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Info:
A partir de la page 13... la nouvelle terrible tombe peu à peu.

[RP ouvert]L'hôtel de Culan.

Anne_blanche
Chapitre Premier : Enfance

Mère pleurait, encore et toujours. Elle s’enfermait dans sa chambre, mais les enfants entendaient le silence.

Un jour, on avait fait monter Anne dans le coche aux armoiries de Culan en Berry, avec Matheline, la camérière de sa mère. Bacchus, le gros cocher que la petite fille connaissait depuis sa naissance, et qui la regardait toujours avec des yeux mouillés, menait l’attelage. Mère l’avait embrassée sur le front, lui avait recommandé d’être sage, et avait promis qu’elle arriverait bientôt avec Gabriel et Blanche.
Blanche… Sa jumelle. C’était la première fois que les deux fillettes étaient séparées. Pendant toute la durée de l’interminable voyage, du Berry jusqu’à Vienne, Anne avait ressenti comme un arrachement. Elle se serrait contre Matheline, comme jadis contre sa jumelle. Mais ce n’était pas pareil. Matheline en profitait toujours pour la moucher, ou replacer une mèche de ses cheveux sous le bonnet de toile fine, ou pousser de gros soupirs en marmottant des « tout le portrait de son pauvre père » ou « l’est trop futée, c’t’ enfant-là ! »
Enfin, un beau matin, Bacchus avait arrêté le coche, avait tapé du manche de son fouet à la portière, sans descendre de son siège.


Nous y v’là ! Aga’dez donc si c’n’est point biau !

Vienne. Mère avait choisi Vienne, pour oublier Culan et le Berry. L’on disait que c’était une ville fort agréable, loin des sombres forêts de St-Aignan, loin des tombes de Culan.
Anne s’était penchée par la portière, pour voir, aussitôt rassise d’autorité par la camérière.


Voyons, Anne. Que dirait votre mère ?

Ben justement ! Anne n’en savait rien ! Pourquoi n’avait-elle pas le droit de regarder la ville où l’on allait vivre, désormais ? Une vague de colère serra les petites lèvres, qui demeurèrent cependant closes. L’enfant savait déjà qu’il est inutile de raisonner une grande personne. Elle se blottit dans son coin, attendit que la camérière mette la tête à sa portière, et coula un œil discret sous le rideau de cuir qui obturait la sienne. Bacchus fit claquer son fouet, le coche s’ébranla. L’on traversa Vienne.
Tout ce qu’Anne en vit, ce furent des maisons, toutes serrées les unes contre les autres. Des maisons, et encore des maisons. Les gens se plaquaient contre les murs pour faire place à l’imposant véhicule. L’on parvint enfin dans une cour, et la petite fille eut le droit de descendre.
--Bacchus
Grmbl grmbl grmbl ... ya pas idée... Pfff !!! grmbl ...

Bacchus ronchonne. Certes, c'est son habitude. Mais là, il y a de quoi. Des cochons ! La petite veut des cochons !
Hé ! Puisqu'elle en veut, Bacchus va lui en trouver, des cochons.
Faut dire qu'il ne sait rien lui refuser, à cette gamine. Elle le regarde avec ses grands yeux bleus, qu'on dirait feu son pauvre père, et il fond.

Ca fait déjà plusieurs semaines que Bacchus et Matheline sont arrivés à Vienne, en éclaireurs, avec la petite Anne dans leur bagages. Il a bien vu dans les yeux de la petite, quand il l'a aidée à descendre du coche, qu'elle n'était pas très contente d'être là. Elle ne dit pas grand-chose, cette gamine. Mais elle agit. Bacchus sait bien que, dès que Matheline a le dos tourné, elle file dans les rues, jusqu'aux tavernes. Il la surveille de loin. S'il lui arrivait quoi que ce soit, il ne s'en remettrait pas. Bacchus s'est attaché à Anne. Il la regarde pousser, jour après jour, et est très fier de ses progrès. La petite apprend vite. Elle vous regarde de son air sérieux, pose des tas de questions, et absorbe tout. Une vraie éponge.

