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[RP] Maison de la lanterne aux lucioles

Florian.
Une galopade devant la maison, une porte qui s'ouvre, qui claque. Les cheveux en bataille, le gamin se plante dans l'entrée et regarde autour de lui, les joues rougies par la fraîcheur du jour.

Maman!

Papa!!

Je suis là, c'est moi!


Il s'assied sur les marches de l'escalier et enlève ses bottes toutes crottées. Il y a une gros trou dans la semelle et Florian fait une moue enfantine. Il faudra arranger ça, sinon les giboulées de printemps se feront les pieds trempés.

Il frictionne ses petits pieds, c'est qu'Aix, c'est pas tout près! Il se demande si Tatie Véro et Oncle Iski sont là... Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Et puis, il aimerait bien voir 'Naïs, ça fait longtemps qu'il la pas vue sa presque soeur, il en a des choses à lui raconter.

Lui, tout seul, perdu à Aix et puis toutes les dames qu'il a rencontré, celles qui l'ont protégé, celles qu'il l'ont brigandé, il en a fait pas mal de bisou et il doit raconter tout ça à 'Naïs.

Pieds nus, à petit pas, il se rend à la cuisine. Il a faim, son ventre gargouille. A six ans, la marche, ça creuse!

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Iskander
Une gamine. Une enfant.

Libertyy m'avait dit "Occupes-toi de Gabrielle" pendant mon absence.

J'avais trouvé une soeur, d'adoption. Mes soeurs avaient fait le gros dos.

Puis ... puis ... et bien Lib était partie par les chemins, nous nouvel époux envolé, enlevant, parti. Et elle aussi.

Et la gamine dormait.

Gabrielle. Mes soeurs l'avaient prise un temps sous leur coupe, mais, bon ... un regard acéré, un demi-air de reproche ... je devrais bien m'en occuper.

Ma Vero avait rouvert son fournil. Et avait Anaïs.

Et moi.

Et bien, j'étais tout perdu devant sa petite robe, sa coiffe et son air angélique. Même quand elle prenait mangeait la confiture à pleine main dans la réserve.

C'était ce qui avait mis le feu aux poudres.

Je passais des journées calmes, à vaquer, travailler, revenir le soir, fourbu.

Mais cette fois, mes soeurs ... Blanche, Adèle et Jeanne, ... enfin, elle m'avaient dit de m'occuper d'elle, "pour une fois".

Après tout j'étais son oncle.

Et tant qu'à faire, pourquoi ne pas emmener les autres gamins, qu'elles puissent travailler aussi, "elles", sans avoir plein de mioches dans les pieds.

J'étais aussi un peu leur "oncle", beau père, quelque chose comme cela.

Mais ... comment faire ?


Gabrielle ? Florian ? Anaïs ?

Je vais aux pâturages ce matin. Avec mes brebis. Et les dromadaires aussi, ils ont besoin de prendre l'air.

Euh ...

Il va faire beau.

Voulez-vous venir avec nous ?

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Vero5
Une fenêtre, mâchoire béante qui s'ouvre sur le monde de l'au-dehors.

Les sentiers qui en découlent sont bien ceux- la même que ceux que l'on parcours pour venir.

Vero se pose sur le rebord et tâte l'air.

La force de l'amitié...concentré.

Les senteurs de rose, menthe, poissons, farine, brebis.

La croute brulé de ceux qui ont vécu, ou la mie reste fraiche, les bulles éclatées cristallisée. Les miettes se reposent.

Tenté des ressentir, de deviner, de faire ...

De la grandeur, des pas se dessinent, ceux large d'un géant, ceux plus menus qui trottinent et parcours la même distance, ceux minuscule des pitchounes, qui loin des lignes droits sinueux entre les brins et les buissons...
Les orteils indisciplinés du berger...
Les bottes rouges encore au dehors à pas décalée

Sept lieux pour toute les couleurs.

Paix.. Valeque...

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Iskander
Laisser les jours passés, des grandes et des petites choses.

Faute d'arsenal, avoir pillé les vieux greniers, des pièces d'armure éparses de tous les temps, ferreuses ou vertes de bronze, sentant le chaudron et le métal, la limaille et le vieux cuir, puis l'encaustique.

Mirer ce morion brillant. Ou morillon ? Qui sait l'écrire comme il faut. A défaut, je lui avait rendu un éclat qu'il n'avait sans doute jamais eu.

