement et rangea la lettre dans sa poche, elle prendrait plus de temps demain pour lui expliquer, elle se demandait déjà comment elle allait formuler cela, elle ne voulait pas froisser son amie.

Le temps et le vent devaient se prêter aux vols de pigeons, car elle reçut également une réponse à trois mots qu’elle avait envoyés plus tôt.
La lecture la mit hors d’elle, si elle avait été à Périgueux, elle aurait couru aussi vite que possible dans sa forêt, laissant les branches fouetter son visage avec violence, laissant couler son sang comme si cela devait l’apaiser mais elle était à Ventadour au milieu de la place du village…, trois arbres se battaient en duel…..un seul suffirait…. Elle s’approcha d’Ombre et saisit une hache de sa confection dans la sacoche de flanc, elle laissa le parchemin en boule dedans, elle se dirigea vers un gros bouleau qui ornait la place, la hache vola en un éclair et s’abattit rudement sur la base du tronc, tant de temps à débiter des stères à Périgueux l’avait aguerri, d’autant plus que c’est elle qui fabriquait des haches maintenant. Elle continua avec toute sa rage, jusqu’à ce que l’arbre cède et s’étende lourdement sur la terre battue.

Elle repensa à ses mots.


Citation:
Toi et l enfant, notre fille que j’ai vu, êtes tout ce qui compte pour moi, tu n as rien d’autre à penser nous concernant.


Comment pouvait-il oser lui mentir ainsi ?? Comment pouvait-il être aussi faux ?? Comment osait-il lui dire que penser ?? Etait elle donc un pion, un jouet qu’on manipule entre des mains expertes, elle ne lui ferait pas l’honneur d’une réponse, elle retourna vers les autres, claqua la hache au fond de la charrette.

En route !
Luciedeclairvaux
[Saumur, v’la la folle !]

Lucie, elle, était aussi changeante qu'un ciel de printemps. Du chagrin de leur dispute, elle était passée avec aisance au bonheur de le revoir. Avec sa douce, de surcroît, ce qui ne faisait qu'ajouter à sa joie. A réception de la lettre de Key, persuadée que ce revirement de situation ne pouvait être dû qu’aux retrouvailles des futurs parents, (et non à une petite phrase assassine sortie d’un esprit fou), elle s'empressa de leur répondre à tous deux, pour dire combien elle était heureuse de les retrouver à Saumur ! Ainsi, le nom de Saumur fut écrit, sur deux lettres différentes. Deux pigeons séparés, pour ce couple soudé, c'était idiot, mais ils avaient toujours ainsi fait. Elle leur écrivit donc séparément, certaine que les deux volatiles feraient route unie dans leur tâche commune.

Saurait-t-elle un jour que, cette fois, les deux bestioles avaient disjoint leur vol à quelques lieues d'ici, l’une allant vers Tulle, et l’autre vers Limoges ? (oui, les pigeons rresques sont ainsi faits, prenez une carte si vous êtes perdu ^^)

Insouciante et toute à son bonheur égoïste, elle reporta son regard sur la plaine qui s’étendait devant elle. Au loin, un lac et l’enceinte d’une ville déjà traversée naguère … Saumur.

Si elle avait su que ses pas la ramèneraient ici, et bien …elle l’aurait quand même faite, toute cette route. Pour ce que le chemin parcouru lui avait apporté, pour les rencontres, les tourments et les joies. Pour les doutes et les apprentissages, et pour les derniers voiles de sa raison qui s’étaient déchirés, là-bas, et étaient demeurés accrochés aux sommets tranchants des Pyrénées lointaines.
Voilà, tout était simple ... dans le monde de Martine*.
Elle retrouverait les Flamands.
Yira et Key la rejoindraient.
Une petite fille naîtrait.
Et les tavernes saumuroises vibreraient de leurs rires et de leurs espoirs …

C’était sans compter sur l’étrange entremêlement des destins et des routes.
C’était sans compter sur les rencontres à venir. Des rencontres aux teintes plus carmines …
D’autres espoirs communs …une province protectrice, fief de liberté, terreau d’idées nouvelles. Changer le monde avant qu’il ne nous change. Faire taire les faucheuses et les manigances sourdes. Se complaire à la lueur d’une seule étoile … Libertad !


(*L'Auberge Espagnole)

_________________
Laudanum
[Espoirs, pertes, retrouvailles et séparation (mieux que les feux de l'amour sisi!)]

A Saumur l'agitée, le calme régnait parmi la foule de badauds. Un silence de mort, perceptible uniquement dans le coeur las du poison, qu'elle tentait de recouvrir par le bruit des tavernes, et de ces fous d'angevins. Elle arpentait chaque jour les taudis de la ville, découvrait chaque jour de nouveaux personnages, confrontant son tempérament de glace aux leurs, avec plus ou moins de loquacité, selon la quantité d'alcool ingurgité, et il devenait temps de se rendre à l'évidence : Zorg n'était pas là, son Z l'avait abandonné, quelque part au delà des murailles de l'autre monde, ou était-il simplement retourné auprès de ses cochons, et de sa princesse ambitieuse. Aucune de ces hypothèses n'apaisait les spasmes de ses entrailles, mais la première lui semblait peu probable. Ces lignes écrites quelques temps plus tôt , elles ne pouvaient qu'avoir été écrites de sa main, trop personnelles, trop. Il la punissait d'être partie, de n'avoir pu supporter la vue de son corps mutilé, et il avait raison. Elle ne le méritait pas.
Un soir, après un lancer de dés, elle avait décidé de tuer ses espoirs, de répondre aux attentes de son corps endolori, mêlant ses cicatrices à d'autres, aussi profondes, et silencieuses...

