Jécoutais les dernières volontés de Mara, et à travers la voix du lecteur, je navais aucun mal a mimaginer celle de la guerrière. Son rire, sûrement, lors quelle avait fait écrire les premières lignes
essayant ainsi de soulager la douleur des mots, ne les rendant que plus pénibles a entendre, ce rire, à entendre, ce sourire, à voir.
Je me rappelle mêtre imaginé ce quil en était pour Marlowes, et pour les deux autres. Si déjà, moi qui ne lavait connu que dun simple voyage et quelques jours, eux, alors, quelle grandeur devait avoir leur douleur?
Je dois avouer que, douleur mis-à-part, cest de la surprise que je ressentait Et, oui, pourquoi pas? Un peu de jalousie.
Sept ans, cétait lâge que javais quand javais été recueillit par Marlowes. Sept ans cétait lâge habituel par lequel les garçons commençaient à devenir écuyers -et les filles, hein! Quand elles savaient se débrouiller
Hors Jétais lécuyer de Marl, et fille de Mara ou pas, il était hors de question quon me remplace!
Je décidai à cet instant précis dêtre désormais un écuyer parfait, de ne plus faire de bêtises et dêtre super gentil. Pour que Marl nest pas à se plaindre de moi, et donc que la fille de Mara ne vienne pas usurper ma place.
Lenvie exprimée de Marlowes, de voir le corps de Mara, me sortit de me pensées pas très dignes du moment.
Plusieurs choix soffraient à moi : soit je faisait en sorte dêtre collant et essayait de le suivre.
Soir je faisait le sage et restai là.
Soit je rompais tout de suite mes promesses de non-bêtises et jallais assouvir ma curiosité.
La deuxième option était la plus bonne
et, hélas hélas, aussi la moins tentante.
Après mesure exacte des deux autres, je tirai la manche de mon maître me mis sur les pointes des pieds et psssssst tilila li tu taritali taritu, ta?
Traduction : Je vais voir ce quil en est du duel, daccord?.
Je ne lui laissai même pas le temps de répondre, que déjà, je faisait un signe de tête aux deux autres, jouvrais discrètement la porte, espérant que la discrétion et la lentitude les empêche de faire un commentaire ou a Marlowes de me retenir
Pis je regardai Marl, remis le pieds hors du bureau, a lintérieur de celui-ci, tirai de nouveau sur la manche de mon maître, me mit sur le pointe des pieds et , plein de tristesse, avec un de ces demi-sourires qui veulent tout dire, talilalri tular pstbisio basatila tari
Traduction : Embrasse-là de ma part
.
Le manège de sortie fut refait, et en fermant la porte derrière moi, je mélançais au pas de course par les escaliers. Quand il ne manquait pas plus de 7 marches, je fit une pirouette involontaire ais ô combien réussi, faillit me rompre le cou, et atterrit sur le ventre juste devant la porte dentrée.
Aux regards étonnés des gardes je répondis en me levant, en époustouflant mes habits, et en prenant lair le plus mine de rien et aussi le plus fier.
Ordres du Livide, je sors et je reviens dans moins dun quart dheure : on me laisse rentrer.
Et limmobilité des dits gardes.
«Il a dit que personne nentrait
-Beeeen, on peu le laisser sortir, et on avisera après.
-Ouais mtira pas embêter Marlowes après cqui sest passé juste pour lui demander si lgamin peu revenir
pas lcourage.
-Ouais mais si on le laisse rentrer et quil fallait pas
-Yep, mais si on le laisse dehors et quil devait à tout prix rentrer
»
Jai dit ORDRES DU LIVIDE!
Et reprenant tout calmement mon calme sous leurs yeux ahuris je leur expliquait comment si personne ne me forçait a sortir ça voulait dire que je pouvait être a lintérieur du Palazzo, et que donc je pouvait y entrer. Et que personne ne me forçais à partir puisque personne navait eu la gentillesse de maccompagner jusquà la porte
Bref, cinq précieuses minutes de ma vie perdues avec les gardes du Palazzo : cté du joli!
Finalement je réussi a me faire ouvrir avec la demi-promesse murmurée très bas quils me laisseraient rentrer.
