Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 7, 8, 9   >>

[RP] Les lapins restent-ils blancs au printemps ?

Katina_choovansky.


Carlisle, Angleterre,
Journal de bord de Katina Choovansky
23 Février 1458




Matinée
Droit devant, l’Ecosse.
Enfin non, droit devant, plusieurs grosses armées anglaises et derrière, juste après, l’Ecosse. C’est plus juste.

Arrivée triomphale à Carlisle il y a quelques jours.

Nous désespérions de trouver un bon vieux malotru, un chauvin, ou un tatillon encore. Jusqu’ici, le trait de caractère prédominant chez l’anglais, c’est son extrême amabilité. Au nord, l’autochtone est moins facile à approcher. Que vous soyez un local ou pas, il s’en fout, il lutte déjà contre l’envahisseur écossais, alors la french Touch, il en a rien à carrer. On passe ou un très bon moment, ou un moment de solitude abyssale, où, si vous n’avez pas potassé votre Bescherelle franco/anglais option Voie de l’armée, vous l’avez salement dans l’os pour participer à la conversation.
Note pour plus tard : trouver une nouvelle édition du Bescherelle franco/anglais option Voie de l’armée et laissez tomber le Manuel du Castor Junior

Ah ! Carlisle…

A peine trente secondes de présentation, et on s’est fait traiter de « froggies », puis accuser d’invasion. Il n’en fallait pas plus pour nous mettre de bonne humeur et lâcher enfin le « sale rosbeef » qui n’en pouvait plus d’être retenu au bord de nos lèvres depuis un mois! Ah, joyeuse après midi où l’alcool n’a pas coulé à flot puisque les tavernes étaient à sec, mais où je me suis faite demander en mariage, où nous avons déniché un anglais francophone, où les gens disent « feuk » et où nous avons fini par ne plus rien comprendre tant c’était le bordel dans les conversations…

Soirée très française le lendemain, puisque le lundi, l’anglais ne sort pas. Ca doit être la soirée jeu de société en famille. Bref, nous avons tout de même eu le plaisir de nous retrouver tous les trois, ce qui n’était pas arrivé depuis un bout. Dernières mises au point, achat de tube de cirage pour les bottes d’Oath, lecture de la réponse positive d’Anto capone à notre courrier pour le rencontrer, et une tisane sans Whiskey (on le réserve pour le passage de frontière).

Dans trois jours nous passerons la frontière. A nous les Highlands !


Après midi
Il parait que dans les Loch en écosse, il y a d’énormes créatures marines. Je sais pas si c’est vrai mais déjà que j’étais pas rassurée en prenant le Flanders I (merci qui ?!), je risque de devoir prendre sur moi dés que je sortirai ma barque dans les Highlands. M’enfin, il est pas né le jour où une brugeoise aura peur de la flotte ! Je l’attends de pied ferme, le monstre du Loch, (et pas trop loin de la rive, histoire d’avoir une chance de survivre !)
Note pour plus tard : Essayer d’embarquer avec un local pour la pêche en Ecosse, histoire d’avoir quelque chose à jeter pour faire diversion.

Grosse découverte interrompant la rédaction de ce journal : Le pub a été réapprovisionné en bières !

_________________

Troubadour à la Confrérie
Katina_choovansky.
La brune se laissa tomber les fesses dans l’herbe, haletante, les joues en feu.
La rousse la rejoignit, tombant sur le dos, noyant ses poumons brulants dans de grandes inspirations.
Le blond quant à lui, s’agenouilla lourdement, plantant ses mains dans la colline qu’ils venaient de franchir, les jambes flageolantes.


- « Qui… est… arrivé… pre… mier… ? », demanda Oath.
- « On… s’en fout… », rétorqua Kat version asmathique. « Ouvrez… cette… putain… de… bouteille… de… whiskey… »
- « Oui Oath… qu’on en… finisse… »

Il fallut précisément 11 minutes au trio pour retrouver un semblant de dignité et s’assoir face à l’Ecosse, un godet dans la main.
Le bruit des verres que l’on entrechoque tinta dans la nuit écossaise.


- « Slainte ! », firent les trois voix mêlées avant de se répandre en « Aaaaah », « Ooooh » et « Ouch ! »

S’en suivit un bref silence.


- "Ben alors, il vient ce second service ?", demanda le barbu botté.

Plop !
Cling !
« Aaaaah », « Oooooh », « Ouch ! »
Il fallut les trente deux minutes suivantes aux brugeois pour avoir les joues rouges et l’œil brillant.
Le nez de Blanche se fronça, le regard porté au loin.

- « Qu’est ce que c’est ? », demanda-t-elle finalement en pointant une multitude de petits points lumineux.

La brune délaissa les étoiles pour fixer les loupiottes et se préparait à répondre quand le silence de la nuit fut brisé par une série de sons étranges, voire flippants. Les flamands échangèrent un regard alcoolisé et peu rassuré.
Le son, loin de s’atténuer, prenait en puissance tandis que les lumières vacillantes grossissaient, agitées comme d’étranges vaguelettes, révélant çà et là, des morceaux d’étoffes aux couleurs vives, des jupes diablement courtes.

- « Vous les voyez aussi ? », demanda Oath en avançant d’un pas, se rendant soudainement compte qu’il était seul devant, la brune et la rousse courageusement retranchées dans son dos.
- « Et si vous avanciez, pour voir un peu mieux ? »
- « Mais je suis pas censé être ambassadeur, un homme rare et cher? »
- « Justement, vous êtes ambassadeur, vous parlez en premier, non ? »
- « CORNEMUSES ! », beugla soudainement la brune, frappée par un éclair de lucidité, laissant sa tête émerger de derrière l’épaule de Son Excellence.
- « Les Ecossais ! », enchaina Blanche en comprenant mieux ce flot de jupettes courtes et de sons discordants qui approchaient d’eux.
- « C’est fichtrement chic, les chaussettes qui remontent jusqu’aux genoux… Pourtant, spontanément, j’aurais pas parié dessus… »
- « J’en veux un… »

Les brugeoises jetèrent un coup d’œil à Oath. Elles connaissaient toutes les deux ce regard de fashion victim. Le tartan à motif carreaux avait fait un adepte : Oath venait de tomber amoureux des kilts.

- "D’accord, mais va falloir vous acheter de nouvelles chaussures. Vos bottes montent trop haut et j’ai l’intuition qu’arborer la chaussette à son importance, "le prévint Kat en détaillant leurs hôtes.

C’est donc beurrés, au son des cornemuses, que le 27 février, la Délégation Officielle Flamande rencontra ses premiers écossais aux abords de Dumfries.

_________________

Troubadour à la Confrérie
Katina_choovansky.



Journal de bord de Katina Choovansky
Ardencaple, Ecosse
Mars 1458



Après midi


Bon, commençons par le coté bucolique de la chose.

L’Ecosse, ça dépote.