Et puis il y avait eu cette blonde, qu'elle observait discrètement pendant le voyage, frappée par la souffrance des uns, blessée par sa propre souffrance...

Laudanum n'était pas du genre à se faire des amis, ce mot n'avait d'ailleurs aucun sens pour elle. Les amis, ca va, ca vient, ça attend quelque chose de vous , ça exige une fidélité proche du fantasme, et ça trahit aussitôt que la confiance naît. Les amis vous tuent, et elle n'avait pas envie de mourir si tôt, pas de cette façon. Il y avait bien ceux qui étaient là, indéfectibles, comme des arbres enracinés sur un sol fertile, abreuvés par des affinités communes, ou une sorte de fascination, de lien invisible, jamais revendiqué. Comme Kat et l'élégance de sa pensée, ou la Blanche flamboyante, et la certitude de sa propre existence, et d'autres, comme Doudou, amant d'un jour, partenaire de jeu reconverti à la sagesse, ou la Féline, son alter égo, plus dure en apparence, mais sans cynisme, pas encore désabusée. Et il y avait Lucie...
Lucie était comme une averse au milieu d'un désert. La chaleur d'un feu de camp sur une étendue de glace. Cet ange à la blondeur des blés était son âme soeur...et son coeur la chérissait au delà de ce qu'il pouvait battre.

...Cette blonde là n'était pas dénuée de sensibilité, et par certains aspects, elle ressemblait à Lucie. Ce fut sans doute pour cette raison qu'elle nourrît un certain attachement pour elle. Une noble, une Penthièvre, mais d'une noblesse dénuée d'attirails, un esprit toujours au bord, à vous refiler le vertige, et à vous entraîner dans sa chute, pour mieux sauter à nouveau. Elle s'était laissée approcher par cet oiseau chantant sa complainte d'une voie fluette, et elle commençait à s'habituer à sa présence. Elle s'engluait dans le piège de l'amitié, prise dans la toile d'une schyzophrène, malgré elle.

Et c'est alors que Saumur s'illumina, et qu'elle retrouva Lucie. Foutue comme un mirage, silhouette gracile au sourire éthéré. Ce fut comme si elle était à nouveau entière, complète. Elles deux réunies, elles pouvaient conquérir le royaume et les océans, elles avaient tout à gagner, ensemble.
Lentement elles retrouvaient la vue, ranimaient les souvenirs. Les doigts se mettaient en quête d'une mèche de cheveux, éprouvant ces sensations passées, réapprenant à vibrer le long d'une nuque au grain de peau si fin. Leurs regards se plongeaient l'un dans l'autre, mélangeant leurs émotions en une myriade de couleurs, peignant souvenirs et aspirations.

Oh...ma Lucie! Soupirait-elle sortant d'un profond coma. Je ne te quitterai plus!

De mots, elles n'avaient quasiment pas besoin, se comprenant au travers de gestes tendres, leurs yeux pouvant exprimer tout ce qui valait mieux être tu.
Lucie avait compris aussi, comme Laud s'était attachée à Fitz, remarquant son inhabituelle complaisance. Elle ne saisissait aucune perche lorsqu'il s'agissait de la jeune femme, se montrant souriante, presque familière à son égard. Lucie était Lucie, aimante, tolérante, dissimulant ses sentiments lorsqu'ils pouvaient heurter ceux qu'elle aimait, préférant la fuite à l'affrontement, la rupture aux explications. Elle ne dît rien de cette complicité marquée, comme laud se tût aux mots de départ d'une rouge de passage...

Mais les hommes sont ce qu'ils sont, et les femmes ne dérogent pas à la règle. De fils en aiguilles, de mots aux allures anodines s'échafaudaient plans de démolition, et cette complicité vola en éclats au terme d'une soirée bien arrosée. Sensibilités exacerbées, fierté portée trop haut, chauvinisme primaire...les raisons ne manquaient pas, mais la jalousie semblait prévaloir ici, et elle eût raison des deux femmes. Le poison le savait, l'amitié était une connerie, et elle en avait confirmation ici. La blonde l'avait trahi, mais sa blonde à elle s'était jetée dans la mêlée, traitant l'odieuse reine mère de morue, insultant par là même toute une famille à la particule aussi lourde que leurs certitudes. Fitz envolée, celle ci se ravisa, rentra les griffes, satisfaite de son oeuvre, et se montra sous un jour plus consensuel, comme une habile politicienne, la soif de pouvoir coulant dans son sang. Le poison, habitué aux fourberies ne l'entendit pas de cette oreille, la considérant de fait comme une véritable morue, et elle ne se gêna pas pour le clamer haut et fort. Ce qui provoqua sa colère, et elle se leva pour aller gifler Laud. Qui cogna au passage et fut cognée à son tour par un postulant Penthièvre. Lorsque tout ceci prit fin, Laudanum sourit, car dans toute cette cacophonie, elle n'entendit rien d'autre que le vacarme, pas de silence persécuteur, rien que du bruit, et la douleur des hématomes.