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Une dizaine de minutes après je sautai en effet du toit en face du Palais. Et cette fois, yavais pas que la porte qui était fermée, mais aussi la grille.
Et en plus, il y avait pas de gardes entre les deux
Je patientai une minute, genre ils allaient venir tous seuls
Ordres du Livide je demande à entrer!
La question était de savoir si Marl allait pas trop men vouloir dutiliser toujours la même excuse
Une minute après, rien
Jai dit ORDRES DU LIVIDE!
Un garde sorti et approcha. « Cbon, cbon, jarrive, pas la peine de gueuler! » . Jévitais tout commentaire et souleva juste un sourcil, le temps que le garde qui navait pas envie dembêter Marl lors de ma sortit, ouvre la grille, et me mène a la porte, aussi ouverte, et derrière moi, après des regards de guet opéré genre vérifier que personne la vu, il la ferma.
Jallais monter à létage, pis finalement, jai eu une idée
Le Gris est mort. Ordres du Livide, je doit aller récupérer quelque chose dans sa chambre. Vous pouvez my mener/
Et de nouveau une dizaine de minutes de discussions vaines.
Que je sais pas quoi, que, oh le pauvre Gris, que personne ne peu entrer dans les chambres sans être Libertad, que de toutes façon la chambre devait être sûrement fermée a clef, que personne y était rentré depuis plusieurs mois, que je ferait bien de retourner avec Marlowes, que ouste et que du vent.
Et moi, que du nenni.
La chambre du gris, la chambre du Gris.
Et que cest eux qui y vont, et que jai besoin de quoi, et quils vont aller voir Marlowes pour savoir si vrai.
Et moi, que du nenni/
La Chambre du Gris, la Chambre du Gris.
Le pire, cest que je navais rien à leur offrir
Je leur expliquai ce que je voulais, pourquoi faire, et de la part de qui
Au nom, une lueur de joie dans lil dun garde. Tiens tiens, un autre amoureux?
Jétouffai un rire, fallait surtout faire genre le sérieux, mais cétait drôle quand même de voir le gaillard « Bon, daccord, je ty mène, vous, vous gardez bien lentrée. Non, il a dit Ordre du Livide et
et dIlmarin, donc rien à craindre, au pire, si il ment, on dia la vérité : on pensait quil parlait au nom de Marlowes
et dIlmarin. Et, pti
comment elle va, dailleurs
Ilmarin? » Et a chaque fois le rouge au visage en prononçant son nom.
Elle va bien, si on peu dire, deux de ses amis viennent de crever, alors ta gueule toplé, emmène moi.
Ça va, ça va, elle te sera reconnaissante de mavoir aidé.
Ce jour jappris une chose : les gardes ne connaissaient le plus souvent, de lendroit quils gardent, que la popotte et la cave.
Vous imaginez bien, un garde et un gamin, perdus dans les couloirs du Palazzo, faisant le moins de bruit possible et sursautant à chaque fois, car bon diou, on va nous découvrir, on sera tués, pendus!
Car oui, finalement, langue bien détachée je lui avouais quil y avait aucun ordre du Livide, en rien du tout/ Mais dIlmarin, hein, elle oui, hein, tu maides toujours, cpas?
Pis on fini par arriver devant une porte «Jcrois
est là. »
Tu crois ou tu est sur?
« Je crois
»
Rhaaaaaaaaa
Bon, tant pis, entre ça et rien, autant ça. La porte était bien fermée;, mais le garde, il avait les clefs, nan? Non
. Namé vraiment ils servent a rien ces gardes! Bon, un fil de fer? Non, pas non plus? Passe moi ta ceinture. Hein, quoi? Ta ceinture bouffon! Non. SI! Bon, daccord, daccord, du calme!
Et avec le petit bout dfer de la ceinture de passer encore 5 minutes à chercher comment
Miracle, la porte souvrit sur ses gonds on couinant.
La chambre? Aussi grise et pleine de poussière et de toiles daraignées que la cave de ma grand-mère. Note-mémoire : dire a quelquun de nettoyer cette porcherie.
Pour le moment, envoyer le garde allumer une chandelle a demi-consomée aperçue près du lit.
