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[RP] L'Antre des Encapuchonnés, sur la rue Saint-Martin

--Antre_des_encapuchonnes
Sur la rue Saint-Martin il y a une demeure qui n'est pas ce qu'elle semble.

A première vue, c'est un hôtel comme il y en a des centaines dans tout Paris, sinon qu'il est particulièrement récent. Cet hôtel est fait de fortes pierres, bien équarries et soigneusement disposées. Il compte deux étages en plus du rez-de-chaussée, auxquels sont des fenêtres plutôt étroites, souvent closes et gardées par de solides volets de chêne. Au rez-de-chaussée, pas d'autre ouverture que l'huis ; et encore celui-ci ne s'ouvre que très rarement – c'est une haute porte cochère close par deux battants de chêne, épais presque d'un pouce et bardés de fer. A l'arrière de l'hôtel se trouve une petite arrière-cour, plantée de quelques arbres, une écurie pour accommoder sept montures, et au fond une remise.
Jusqu'ici, rien d'extravagant ou de particulier.
C'est en s'approchant de plus près ou, plus généralement, en prêtant meilleure attention, que l'on peut remarquer quelques signes ; les marques laissées par les ombres qui demeurent à cet hôtel. D'abord il y a cette inscription, gravé dans la pierre près de l'huis par une main audacieuse : « Cave Daemonia ». Ensuite il y a la hâte craintive avec lesquels les passants vont devant la demeure, comme s'ils ne voulaient s'y attarder plus que nécessaire. Enfin il y a les ombres elles-mêmes, qui vont et viennent hors et dedans l'hôtel, vêtues de bures noires et masquées d'ivoire.

On donne plusieurs noms à cette demeure : « l'Hôtel des septs frères », « l'Ambassade de la Lune », « Clos-la-Mort », « Maulogis »... de véritable non, pourtant, elle n'en a qu'un : cet hôtel, c'est l'Antre des Encapuchonnés.
Les sept Princes encapuchonnés ; voilà le mal qui hante ce logis. Ce sont eux qui ont fait reconstruire cet hôtel après le grand incendie, eux qui en ont déterminé l'emplacement et l'agencement, l'allure et la taille. Et si parfois – à l'intérieur surtout – la disposition des lieux semble parfois chaotique, c'est qu'elle est le résultat de multiples concessions aux manies de ses habitants.
Plus exactement, c'est le résultat des concessions que Belzébuth, Prince de l'Avarice et trésorier de la demeure, avait faites à ses frères. C'était Bélial, Prince de l'Orgueil, qui avait à l'origine obtenu que l'hôtel soit sur la rue Saint-Martin et non, comme il eût été plus sûr – et moins coûteux – plus profondément dissimulé dans les méandres des venelles de la Cour des Miracles – ils étaient Princes, clamait Bélial ; devaient-ils vivre parmi les gueux ? Azazel, Prince de la Luxure, n'avait cependant pas voulu s'éloigner plus des bordels voisins ; il avait également obtenu que la literie soit plus confortable que celle que Belzébuth avait envisagé d'acquérir, et que les chambres soient plus grandes et disposés à l'écart des odeurs des cuisines. C'était Asmodée, Prince de la Gourmandise, qui avait obtenu que ces dernières occupassent presque tout le rez-de-chaussée – heureusement pour Belzébuth, les caves et celliers n'avaient pas été détruits par le grand incendie. Quant à Léviathan, Prince de la Colère, et Lucifer, Prince de l'Acédie, ceux-ci portent un intérêt plus modéré aux biens matériels.
Quant à Satan...
Leviathan_l_encapuchonne


Était-ce parce que la Paresse habitait cette demeure ? Était-ce parce que l'on manquait de petit personnel ? Était-ce à cause de l'hygiène déplorable des occupants ? Les raisons de l'état de faits qui va suivre divergent. En en ces temps de troubles et d'abandon, l'Antre du vice et du péché : grouillait. Des mansardes aux souterrains, sur les couches de poussière épaisses comme le feutre, les poignées d'or ranci et les bouteilles de vingt gallons entassées depuis un millénaire sur des porte-bouteille juthunges dans des caves emmurées, partout circulaient les insectes.

Parasites divers... Vers. Termites. Mites. Fourmites.

Courant dans les coursives, Léviathan agitait ses poings dégoulinant au dessus de sa capuche et frappait sur tout ce qui rampait, sinuait, arachnidait, à la surface des murs et du parquet. Les jus, variés, explosaient en taches, cerclés parfois des contours griffus de la main, imprimée dans le crépi et le bois vermoulu.


ARGhahahihihihi HIHIHIhihihi Grraah AARRRHH ARRRRHIhihihi !

Un passe-temps de circonstance.

Mais la Colère est aveugle.
Elle avance, braille et s'étrangle de rire, bave, et ne voit pas la gargouille qui s'approche à hauteur de son front. Cette FAMEUSE gargouille à tête de lion, à langue de crapaud, à corne de licorne, qu'on a crépie là pour le style gothique. Fameuse, car Léviathan s'y est plus d'une fois fendu le crâne.

Le masque, encore une fois, manque de s'éclater contre le grès. Les miettes de pierre tombent en pluie à l'étage du dessous quand l'encapuchonné s'écroule sur le parquet.

Moitié assommé, il a encore la force de se déchirer les cordes vocales.