Laudanum était redevenue démon, paria à Saumur, mais heureuse d'être ce qu'elle était, vivante, et passionnée!
Luciedeclairvaux
Les tavernes avaient vibré, ça oui ... mais pas d'ondes positives !

Lucie ne se fiait qu'aux gens, qu'à leurs âmes profondes, et à ce qu'ils imprimaient sur son instinct à fleur de peau et dénué de raison. Familles, particules, guildes, ordres, ne l'intéressaient pas. Si elle appartenait à un groupe, elle ne se présentait jamais avec une étiquette. Elle était libre et entendait qu'on la vît comme telle. Ce qu'elle avait lu ce soir-là dans les phrases assassines et les regards sombres, n'avait rien à voir avec la noblesse : la jalousie vous ramène au sol la plus couronnée des têtes puissantes. On redevient animal.

La duchesse locale ne dérogeait pas à la règle, et pour déloger l'importun poison, usa de tout son fiel. L'enjeu ? une ravissante demoiselle qui semblait rayonner, la veille, dans l'aura de sa brune. Chose que Lucie avait accepté avec naturel.

Quand la petite demoiselle à l'éventail claqua la porte, la Duchesse abattit ses cartes, le sourire aux lèvres. La petiote perdit quelque peu de son flegme. Le plan était machiavélique. Et, comme au bon vieux temps, les coups fusèrent, les insultes plurent. Le Démon se démenait, et Ange prenait sa défense sans se poser de question, vite rattrapée par les ailes par un traitre d'écossais ...

Jetons un voile pudique sur la suite de l'histoire que les langues saumuroises se chargeront de transformer à l'envi et de colporter sans remord^^


Deux jours avant, Lucie avait débarqué à Saumur. Par bonheur, elle avait déjà pu se rendre compte que la ville, quoique chahutée par les nouveaux venus, n'était pas à l'image de cet incident. Retrouvailles avec quelques rouges. Rencontres nouvelles.

Et tout à coup, sa bouffée d'air, son double retrouvé. Lauda était entrée et le monde s'était arrêté de tourner. Les doigts qui se délient ... oubli. Oubli de cette longue boucle qui les avaient éloignées. Oubli des précipices glacés et des marécages glauques. Te casses plus jamais sans moi ... Une larme avait roulé, tout était dit. Les souffrances, les doutes, les regrets, le pardon accordé peut-être ?... Lauda, plus enflammée que jamais, arborant sa noble épée, fière brune aux courbes parfaites, là, devant les yeux clairs de la petiote, pétillants d'envie et d'admiration.

La clé est sous l'pot d'fleurs, avait redit comme la veille, le tisserand à Lucie. Il avait dû être surpris en retrouvant dans sa cahute deux donzelles endormies au lieu d'une.
L'endroit était calme. Ca sentait un peu l'écurie voisine, mais elles ne payaient pas le loyer, fallait pas se plaindre. Et si le rouquin faisait bien la cuisine, elles resteraient un peu. Après tout, l'Anjou, malgré les têtes de pioche ou grâce à elles, était un fief de liberté, une protection pour les âmes libres. Un îlot inespéré.

_________________
Katina_choovansky.
(RP multijoueurs)

Pendant ce temps, à Dieppe



Dans les rues de Dieppe, mais très vite dans les catacombes


Citation:



Aimbaud rentrait de la taverne où il était allé s'esbourbir au milieu des gueux - le mot s'esbourbir ne veut strictement rien dire, alors cessez de froncer ce sourcil d'un air dédaigneux et continuez plutôt votre lecture - quand était arrivé l'incident
.

Mais quel incident ?

Et c'est ainsi qu'Aimbaud fit une entrée triomphale dans la narration, laissant le lecteur complètement perdu.

Ah euh... la ! lalala.. la la !

On remerciera Aimbaud pour cet habile changement de sujet. D'ailleurs personne n'a rien remarqué de ce fâcheux intermède, et la narration peut reprendre son fil disgracieux avec plénitude et sérénité... Mais qu'est-ce que je raconte...

Ainsi Aimbaud rentrait de la taverne, l'oeil brillant et le talon titubant, heureux en tous point d'avoir bu à l'oeil et à l'écu de ces affreux dieppois qui peuplaient les rades du port, quand il arriva devant sa porte. Qu'il poussa ! Oh, le malotru.
Ladite porte s'ouvrit et Aimbaud entra d'un pas décidé, la jambe roide et le pied assuré, dans le but de toucher le sol. Oui, c'est un but comme un autre. Il faut bien des buts dans la vie pour avancer... Mais le sol, ne trouva point.