Préférer aux armures puissantes, ma vêture de berger, même si incongrue avec ce couvre chef.

Rire de moi dans le miroir. Les images des costumes revêtus comme les enfants se déguisent pour être curé d'un jour, mariée imaginaire, chasseur, sorcier, mille rôles joués à foison et à délire.

Serais-je plutôt Coviello ou Matamore ? Je ferai rire les enfants, certainement. Et les protégerai, aussi, autant que je le pourrai.

Je vis Madame Trotte Menue se mirer dans le lustre du morion. Il était beau et brillant au point que mes soeurs le voulaient comme miroir, même s'il grossissait un peu.

Je souris au reflet.

La nouvelle fournée de Ma Vero embaumait tout l'air.

Partout, dedans, dehors, les cris des enfants jouant.

Aubanne et Thor qui s'apprivoisaient à nouveau.

Et Adèle qui fredonnait.

J'avais juste dit : "Sembre viendra loger. Veux-tu m'aider à préparer sa chambre ?"

Elle est tout sourire depuis. Et mes autres soeurs aussi.

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Iskander
Le temps passe, va, vient.

Je m'en reviens au logis seul. Enfin, pas tout à fait, avec Antoine, Blou, petite Vero, mes dromadaires ...

Pas ma Vero. Pas Aubanne, ni Thor, ni Florian.

Chacun a suivi la route qu'il devait suivre. Un au revoir. Une déchirure.

M'en revenir aux lucioles après avoir déposé les autres en chemin.

Demi silence. Demis paroles. Mes soeurs heureuses et intriguées.

Juste entrer sans maux dire. Des gestes d'affection.

Puis aller au faîte de la demeure, et allumer la lanterne aux lucioles, pour une première nuit de veille, et toutes les nuits à venir.


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Florian.
[Retour à la maison: Tout finit toujours par se briser]

Recroquevillé dans son lit, les yeux pleins de larmes, Florian songeait. Ce retour, il ne l'avait pas imaginé comme ça. Il était tellement heureux de revenir avec sa Mau' grande soeur adorée et adulée et avec son nouveau frère, Gautier, le mari de Mau' qui-en-fait-n'était-pas-son-mari. Il était tellement heureux de revoir Tonton Wiski et sa 'Naïs, Artur aussi et même Opaline.

Mais tout finit toujours par se briser. La révélation de Tatie Véro alors qu'elle venait l'embrasser pour le coucher, l'avait plongé dans un désarroi terrible. La maman d'Artur était enceinte et le papa, c'était papa! Son papa à lui! Il ne comprenait plus rien l'enfant. Entre son père, sa mère, Désirée, sa soeur et son mari-qui-ne-l'est-pas... Il finissait par envier 'Naïs et puis il admirait infiniment tonton Wiski! Quel homme!

Mais avant tout, son cerveau c'était mis en route. Il fallait TOUT faire pour que papa et maman reste ensemble! Il ne voulait pas choisir entre l'un et l'autre, il voulait grandir avec eux, les deux, ensemble!

Le plan de bataille avait été élaboré, savamment et avec patience. Il savait dorénavant ce qu'il avait à faire.




Il avait d'abord pensé tuer Désirée. Les problèmes seraient réglés. Mais tuer, c'était mal, on lui avait appris et puis Artur serait affreusement triste, donc il avait abandonnée l'idée.

Ensuite, il s'était dis qu'en partant, il n'aurait pas à choisir entre son père et sa mère, il pouvait trouver un travail et tenter de subvenir à ses besoins. Au moins, il savait se faire cuire un oeuf, s'il trouvait une poule, il ne mourrait pas de faim. Finalement, il se dit que c'était quand même pas la meilleure idée d'être séparé de tous ceux qu'il aimait.

Ensuite, une idée de génie lui fit briller les yeux. Il n'avait qu'à attacher papa et maman ensemble, ainsi ils ne pourraient pas se séparer et ils vivraient tous heureux dans la Maison des Lucioles. Mais papa était un géant, il se prendrait bien vite un taloche avant d'attacher quoi que ce soit.

Il n'avait plus qu'une idée, qui lui semblait la meilleure qui soit. Restait à la mettre en pratique.

Ne trouvant pas le sommeil, il se mit à gribouiller un petit dessin sur son parchemin froissé.