GH... g... gggniiiAaaAAAAAAAAAAAAAAAAARRHHHHHHH ! PUTAIN.
_________________
--Septime_l_encapuchonne


[Sur la rue Saint-Martin]

Un jour... un jour le Démon vint sur Terre.
Un jour, le Démon vint sur Terre pour surveiller ses intérêts. Il a tout vu, le Démon, il a tout entendu.
Et après avoir tout vu, après avoir tout entendu, il est retourné chez lui, là-bas, à l'Ambassade de la Lune.

***

Son pas sur Saint-Denis était long, élastique. C'était le petit matin et il était presque seul à tenir le haut du pavé. Les rares passants s'écartaient de son chemin avec frayeur, mais il était trop absorbé par ses pensées pour leur prêter attention.
A dire vrai, Septime – appelons-le ainsi – potassait son rôle. Il marchait, et son pas cadençait sa réflexion. Il pensait aux détails de son plan, et c'était essentiellement pour se rendre compte qu'il n'y en avait pas. Son entreprise, il le comprenait à présent qu'il approchait de la demeure des Princes Démons, était téméraire, hasardeuse... fantasque. Il savait trop peu, et jouait beaucoup trop ; ce qui, quand on a affaire à une fratrie de Grands Tarés dont on a éliminé un des membres, peut s'avérer franchement crétin.


Ha ! Nous y voilà. Je te reconnais bien là, mon ciboulot. Comment ? Est-ce que je me pose ce genre de questions ? Est-ce que je manque d'atout, moi ? Allez ! Les détails, les préparations, les plans sans accrocs... quel ennui !

Et sous son masque d'ivoire il sourit pour se donner du courage. Il étendit énergiquement ses bras pour se réchauffer, et admira comme sa bure est bien ajustée. Du reste, il n'avait pas fallu beaucoup de retouches – feu Belzébuth avait à peu près son gabarit (et pour cause !). Tout de même, il était heureux que la maréchassée organisât des ateliers de couture pour ses détenus.

Ça ! Je ne sais pas si on se représente bien tout ce que la turne fait pour le voleur... Allons ! Merci monsieur le Juge, pour m'avoir envoyé à l'école.

Septime aperçut l'Hôtel des Douze Frères, et il eut un frisson, c'était de l'excitation, de la peur, de la joie et de la haine, tout ça tant mêlé qu'il n'en savait pas faire le détail. Sa main, gantée de noir, effleura furtivement la poignée de l'épée qui battait, nue, à sa ceinture. Il l'appelait « Lunaire », rapport à celle qui la forgea, mais aussi parce que c'était l'arme d'un Démon.
Quel Démon, pourtant, il l'ignorait ! et c'était bien la faiblesse de son plan. Une faiblesse telle, à vrai dire, qu'elle ridiculisait tous les exploits qu'il avait dû multiplier pour bâtir le reste. Car si la bure appartenait à Belzébuth, il savait des carnets du mort que les Grands Cinglés s'amusaient parfois à échanger leurs bures... aussi – et c'était encore supposer que le mort n'avait pas été remplacé – il ne savait pas quel fauteuil serait vide, quel fauteuil serait le sien. Il faudrait, pour un temps, jouer un rôle dont il ne connaîtra ni le nom, ni le jeu, se faire passer pour Sept Princes et aucun à la fois, jusqu'à ce qu'il ait identifié les Six autres.
Et s'ils étaient Sept...
Il s'arrêta au beau milieu de la rue, soudain terrifié. Et puis il agita sa tête, sauta sur place, et se reprit.


Allons, allons, pas de ça, Lucette ! Le ciboulot est bien sur les épaules, et les gambes marchent, allons ! Oui. Ces animaux là se font confiance entre eux comme un chat à un chien, allez ! Je ne risque rien.

Et il rit, pour se donner du cœur.
Oui. S'ils étaient Sept, alors il devrait simplement les convaincre que l'un d'eux était un imposteur, et qu'il était, lui, leur frère véritable. Allons, ça serait difficile, oui, mais il en était capable. Il les connaissait bien mieux qu'ils ne s'y attendaient...
Restait, simplement, le risque qu'on le reconnaisse. Il avait la bure, et le masque... mais sa voix, et le reste ? Si l'un d'entre eux...
Il rit, à nouveau.


Paix, Septime ! Le temps est le meilleur des maquillages.

Il approchait de l'Hôtel maintenant, et son estomac eut un grognement étouffé. Il se souvint qu'il n'avait pas dîné depuis une journée, ce qui, au vu de l'état de ses finances, était proprement absurde.

Ça serait bien qu'ils aient fait un grand banquet. Comme dans la chanson.


On ne sait pas quelle chanson... il est possible qu'elle n'existait pas encore.
_________________
Hawk_peregrinus
Il est posé là, observant cette humanité grouillante de ses yeux jaunes.

Un ramier dodu coincé sous ses griffes gigote encore, un peu. Piaillant faiblement comme une supplique au rapace de le laisser en vie.
Le faucon affecte même de s'en désintéresser, plongeant son bec nonchalamment dans son plumage pour un brin de toilette.

Il n'aime pas la ville, encore moins celle-là.
Trop de cheminées, de fumées qui obscurcissent son champ de vision, trop d'humains.
Mais tellement de pigeons gras et savoureux pour compenser qu'il suit sa maîtresse sans trop rechigner.

Le bruit des bottes qui claquent sur le pavé attire son attention. Etrange silhouette que voilà qui s'avance là... Le faucon fait résonner la rue à son tour, d'un long huissement aigu. Peut-être se satisfait-il des visages qui se crispent la plupart du temps en entendant son cri ? Allez savoir, c'est un faucon après tout...

