Emmenée par Gageon et Cerbère à Chateaubernard pour y être soignée, la brune tombe dans un coma fébrile. Agnès la veille sans douter, protégeant la mère et l'enfant. Au quatrième soir, deux hommes arrivent et réclament l'ex-comtessa. Sans rien dire, Agnes les laisse emporter Bryn, l'enfant et Gageon. Dans la nuit même elle écrira à Pattricia.
Commanderie de Chateaubernard, le vingt-troisième soir de juin,
Soraidh Pattricia,
Comme convenu, je devais vous adresser des nouvelles de ma mère. La
fièvre avait commencé à baisser vers sixte grâce aux préparations de
sœur Hélène-Mathilde et nous avions trouvé une nourrice pour Hadrien.
Tout semblait donc reprendre place normalement et j’espérais qu’elle
pourrait vous rejoindre bientôt pour reprendre les combats que vous avez
toujours menés ensemble.
Alas, deux hommes sont venus cette nuit. Ils ont tenus d’abord à la
voir, puis l’ont emportée avec eux, ainsi qu’Hadrien. Devrais-je
prétendre qu’ils m’ont mollestée pour parvenir à leurs fins ? Ce serait
un mensonge que la McFadyen — elle ou moi — ne saurait tolérer. La
vérité c’est que j’ai vu en eux plus de douceur et de respect à son
égard que personne n’en a manifesté pour elle depuis que je l’ai
retrouvée. A part vous, sans doute.
Je vous prie de bien vouloir me pardonner d’avoir failli à ma tâche
de m’occuper d’elle et de la protéger. Je crois, au fond de mon cœur,
que ces hommes sauront le faire bien mieux que moi encore. L'angoisse
qui m'a étreint depuis mardi vient enfin de se dissiper à les regarder
partir. Hadrien n'a pas même pleuré dans les bras du géant blond.
Il faut prendre des dispositions que je ne me sens pas en mesure de
prendre sans vous. C’est pourquoi je vous serais gréée de me rejoindre à
la commanderie dès que vos charges vous le permettent.
Qu’Aristote protège Ailean où qu’elle se trouve et puisse-t-il me permettre de la rejoindre au plus tôt.