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Cameliane
Un petit tour à la Maison des Lucioles pendant l'absence des habitants s'imposait.

Arrosage des fleurs avec l'eau du puits, s'en mettre plein les pieds nus. Ca fait du bien même si c'était pas fait exprès.
Retrait des mauvaises herbes qui envahissent le chemin d'accès à la porte d'entrée. Les jeter dans... sur... tête à droite à gauche devant derrière et le pose sur le tas de compost.
Vérification que les volets soient bien fixés. Manque de se coincer un doigt.
Un tour au cellier pour tâter les saucissons qui séchaient. A point d'ailleurs les saucissons.
Et on referme le portillon derrière soi avant d'aller au lac pour flemmarder à l'ombre fraîche.


Une pensée pour Iskander, pour Véro, pour Aubane, Thorvald et leur fils, les trois soeurs, se demande où ils sont tous... s'ils vont bien, si la vie leur sourit... Envoie une prière en direction du ciel pour qu'Il prenne soin d'eux...

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Capitaine de l'Edelweiss ou de l'Eternel, ça dépend des circonstances, et surtout de l'ennemi.
Jeanne__
Armoria se prélassait au soleil, sous les caresses lascives de Jeanne, au sommet des Lucioles.

La jeune femme regarda Camy passer aux Lucioles. Une promesse. Leur voisine avait toujours veillé.

Jeanne sourit. La maison semblait vide. Cela lui convenait.

Les armées cléricales étaient venues fourrager, avaient pris ce qui était là, à portée de main, ce qu'il y avait dans le potager, dans le verger et dans la bergerie. Le gros du troupeau était aux alpages.

Les soeurs s'étaient réfugiées en ville pendant ce temps.

Adèle leur cherchait à manger pour des salaires de misère. Toujours à prendre tout le monde sous sa coupe.

Puis Blanche avait trouvé un ... homme. Elle réapparaissait de temps à autres. Elle avait grandi.

Armoria miaula de contentement.

Jeanne, la chapardeuse de rue, voulait rester une gamine. Elle était heureuse ainsi. Voir la ville par les toits et les gouttières. Courir nus pieds. Rire et filer, libre libre libre.

Mais elle grandissait. Elle changeait, inexorablement. Et gardait son regard de chapardeuse.

Elle sourit. Encore un peu de temps. Tant qu'ils étaient tous loin, partis, Blanche dans les bras de son matelot, Adèle à ses devoirs perdus, elle, partout.

Elle revenait aux Lucioles, en avait fait son repère secret, caché. C'était un endroit bien pour cela. Vaste aussi de mille rires, et de mille cris. De mille trésors d'images du passé.

De ses "trésors", emprunts sans lendemain, échanges bien procédés, ou menus larcins. Un foulard de soie vive, quelque galets polis colorés, une pépite, un pyxide, le ciboire de l'église genevoise, trois brins de lavande séchée ... petits riens et petits tout, trophées et souvenirs, ou belles choses.

Armoria se trémoussa et observa bas.

Camy devait avoir fini son tour, trouvant la maison vide, l'âtre froid, s'en retournait à ses fourneaux.

Elle allait bientôt mettre ses tartes à refroidir sur le rebord de sa fenêtre. Le bon moment. Les gamins seront heureux. Elle avait acheté de plein baquets d'abricots.

Jeanne poussa Armoria, la renvoyant à ses rêves et à ses amants lubriques, et se glissa dans les ombres en se pourléchant.
Ingrid_ou_gossuin
[Ingrid]

Il fait chaud.
La gironde Ingrid chaloupe sur le chemin de la maison de la lanterne aux Lucioles.
Mais finalement, la voilà cette maison.
Elle sourit.
Ainsi, c'est là que vit le petit garçon qui aime tant les jambes de sa belle Opaline ?
Bel endroit.

Elle sourit, et héla aux environs.


Bonjouuuur ! Il y a quelqu'un ?!

Parce que si elle venait jusque là, ce n'était pas par hasard. Madame était inquiète. Et loin.
Ingrid, elle ne sait même pas où ça se trouve, la Provence. Et enceinte comme elle l'est, Madame n'entreprendra pas le voyage de retour avant la naissance de son enfant, ça serait pure folie.
Et si elle envoie Ingrid en personne, c'est que personne ne répond à ses lettres.
Et que par conséquent, elle s'inquiète.
Bref.
Pourvu qu'il y ait quelqu'un ici pour lui répondre.
En plus, Ingrid ne serait pas contre lier quelques connaissances avec des dames de la ville et des environs.
Parce que les filles de Madame, elle les aime, mais elle les dirige, surtout. Elle n'a pas vraiment d'amie, l'Ingrid.