Car en fait : c'était un escalier. Non ?

Aussi Aimbaud perdit il l'équilibre qui lui était si précieux, et se ramassa la gueule dans le couloir alambiqué qui s'enfonçait dans d'obscures profondeurs inconnues. Sa descente aux enfers fut ponctuée de cris virils :

Aïe !...

Ouh !

ATCH !...

Grumph !

OUAïe !


Arrivé en bas, les fesses sur la tête (car il était souple), il se rendit compte... qu'il s'était trompé de porte. Et que l'endroit où il se trouvait sentait le rat putréfié mitoné avec du camembert séché. Ce qui -on en conviendra - n'est pas un repas ordinaire...



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Quand il voulu se remettre sur pieds, Aimbaud entendit un craquement sinistre. Il se dit : "Mais sur quoi ai-je bien pu marcher ?", ceci juste avant de ressentir une immense et insoutenable douleur dans la cheville. Car, croyez-le, croyez-le pas, le bruit étrange provenait de son articulation.

Ne pas paniquer ? Ne pas paniquer ! Ne pas paniquer.


AAAAAAAAHHHHHH !


Il avait paniqué.

NOM D'UN P'TIT BONHOMME EN PAIN D'EPICE DE SA MERE ! J'ai maaaaaal !...

Mais Aimbaud était courageux !

Vraiment ?


Aimbaud était un héros.


Quoi ?

Aimbaud n'avait peur de rien, et sûrement pas d'une petite entorse de rien du tout, qui ferait à peine frémir le poil d'un cul de mouche.

Ben...

Alors Aimbaud avait-il quelque chose à ajouter, avant de reprendre sa route ?

Hum. Non non.

Aussi s'appuya-t'il contre le premier mur venu - les murs, on peut toujours compter sur eux - et saisit une canne qui traînait là pour s'en servir de béquille. A la canne, il ficela un cordon de sa chemise, comaté avec de la cire d'oreille et des cheveux tissés en macramé pour faire un coussinet confort sous son épaule. Il ajouta une guirlande de petits cailloux pour la décoration.
Ceci fait, il fit face au chemin qui l'attendait : une marche.
Derrière la marche, il y avait une autre marche.
Plus haute, plus imposante.
Et derrière l'autre marche, il y avait encore une autre marche.
Bien plus haute, bien plus imposante.
Je vous épargne les détails, mais en gros ça continuait comme ça jusque très haut... Et ça fit peur à Aimbaud, plus précisément à la cheville d'Aimbaud.

Bon ben... Quand il faut y aller ! Faut pas y aller par quatre chemins. Donc le mieux c'est de choisir le bon chemin. Un chemin facile, cool, sympa. Ouaais. Hum... On va voir si y'a pas une autre sortie par là-bas.

Aimbaud parlait peut-être seul, mais le lecteur l'écoutait. Alors il se dirigea dans un osbcur couloir aux voûtes incrustées de têtes de morts, en cherchant un panneau "exit".


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[Tout seul dans le souterrain. Moment de solitude.]

Aimbaud mettait un pied devant l'autre, devant la béquille, depuis un bon moment déjà. Ca faisait donc : pied pied béquille, pied pied béquille, pied pied béquille. Et en fond sonore ça donnait quelque chose comme... Tap tap pom ! Tap tap pom ! Tap tap pom ! Un rythme, on en convient, fort entraînant, qu'on pourrait comparer à une bonne basse de jazz anachronique. Je n'ai pas dit "Jazz électronique", soyons d'accord, bien que je cautionne ce type de son d'une qualité rare et mélancolique. Mais ? Ne suis-je pas en train de m'égarer...

Aimbaud progressait dans le souterrain.

Quelle étrange Nekyia effectuait-il là ! A passer sous des porches en ossements humains, à se frotter à de sales tombeaux - qui ne s'offusqueront pas de cet adjectif - ou encore à marcher dans des crottes de rats et à trébucher sur des bouteilles de calva oubliées là par quelque fantôme alcoolique.


Oh ! mais que vois-je.

Oh ! Mais que voyait-il ?

Narrateur, ô narrateur. Arrête de jouer au con et éclaire-nous plutôt.

Mais le narrateur avait perdu son briquet... Non hé, je déconne. Pas taper ! Bref, Aimbaud venait d'apercevoir une sorte de lueur. Hum... Comment dire. Un halo, un vague machin brillant. Quelque chose de difus, pas net, qui brille dans le noir.

D'accord, je vois.


Intrigué, il prit cette direction et il vit, au détour d'une colonne de fémurs... STOP. Retour en arrière. Colonne de fémurs : nom féminin. Colonne : Sens 1 Pilier de forme cylindrique, souvent avec une base et un chapiteau. Non mais je précise parce que vous, vous pensiez certainement à ceci : Sens 2 Ensemble des vertèbres articulées formant un axe osseux du crâne au coccyx. Je le savais, c'est le mot "fémur" qui induit en erreur. STOP. Avance rapide.