Les Lowlands, les Highlands… ce drôle de partage démesuré fait dans un même sol que clairsément les tapis de chardons et les lochs…
C’est super beau. C’est vaste, grandiose, vertement aride. Voir le ciel se refléter dans des lacs de 15 à 30 kilomètres, c’est tout simplement ahurissant. On a des impressions de flottement, comme s’il n’y avait plus d’en haut et plus d’en bas.

Voilà, le coté bucolique, c’est fait (Manquerait plus qu’on sache que j’ai chialé devant le Loch Lomond).

Les Ecossais.
Les Ecossais descendent forcément d’une colonie flamande.
Ils sont beaux, forts, bruyants… je pourrais épouser un écossais, d’autant qu’ils sont trop mignons avec leurs chaussettes jusqu’aux genoux, leurs petites chaussures à lacets et leurs jupettes… Je ne parle même pas des Cornemuses, énigmatique instrument sur lequel je ne cesse de m’interroger.
Qui donc a inventé la première ? Comment et surtout, pourquoi ?... Qui est le premier qui a dit « Putain, c’est trop fort ce son, et si on en fabriquait plein et qu’on en jouait tous ensembles ! » ou plutôt « Feucking hell ! ! this sound is awsome !! Let's build plenty of them and play all together. »
J’aimerai serrer la main de cet homme et lui assurer mon éternelle sympathie.
Note pour plus tard : Penser à trouver un exemplaire de « Mes premiers pas à la cornemuse »


Le problème de l’Ecosse, c’est que c’est petit.
Les Highlands semblent infranchissables. Les locaux prétendent qu’il faut avoir du sang de chèvre ou de Kelpie pour y arriver, à moins bien sûr d’être écossais. Autrement dit, c’est hors du circuit touristique, et ce, même si nous arborons (avec particulièrement d’élégance) le tartan à carreaux et les ghillies traditionnelles.
Autrement dit, en 15 jours, on en a fait le tour… surtout quand on vous interdit tout un pan du circuit sous prétexte de manœuvres d’armées d’une importance capitale (peut on m’expliquer ce qu’il y a de plus important que trois magnifiques flamands comme nous ?).

Bref, parce que nous portons sur nous tout le poids de la diplomatie flamande et que la guerre est officiellement déclarée entre Ayr et Glasgow, nous avons accepté de nous faire amputer d'une partie ouest du pays. Conclusion, nous voilà à Ardencaple, prêts à embarquer pour l’Irlande.
Enfin conclusion, c’est vite dit.
Je passe les multiples magouilles écossaises qu’il a fallu tisser de nos petits doigts délicats pour finir par traverser Glasgow sur la pointe des pieds en évitant de chatouiller de trop les armées en faction, et les appuis inattendus des habitants de Larnark qui se sont faits un plaisir de tout mettre en œuvre pour nous assurer une route paisible jusqu’à destination et menacer le comte de Glasgow des pires sévices s'il nous arrivait quoique ce soit.



Soirée.

Nous avons localisé notre bateau sur le port, le Booty, fier navigue irlandais voguant bientôt sur les flots.
Notre capitaine est donc le fameux Anto Capone, dont les méfaits apparaissent moins maléfiques dés qu’on franchit la frontière Ecossaise.

Soyons honnêtes, mais vraiment honnêtes, du Baron ou d’Anto, qui c’est le plus fort ?
Voici un condensé de la longue discussion que nous avons eu avec Blanche ce soir

Beaucoup de points communs pour commencer : toute une armée à leurs bottes, une nette préférence pour le noir, le sang et la force brute, un bras long comme un jour de pluie anglais, un bateau, et un nom qui fait frémir chèvres et pucelles locales…
Mais Anto capone, il a carrément l’Angleterre tout entière au cul, et il a transformé sa ville natale en ville franche, lui…

Alors oui, c’est vrai que l’irlandais a les épaules larges, et certainement une grosse paire de burnes comme vous les appréciez, mais Baron, si vous nous entendez, sachez que c’est quand même vous le plus fort, parce que vous, vous foutez pas des smileys à la fin de vos missives… Non mais sérieusement, comment avoir peur d’un gars qui vous écrit :
“hi,
I will be leaving to go to Ireland within a week or so, if you are interested =)”


Les anglais ont vraiment du thé dans les veines.

Notre place a bord a été monnayée contre une participation active à l’Atelier Rame. J’aurais du mieux apprécier ces trois petits jours de traversée jusqu’à Hastings, car ce sont 14 longues journées qui nous attendent désormais pour atteindre l’Irlande

Oui, quatorze. J’ignore comment nous allons annoncer ça à la cohorte de flamands à qui nous avons assuré notre retour pour fin mars parce que, fin mars, « we will land in either An Gort or Cill Chaoi, on the west coast of central Ireland. =) »
(Joue toi aussi, et devine à qui appartient cette phrase !).

Sacré capitaine… Quand il parle Voyage, faut entendre Croisière. Il aurait voulu nous en mettre plein les yeux qu’il ne s’y serait pas pris autrement !

« La mer d’Irlande, c’est pour les tapettes, et si on allait plutôt voir l’Océan ! =) »
« Chiche ! », avons-nous répondu

_________________

Troubadour à la Confrérie
Katina_choovansky.


Océan Atlantique, à bord du bateau pirate le « Booty »
Journal de bord de Katina Choovansky,
20 Mars 1458



Après midi


Premiers jours difficiles.

Blanche a loupé le bateau.

Saloperie de boutique de kilts roses…

Ce fut terrible… Pour moi autant que pour l’équipage d’ailleurs, que j’ai soigneusement pourri de jurons tandis qu’ils me retenaient de me jeter à l’eau pour rejoindre le port à la nage.
Le cuisinier m’accuse de lui avoir cassé le nez dans l’empoignade qui a suivi, mais je suis de plus en plus convaincue que c’est le gars de la vigie qui a profité de la mêlée pour régler son compte avec lui et sa manie dégueulasse de tousser au dessus de la marmite.
Conclusion, je suis sadiquement condamnée à du rab’ de pudding pour tout le trajet.

Blanche me manque affreusement, évidemment, mais encore plus dans ce genre de moment. Elle aurait su quoi faire pour se venger, elle, alors que moi, j’emploie toute mon énergie à balancer mes parts de puddings par-dessus bord sans me faire choper.

Note pour plus tard : M’assurer à l’avenir de prendre le bateau après Blanche, OU, acquérir de meilleurs reflexes pour sauter par-dessus bord si nécessaire… On n’a pas toujours un capitaine toffiesque prêt à vous filer un coup de pied au cul pour vous dégager du navire.

Nous avons dépassé la mer des Hébrides et sommes engagés sur l’Océan Atlantique. Nous filons à une vitesse tout bonnement prodigieuse. Si nous soutenons ce rythme, nous serons à quai dans une poignée d’heures.