Entre ses faux, le ramier s'agite en vain, gaspillant ses dernières forces en un ultime effort pour se débattre et s'en dégager... Effort définitivement étouffé lorsque le bec acéré vient plonger dans le poitrail tendre, déchiquète les chairs en un ravissement de duvet blanc et d'éclats pourpres.

La tête presque entièrement recouverte de sang chaud ressort du corps qui s'agite en soubresauts, les yeux jaunes reviennent suivre la progression de la bure et de son rire qui à nouveau perturbe le faux calme de la rue...
Un mouvement de tête et voilà qu'il avale quelques viscères à point.
Curieux le faucon... mais pas vraiment dans l'inconnu.



Jamais loin d'elle...
--Septime_l_encapuchonne


[Toujours à la rue]

Le huissement vrille ses oreilles, le fait sursauter. Il a cru, il instant, entendre un Démon.

Fichu piaf ! grogne-t-il. Est-ce que c'est des manières d'effrayer le Malin ! Allez !

Il s'est planté au milieu de la rue, en face de la lourde porte bardée de fer. Il penche la tête sur le côté, songeur. Semble hésiter un instant, se balance d'un pied sur l'autre – vieille habitude. Il avise, à gauche – c'est à dire au sud – de la demeure, une petite venelle qui s'enfonce entre l'Hôtel des Sept Frères et son voisin.

Alors, Septime, qu'est-ce que t'en dis ?

Il en dit que s'il a moyen de jeter un coup d’œil par derrière, avant de rentrer par devant, il peut s'éviter une mauvaise surprise. Il sourit, sous le masque, et s'engage dans la venelle. Celle-ci est étroite, pas même une toise de large... peut-être cinq pieds. Le jour n'y entre que peu, par le haut, et c'est un petit passage obscur entre deux hauts murs de pierre où il ne voit pas de fenêtre.
Il s'engage avec un frisson, en chantant tout bas pour se donner du cœur.


C'est le nouveau, phénoménal
Figure libre, le visage pâle, de la turne de retour
Partout… c'est parti ça vient de Saint Denis...
Direct issue du fond du trou d'Paris
Les Miracles, pas de soucis, non pas de soucis ici, pas de chichis
Si tu dérapes on te cague d'ssus, trop de blabla, trop de hourras
Trop de zigs qui viennent pour tailler le bout d'gras
Mais c'est comme ça qu'on nique tout
Le larton, le gros jonc, mais c'est pendant qu'on laisse couler
Qu'on se prend dans le fion
Et puis s'imbibe de nous, rêve de voir en dessous,
Mais ne t'approche pas ou l'on te fout des coups de grolles
Si tu respectes pas les règles des mecs d'la cambriole
Pour finir au côté des mauvais
Ceux qui ne voient l'Argot qu'avec des bons psychotropes
Mais tout ceux-là je les stoppe, à base de popopop


Au bout d'une douzaine de toises, il arrive face à un muret de briques, qui clôt la venelle. Il lève les yeux, cherche un instant des prises.

C'est Saint-Denailles, lâches-moi tes trente-six balles
À base de popopopop,
Mais pour l'Argot je développe
La rue Saint Denis
C'est d'l'arnache papi, et si t'as le pedigree
Ça se reconnaît au crédit !


ET FOUTRE ET DERCHE ET BRAN !


Trois fois il est monté, trois fois il est retombé avant d'atteindre une toise de haut. Le mur manque de prises ; et il n'y voit guère par les fentes de son masque. Ses gants, ses bures rendent ses mouvements maladroits. Il grogne, agacé :


Par le rabouin et ses sept rejetons, toutes ces fanfreluches ne sont pas pratique... celui qui les a conçues ne pensait pas à la cambriole.


Il reste un instant planté devant le muret, dans l'obscurité de la venelle. Il penche la tête de côté, songeur – avec son masque et sa bure, ça lui donne un air comique ; mais le public manque. Enfin il semble renoncer, regarde à sa droite, le mur de la demeure des Démons, mais ce mur-ci est aveugle. Alors il lève les mains en l'air et abandonne pour de bon. Il fait demi-tour, et revient vers Saint-Martin à grandes enjambées.

Allons ! souffle-t-il. Saint-Martin contre Saint-Denis, le combat sera joli.

Il ignore l'odeur d'urine qui commence à lui prendre le nez, époussette sa bure empoussiérée par sa vaine escapade, et débouche enfin sur la rue. Il prend une grande inspiration.

Bon, Septime... y'a plus qu'à. Allez ! De l'atout.


Et il avance, bien décidé, vers l'huis. A partir de maintenant, plus droit à l'erreur. Il est le Mal. Un Démon.


Pas de blagues, Septime. T'es Terrifiant. N'oublie pas.

Et à nouveau il chante, pour tenter de rentrer dans le rôle.


Cherche pas t'auras pas le temps de comprendre
J'arrive
Y a un truc dans l'air ça sent le sang
J'salive
Y a une guerre qui se prépare
L'adrénaline est mon phare
J'arrive
Le Démon alias Septime
J'arrive
Comme un inquisiteur sans conscience donc sans peur
J'arrive
J'ai l'instinct d'un tueur
Je suis un Démon aux réactions extrêmes
Adversaire ou ennemi c'est la même...


Il est planté devant l'huis. Prend une inspiration. Pose sa main gantée sur le heurtoir de fer. Et frappe.

TOC. TOC. TOC.

Et pourtant, dans sa tête, sonne une autre chanson...