Intrigué, il prit cette direction et il vit, au détour d'une colonne de fémurs, un groupe de gueux au milieu desquels s'étripaient deux gueuses. Aimbaud, d'un naturel aimable et très naïf, souleva sa béquille pour les saluer :


- Bonsoir ! Gentes gens. Euh. Sauriez-vous, par un hasard fort propice (je ne parle pas d'urine, hihi) m'indiquer la sortie de ce charmant labyrinthe squelettique ?





Dans les rues de Dieppe

Citation:


- « Prête ? », demanda Katchoo.

Blanche hocha la tête en ajustant sa besace sur sa hanche.

- « Quel est le programme ? »

La jeune femme sortit son guide touristique et lut à voix haute :

- « Dieppe, première ville que vous rencontrerez en arrivant de l’Artois, est une cité portuaire paisible bien que solidement armée. En effet, moult soldats surentraînés patrouillent sans relâche le long de la frontière, prêts à pourfendre le moindre voyageur belliqueux. Leurs épées affûtées et leurs flèches acérées transpercent les armures les plus solides…"

La jeune femme s’interrompit et poursuivit sa lecture silencieusement, tourna une page, puis deux et reprit :


- « …qui fait que les honnêtes citoyens n’ont rien à craindre de la vaillante armée Normande.
Vous pouvez commencer votre visite par l’une des nombreuses distilleries de Calva, véritable élixir du duché, où sont pratiquées plusieurs dégustations par jour… »


Katchoo releva le nez pour voir ce que Blanche en pensait.

- « Je propose de finir par le calva… Si on commence avec on n’ira jamais plus loin que la première fabrique… »
- « T’as pas tort, d’un autre côté, faire la visite de la Grotte aux huit statues de lichen par la vieille Lucette peut être fascinant avec un coup dans le nez… »
- « Pas faux »
- « Les catacombes de Dieppe offrent de nombreux frissons aux voyageurs en quête d’aventures. Réputées dans toute la Normandie pour leurs centaines de tunnels et les fresques laissées par les bâtisseurs, elles sauront vous laisser un souvenir impérissable… Attends, y a un astérisque… »

Katchoo plissa les yeux pour décrypter les caractères :

- « La ville de Dieppe décline toute responsabilité pour les attaques, vols, pillages, violences et diverses agressions perpétrées dans les Catacombes de Dieppe. Nul procès ne sera entamé par les voyageurs malchanceux, qu’on se le dise.
Voilà un endroit où il ne faut surtout pas aller avec un coup dans le nez… »,
observa finement Katchoo.

- « On commence donc par là ? »

La brune hocha la tête et les jeunes femmes se mirent en route.
Un quart d’heure plus tard, ce fut l’odeur qui leur confirma qu’elles touchaient au but.
Acre, irritante, enrobé d’effluves inidentifiables tant elles étaient putrides et concentrées…

Les flamandes s’arrêtèrent prés d’un portail ou un écriteau usé annonçait clairement la couleur.


« Dieppois imprudent rebrousse chemin ! Tu entres ici en Enfer »

- « Oui, mais nous, on n’est pas Dieppoise… »
- « Et on n’est pas imprudente ! » renchérit Blanche en extirpant une bouteille de calva de sa besace.
- « CQDF comme dirait l’Autre. Allons y alors… »

Blanche descendit la première volée de marches, suivie par Katchoo. Les deux jeunes femmes pénétrèrent dans les Catacombes en silence, laissant leurs regards courir sur les empilements de crânes, les orbites vides les fixant d’un air torve…

- « J’entends du bruit », signala la flamboyante brugeoise, une centaine de mètres plus loin.

Elles arrivaient à un espace plus vaste quand une ombre surgit de nulle part les bouscula en courant pour disparaître derrière elles. Elles débouchèrent dans une cavité assez vaste, découvrant un vieil ivrogne en train de glousser, une gamine crasseuse armée et un môme sur béquille…


- « Mince, j’espère qu’on dérange pas une réunion de famille », marmonna Katchoo.




Dans les catacombes


Citation:

Le sourire d'Aimbaud - un sourire ultra-bright qui traversera les siècles pour inspirer un pauvre écrivain anglois qui fit des merveilles avec Alice dans son pays, créant ainsi le "Cheshire Cat", (prononcer "Chéchayeur cat", C.C pour les intimes - le sourire d'Aimbaud disais-je, resta un peu figé. Il venait de se prendre une raffale, un bon gros vent bien décoiffant. Mais Aimbaud ne se décoiffait pas si facilement. Niark.

HUM ! quelle douce brise, fit-il sur un ton bien ironique.

Quel souffle rafraîchissant
! fit-il encore en appuyant bien le propos avec ses sourcils.

Ce vent est BIEN savoureux, hum hum ! fit-il derechef, en haussant le ton comme quand on dit "Je mets mes chaussettes...!" dans la contine "Promenons-nous dans les bois" et que les enfants demandent "Loup y'es-tu ?". Celui qui dit "Je mets mes chaussettes" est alors évidement le Loup - bien qu'il soit peu probable qu'un loup porte des chaussettes - mais c'est pour le rendre plus attachant. Euh... où en étais-je ?