___________
Iskander
[Le 14 août 1460, à la maison des lucioles, hors des remparts de la ville]

Le temps. Une guerre, pas encore tout à fait finie, une éternité avait passé.

La maison était presque pareille de loin.

Les tuiles à la couleur de ses yeux.

La bergerie, nouvelle, vide un peu.

Les pommiers et les poiriers du jardin, avec leurs fruits bourgeonnants.

Le soleil. Incroyable comme il pouvait être doux ici.

Pas de feu pourtant.

Une éternité.

Etaient-ils là ? Etaient-elles là ? J'avais à peine eu quelques nouvelles de mes soeurs. La nouvelle d'un siège qui avait frappé la ville, brièvement, et Thoros et Taech, très fort.

Mes ânesses ne pressèrent pas le pas. Elles n'avaient pas encore cette impression de retour au logis que les brebis avaient, ou les dromadaires.

Mes dromadaires. Mes amis étaient morts devant Urgel. Je les avais tués. Achevés. Des chaines tirées par des bombardes adverses leur avaient brisé les jambes. Ils avaient eu très mal, jusqu'à la fin.

Un indigène m'avait cédé un train d'ânesses pour quelques bouchées de pain. C'était lui qui avait fait la meilleure affaire. Nos montures, chapeautées aux couleurs vives, étaient pour le moins difficiles à convaincre. Plaisantes, agiles, le pas sûr et endurant, mais terriblement désireuses d'accomplir quelque chose de grand.

J'avais eu tout le mal du monde à les convaincre de partager ce qui allait devenir une bergerie - écurie. Ou quelque chose comme cela.

...

Le potager. Il était tout ravagé. Ce qu'on avait dit était exact donc ... les croisés avaient ravagé nos jardins, emportant ce qu'elles pouvaient manger.

Pas grand chose ... et tout, le fruit de notre labeur.

Toujours personne.

D'habitudes, mes soeurs trouvaient à sortir pour me lancer quelques mots de bienvenue, bien tancés.

Rien encore.

J'avais le coeur qui battait.

Chez nous ...

Chez nous enfin, après si longtemps d'un voyage qui n'aurait jamais dû commencer. Nous étions partis pour jeter de l'huile sur le feu d'une guerre civile, ignoble, pour aider des amis, ce qui était bien, mais pour leur apporter une aide terriblement vaine, et désorganisée, ce qui l'était beaucoup moins.

Chez nous ...

Chez nous ...

Une maison aux portes ouvertes, quand il y en avait encore.

Un campement plus ou moins permanent, d'errants sédentaires, au gré des humeurs, des temps, des folies ...

...

Toujours personne.

Mes ânesse me regardaient drôlement. Elles devaient sentir ... et pas tout à fait.

C'est chez nous.

Juste devant la boutique de Camy.

Chez nous ...

Vêpres ... les ténèbres venaient.

Et la lanterne, belle, était sombre.

...

Puis il y eut une étoile.

Et une autre.

Étincelles dans l'éternité de la Nuit.

Et une autre encore ...

Escarbilles dorées ... faseyantes ... naissant de partout.

Les lucioles étaient sorties de la lanterne et s'enroulaient doucement autour de la maison.

Une renaissance.

Je descendis de monture et pris la main de Vero.

Puis vis Adèle sortir en trombe, décoiffée, les bras pleins d'Anaïs, courant, sans mot dire, sauf un demi sanglot, se jeter dans nos bras. Et Jeanne, la suivant, mal à l'aise.


Nous sommes revenus.


Que s'est-il donc passé ?

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Iskander
Il s'est passé ... il s'est passé, juste trop de temps.

Le temps parti à une guerre.

Le monde change.

La pauvreté.

La vie chiche.

Blanche, amoureuse, pour de bon. Silencieuse, un temps, beaucoup de temps, trop de temps. Adèle, tout à son ouvrage, tant et plus, pour une misère. Jeanne partout.

Chacune, partie un peu de son côté.