J'arrive, j'arrive,
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois traîner mes os
Jusqu'au soleil jusqu'à l'été
Jusqu'à demain jusqu'au printemps
J'arrive, j'arrive,
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois voir si le fleuve
Est encore fleuve voir si le port
Est encore port m'y voir encore
J'arrive, j'arrive...


_________________
Ny.x


Là.

Omnisciente.
Omniprésente.


Depuis l’aube des temps elle engendre des mondes, des êtres doués de sensibilité, observe des civilisations grandir puis s’effondrer en l’espace d’un instant à l’échelle cosmique qui est la sienne…
Créatrice de tout ce qui est, elle laisse ses enfants les plus vieux jouer de l’existence des plus jeunes. Comme lorsqu’elle laissa à Eris la destinée de Troie…
Elle est le Chaos originel, l’Essence primordiale.
D’une arabesque, les voiles vaporeux qui enrubannent le Monde s’écartent pour lui laisser entrevoir ses Enfants.

Ames palpitantes comme autant de battements de cœur dont elle connait chaque musique. De la cacophonie qui s’élève, chaque respiration est un chant qui enchante la diaphane observatrice.
Mille soleils mourants la réchauffent, Mère de l’ombre, dont le regard
aiguisé perce les plus sombres.

Princes renaissants, encore balbutiants, ses Enfants vont devoir faire leurs preuves pour regagner leur place légitime et régner à nouveau.
Souffler à leur oreille, inaudible au commun et au vulgaire, leur insuffler la force et la foi.
Démons assoupis, indolents, devront faire montre d’autant plus de créativité et d’audace pour se hisser au dessus du maelström dans lequel ils sont plongés.

Bientôt le crépuscule sous son égide.
Hélios poursuit sa course après Sélène. Immuable jeu de dupes dont aucun ne se lasse.
Ses Enfants de par le monde,
En vie.

Comme tous les autres,
Leur chant va retentir,
Honorer les cieux,
L’honorer Elle.
Jusqu’au moment où, lorsque leurs âmes renonceront à lutter, elles viendront la rejoindre.

Retour à la Matrice universelle,
Au Primat,


A Elle.
--__belial_l_encapuchonne


Au fond de la demeure, pas trop loin des cuisines, à proximité des chambres, loin de toute lumière du jour, là se tenait la véritable antre des encapuchonnés. Une salle en pierres, éclairée de quelques flambeaux, et simplement ornée de trônes.
Sur le plus surélevé se tenait une ombre. Mains croisées sous le menton et immobile. Immobile. Immobile.


- Hmpf.

A force d'immobilité, on était à deux doigts de l'inconfort. Belial, prince de l'orgueil, tenait plus que tout à son image. Si le décorum imposait d'être immobile, alors il devait être l'immobilité incarnée. De toute façon, le mot avait été inventé à force de le regarder se maintenir sans bouger.
Derrière le masque d'ivoire, cependant, une légère grimace venait rompre la tenue générale.
Il tenait habituellement à arriver le dernier aux réunions. Pas par retard, non, par calcul. De cette façon, ses frères étaient forcés de l'attendre et il pouvait entrer de façon majestueuse et s'installer sur son trône surélevé en silence. Il aimait à leur rappeler qu'il était important.

Pour l'heure, il s'était simplement planté dans la date du rendez-vous. Il avait pourtant juré d'avoir noté mardi. Afin de faire bonne figure, il avait donc décidé de jouer les maîtres de cérémonie en accueillant ses frères un à un, leur faisant ainsi remarquer son incroyable patience. Et son immobilité, aussi.

Le plan était parfait, à un détail prêt. Il commençait à fatiguer et un début de crampe le prenait dans le pied. Guettant des yeux autour de lui, il finit par se lever en faisant craquer tous ses membres. Personne ne craquait comme lui.

Une fois sa grande silhouette dépliée, il entama une série de petits pas autour des trônes. Belzébuth, Asmodée, Azazel, Léviathan, Lucifer, Satan. Mine de rien, il s'assura que son trône apparaissait bien plus haut et plus noir que les autres. Il en profita pour replacer les petites cales sous le fauteuil et tirer sur la tenture derrière lui. A cet instant, quelqu'un frappa à la porte. En un instant, il alla se replacer sur son siège, mains sous le menton.

Qui serait le premier ? Il ne devait pas montrer de surprise, aussi ferma-t-il les yeux un instant, se concentrant sur les sons uniquement pour reconnaître les arrivants. Le silence profond qui s'instaurait finit par lui faire tourner la tête. Bordel, même plus de serviteurs pour aller ouvrir ?? Belzébuth avait encore besoin d'une sérieuse discussion sur ce que l'on entendait par "standing". Il soupira et se releva. Etre obligé, LUI !, de servir de grouillots à ses frères.

Il avança par la porte et regarda par le judas. Un frère. Tss. Il prit sa voix la plus grave pour entamer la question rituelle.

- Mot de passe ?

--Septime_l_encapuchonne


- Mot de passe ?

La voix était grave... lourde. Etait-ce assez ?
Elle était chargée d'Orgueil, certes, mais aussi d'Intempérance – on pouvait presque entendre sourdre la Colère. Etait-ce assez ?
Il y avait dans le ton quelque chose de hiératique. Comme la parole première et rituelle, la parole Thaumaturge. Il y avait dans le phrasé de l'Economie – ce n'était pas
Quel est le mot de passe ? ou même Le mot de passe ? C'était : Mot de passe ? De la Parcimonie, donc, et peut-être même de la Paresse. Etait-ce assez ?
N'y avait-il pas dans la gravité de cette voix, dans cette noblesse qu'il avait pris pour de l'Orgueil, un peu de Séduction ? Oui, il y avait dans le timbre et la simplicité des mots une Tentation, l'éveil de son Envie et de son Appétit ; peut-être même une invitation au Plaisir. Etait-ce assez ?