Comme cette bourrasque était délicieuse ! VRAI-ment. Continuait Aimbaud, qui devrait peut-être s'arrêter maintenant...

Que ç...! Hum. D'accord.

C'est à ce moment que les yeux d'Aimbaud tombèrent - il les ramassa - sur deux touristes au fond du souterrain. L'une brune, l'autre rousse, avec un air flamand, rose. Sa mâchoire tomba, il du aussi la ramasser.

Ex... exc... excu...


Aimbaud allait peut-être parvenir à une phrase, mais le lecteur n'allait pas devoir manquer de patience.

AH ah, très drôle, fit Aimbaud en oubliant totalement qu'il parlait à un narrateur.

Excrement ! méga bull-Excrement ! Grrrrhnm... Excusez-moi, euh, gentes damoiselles (il avait entendu un chevalier errant dire ça à une paysanne blonde-oxygénée, un beau jour où ils eurent plein d'enfants) je cherche des brancardières, une boisson fraîche et la sortie de ces catacombes. Me viendriez-vous en aide ?


Citation:

La gamine crasseuse semblait mal en point mais loin de demander de l’aide, par contre, le môme à béquille les héla sans attendre.

Katchoo allait ouvrir la bouche quand un parfum nouveau envahi la cavité.


- « Rha ! C’est pas vrai, suffit que je vous laisse cinq minutes pour vous retrouver n’importe où ! Qu’est ce que vous foutez là ? », demanda Vanyla en les rejoignant de quelques enjambées.
- « C’est une longue histoire et ça commence par la suprématie de l’armée normande, es tu sure de vouloir l’entendre ? »
- « Non. Venez, on dégage. »
- « Mais attends, et la gamine ? On va pas la laisser avec ce vieux pervers ?... et le môme ? il veut qu’on le remonte. »
- « La gamine , tu l’approches même pas, j’te préviens, tu vas attraper la teigne rien que de la regarder, et lui là… »

La blonde lança un regard équivoque au gamin à béquilles


- « Pas d’handicapés, ça va nous retarder. »
- « Mais enfin Vanyla, on est à même pas cent mètres de l’entrée principale… »
- « J’sais pas, sa tête me revient pas… Hé la rouquine, tu fais quoi ?! Eloigne toi d’eux tout de suite, tu sais pas où ils ont traîné ! »

Blanche, à coté de la gamine agonisante et du vieux bizarre, se redressa d’un bon, la bouteille de calva à la main.

- « Ben, j’me disais, si on la laisse, autant qu’elle boive un coup avant… qu’elle parte dans les meilleures conditions possibles quoi… »
- « Tu vas pas la laisser boire à la bouteille j’espère ? »
- « Non, je comptais lui laisser la bouteille… »
- « Ca nous coûtera moins cher de prévenir la garde là haut. Ils auront qu’à voir s’ils veulent la sauver ou pas, maintenant on dégage, dépêchez vous », céda-t-elle en faisant volte face.

Katchoo jeta un regard au môme et lui fit un signe.

- « Viens avant qu’elle ne te remarque », lui dit elle en vérifiant que la blonde ne l’avait pas entendue.

Blanche resta indécise quelques instants à côté de la gamine allongée au sol


Citation:

(…)

A terre se trouvé Pestilance avec une marre de sang autour d'elle, a croire que finalement c'était elle qui avait perdu le duel. Non loin d’elle, un gamin avec des béquilles et trois donzelles discutaient de chose et d'autre inaudible de sa position. Il fallait dire que la cire humaine qu'il emmagasinait dans ses oreilles n'aider pas.

Bouricot se rafistola comme il put, Remet sa chemise dans son pantalon, retira la poussière et tache comme il put, et remit son chapeau sur sa tête correctement. Bouricot prit son plus beau sourire qu'il put et avança vers tout se beau monde qui venait a coup sur de la surface, vus leur façon de parler et surtout leurs habits. Visiblement la petite troupe commençait à rebrousser chemin, Bouricot les rattrapa aussi rapidement qu'il put avant qu'ils partent

Hé bien, enchanté m’sieur dames!

Il avança rapidement et se cola a la première dame venus sans qu'elle puisse dire un seul mot .


On c'est perdu peut être? z'inquiétez pas Bouricot est la.

Il leur fit un sourire malicieux et passa sa main gauche sur l'épaule de K.tchoo et de son autre main qui n'était visible de personne dans son dos commença a agripper la bourse dans la poche de la dame. Il la vit faire une grimace comme ses amies du a son odeur assez spéciale et en laissa échapper un petit rire



Citation:

Blanche regardait le corps.
Elle débarquait, elle comprenait rien.
Les Catacombes, si elles étaient citées en dernière dans le guide touristique, c'est certainement pour être visitées après les fabrique de calva.

Parce que là, à jeun, c'était difficile de croire à ce qu'on voyait et sentait.
Alors qu'avec un verre ou deux, tout aurait été infiniment plus limpide.