Puis ce mot, stupide, passionné. Un marin. Un beau marin. La vie. L'Amour. Nous comprendrions. Elle était heureuse. Partie pour nulle part, au bout du monde, pour ...

Et voilà.

Et voilà.

Thor, endormi.

Et pas une nouvelle. Juste des lettres sans parler d'elles. Sans qu'elles répondent.

Le monde, vidé.

Équilibre rompu.

Après la croisade, la disette.

Et rien. Pas de vie. Juste une visite. Juste ... rien. L'horizon bouché par le Léman, qui devait ouvrir sur le monde.

Aurait dû.

Loin, tous, écartelés.

Et Isk n'a rien compris, tête folle, benêt.

Blanche partie. Sans un mot. Je n'en revenais pas.

La maison était belle.

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Je me retournai vers ma Vero, tout engourdie, tout d'un coup.

Transie.

Absente.

Juste le temps d'ouvrir les bras pour l'y voir tomber comme une poupée molle.

Presque sans souffle.

La prendre, tout contre moi, comme pour lui insuffler mes dernières chaleurs.

Me retrouver, je ne savais trop comment, à l'intérieur, devant l'âtre.

Mes soeurs semblaient avoir repris vie.

Elle pas.

Le regard vide vers les poutres, vers le noir. Juste un reflet de flamme.

Juste un reflet d'un monde d'ailleurs, d'elle, rien.

Trouver ... chercher ... respirer pour elle, laisser le coeur battre, la survie, essence de rien, nécessités.

...


Le temps passe, en gestes d'automates.

Maintenir la vie, souffler la vie.

Surprendre un regard de loin ... une parole, une tentative ...

Une fleur.

Parler des ânesses qui avaient mis bas.

De touts. De riens.

Qu'importe ... qu'importe ...

Tous les jours, laver son corps, presque froid. Juste pour lui rendre lustre.

La chauffer.

La chauffer pour qu'elle prenne chaleur.

Offrir la nourriture passée dans les bouches.

De bouche, à bouche.

De bouche, à bouche. Mâchée et remâchée.

Espérer ... un souffle.

Et souffler. Souffler.

Voir des gens passer, de loin.

Paroles aux uns. Paroles aux autres.

Peu importe. Rien importe.

Blanche ... une pensée, un fantôme.

Des tentatives de parler d'autres.

Pas assez.

...

Jeté dehors, de force. Travailler. Manger. Dormir. Elles prennent la relève.

Sortir aussi. Rencontrer.

Forcer à parler. A dire. Parler peu.

Tenter un sourire, pour voir. Mécanique corporelle. Jaillissement d'humour.

Rire un peu, quelques fois.

Sauver un Royaume. Ou n'avoir rien fait.

Revenir au soir. Retrouver des sourires contraints. Elle ne va pas moins bien. Elle ne va pas mieux.

Sombrer encore. Émerger, parfois ...

Puis revenir.

Croiser un regard, une parole ... un non dit, tu m'as oubliée. Le bébé est là. Je t'étais chère. Ou pas ?

Que dire. Perdu.

Perdue. Non ! Non ... mais la valse de la Nuit emporte les pensées tues ...

...

Revenir à elle, toujours inerte.

Faut-il donc en appeler à Dieu toujours pour que les chosent soient ?

Oui, sans doute.

Et perdre, tout.

Ma bêtise.

Mon aveuglement.

Fermer les yeux un moment, encore.

Tristesse.

...

Le ciel était devenu sombre.

Il faudrait bien accomplir ce qui devait l'être.

L'oeuvre au noir.

La lumière d'âme belle.

...

Où était-elle ?

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Iskander
Personne.

Ma Vero devait être plus loin. Trop loin ...

Cette impression de monde sans saveur.

Et le regard d'Adèle, qui s'en faisait plus pour moi, ou pour elle.

Celui de Jeanne, un air de reproche.

Je hochai la tête. J'avais attendu, beaucoup, trop sans doute.


Il faudrait que Blanche soit là également.

Je vais devoir la rechercher. ... ma Vero ... J'aurais besoin de toutes pour m'y aider.


Elles frémirent ... hésitèrent.

Je sais. Je me suis posé mille questions.

Elle donne sa saveur eu monde, sa couleur au soleil, son chant aux montagnes.

Jusqu'où serais-je prêt à aller pour elle ?