Non. La voix seule n'était pas suffisante.


Ah ! pensa-t-il, il faudra jouer finement. Heureusement, j'ai quelques atouts.

Et à son tour il parla, lui aussi d'une voix grave et solennelle, car il savait à présent que ce pouvait être celle de chacun des Sept Princes.

Etre frère Encapuchonné... c'est vraiment de la grosse boulasse.

_________________
--__belial_l_encapuchonne



Derrière la porte, forcé de jouer le rôle du concierge, Belial ronchonnait intérieurement. Guettant la voix derrière le masque pour reconnaître son frère, sachant pertinemment que ces saletés de masques en ivoire assourdissaient tout (il avait pourtant expliqué que l'or portait mieux les sons), il espérait néanmoins tomber sur un frère compatissant qui lui laisserait au moins le plaisir de dire le bon mot de passe. Pas l'officiel, non. Celui qu'il avait proposé en séance plénière la dernière fois et qu'ils avaient refusé. Rectification : qu'ils n'avaient même pas daigné commenter. Alors que "Frère Belial est vraiment le Prince le plus puissant et sa lumière vous aveugle" était franchement plus efficace comme mot de passe, en plus de n'être que l'exacte vérité.
Derrière la porte, le frère était resté silencieux un instant, ce qui éveilla une lueur d'espoir chez le concierge en chef (quitte à être concierge, autant en être le plus gradé).
Mais, paf, raté.


- Etre frère Encapuchonné... c'est vraiment de la grosse boulasse.

La main sur le loquet hésita un instant. La voix ne lui disait rien et il n'avait pas proposé le mot de passe alternatif. Pouvait-il décemment redemander pour s'assurer de la personnalité du frère ? Il se souvint alors de la dernière fois que Leviathan avait du attendre, ils en avaient été quittes pour reconstruire le mur ouest de la demeure. Il soupira en silence et ouvrit la porte.

- Tu es en retard, mon frère.

Sans même attendre, il lui tourna le dos pour rejoindre la salle à grands pas. Comme il avait fait rallonger sa robe, il donnait l'impression de glisser sur les carreaux. Dommage que ceux là ne soient pas brillants et couverts de cire, l'effet aurait été encore plus spectaculaire.
Il parvint devant son trône et se réinstalla. Il réalisa alors qu'il avait oublié de se servir une coupe au passage. Bah, avec un peu de chance, c'était Asmodée qui venait d'arriver, il aurait bien une chose ou deux à proposer. Il n'allait quand même pas s'abaisser à quémander.
Il guetta son frère derrière le masque.

*Asmodée, fais pas ch.ier, dégaine ton godet*

--Septime_l_encapuchonne


Et le Renard était dans la tanière des Loups.
Ha. Un jeu de momacque ! Septime, t'es un chef, pensa l'usurpateur en foulant le seuil de Clos-la-Mort. Un poil poussiéreux, la demeure des Princes.

- Tu es en retard, mon frère.

En retard hein ? Septime, mon coco, apparemment tu étais attendu. De mieux en mieux.
Et il sourit sous le masque, mit sa main à la garde de son épée – pas rassurée, malgré ses rodomontades. Un pas mal exécuté, un mot de travers... et Six Sagouins se jetaient sur lui pour lui trancher la gorge... Six... peut-être Sept. Y'a pas à dire, ce genre de pensées, ça vous remet le ciboulot à la place.
Allez, marche Septime, et t'affoles pas. T'as une chance de cocu, t'as oublié ? D'ailleurs, tu l'es sûrement, cocu. Si ton mariage est valable... mais ça c'est une autre affaire.
Sans un mot, donc, pour ne rien trahir, Septime suivit son frère. Quel frère ? il commençait à se faire son idée. Il le suit. Un escalier de pierre... un couloir étroit et obscur, au fond de ce couloir une porte entrouverte... pas de musique irréelle, pourtant. Le reste de l'atmosphère est là : le Démon sait se mettre en scène.

Il entre.
7 trônes sombres, dans une sale obscure. Ici il sent toute la magie, le mal est dans l'ombre et dans les formes. L'autre s'est assis et a confirmé son soupçon.

Le plus haut trône, hein, frangin ? Le seul à différer des autres, en fait, et ça l'arrange – où qu'il choisisse de s'asseoir, il ne se trahira pas. Enfin, Un de dévoilé, restent Six. Bure à bure, qui sait ? peut-être s'en sortira-t-il.

Rien n'est moins sûr, pourtant, car il sait qu'en face de Lui l'Autre le scrute. L'observe. L'examine et le juge. Il cherche le raccord au coude qui trahirait Belzébuth, les déchirures qui trahiraient Léviathan, les taches de gras que sûrement Asmodée arbore fièrement. S'il est Bélial, alors plus que les autres il a le sens du détail, de l'harmonie. Il guette les mouvements un peu plus lascifs d'Azazel, ceux plus paresseux de Lucifer. Mais tout ceci est trop simple – il cherche plus loin encore. Il cherche l'empressement imperceptible de Satan. Il cherche tout cela.
Septime, pourtant, espère qu'il ne cherche rien d'autre. Qu'il ne cherche pas la trahison ou la tromperie. Qu'il est trop sûr de lui, trop imbu de sa supériorité, trop arrogant pour ne pas imaginer qu'on puisse oser espérer l'abuser. Peut-être même Septime se fait-il des idées. Peut-être que Bélial, Prince d'Orgueil, ne lui prête pas même attention, lui qui lui est extérieur. Peut-être...
Mais les Princes sont ils leurs Vices ? ou bien n'est-ce qu'un jeu... jusqu'où va leur folie ? Septime connaît, mieux que quiconque – mieux, peut-être, qu'aucun des Princes – la folie de celui qu'il compte remplacer. Il sait qu'elle allait plus loin – bien plus loin ! – que le vice dont il avait pris le costume.