Certains soirs, nous avons droit à tout plein d’histoires de notre capitaine : Les mœurs irlandaises (très alcoolisées et très sanguinaires), les villes franches (et leurs alliés de l’ombre), les bateaux que l’on croise au large (les troupes rebelles envoyées en douce en Ecosse dans un port de sympathisants), la Cité des Pirates (Cill Chaoi), et les chants de pirates. Merci encore à toi, marin sans bateau et sans mer de Kendal, pour cet entrainement intensif, qui m’a permis de briller mercredi en société.
Parce que mercredi, c’était la St Patrick.
J’ai pas trop compris de quoi ça parlait mais le fait est que ça se célèbre en vert, et dans l’alcool.
Le vert, j’ai rien contre, l’alcool, je suis franchement pour.

Il reste fascinant de constater à quel point on parle mieux anglais bourré que sobre.
A méditer, saoule, bien sûr.

Cill Chaoi semble être une ville formidable où les coups de sang et les coups à boire ne font qu’un. Je suis sure que je trouverai là bas le petit doigt d’anglais que la Féline voulait en souvenir.
Ville franche depuis sept mois maintenant, elle a réussi à s’imposer. Trois mois que le comté a cessé de leur casser les couilles et que tout le monde semble cohabiter. Un semblant de paix règne désormais sur l’Irlande, ou du moins, les routes sont praticables et presque sures (En théorie, hein, parce que concrètement, ça a l’air d’être un beau merdier.)

Nous profitons que le vent nous porte pour sécher l’atelier Rame et mettre au point un tas de plans complexes pour retrouver Blanche. La plus part des miens consistent à sacrifier le cuisinier et je reste convaincue que personne ne s’opposera à ce choix stratégique.


Soirée
Super calme. Tout le monde est malade à cause du pudding de quatre heures. Je crains fort qu’étant la seule rescapée, le cuistot se doute que je n’avale pas mes rations.


De l’art de la survie en milieu pirate :


Règle n°1
: Ne JAMAIS se mettre le cuisinier à dos

Règle n°2 : Participer en binôme à l’atelier Rame avec un GROS costaud et avec Oath devant (pour éviter qu’il ne ronchonne en vous voyant glander et laisser le GROS costaud ramer tout seul)

Règle n°3 : Afficher la plus suprême mauvaise foi quand Oath vous signale qu’il n’est pas devant vous, mais bien à coté de vous à l’atelier Rame et que du coup, il s’est parfaitement rendu compte que vous en glandiez pas une.

Règle n°4 : Le capitaine a toujours raison (cette règle semble absolument immuable sur chaque bateau)

_________________

Troubadour à la Confrérie
Katina_choovansky.



Cill Chaoi, Cité Pirate, Irlande,
Journal de bord de Katina Choovansky,
25 Mars 1458


Matinée

Sommes arrivés depuis quelques jours maintenant.

Nous n’avions même pas un pied posé sur le sol irlandais, que les armées du Munster avaient levé leurs étendards, coupant toute possibilité au Capitaine de s’aventurer dans les ruelles de sa ville natale.
Ce furent des adieux déchirants, sur le ponton du navire.
J’veux bien être flamande et tout et tout, mais j’ai pas pu m’empêcher de chialer comme une madeleine quand l’équipage (et même le cuisinier !) nous a entonné le chant de départ, aux dernières heures de la nuit.

J’ai prétexté une grosse poussière dans l’œil mais je ne suis pas sure qu’ils aient été dupes. Cependant, personne ne voulant gâcher ce moment de grâce (et comme je les menaçais avec un tesson de bouteille), je ne me suis ni faite traiter de tapette, ni de française.
Un bon point pour moi.

Et tandis que le bateau quittait lentement le port, abandonnant ses ressortissants étrangers sur les quais, on entendait encore, porté par le vent, le dernier couplet de cette indélébile mélodie :

We are pirates slicing through the seas,
The waves our pillows, the ship our roost,
Flying the prude skull on our flags and sails,
Now comes a storm through the far off sky
Now the waves are dancing beat upon the drums.
If your lose your nerve this breath could be your last
But if you just hold on, the morning sun will rise.
Today and tomorrow, our dreams through the night
Waving our goodbyes, we’ll never meet again,
But don’t look so down, for at night the moon will rise,
Doesn’t matter who you are, someday you’ll just be bones
Never ending, ever wandering our journey traveling tale”




Foutu pays plein de poussière.


Que dire de Cill Chaoi ?
Ville enclavée à la pointe d’un bras de terre, elle n’est sur la route de rien. On n’y passe pas quand on est pressé, on n’y passe pas pour se rendre ailleurs, on n’y passe pas par erreur. On y débarque, on y reste, on s’en prend plein les oreilles, le gosier et les narines.

La ville est déchirée en deux depuis notre arrivée ET JE JURE QUE NOUS N’Y SOMMES POUR RIEN !!!

Le Munster (An Mumhaim pour les touristes) réclame la tête et la ville d’Anto Capone. Les gardes ont forcé les portes de la Mairie malgré les troupes rebelles et assiègent la cité des pirates. Le sentiment des villageois est très divisé. Les sympathisants caponiens résistent tant bien que mal mais ça semble terriblement mal parti pour eux.

Les autorités, elles, nous conseillent de ne dire nulle part que nous connaissons (de prés, de loin, dans le brouillard, par le petit cousin de la grande tante de la belle-sœur du palefrenier) le Tout-En-Noir local. Après une petite explication sur le concept même du rôle de l’ambassadeur et des concepts de diplomatie étrangère, j’en viens à une conclusion somme toute personnelle mais que je pense assez juste : l’irlandais prend la mouche vachement vite.
J’ai la vague impression que le capitaine de la garde est vexé depuis ma dernière lettre explicative quant à l’intérêt neutre de l’Ambassadeur pour toutes les figures politiques d’un comté étranger… Quand je pense que je me suis angéliquement retenue de lui dire où il pouvait se les mettre, ses conseils…
Pour l’instant, si j’avais une seule chose à lui reprocher, à Anto Capone, ce serait de ne pas nous avoir prévenus que la boutique de kilts roses était sur le chemin du port d’Adencaple !

Note pour plus tard : Voir avec Guichard si je dois changer de politique d’approche du local ou ne pas m’inquiéter des deux trois coincés que je rencontrerai certainement sur cette île.


Soirée.
Oath s’est fait peloter les fesses par un Irlandais.

Bon sang, j’en pleure encore de rire…

Le local a décidé, dés qu’il nous a vus –ou presque-, qu’il nous avait dans le nez.
Ni bonjour, ni merde. Parce que nous ignorions ce qu’était un « computer » (pourtant, on a essayé de deviner: plat local, danse folklorique, variété de bières, nom du chien…), les insultes ont commencé à fuser sous les regards effarés de nos hôtes. Nous, ça nous a plutôt fait mourir de rire, d’autant que le brave homme y mettait du cœur ! Il nous a même insultés en Français… ce qui a donné lieu à des insultes d’anthologie comme « je te frôle les fesses, sale français ! » ou encore, «je remplis ta mère ».