Je ne voyais presque rien : une table brisée en deux, la poussière sous mes pieds et sur la tête. Une chambre petite, un tiroir et le lit. Pas plus. Quelques tapisseries sur les murs, afin de réchauffer la pierre, un âtre dont le bois fait charbon était là depuis des lustres.
Et cest là quil me fallait trouver une boite
Fouille.
Moi? Non
OUI TOI!
Et de se mettre, garde et écuyer a retourner avec soin extrême les affaires du mort alors que la chandelle, mise en équilibre sur un bout de lancienne table, reflète leurs ombres sur les murs.
Murs sur lesquels -je les ai contées- 13 armes pendaient. Il y avait une épée, une dague, même une bâtarde, et une serbacane. Et puis, des choses totalement inconnues, qui navaient même pas la gueule dêtre des armes
Et deux places vides
celle du sabre et du poignard.
Dans les tiroirs des flocons, remplis détranges liquides et même solides de tous les couleurs. Le Gris empoisonnait ses lames.
En marchant, une douleur extrême me saisi, ma chausse venait dêtre traversée par un bout de verre qui avait atteint mon pieds, retenant un juron je massis sur le lit et éleva mes chaussures : la plaie nétait pas profonde mais fichtre que ça faisait mal! Instinctivement, je saisi un linge se touant sur le lit près de moi et sy enroula mon pieds avant de le remettre dans sa chausse.
Un linge obscure, que je découvris plus tard était une chemise.
Je me remis sur pieds avec une grimace, mais il fallait finir, javais déjà perdu trop de temps. Le garde eu idée de chercher sous le lit, et cest là que nous trouvâmes une belle boite, longue dune quinzaine de centimètres sur une dizaine. Elle était adornée de dessins abstraits sculptés avec précision et art, dans un bois de qualité qui laissait flotter un léger arôme de forêt doux comme le miel.
Jouvris la boite avec précision, elle était remplie à ras bord de parchemins, de lettres, essais et mêmes dessins. Je les parcouru vite fait, sans my attarder trop, dun a cause du tempe et de deux à cause du respect de la vie privée, et aussi de la crainte du gris, qui même mort, vivait dans cette chambre et la remplissait de sa menace
si on était pris, sil nous voyais! Rien qua y penser, je frissonnais
La paperasse, je la mit dans les poches de mes braies. Je ne volais pas; jempruntais. Je nespionnais pas; je me renseignais. Et puis je sauvais les papiers de mains plus malhonnêtes, du feu du nettoyage, du vent qui les emporterait, puisquils navaient plus de boite. Aucun remord, malgré le regard assassin du garde.
Ordre dIlmarin
Peut-être pas très crédible, peut-être restait-t-il septique, mais impossibilité de broncher, après tout ce quil avait fait « par ordre dIlmarin ».
La boite quand à elle
Ô énorme sacrifice : jôtai ma cape acceptant ainsi de crever de froid pour des inconnus, et lenroula autour de la boite, puis, le pris à la main.
Si on demandais : javais chaud jai juste enlevé ma cape. Et comme ça, la boite restait cachée, et la balade du Palazzo secrète.
Denier point a régler : le silence du garde
Mais halala, par ordre dIlmarin, hein
Nous refermâmes soigneusement la porte derrière nous, pour quil soit impossible de remarquer quelle ne létait pas à clef à simple vue, et nous reprîmes chemin de retour, qui fut trois fois plus facile et neuf minutes plus rapide.
Après signe de tête de merci et négation des autres gardes à la question de savoir si Marlowes était partit, je remontai lescalier menant au bureau ou jétais arrivé avec le maître, et après une fraction de doute, je massis par terre, contre le mur à côté de la porte.
Pour pouvoir dire « ah non, je suis arrivé depuis belle lurette, non, jai pas pris une demie-heure et non, je nai pas fait un tour du Palazzo. »
Et pis je massais mon pieds, et javais aucune envie daller retrouver les trois autres : javais limpression que je me ferait tuer car : javais falsifié des ordres et en plus, jespèrerait bien quils ne puissent pas lire dans mon regard que javait emprunté des choses a la chambre du gris
Bref, un peu de tranquillité était de rigueur.