Et il est, debout, au milieu de la salle circulaire, parmi les trônes. Jamais si près de sa vengeance, jamais si près de son trépas... peut-être. Il inspire... lentement. Lui aussi... doit jouer un rôle, sa Folie. Laquelle ? Toutes, jusqu'à trouver la bonne... aucune, tant qu'il ne sera certain.

Septime, souviens-toi ce que disait maman. Quand tu sais pas... tu fermes ta gueule.

Alors il s'approche d'un des trônes – loin de la porte, bien dans l'ombre ; et sur le côté de Bélial pour que celui-ci n'aie pas trop le loisir de l'observer.
Car c'est bien là Bélial, avec son ton de mépris, son allure hautaine, et son trône plus haut que les autres... si ç'avait été un autre, Bélial aurait détruit ce trône.
Il s'assied, et met Lunaire sur ses genoux – la lame, pure et droite, attrape un instant la lueur d'un flambeau.


Allez, Barnabé, ça va. Maintenant il n'y a plus qu'à attendre les frangins. t'y es presque. Mais si.
Et si t'as envie de faire dans ton froc, n'oublie pas que tu as vu le cabinet d'aisance sur la droite en entrant.

C'est vrai – un Prince Démon, ça ne fait pas dans son froc. Question de « standing. »

_________________
--Azazel_l.encapuchonne



Dans l'une des chambres de l'étage, de lourdes tentures, toutes de velours rouge, donnaient une ambiance feutrée. Cette chambre était scellée d'une lourde porte, laissant à peine échapper les bruits de ce qui se déroulait à l'intérieur ...
Mais curieusement, à la manière du carmin pulsant dans les veines, les râles et cris étouffés qui filtraient, s'harmonisaient parfaitement avec les chocs répétés qui faisaient vibrer les murs de la vieille bâtisse. Symbiose totale qui semblait unir ce lieu et ses habitant, comme un immense cœur battant ...

Au sein de cette chambre trônait un large lit sur lequel se trouvait allongé le "Play boy" de la maison, Azazel ! Enfin, c'est ainsi qu'il se voyait ... Car au final il était loin d'être beau, mais surtout beau de loin ! Le masque en ivoire n'aidant pas vraiment pour le coup. Ou p'tet bien que si après tout. Car ne subsistait que le meilleur de lui-même, son corps d'Adonis. Irrésistible tentation.

Dépenaillé, il se laissait aller aux bouches gourmandes de ses esclaves du moment. Des filles de toutes origines, vouées au culte de son unique personne et totalement offertes - enfin plutôt contraintes- au moindre de ses désirs charnels. L'extase ne se trouve que dans la soumission ... Et le doigté.

Jouissance et perversité, les deux mamelles de son existence dépravée.

Et quand il se lassait de ses "jouets", il les cédait à l'un de ses frères en échange de chair plus fraîche ...

Bercé par la douce plénitude du stupre, il sursaute, tiré de sa torpeur par le juron d'un de ses frères qui réussit à passer la lourde porte capitonnée.
Se débarrassant des sangsues pendues à son corps, il ouvre sa porte avec fracas, vociférant après celui qui avait osé perturber son moment de délectation ...


Oh ! C'est quoi ce bordel !

La bure en vrac laissant deviner l'émoi provoqué par son harem, les pieds-nus, Azazel parcourt du regard le couloir sombre, cherchant le responsable de tout ce boucan !

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Leviathan_l_encapuchonne


Ce BORDEL, mon frère ?

La haute stature de Léviathan se redresse vers la charpente de l'étroit couloir, en craquant chaque vertèbre une à une, jusqu'à celle qui jouxte l'omoplate et qui résiste, qui n'émet pas de son ! Le Colérique s'acharne, il donne des à-coups très vifs en remontant la nuque. La moelle épinière se bistourne, les tendons souffrent. Et enfin le craquement désiré retentit, plus fort que les autres, plus attendu, plus masochique que jamais...

*CRACK*

HIHi ! S'il est un bordel ici, tu en es le germe. Pauvre abruti.


Soulagé, ayant finit de rouler la tête entre ses épaules, l'exécrable Soupe-au-lait darde tous ses doigts sur la figure masquée d'Azazel et lui jette un regard constipé. Il aimerait par ce seul geste lui arracher les yeux, et les lui faire gober en vinaigrette.
En parlant d'estropier les gens, il est bon de savoir que bien souvent le Prince Démon de la Colère aime à se donner de petites devinettes : Quel frère haï-t'il le plus ? Comment aimerait-il le mettre en pièces ? Vous pouvez être certains qu'Azazel se tient souvent en tête de liste, et que la réponse favorite est : LUI COUPER LES COUILLES ! Mais l'entreprise reste toujours inachevée, car Léviathan possède malgré-tout un grand sens de la famille.