Ah putain, sont costauds les irlandais. Ca me rendrait presque nostalgique de la maison…

Note pour plus tard : Faire une vraie liste d’insultes pour Navy "the (worst) spy (i had never see)", qu’il ait pas l’air trop con en pourrissant du français, car c’est aussi ça, le rôle d’une ambassadrice



Le mot du jour : Guzzle = picoler

_________________

Troubadour à la Confrérie
Katina_choovansky.
Tard dans la nuit brugeoise




Atlantide coula de l’ombre pour se diriger vers la place de la Tribune.
Sa chère tribune...
Ah, elle en avait vu des choses…

« Et elle a pas fini. » conclut la gamine en sortant un parchemin de son manteau.


Les Flandres étaient à deux doigts de la convulsion ces derniers temps. Le sujet people du moment, c’était le baptême du Baron.
Rédemption foudroyante ? Magouille politique ? Mariage en vue ? Trône en perspective ?
On entendait tout et surtout n’importe quoi… La môme restait convaincue qu’entre autre, allumer des feux en toute légalité pour cramer de l’hérétique avait plu au Baron dans son choix aristotélicien.

Mais quoiqu'il en soit, c'était une aubaine cette crise de foi! Des semaines qu'ils avaient rien à se mettre sous la dent les mômes! Mais là, cette annonce subite, ça avait gratté tout le monde. Ca s'était agité, ça avait sursauté, ça s'était emporté... La marque du pain béni quoi. Fallait pas cracher dans la soupe, surtout quand c'était l'Baron qui vous la servait.
C’est à ça qu’elle pensait, la maigrichonne en donnant quelques coups de marteau sur la tribune.

Elle se relut une dernière fois avant de tourner les talons et de rejoindre Estienne et Germain, deux rues plus haut.



Citation:
Les Enfants de Bruges présentent un spectacle guignolesque:

« De l’art délicat et sociétaire de se distinguer de s’acquitter de ces devoirs moraux et immoraux lorsque l’on fait parti des Puissants de ce monde. »
ou « Ode en fa dièse et si bémol : Le baptême de Tout En Noir »


Un Docu-fiction où la foi de tous sera mise à rude épreuve. Âmes sensibles s'abstenir.


PS : Par manque de budget (à ce sujet les enfants de Bruges remercie encore Gros jean et son addiction au gras) aucun feu ne sera allumé ce soir.

_________________

Troubadour à la Confrérie
Katina_choovansky.
Bruges, dans une ruelle éloignée, dans un lieu connu des habitués de Guignol.


L'ancienne taverne des Trois petits Cochons, fermée depuis des mois, lieu de réunion des Enfants de Bruges lorsqu'ils voulaient fignoler leurs derniers préparatifs, ne laissait plus filtrer par ses fenêtres condamnées que quelques paillettes de lumière.

Atlantide avait annoncé qu'elle laissait jusqu'à 22h00 à Miss Choovansky et Miss Blanche pour se pointer à la première.
Il était 22h01, et la patience n'étant pas son fort, la môme avait donné le signal à Estienne qui avait alors soufflé quasiment toutes les bougies et fermé la porte sur laquelle un unique petit parchemin avait été affiché, rappel de la thématique du soir:


Citation:
"Les Enfants de Bruges présentent un spectacle guignolesque:

« De l’art délicat et sociétaire de se distinguer de s’acquitter de ces devoirs moraux et immoraux lorsque l’on fait parti des Puissants de ce monde. »
ou « Ode en fa dièse et si bémol : Le baptême de Tout En Noir »


Un Docu-fiction où la foi de tous sera mise à rude épreuve. Âmes sensibles s'abstenir.

PS : Par manque de budget (à ce sujet les enfants de Bruges remercie encore Gros jean et son addiction au gras) aucun feu ne sera allumé ce soir."




Plongé dans le noir, nul ne discerne distinctement le petit théâtre quand soudain, un jet de lumière brute en illumine le centre, révélant un chœur sur scène, composé de neuf marionnettes drapées de blanc, portant un masque sans expression sur leurs visages de bois.

La lumière est uniquement concentrée sur eux. Le chant s’élève :


Le Chœur :
- « C’est en ce jour de grâce que la sainte bataille
De l’égarée brebis retrouvant Dogme et Foi,
Trouve une juste fin à sa bien triste histoire. »

La lumière se diffuse lentement, découvrant le décor : L'intérieur d'une cathédrale. Seul l’autel, richement décoré, est irradié d’un cercle de lumière vive, découvrant un vieillard agenouillé

Le Baron Tout En Noir fait son apparition à gauche.


Le Chœur:

- « Regardez le rentrer… Son épée le tiraille,
Battant sur son flanc droit,
Celui que l’on appelle, « le Baron Tout En Noir » ! »

Le Chœur se scinde en trois, un groupe de chaque côté et un restant au centre

Le coté droit, entonnant d’une voix aigüe :
- « Il est méchant ! Il est méchant ! »

Le côté gauche, rétorquant d’une voix basse :
- « Il est puissant ! Il est puissant ! »

Le centre, reprenant d’une voix claire :
- « Il est repeeeeeeentaaaaaaaaaaaaaaant ! »

Le Chœur se recule lentement jusqu'à épouser le fond du décors.
Le Baron Tout En Noir avance jusqu’à l’autel, s’arrêtant à quelques centimètres du vieux qui prie.


Le Baron Tout en Noir, envoyant un coup de pied dans les cotes de l’ancêtre :
- « Dis donc l’aïeul, on t’a pas signalé que c’était une cérémonie privée ?»

Puis, s’inquiétant brièvement , examinant le vieux en le poussant de bout de sa botte :
- « Rassure moi, t’es pas de la maison au moins ? »

Le vieux gémit quelque chose qui satisfait visiblement le Baron

Le Baron Tout En Noir, le dégageant d’un second coup de pied :
- « Alors bouge, putain ! Je rencontre Aristote moi, aujourd’hui ! »

Dans un mouvement de cape, il s’agenouille à son tour devant l’autel et se recueille d’un air inspiré, les mains jointes.
S’en suit un moment de quiétude troublé par les trilles légers des oiseaux, les cris joyeux des enfants au dehors et les râles plus ou moins discrets du vieux, quand soudain, l’ombre noire de Guignol se découpe sur le vitrail peint du décor :

Guignol, étonné :
- « Baron ? Qu’est ce que vous foutez là ? »

Tout En Noir, concentré, dans une attitude pieuse :
- « Pas maintenant Guignol, je me fais baptiser dans 5 mns.

Guignol, perplexe :
- « Mmmm… »

Bref silence.

Guignol :
- « Non mais sérieux, vous faites quoi ? »

Tout En Noir, toujours les mains jointes:
- « Je prie, tête de nœud, ça se voit pas peut être ?

Guignol, curieux :
- « Mais pourquoi ? »

Tout En Noir, relevant la tête, auréolé par la lumière :
- « Pour le salut de mon âme… »

Silence, ponctué d’un gros éclat de rire de Guignol et de Tout En Noir.