"Au-delà" est la réponse.

Un au-delà que ni elle, ni moi, ne voulons explorer. Parce qu'elle tient aux siens. Parce que je tiens à vous. Equilibre fragile de relations humaines, d'amours tissés.

Mais, voilà, présentement, elle s'y trouve, sans avoir voulu y aller.

Aidez-moi.

A y aller seulement.

Il faudra s'occuper d'Anaïs. Et d'Adriano, un peu. Et tenter d'expliquer, à Blanche, à Lib, à Aubanne, à Thor, à Florian, et à la petite Lucie qui vient de naître. Puis à Bigmamma, à Sembre, à Camy, ... à tous.

Mais, moi, je dois ... je veux aller où elle se trouve, pour l'y rechercher.

...

Après, s'il y a un après, nous irons rechercher Blanche. Mais après seulement.

Voulez-vous bien m'aider ?

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Iskander
La réponse était inutile. Ou presque.

Les gestes revinrent. Ceux faits par notre mère.

Elle aidait les gens.

Il nous restait ses gestes et ses paroles, que nous comprenions à peine.

Et les petits objets.

Elle nous avait dit un jour que cela n'avait pas vraiment d'importance.

L'important était ce que nous faisions, pourquoi, avec quelle âme, et du mieux que nous pouvions.

Les gestes, les paroles et les choses étaient surtout là pour réconforter, l'officiant, par les routines, pour être tout à fait à son ouvrage, la personne aidée, pour recevoir l'aide comme son ultime salut.

La vieille lampe à huile, avec ses signes phéniciens.

Cette médaille en argent terni, aux caractères tellement usés qu'ils pouvaient être de Babylone ou de Cathay.

Le chapelet au nombre de boules improbable.

Le couteau sarmate, à la poignée à tête de biche.

Et d'autres, ... artefacts de misère

...

... souvenirs.

Et le parfum de ma mère qui se mêlait à celui de l'encens, de son châle aux couleurs pourpres. Elle racontait qu'il venait du pays du Gange. Qu'était-ce donc ?

Des horizons ...

...

Je regardai mes soeurs, aussi affairées que je l'étais.

Nous avions survécu, frère et soeurs, à ce pèlerinage maudit. Père y avait disparu, avec le curé décimateur, maudit d'avoir aimé ma mère plus que son sacerdoce.

Tout cela était loin.

Tout cela revenait.

Le col des Alpes vers Rome ... la neige, immaculée, devenue ciel et terre ... l'égarement ... puis la descente ... et la Provence et sa liberté. Et Vero. Et la guerre. Le réveil des esprits de la vieille cité Phocéenne. Puis Vero, Vero, Vero ... et la Provence, devenue aigrie. Et Genève enfin. Nous étions devenus nomades, avec des chez nous heureux, mais en gardant l'essentiel, caché, prêt à ressortir, prêt à partir.

...

Blanche était partie.

Il y avait en cela quelque chose de providentiel, peut-être, salvateur, pour elle. Je ne savais. Je ne comprenais pas. Ni Adèle. Ni Jeanne. Ou peut-être comprenions-nous.

Nos regards nous renvoyaient ces larmes passées. Et tout ce temps ensemble, à survivre, à vivre, n'était que le reflet de cette quête impossible, trouver un endroit où vivre, en paix, tout simplement.

Aimer. Aimer. Même Adèle y était parvenue. Cet amour, Sembre ne lui avait pas rendu. Peut-être ne lui a-t-elle jamais dit non plus. Je ne sais.

Aimer ne nous rendrait pas étrangers. Aimer nous transformait, nous transportait, nous faisait partager nous-même avec un autre être.

Il y avait sans cesse cette crainte que tout ce bonheur pourrait se tarir, tout cela finir. ... non, pas sans cesse. Pas crainte. Plutôt une certitude, et celle de vivre aujourd'hui un moment d'exception et de préparer un demain qui sera bon, s'il vient.

Il y avait cette fuite en avant vers la paix, vers le vivre ensemble. Nous, étrangers, au milieu des autres, devenus amis. Et m'efforcer jusqu'à me perdre à faire en sorte que l'endroit où nous étions puisse être en paix, par la garde, par le verbe, par l'épée et par la plume.

Puis l'alerte vient. Comme un vent inexorable. Ce moment où le passé ressurgit.

...