Sans prévenir, il fend l'air pour se saisir d'un chandelier où, dans leur propre cire, mourraient des cierges de baptême, et le balance comme javelot dans la chambre du stupre en vomissant un braillement. Un souffle grondant sort de ses narines alors qu'il reprend haleine, et se dirige vers les escaliers.


Réunion !
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--_asmodee_l_encapuchonne


- Réunion !

Était-ce à cet instant précis la voix de Leviathan, son frère une nouvelle fois en proie à une colère sans fin ? Il n’en faisait nul doute, Asmodée prince de la gourmandise avait apprit à différencier chacun de ses six frères derrière leurs masques d’ivoires.
Sursaut donc provoqué par ce hurlement provenant de l’étage supérieur alors qu’il dormait paisiblement dans ses cuisines alors que plus tôt dans la journée, il semblait trop occupé à dévorer quelques tranches de lard.

Celles-ci auront finit par avoir eu raison de lui et Asmodée le savait bien, à force de trop manger, l’on finit toujours par s’assoupir. Mais là, ce n’était pas vraiment le moment car à en croire ce qu’il venait d’entendre… il était une nouvelle fois en retard pour la réunion.
Asmodée n’en était pas vraiment très… disons simplement qu’il n’aimait pas participer à ces réunions. Lui qui devait sans cesse se rendre en cuisine pour aller y remplir les godets, l’on le surnommait prince de la Gourmandise et non pas… homme à tout faire.
Bientôt qui sait peut-être fera t-il également le ménage en cette demeure en plus de la cuisine.

Replaçant correctement son masque sur son visage, il prit enfin la peine de se redresser sur ses deux jambes qui lui semblaient être si lourdes. Dépoussiérant sa bure recouverte de miettes de pain et de tâches de gras, il s’efforça de se mettre à la tâche.
Devant sa table de préparation culinaire, il prit possession d’un plateau en argent qu’il nettoya brièvement avant d’y déposer en totalité sept godets qu’il remplit de vin. Un vin dont il n’aura pas été aisé d’en faire l’acquisition.
Car c’est effectivement un sombre marchand de ces bas quartiers qui aura finalement donné son accord quand à la livraison de cinq tonnelets de ce délicieux nectar.
Depuis quand refuse-ton quoi que ce soit à un prince ?

Les gens de la Cour des miracles ne changeront donc jamais à en croire ce que l’on peut voir juste en jetant un coup d’œil à l’extérieur de cette bâtisse. Marauds, mendiants et autres difformes, si seulement ils connaissaient ce luxe et ce confort
(passons sur la saleté) dans lequel vivaient nos sept princes.

Pensée qui fit légèrement sourire Asmodée qui dépassé par son esprit de gourmandise finit tout de même par lever légèrement son masque d’une main alors que de l’autre, il porte un des sept godets à sa bouche pour le vider d’une traite.
Masque rabaissé, il se servit à nouveau et déposa le godet aux cotés des six autres, enfin prêt à rejoindre ses frères. N’ayant rien entendu de la dernière venue en ces lieux, il pensait déjà à ce qu’il pourrait cuisiner suite à ceci, ce n’est pas les vivres qui manquaient en cette demeure.

Pain, viande, poisson, tout était présent pour la confection de somptueux repas et c’est sans compter le vin et le délicieux lait de chèvre qui servait à l’accompagnement de toutes ces victuailles.
Assez pensé, la salive presque au bord des lèvres, il prit enfin le plateau soigneusement avant de quitter ses cuisines. Traversant le grand hall avec hâte, il espérait ne pas croiser le regard de Leviathan qui semblait déjà si remonté.
Arrivant enfin face à l’entrée de cette sombre et mystérieuse salle qui leur servait de lieu de réunion, il y pénétra enfin, découvrant ainsi Belial sur son large trône ainsi qu’un autre de ses frères dont il avait pour l’heure oublié le nom. A force de trop vivre dans ses cuisines, il finissait par devenir l’un de ces nombreux esprits qui hantent les lieux.


- Bonsoir mes frères…

Annonça t-il en guise de bonne entrée avant de déposer le plateau d’argent au centre de la table. Ainsi il prit place à son tour, loin de Belial et non loin tout de même de l’autre. A sa place, comme d’habitude, lui ne se souciait de rien…

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--Septime_l_encapuchonne


- Bonsoir mes frères…

Non. Il ne faut pas lui répondre 'salut frangine'. Il faut rester, là... et ne rien dire. Enfin là, faut admettre les cousines, ça se précise.

Bien droit dans son fauteuil, sa lame nue sur ses genoux, Septime semblait certainement un Prince... il espérait simplement qu'il semblait même en être Six – puisqu'évidemment il ne pouvait être Bélial.

Bien dommage, pensait-il. Faut dire, Bélial, ça en aurait jeté... allons, allons, Septime, si tu veux ton nom il faudra le deviner. Du sang froid, et puis du ciboulot, veux-tu ? allons. Bon, le gros qui vient d'entrer avec la tâche de gras sur le costard, ça c'est facile – Asmodée.

Quelque part il était soulagé. L'acte qu'il avait joué depuis son entrée aurait difficilement pu être celui de la gourmandise... ni de la luxure, aussi avait-il été agréablement surpris d'entendre crier de « bordel » et puis « sperme ». Ou bien était-ce germe ? ou bien ferme ? Il n'avait pas bien entendu, à travers les murs épais.