Tout En Noir, écrasant une larme :
- « Ah putain, depuis le temps que j’avais envie de la sortir celle là…»

Tout En Noir se relève, époussette se genoux et s’appuie à l’autel en se curant le nez.
L’ombre chinoise de Guignol descend et s’assoit sur l’autel à coté du Baron.


Guignol :

- « Vous vous faites baptiser alors ? »

Tout En Noir, avec un brin de nostalgie dans la voix :

- « Ouais… Tu sais, y a pas grand-chose que j’ai pas fait, hein, on est d’accord ? »

Guignol, montrant de l’ombre de son doigt la carcasse du vieux qui gémit encore vaguement:
- « Vous tabassez même les vieux dans les églises. »

Tout En Noir, haussant les épaules en se justifiant :
- « Bah, les vieux, j’ai jamais aimé ça, ça pue. »

Guignol, hochant la tête :
- « Très aristotélicien comme pensée ça… »

Tout En Noir, sincère :
- « Si Aristote a des narines et des couilles, il sera d’accord avec moi. »

Guignol, ne relevant pas les propos sur les couilles d’Aristote :
- « C’est vrai que maintenant que vous avez légalisé vos mercenaires, que vous avez la plus totale immunité due à vos fonctions, que vous avez formé tous les avocats du Barreau, que vous ligotez le Comte à peine assis sur le trône, …Tout vous est permis, dans la légalité comme dans les coulisses… vous ne craignez même plus l’excommunication, vous auriez tort de vous priver de ce coup d’éclat puisque vous ne risquez plus de le ternir. »

Tout En Noir, modeste :
- « Si deux doigts de flotte et quinze ans d’expérience dans le métier suffisent, que veux tu que je te dise ? »

Guignol, hasardant la réponse qui lui semble la plus proche de la réalité :
- « Bien fait pour leur gueule ? »

Tout En Noir hoche la tête, pensif.

Tout En Noir, sur le ton de la confidence :
- « Tu sais, je suis un homme simple Guignol. Mon cheval noir, une blonde à gros seins, du sang sur les mains… »

Guignol, l’interrompant :
- « Vous avez arrêté les chèvres ? »

Tout En Noir, après avoir jeté un regard froid sur l’ombre :
- « Soyons sérieux Guignol, ne confonds pas le fond et la forme.

Guignol, continuant :

- Qu’allez-vous dire à ceux qui pensent que vous visez le trône comtal ?

Tout En Noir, l’arrêtant d’un geste de la main.
- Je ne parle pas aux cons Guignol, je les marave, point. »

Un jeune prêtre longiligne, vêtu de carmin, de lourdes bagues à chaque doigt, entre sur scène.

Le prêtre :
- « Baron, vous avez fini de vous recueillir? »

Tout En Noir :
- « Ouais, ouais c’est bon, je suis recueilli. Vous pouvez ouvrir les portes. »

Le prêtre disparait tandis que le Baron se tourne vers Guignol.

Guignol :
- « Alors ça y est ? »

Tout en Noir :
- « Ouais, tout neuf j’te dis. Tiens, regarde ! Un vrai homme pénitent en quête de repentir! »

Tout En Noir, se penchant sur le vieux qui agonise toujours et le relevant par la tignasse
- « Hé, le vieux qui pue, désolé hein ?! »

Tout En Noir, se désintéressant du vieux et s’adressant à Guignol, radieux:
- « Désolé, putain, j’ai dit désolé ! C’est pas toi qui y aura eu droit, hein ?... Bon allez, vire moi cette merde d’ici en partant. Je veux bien être pieu et bon, mais faut pas déconner, j’ai l’odorat sensible… »

Guignol, admettant, tandis que Tout En Noir quitte la scène :
- « J’en sais quelque chose »


Le chœur se recentre autour de Guignol, concentrant les trois raies de lumières sur eux, faisant disparaitre l’ombre Guignol petit à petit. Le Chœur s’avance de nouveau tandis que la lumière se réduit pour ne se concentrer que sur ceux qui le composent :

Le coté droit, entonnant d’une voix aigüe :
- « Il est méchant ! Il est méchant ! »

Le côté gauche rétorquant d’une voix basse :

- « Il est puissant ! Il est puissant ! »

Le centre, reprenant d’une voix claire :
- « Il est repeeeeeeentaaaaaaaaaaaaaaant ! »
Le rideau tombe.


Et sous les applaudissements nourris du public, une pluie d'allumettes embrasées fut jetée sur le petit théâtre de Guignol par les spectateurs, enflammant aussi sec les tentures. et la marionnette du vieux.
Il était hors de question de rompre à la tradition. Les amateurs n'auraient jamais laissé faire une chose pareille.

_________________

Troubadour à la Confrérie
Katina_choovansky.


Loch Garman, Irlande,
Journal de bord de Katina Choovansky,
20 avril 1458


Après midi.


Les irlandais ont la classe. C’est indéniable. Déjà, ils sont roux, alors forcément ça aide.
C’est beau tous ces « red hairs » comme on dit ici.
Évidemment, l’absence de Blanche ne m’aide pas à relativiser sur l’affection brutale que je leur porte instantanément. Ca m’avait fait pareil après le départ d’Aimbaud. Je ramassais tous les galeux qu’on rencontrait sur la route, même les plus teigneux, en argumentant qu’ils avaient un quelque chose du môme. Fort heureusement, Blanche était là pour les dégager d’un coup de pied dés que je regardais ailleurs, ET pour me passer un savon dans la foulée, m’arrachant la promesse (vaine) que je ne recommencerai plus… (J’ai récidivé jusqu’au Béarn. Orthez m’a définitivement soigné de cette faiblesse du cœur)

Oath est beaucoup plus permissif, mais ça ne devrait pas poser plus de problème que ça. J’ai appris ma leçon depuis la dernière fois.

Nous avons clos hier notre route de Whiskey, plus communément appelée « la visite de l’Irlande par la délégation officielle flamande ». (Ca fait plus chic et moins alcoolique pour se présenter à la population.)
Nous nous dirigeons désormais vers Port Lairge (P.L, si on veut pas passer pour un touriste ; prononcer Pi.El), ultime étape irlandaise de notre périple, où nous attend un bateau qui nous ramènera en Angleterre, dernier chemin boueux avant de retrouver les Flandres (où, comme tous les patriotes de mauvaise foi le savent, il fait beau vachement souvent !).

Nous prenons notre temps. La ville est en révolte, les routes surveillées par des armées dont on ne pourrait dire si elles sont dissidentes ou pas… Notre escorte nous assure que d’ici 48h, nous passerons sans heurts, quitte à écraser quelques pieds au passage.
En attendant, je traine avec les marins, apprend (sans succès) le gaélique, squatte les prés en faisant des couronnes de fleurs avec les mômes (Note pour plus tard : se méfier de ce genre de mièvreries et ne surtout pas récidiver dans les Flandres), et joue au Hurling avec les gars du coin.