La blonde avait déjà tourné les talons vers l'entrée.
Elle était jamais drôle elle.

Kat, attirait le môme à sa suite.

Et Blanche, elle, était à la traîne. Comme d'habitude ? Comme d'habitude.


La fille, par terre, n'avait pas franchement l'air d'etre en bon etat.
Et ca saignait.

La dernière fois qu'elle s'etait trouvé dans la même situation, c était sur un chemin entre Bruges et Tournai.
Elle pouvait pas se résoudre à la laisser là comme lui disait la Blonde.

Extirpant de sa poche une piécette, car Anvers lui avait appris qu'il pouvait dépendre de sa survie d'avoir toujours une pièce dans sa poche, elle l'appliqua pour boucher l'artère bien ouverte du flanc de la d'moiselle.

Bon ! ben d'jà, ça saigne moins !

Sa bouteille de calva toujours a la main, elle but une rasade avant de l'abandonner dans les mains de l'ensanglantée.

Prévoyante, elle etait partie en visite avec sa besace.
Elle extirpa la chemise de Ticul et s'essuya les mains dedans.

Au fond de la besace, Souris faisait des drôles de bruit.
Genre alarme de char.

D'ac ! on y va !
J'ai compris !
Arrete tes grincements de dents, j'ai dit qu'on y allait !


C'est en posant les yeux sur Kat, dont les épaules étaient entourées de bras qu'elle ne connaissait pas, que Souris daigna enfin d'arrêter ses grincements.

Heu ... Kat ...
C'est ton nouvel ami ?
demanda Blanche intriguée.

Blanche courut pour les rattraper, Kat et le môme inexistant, ainsi que le nouvel ami de Kat, la blonde étant devant, à faire sa tête de mule.

On fait quoi maint'nant ?
La fabrique de calva du quartier Nord ? C'est la plus proche d'ici !
L'autochtone, tu nous conseilles quoi ?





Vers la surface. Un groupe de touristes.


Citation:
Aimbaud clopinait derrière une brune, devant une rousse, suivant une blonde. Il était aux anges de son inexistence. Et si la pré-vie devait toujours ressembler à ça - une marche dans un souterrain lugubre entre trois bombas aux chevelures chatoyantes - Aimbaud ne devait plus être si pressé de voir la fusion de l'ovule de maman et du spermato de papa, qui sonnerait l'heure de sa venue. Peut-être même songeait-il à cet instant, avec un soupir enfantin, qu'il serait doux de finir en fausse-couche.

C'est sur cette note grotesque qu'Aimbaud, le coeur léger, la béquille altière, se mit à fredonner l'air d'une chanson *:

La la la laaa lala lala...

Ainsi poursuivit-il jusqu'au troisième couplet :

Lala lala la la la laaa...

Quand il fut interrompu par le timbre illisible d'une des femelles :

L'autochtone, tu nous conseilles quoi ?

A tout bien réfléchir... fit Aimbaud. Vous seriez peut-être choquées en ouvrant les portes de la fabrique.

Vous savez, fit Aimbaud. Les dieppois ont l'hygiène en horreur... Oseriez-vous boire encore de la dive liqueur après avoir assisté aux méthodes de sa fabrication...!

Alors, fit Aimbaud. Le narrateur adore abuser des "fit Aimbaud". Pourquoi ne pas aller plutôt se bourrer la gueule dans une taverne ?

Fit Aimbaud ?


* : il en faut peu pour être heureux


Citation:
En effet, Katchoo grimaça.
Les dents noires et ébréchés du vieux s’affichèrent en gros plan devant ses yeux…

Un instant, un fugitif et sagace instant, elle eut une pensée pleine de compassion pour lui…
Pauvre vieil homme, comment aurait il pu savoir ?
Comment aurait il pu imaginer les conséquences de ce simple geste… Un innocent petit vol qui aurait pu passer inaperçu s’il n’avait pas posé cette main crasseuse sur son épaule blanche…
Bien sûr qu’il ne pouvait imaginer que la jeune femme connaissait un nombre incalculable de façons de vous attraper par les trous du nez pour vous clouer au sol
(voir fiche perso) …

Mais l’instant magique s’évapora en une fraction de seconde pour ne laisser place qu’à cette vision d’apocalypse… Un vieux tout dégueulasse venait de lui mettre la main sur l’épaule… St Tupi seul savait où elle avait traîné…

- « Dis donc le vieux, je te le demande gentiment une première fois… tu t’écartes s’il te plait avant que je n’ai recours à la violence », fit elle en se dégageant d’un coup d’épaule.

Sa bourse de « cailloux collectors du tour du Royaume » disparut promptement dans la main du vieux dégoûtant sans qu’elle s’en aperçoive.


- « Et t’évites de recommencer aussi, merci… »

L’autochtone handicapé quant à lui avait retrouvé des couleurs. Il clopinait vers elle en chantant et les avait rejoint, une sorte de figure béate offerte à ce monde ingrat…

Blanche quant à elle, tentait vainement de secourir la gamine. Elle s’était débrouillée comme elle avait pu, allant même jusqu’à laisser sa bouteille de calva.
Elle les rejoignait enfin, demandant conseil au gamin pour la suite de l’expédition, tandis que le petit groupe entreprenait la remontée.