J'avais le geste plus ferme toutefois. Pas l'habitude, pas la perfection de gestes accomplis mille fois. Non ... c'était plutôt une certitude venue avec les jours. La fin des peurs puériles. L'acceptation de la douleur qui viendrait.

Je posai, disposai, préparai, inexorablement.

La peur avait disparu.

J'étais passé par les églises pour réaliser enfin que les curés n'étaient pas magiciens, qu'ils ne chuchotaient pas tous des méchancetés à l'oreille de Dieu.

J'en avais connu de mauvais.

J'en avais connu de bons.

Ils étaient humains.

Ils ne me faisaient plus peur.

Et les maisons de Dieu étaient des endroits paisibles quand on n'y vociférait pas. Et Dieu écoutait. Elle ne répondait pas souvent. Ou Il ... mais il y avait Sa présence, toujours.

Transgressions-nous Ses Lois en agissant de la sorte ?

Je ne savais.

Peut-être.

Peut-être pas.

Les prêtres sont humains, et le Livre écrit par des hommes ... la Réforme ?

...

Quand tout avait été tenté, c'était ma mère qu'on venait voir. Et nous l'avions épiée, à chaque fois, depuis le temps où elle nous gardait au berceau, à partir de celui où nous n'y tenions plus.

Ces parfums, lourds ... images d'orients ...

Elle écoutait. Elle parlait peu, toujours. Puis ... elle aidait, quand elle pouvait. Elle illuminait les âmes. Les gens la quittaient transformés. Vidés. Paisibles.

...

Pensées hétéroclites ... je les laissai encore, couler, aller et venir, me distraire, m'aider à trouver le fil des choses ... errer, puis revenir, à l'essentiel.

...

La pièce était maintenant occultée. L'huis, clos.

La résine d'encens brûlait discrètement.

...

Ma Vero gisait toujours. Elle. Son corps. Quelque part.

...

Adèle me toisa, de sa petite taille.

Etais-je certain de ce que je voulais faire ?

Non. Mais c'était le seul moyen, sans doute, ... ultime.

Espoir futile ? Déraison ?

Qui peut dire ?

La lisière de la Nuit ne révèle rien. Juste un reflet, un son, insaisissables.

Ici, médicastres et soigneurs prodiguaient des encouragements.

Il me faudrait aller au-delà, pour la retrouver.

...

Elle hocha la tête, rétive, et me laissa coucher à côté du corps de mon aimée, lui serrer la main.

Elle m'embrassa, à fleur de larme. Puis Jeanne vint, me fourra une chose dans le poing libre et m'embrassa pareillement.

La lisière de la Nuit.

Sa torpeur ...

La main de ma Vero, là, quelque part ...

Là bas ...

...




Explication - ICI

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Iskander
Les ténèbres miroitaient. Reflets de flammes sur les ferrures ...

Le visage d'Adèle se penchant sur nous. Nous faire boire à chacun un brouet âcre, farineux ... mélange de lait de brebis et de vieux seigle, et d'autres choses. Qu'avaient-elles trouvé des vieilles recettes ?

Puis les entendre se placer aux points cardinaux. Pas à tous. Et chanter, l'alto se mêlant à la soprano ...

Le feu craqua ... escarbilles montant et s'éteignant ...

L'odeur des parfums et du cuir huilé.

La main de Vero.

Les lumières.

Passer la lisière de la Nuit ... Orphée avait découvert le chemin qui menait au Royaume d'Hadès. Il y avait des lieux. Il y avait des jours. Mais la Nuit était partout après le crépuscule.

Il suffisait de déchirer la toile du rêve, et de passer.

Mère racontait cela, doucement.

Franchir la Lisière, puis voyager, vite, pour l'y retrouver.

...

Les ténèbres vacillèrent. Le chant devenait paroles claires sous l'eau.

Il faisait moire.

Cela venait.

Je serrai sa main, un peu plus, pas trop. C'était son corps. Juste son corps.

Mais reviendrait-elle dans le corps d'une autre ?

Je ne savais.

...

Cela venait ...

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Vero5
Un frémissement, la lumière lui transperce les paupières, les doigts se contractent glacées.
Tambourinement régulier parsemé de coups de baguettes. Bataille, éclairs, les senteurs chaudes diffère de la poudre. Étrange sensation d'être sans l'être.
se laisser glisser encore un peu...

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