Alors le Hurling, c’est bien un jeu con.

Plus con que le Hurling, j’sais pas, ce serait de pousser une pierre de granit polie sur de la glace en balayant devant pour augmenter sa vitesse et affiner sa trajectoire. Même qu’on pourrait appeler ça le Curling. Bref…

Le Hurling, c’est un jeu de grosses brutasses. Une balle, une crosse de bois et ça se fout sur la gueule pour avancer. Soit disant qu’il y a des règles. Je mets au défi quiconque de tenir 30 bonhommes irlandais de ne pas se servir de leur crosse en bois pour autre chose qu’attraper cette foutue balle. J’ai tenu sept minutes le premier jour… jusqu’au moment où j’ai reçu la balle en fait. Après je me souviens pas de grand-chose si ce n’est cette masse écumante de poil roux courant vers moi en beuglant et en faisant tournoyer leur « caman ».

Oath me dit que je me suis évanouie… je suis presque convaincue d’avoir tenté de fuir aussi, mais il est assez poli pour m’assurer le contraire.
La deuxième fois, j’ai tenu douze minutes. J’étais pas peu fière.
La troisième fois j’avais compris le principe : en fait, si on est mauvais au Hurling, ça sert à rien de fuir, surtout avec la balle.
Faut se sacrifier. Attendre le dernier moment pour la passer et prendre le mur dans la face. Ca fait mal oui. Mais l’honneur est sauf.
C’est marrant, quand on est sur les bancs de l’infirmerie, ça a l’air vachement fluide comme jeu, et ultra rapide aussi… mais quand on est sur le terrain, y a certaines secondes qui semblent durer des heures…

J’espère que l’équipe de P.L est moins tendue quand même… pas que je tienne à mes ratiches mais quand même…

Citation:

De l’art de la survie au Hurling :

* Règle N°1 : Ne pas dire que "c’est fastoche de marcher avec une balle au bout d’une crosse" tant qu’on l’a pas fait avec 15 gars qui vous courent après.
* Règle N°2 : Ne pas demander un arrêt de jeu parce que vous saignez du nez, on va se moquer de vous.
* Règle N°3 : Ne pas s’évanouir au milieu du terrain, ça pourrait gêner vos coéquipiers


_________________

Troubadour à la Confrérie

Katina_choovansky.
Bridgewater, Angleterre


- « Joyeux z’anniversaire, joyeux z’anniversaire, joyeux z’anniversaaiiiiiiiiiire, le-moment-où-Blanche-est-tombée-amoureuse-du-baroooooooooooooooon, joyeux z’anniversaiiiire! »

Kat posa un gâteau devant Blanche sur lequel trônaient deux bougies noires évidemment, encadrant un mini-Tout En Noir en sucre.
L’air de la rousse en disait long. Elle était visiblement partagée entre un regard mauvais sur le gâteau et une profonde émotion. Deux ans quand même, c’était pas rien.


- Je sais pas Kat… j’ai le ventre noué…
- J’avais prévu cette éventualité, admit la brune en sortant un marteau de sa besace. Tiens, fais toi plaisir.

C’est ainsi que le gâteau d’anniversaire du moment-où-Blanche-est-tombée-amoureuse-du-baron, finit en purée totale, coups après coups, déversant une pluie de miette et de glaçage dans la chambre d’auberge.
_________________

Troubadour à la Confrérie
Katina_choovansky.
- « Blanche…»

La brune posa une main émue, sur l’épaule de sa voisine.

- « De la lumière » , murmura la rousse, émerveillée. On y voit dans l’noir, Kat. »

Les regards flamands se perdirent un bref instant dans les lueurs nocturnes de Dunkerque.

- « Merde, c’est beau la civilisation » , admit la brune .

Quatre mois sans apercevoir les Flandres. Quatre mois d’un exil linguistique où les « yeah », « whatzefuk » et autres « no pudding, thanx » avaient fleuri sur leurs lèvres pour le plus grand bonheur des insulaires.

Quatre mois de pluie, de verdure, de kilts et de Whiskeys.


- « J’ai du mal à croire qu’on touche au but.», avoua Kat sans détacher son regard de leurs cotes natales. « Quel serait ton mot de la fin ? »
- « Bloody Oath, sans aucun doute », répondit Blanche. « Et en parlant d’Oath, où est il ? »
- « Je me rappelle l’avoir vu il y a une heure ou deux, rampant à moitié mort de faim prés du Mess. », fit la brune, évasive.
- « Tu lui as donné un truc à manger ? »
- « Nan, il avait assez de force pour remarquer que j’essayais de lui braquer ses bottes, j’en ai conclu qu’il n’était pas si affamé que ça. »
- « Quel comédien celui là… Et moi qui ai failli me faire avoir quand il s’est mis à convulser ce matin…»

La brune hocha la tête un sourire aux lèvres, les yeux rivés sur le port de Dunkerque qui sortait lentement des ténèbres, offrant ses courbes aux regards flamands.

- « Kat, dans quelques heures on sera à quai. Tu as un témoignage pour les générations à venir ? »
- « Ouais. C’est l’vent du nord qu’a fait craquer la terre entre Zeebruges et l’Angleterre, et Londres n’est plus, comme avant le déluge, le poing de Bruges narguant la mer, Londres n’est plus que le faubourg de Bruges, perdu en mer (*) », conclue la brugeoise, un sourire en coin.





(*) Brel, Mon père disait
_________________

Troubadour à la Confrérie
Felina
Une revenante.

Capitale du Maine, début de l'été, dans une des chambres du domaine de Léard. C'est en effet dans la demeure de la chevalière de la licorne De Vergy que séjourne Félina depuis presque un mois maintenant. La raison de sa présence ici ? Son fils Karyl, et nul autre. Lui qui reste désormais sa seule raison de vivre et de lutter, lui sans qui elle se serait laisser partir vers l'Enfer lunaire pour Le rejoindre. Lui qui donne le dernier sens à sa vie.
Etendue sur son lit, la Rastignac laisse son regard errer vers l'extérieur, se perdre dans le ciel bleu, s'amusant à imaginer une histoire merveilleuse avec les formes des nuages. L'effet Karyl que de laisser s'envoler son imaginaire, et c'est d'un sourire qu'elle accueille ce constat. Aujourd'hui, la Féline est mélancolique, sans même s'en expliquer les raisons. Ses pensées s'évadent malgré elle vers son passé, et les souvenirs défilent devant ses yeux.

La Guyenne et ses retrouvailles avec ses frères. Le Limousin et la rencontre avec la meute. Saian. Les Flandres. Edonice, sa nièce disparue. Enored, la mercenaire Irlandaise. Les L'Oreals.
Depuis quand n'avait-elle pas pris le temps de leur écrire, leur donner des nouvelles, leur adresser un signe de vie ? Depuis des années la Zoko avait accaparé toutes ses pensées, puis son rouquin était devenu le centre de son monde, et maintenant son fils. Mais pour autant devait elle en oublier son passé, tourner la page et ne plus se retourner. Peut être ... peut être pas ...