Tout aurait pu finir à cet instant ci, Aimbaud venant de prouver toute sa valeur en proposant d’échouer en taverne plutôt que de s’épuiser en visites touristiques stériles… mais… mais un gémissement à vous fendre l’âme s’échappa des lèvres blêmes de l’enfant au sol :


- « Pi...tié... Hos...pi......tal.... »

Les regards des brugeoises se croisèrent.

- « Bon sang, elle va nous tuer si on ramène les deux », murmura la brune en jetant alternativement un coup d’œil à l’handicapé puis à la presque morte. « On tire à pile ou face ? », proposa-t-elle.
- « Que ferait le Baron à notre place ? »
- « Il les achèverait les deux, c’est un très mauvais exemple, Blanche… »

Blanche grommela, la réponse était sans équivoque. La brune soupira en levant les yeux au ciel et fit quelques pas en arrière.

- « Très bien, très bien. Le môme, », fit elle en désignant, « viens ici… tu vas passer en premier, j’aime pas comment le vieux te reluque », lui expliqua-t-elle en le poussant vers la sortie «… et surtout, en haut, tu occupes la blonde assez longtemps pour qu’elle nous voit le plus tard possible, qu’elle nous demande pas de la ramener ici … » rajouta-t-elle en désignant le corps sanglant à leurs pieds.

Elle se tourna sans plus attendre vers Blanche.

- « Tu préfères quoi, les pieds ou les bras ? », lui demanda-t-elle
- « Les bras. »
- « Comme par hasard… »

Elles soulevèrent la gamine et se dirigèrent vers le tunnel d’où elles venaient.

- « Ah, une dernière chose, le vieux… Evite d’être trop familier avec les gens, un jour ça va te jouer des tours… », lui conseilla-t-elle avant de disparaître dans couloir d’ossements.

Une centaine de mètres plus loin, la lumière du jour pointait doucement.


- « Rassure moi, Kat, les tavernes du coin, y a ni vieux pervers, ni gamins qu’on a saigné, hein ?... »
- « Croisons les doigts… Hé, le môme, arrête de te curer le nez en marchant, t’iras plus vite »



C'est ainsi que Katchoo perdit sa bourse de cailloux, qu'elles rencontrèrent Aimbaud, qu'elles se prirent un gros saxon par Vanyla et qu'elles quittèrent Dieppe
Keyfeya
Voyage rapide sans arrêts, la colère la portait, l’amertume aussi, et la douleur surtout l’habitait même si elle le niait, elle le cachait, souffrance d’une femme abandonnée, elle ne pouvait voir l’avenir et quand elle pensait à son enfant à venir, une grande tristesse la gagnait, en chemin, un soir, elle avait déposé quelques mots de douleur et d’incompréhension sur un parchemin qu’elle lui avait envoyé, elle s’était laissé bercer par sa nostalgie en couchant les mots sur le papier.

Citation:
Dis-moi....qu’est ce que cela fait d'être sans nouvelles?
Et encore tu sais où je suis ou du moins où je vais...

Sens-tu le chagrin t'envahir? La peur peut être? Et la solitude ronger chaque jour la moindre partie de ton être?

Dis moi encore.... comment tu supportes l'absence...cette impression d'être seul sur cette fichue terre....où tout te semble vide ou tout ce qui peut arriver t'est égal, sans gout, sans saveur, sans beauté....

La mort te semble-t-elle plus douce que la vie? Dans l'onirisme de tes yeux la sens-tu qui approche pour venir te délivrer de la terrible douleur?

Non tu ignores tout de ce genre de sentiments sinon tu ne m'aurais point laissé....

Key


A son arrivée aux portes de la ville de Saumur, elle avait hésité, ne voyant pas d’avenir pour elle et sa jeune fille à naitre, elle en était à regretter ce cadeau du ciel, si elle avait été seule cela lui aurait semblé plus simple, un comté en guerre….il y en avait toujours un, elle se serait laissé porté sur un chemin attendant paisiblement une armée de passage qui la délivrerait de sa souffrance, du vide d’une vie sans avenir mais elle portait le poids d’une vie à naitre et cela la rendait folle de désespoir.
Puis elle était rentrée au pas, sans espoir, sans attentes particulières, elle verrait Lucie, elle le lui avait dit, et elle l’avait vu, quand la jeune blondinette lui avait demandé des nouvelles de Yira la réponse avait été tranchante, elle essayait de la réconforter mais Key n’entendait rien des mots rassurants porteurs d’espoir.

A leur tablée, Dame Melior_fee lui avait fait oublier un instant sa douleur par sa seule présence, ancienne comtesse du PA, ce fût pour Key, une odeur de sa terre qu’elle retrouva enfin et elle se lova dans ce souvenir de Périgueux, seule pensée qui la réconfortait encore un peu.
Mais la seule idée qui la taraudait quand elle sortit de taverne, fut la solitude des jours à venir et le néant qui lui faisait face.
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