Asmodée, ça oui, je peux le compter... et certainement Léviathan, qui beugle comme un âne dans les couloirs. Azazel, cependant... attend de voir, Barnabé. point d'impatience ! Ou bien serais-tu Belzébuth, avare de temps comme d'or ? Ou encore Satan, toujours à courir derrière ce que tu convoites ? Si Azazel déboule cul nul, il ne restera que ces deux là... et puis Lucifer. Lucifer... le Patient. Le Mou. Le Lent.

Il fallait donc, pour quelques temps encore garder cette porte ouverte... rester l'ombre dans un coin, l'ombre silencieuse qui pouvait rêvasser comme elle pouvait bouillonner de frustration. Acédie... Envie... Avarice... il pouvait encore être tout cela.

Bran qu'c'est chiant mon n'veu !

Dans son ennui, il oubliait presque sa terreur.

Et puis ils font mal au trèfle, leurs fauteuils ! Prince Démons, mon derche ! Quand on est Prince, on se paie des COUSSINS !
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--Lucifer_l_encapuchonne


A l'étage, une chambre, un silence à peine agrémenté d'un grincement et d'une respiration profonde.
Les volets clos laissent filtrer un semblant de clarté en rais chargés de particules volatiles.
Il fera nuit sous peu.
Un bureau soigneusement agençé, des instruments de mesures, des fioles, de nombreux ouvrages rares tiennent place culturelle en leurs bibliothèques à enfilades. Un tapis persan feutre et etouffe le pas, confinant un semblant de confort et de luxe à la pièce.
Et dans l'immense lit à courtines ouvertes, l'Acédie dans toute sa robustesse étalée profite d'un repos long et bien mérité.
Avec la nonchalence innée de qui sait posséder l'éternité.

Le grincement ténu fait son balancier et Lucifer frémit d'une paupière lourde, la literie gémit sous le poid d'une paresse sans nom.
Dans les brumes d'un sommeil infernal il a appréhendé les hurlements de colère, l'écho mat et sourd d'une tête de lion encore sollicitée par choc frontal, l'huis battre son moulin aux 5 vents de la rue.
Lui, d'un geste machinal va d'une main caressante chercher le vide à ses côtés, n'y trouvant que l'empreinte d'un souvenir blotti.
Et une chemise fine, froissée, abandonnée équivoque..

Le grincement perdure profilant une ombre mouvante sur les murs, Lucifer, s'étire avec la langueur qui lui est propre, ouvre un oeil encore troublé des brumes d'un narcotique puissant, cherchant dans le clair obscur la source.
Il se déploie et s'extirpe de la couche comme on quitte l'abîme, les nuées,l'oubli, tout drapé de nudité et de sa force tranquille.
Et comme il est Lucifer, la lumière le baigne dans une perçée des volets.

Un regard à sa pipe, à sa bure en attente, déposée avec soin sur un dossier de chaise, l'épée rapportée du confins du monde, le masque et la lourde cotte de maille avec.
Il s'habille sans hâte, avec déférence, ressassant les souvenirs doucereux de sa sieste longue.
Courte et en partie blanche, chahutée par le vacarme de son frère qui tenait bordel à domicile.
Il ne peste pas, ayant bien trop la flemme.

Quelques pas lents, il souffle au passage une chandelle en fin de vie et sa main va arrèter la course morbide d'une balancelle humaine.
Le grincement cesse, comme un coeur finit de battre et son index va caresser la ligne ferme d'un sein.
Belle autant que froide la pendue du soir.
Autant qu'elle fut ardente dans ses draps.
Juste avant que la conversation ne s'engage en creux d'oreillers.
Il sourit suavement sous le masque d'ivoire, sans joie, ni triomphe, n'ayant jamais douté de la finalité de cette rencontre.
Quand Lucifer parle, la mort n'est jamais bien loin, quand il fume la perdition et le trouble non plus.
Vénéneux il l'est sans doute aucun.


Quel gachis.

Il n'en pense rien, même s'il l'aurait bien gardé une nuit de plus. Charmante sans contexte, des pieds à sa jolie tête. Il lui a offert l'extase et la corde pour se pendre, la paix eternelle à mots savament choisis.
Et la damnation assurément. Naîve enfant,mais qui s'en souciera désespérée, abandonnée qu'elle était..
Charitable il lui a tendu une main secourable et ouvert les yeux sur l'inextricable monceau de laideurs et de souffrances qu'était son existence..


Tous.. Nous les aurons tous..

Le ton est froid, doucereux, où perce un ricanement cynique, la porte se referme sur le nid de l'Acédie, l'escalier grince lors il s'apprète à rejoindre sa fratrie.
La pendue dévoyée reprend sa danse, prisonnière de son irrémé...diable fuite..
Lucifer déjà, l'oublie, investissant son siège avec toute la langueur dont il est capable. Son masque caresse chacun des présents avec application, jetant son silence et son calme dans la pièce. Sa pipe de nouveau écume et fume...


Mes frères..

En guise de salut et dans un soupir las. Peut être un hommage à Belzebuth que cette économie de mots.
Une boutade à Bélial qui y verra forcément un dédain, un clin d'oeil à Azazel coutumier des matins alanguis, une pique impassible à La Colère si tempêtueuse.
Lucifer trône enfin auprès des siens, cherchant comme tout un chacun qui est qui...
Son regard luit, hypnotique, pénétrant et pour l'apparat c'est de fumée qu'il s'entoure.
Le nez respirant le parfum alléchant de quelques victuailles offertes à table fraternelle. L'Acédie ne boude pas les plaisirs et il a solide appétit.
Une profonde taffe...


Hsssss..pfff...

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