Aussi, sans que cela soit du tout prémédité, et alors que le soleil commence à descendre sur la campagne Mainoise, la Panthère zokoïste décide de rédiger tous les courriers qu'elle aurait du écrire depuis bien trop longtemps.

La plume est lancée ...

Citation:
Saian,

Et oui c'est une revenante qui se décide, enfin, à écrire. Je ne perds pas mes habitudes comme tu vois, et je continue de disparaître des mois sans donner de nouvelles. Je ne sais même pas si mon pigeon saura te trouver, mais je l'envoie vers les Flandres, là où j'espère que tu séjournes encore. Que te dire en quelques mots, comment résumer tout ce qui m’est arrivé depuis la dernière fois. J’ai rencontré celui que j’avais dit ne pas chercher, celui pour qui enfin j’étais prête à tout oublier pour être heureuse, mais il faut croire que le bonheur n’est définitivement pas pour moi car la vie me l’a repris aussitôt, me laissant de nouveau seule. J’ai retrouvé le garçonnet dont je t’avais déjà parlé, et s’il n’est pas mon fils de sang, aujourd’hui il est mon fils de cœur. Je survivrai pour lui et sera aussi heureux que possible, je refuserai qu’il vive la même vie que moi. Il est empli de rêves et d’espoirs que je vais me faire à présent un devoir d’exaucer tant que le peux.
Je t’espère aussi heureux que possible et en bonne santé.

Féli.


Et de une …


Citation:
Enored,

Où es tu que deviens tu ? Mon Edonice est elle encore avec toi ? Cherche t-elle encore à savoir ce que je suis devenue ? M’a-t-elle oublié que je le souhaitais à l’époque ? Et surtout est elle heureuse ?
Je pourrai t’écrire que je regrette de t’avoir laissé sans nouvelle de moi, mais nous savons toutes les deux que je mentirai. Notre vie de mercenaire est ainsi faite, le passé et l’avenir n’y ont que peut d’importance et seul compte le présent et nos actes. Pourtant ce jour je fais ce pas vers toi pour m’enquérir de vous deux et de Cassandre. Ce pigeon saura me retrouver si tu décidais de me répondre, et si tel n’était pas le cas, crois bien que je comprendrais.
Félina


On passe à la troisième, direction plein Nord, au hasard.

Citation:
Kat,

J’ai il y a quelques mois reçu ton présent qui dans la période que je traversais à néanmoins réussit à m’arracher un sourire. Je savais que toi seule était capable de répondre à ma demande, tu es décidément quelqu’un de très surprenant. Êtes vous toujours outre manche la rouquine et toi ? Que devenez vous et que deviennent vos Flandres? Pour ma part, la vie ne ma pas épargné ces derniers moi, mais comme tu vois, elle n’a pas encore eu ma peau. Je m’accroche à elle comme à un radeau, et je me laisse balloter par les flots.
Je ne sais si je tiendrai encore longtemps, nous verrons bien. Mais je ne sais pas pourquoi, aujourd’hui il m’est venu l’idée tordue de reprendre des nouvelles de tout le monde, vous deux y compris. Si tu reçois ce pigeon, n’hésite pas à me le renvoyer direction le Maine, l’on saura m’y trouver. Tu ne me croiras pas mais je crèche chez les Licornes, c’est le monde à l’envers, une ennemie de la couronne invitée par un chevalier d’un Ordre royal …
A vite.

La Féline.


Et un dernier, tout court, pour la seule zokoïste qu’elle souhaite informer de sa présence au Maine, sans savoir qu’à l’heure où elle écrit ses lignes cette dernière est en train d’agoniser après son combat contre les Franc-Comtois : l’Ange de la Zoko.


Citation:
Blondie,
J’envoie cette missive à Saumur, ne sachant si elle saura te trouver, mais j’ai mis sur le vélin, à la Procureur d’Anjou, pour plus de réussite. De là où je suis les échos me parviennent sur ta réussite et je ne peux que te féliciter de ton attention sociale qui fait rayonner notre compagnie. J’ai également appris que vous aviez entamé de repousser des armées ennemies, et j’espère que tu te charges de leur montrer comment la Zoko se bat.
Je n’ai informé aucun de nos deux chefs de mon départ d’Anjou, mais désormais tu peux leur dire que je le trouve au Mans, oui, oui tu as bien lu, au Mans. J’y ai retrouvé Karyl, et j’y ai même obtenu un laisser passer. Un besoin de me retrouver seule avec lui, loin de tout combat et de toute guerre. Je vieillis je pense, mais cette fuite m’était plus que nécessaire. Je ne sais quand, ni même si je reviendrai, mais je t’en informerai, toi ou le colosse. Pour le Borgne, il peut aller crever, je n’ai plus rien à faire avec lui.
Porte toi bien et salue la petite Trella et ce balourd d’Arnülf de ma part.

Félina.


Et de quatre missives !! Mission accomplie ! Maintenant, dodo !

_________________

A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Enored
Quelque part en Gascogne ... et si au final ... oui pourquoi pas ...

Et si au final je n'étais pas faite pour me poser ? Réflexion plus qu'une interrogation.

S'installer à Mimizan, pourquoi pas.
Se poser dans une ville tranquille pour prendre le temps de respirer, pourquoi pas.
Près de l'océan, pourquoi pas ...

Et puis cette réflexion sur un ailleurs, pourquoi pas
Loin de l'océan, moins drôle déjà
Oui mais loin de lui je ne saurais pas faire pour le moment, alors pourquoi pas

Se poser ailleurs donc, pourquoi pas ...
Suis-je faite pour me poser ? je ne sais pas ...

Et puis un courrier ... Lu et relu déjà.



Citation:
Enored,

Où es tu que deviens tu ? Mon Edonice est elle encore avec toi ? Cherche t-elle encore à savoir ce que je suis devenue ? M’a-t-elle oublié que je le souhaitais à l’époque ? Et surtout est elle heureuse ?
Je pourrai t’ecrire que je regrette de t’avoir laissé sans nouvelle de moi, mais nous savons toutes les deux que je mentirai. Notre vie de mercenaire est ainsi faite, le passé et l’avenir n’y ont que peut d’importance et seul compte le présent et nos actes. Pourtant ce jour je fais ce pas vers toi pour m’enquerir de vous deux et de Cassandre. Ce pigeon saura me retrouver si tu décidais de me répondre, et si tel n’était pas le cas, crois bien que je comprendrais.
Félina


Y répondre ? pourquoi pas ...
Reprendre le début du parchemin posé là, sur mon bureau, pourquoi pas ...


Citation:
Félina,

Autant te dire que ton courrier m’a étonnée. Je ne m’attendais plus à avoir de tes nouvelles. Nos chemins se sont séparés … il y a bien longtemps. Combien ? je ne saurais dire …

De ta nièce, je n’ai plus de nouvelles, ni de sa mère. Toutes deux sont normalement auprès de la marraine de la môme. J’ai voulu protéger ta nièce de la guerre en Provence en lui interdisant de combattre, ça ne lui a pas plu. J’ai su qu’elle avait trouvé refuge à Lyon. Ta nièce est partie sans doute parce que je lui ais interdit de combattre, peut être aussi pare que j'ai trop changé pour elle.

Quand à moi … pour le moment je suis en Gascogne. J'ai suivis l'ami que j'avais promis de retrouver en Provence. J'ai mis mon épée à son service, là bas en Provence, il m'a faite Capitaine de son armée. Et puis j'ai décidé de rester à ses côtés.

On devait se poser en Gascogne, près de l'océan et puis ... changement. Nous voilà à nouveau sur les routes.

Peut être pourrais je te dire que je suis désolée de ne pouvoir te donner plus de nouvelles de ta nièce, mais ce serait mentir. Elle fait sa vie. J'ai la mienne. Sans doute si l'on se croisais, peut être que toi aussi tu me trouverais changée, à présent je songe à un avenir. A naviguer à nouveau entre autre ... Cette guerre nous a tous changés.

Qui sait, le hasard permettra peut être à nos chemins de se croiser à nouveau un jour.

Enored.


Courrier rempli d'un non dit ... l'envoyer ? oui pourquoi pas ...
_________________
Luciedeclairvaux
Citation:
Blondie,
J’envoie cette missive à Saumur, ne sachant si elle saura te trouver, mais j’ai mis sur le vélin, à la Procureur d’Anjou, pour plus de réussite. De là où je suis les échos me parviennent sur ta réussite et je ne peux que te féliciter de ton attention sociale qui fait rayonner notre compagnie. J’ai également appris que vous aviez entamé de repousser des armées ennemies, et j’espère que tu te charges de leur montrer comment la Zoko se bat.
Je n’ai informé aucun de nos deux chefs de mon départ d’Anjou, mais désormais tu peux leur dire que je le trouve au Mans, oui, oui tu as bien lu, au Mans. J’y ai retrouvé Karyl, et j’y ai même obtenu un laisser passer. Un besoin de me retrouver seule avec lui, loin de tout combat et de toute guerre. Je vieillis je pense, mais cette fuite m’était plus que nécessaire. Je ne sais quand, ni même si je reviendrai, mais je t’en informerai, toi ou le colosse. Pour le Borgne, il peut aller crever, je n’ai plus rien à faire avec lui.
Porte toi bien et salue la petite Trella et ce balourd d’Arnülf de ma part.

Félina.


Lucie fait tourner la plume entre ses doigts. Des doigts amaigris et, étrangement, propres. Une pile de dossiers menace de s'effondrer, rien d'intéressant là-dedans. Ah si tiens, le procès de Gandrel dont le réquisitoire l'a amusée follement. Et puis foutre Klervia, fraîchement reniée par le père, en procès pour haute trahison. Elle rédige bien quelques lignes, mais ce matin, ça ne l'amuse plus autant qu'hier. Alors elle reprend la lettre de la Féline et se décide enfin à répondre.

Elle ne lui parlera pas de la veille. Le genre de confidence qui ferait jubiler la Panthère ... Non, elle ne lui dira pas son différend avec le chef, l'unique chef désormais de la Zoko. Comme un déséquilibre ...

Citation:

Salut à toi, ô Panthère ennemie !

Qu'est-ce que tu fous au Mans ? Sais-tu que ces sales bâtards avec lesquels tu pactises sont en train de prêter main forte aux Comtois pour assiéger l'Anjou, notre terre d'asile. Tu t'es trompée de planque Félina. Reviens de suite avec ton môme. Ne sais-tu pas, à force, que la fuite n'aide en rien ?

Arnulf te salue. Enfin si je traduis bien son grognement guttural. Il n'a pas voulu retourner aux combats et me couve comme une enfant malade depuis que je suis blessée. Cette Compagnie est décidément farcie de têtes de mules.

Trella est entre la vie et la mort. Mais à cet âge-là, ça a la vie dure. Ca lui apprendra à être grosse : pas pratique pour combattre, on lui avait dit.

Mira est revenue : ça nous fait au moins quelqu'un de censé dans le groupe.

Je t'emb *raturé* Le bonjour à Karyl et ramène ton cul fissa : tu m'manques *raturé* on n'a toujours pas fait cette course de cheval.

Lucie


_________________
Luciedeclairvaux
[Le coup de grâce]

Résumé des épisodes précédents ... Que s'était-il passé tout ce temps. Un rond dans l'eau ... puis plus rien. La fièvre qui la faisait se morfondre depuis des jours au fond de son lit n'avait pas totalement baissé quand elle reçut le coup de grâce.

Certes, la Zoko déclinait lentement depuis la disparition du Colosse. Mais le deuxième chef pouvait s'enorgueillir d'une compagnie soudée. "L'important n'est pas le nombre", répondait-il quand elle s'inquiétait. Pourtant la guerre en Anjou n'en finissait pas et usait les esprits.
Un rond dans l'eau ... le petit tour en Berry en vain n'avait rien arrangé.

Lucie toussa et s'enveloppa dans une couverture pour aller remplir l'âtre. Il fallait répondre. Lui remonter le moral. Ce n'était qu'un passage à vide du borgne mélancolique ... elle relut la lettre de Maleus, neutre, sans chaleur. La même lettre écrite à tous, sans même un ajout spécial pour son second. Froide.
Lucie grelotta. Ses traits émaciés se crispèrent. Sans la Zoko elle n'était pas grand chose. Mais elle voyait mal comment cette dissolution, même temporaire, pouvait ne pas achever des vipères déjà évanouies. Il aurait fallu le réconforter oui, mais cette fois, pour la première fois de sa vie, elle n'en avait plus la force.

Elle reprit donc ses mots et griffonna la simple promesse de lui dissoudre la tête. Dans son style épuré. Lucie ne faisait déjà pas dans la dentelle et les échanges épistolaires n'étaient pas vraiment son fort ...

Quand elle se réveilla, elle était au sol. Le feu s'était éteint mais elle était encore brûlante des cauchemars qui l'avaient assaillie. Le serpent qu'il ne lui tatouerait jamais sur le dos s'était transformé en dragon et l'emportait dans les flammes, elle et ses compagnons d'armes. Les couleuvrines prenaient vie et cherchaient à l'étouffer avant d'exploser avec fracas. Alors le visage du Colosse se penchait sur elle et pleurait sa compagnie défaite. Arnulf la prenait dans ses bras épais et la posait sur sa couche. Ça, ça semblait réel. L'était-ce ? Elle n'avait même plus notion de l'endroit où elle se trouvait. Gennes peut-être, chez son père, ou à la forteresse de la Zoko, ou une auberge de Saumur ...
"Ad Eternam", murmurait-elle. La vipère blanche reprenait le dessus ... avant de sombrer à nouveau.

_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 7, 8, 9   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)