Elle s'est promenée souvent sur le marché avec Matheline, qui est chargée des courses. Elle a vu que la viande n'y est pas en abondance. Et elle a dit à Bacchus : "Je veux une porcherie." Soit !
Bacchus est allé voir le conseiller du comte. Il lui a baillé les 90 écus demandés, et a obtenu pour sa jeune maîtresse un champ, où il a illico fait construire un petit abri. Et le voilà qui s'y rend, poussant devant lui un porcelet tout juste acquis, du bout d'une badine. La bête grogne, pas trop contente d'être ainsi dirigée.
Mais Bacchus grogne encore plus.


Grmbl grmbl grmbl... des cochons... Pffff !!! Pouvait pas vouloir un potager, non ? Des cochons !

Enfin, voilà ! Anne a sa porcherie. Et qui va devoir nourrir ces bestiaux-là ? Ben le Bacchus, pardi !
Il rentre vite à la maison, soigneusement choisie pour accueillir la famille de ses maîtres.


Demoiselle Anne ! Demoiselle Anne ! J'ai une surprise pour vous !
Anne_blanche
Les jours s'enchaînaient aux jours, et Mère ne donnait toujours pas de nouvelles. Son absence pesait à la petite fille. Plus encore, sa soeur et son frère lui manquaient cruellement.
Alors, elle étudiait. Tout et n'importe quoi. Dans les bagages étaient venus une partie des livres de son père. Anne les lisait, des heures entières, passant de l'un à l'autre, dans le plus complet désordre.
Et le soir, quand le peu de lumière ne lui permettait plus de lire, elle faisait des bêtises. Elle avait remarqué que Matheline, la camérière, s'installait avec un ouvrage dans la salle basse, quand elle lui avait dit de regagner sa chambre. Et elle s'endormait immanquablement, ronflant comme soufflet de forge au-dessus de sa tapisserie, qui n'avançait guère. Peu avant matines, elle s'éveillait en sursaut, filait border la petite dans son lit, et se couchait.
Anne en profitait. Dès que la régularité du ronflement lui signalait que la voie était libre, elle filait comme le vent à travers la place, et entrait en taverne. Elle se mettait dans un coin, et écoutait les conversations des grandes personnes.
Il y avait Messire Philippe, qui avait proposé d'être son mentor dans cette nouvelle ville ; son épouse, Dame Draguione ; leur fils, Antoine, qui avait à peu près son âge, et échappait souvent à la surveillance de sa mère.
Anne avait aussi fait la connaissance du gouverneur. Tous ces gens répondaient à ses incessantes questions avec une patience à laquelle les grandes personnes de son entourage n'avaient pas habitué la petite fille.


Bacchus, je veux une porcherie.

C'était très clair dans la tête d'Anne. Elle avait bien regardé, au marché. Elle avait même écrit, d'une écriture appliquée et maladroite, à un échevin pour lui demander son avis. Elle en avait parlé avec Messire Philippe. Et puisque Mère n'arrivait pas, et que Matheline n'y connaissait rien, elle prenait la décision toute seule, comme une grande. Bacchus râlait, bien sûr. Mais ça n'avait pas grande importance, vu qu'il râlait tout le temps.

Demoiselle Anne ! Demoiselle Anne ! J'ai une surprise pour vous !

La petite fille leva les yeux de son livre. Un traité de l'élevage du porc, c'était passionnant. Mais une surprise, ça l'est bien plus !

Une surprise pour moi, Bacchus ?

Elle se leva aussitôt, suivit le gros cocher, qui prenait des airs mystérieux. Il la mena à travers la ville, jusqu'à un champ, non loin de ce grand cours d'eau qui l'effrayait tant.

Un cochon !

Battant des mains, elle se précipita vers l'enclos où s'ébattait un porcelet, puis fit demi-tour et se hissa sur la pointe des pieds pour planter sur la joue de Bacchus un baiser sonore, sans se préoccuper de ce qu'aurait pu dire sa mère si elle l'avait vue faire.

Merci, Bacchus ! Je dirai à Antoine de venir le voir !
pnj
A la demeure des Massilia

Le petit garçon qui était héritier de la lignée des Lusignan, était avant tout un bonhomme plein d'invention au niveau des bêtises...Il se sentait souvent bien seul, malgré qu'il avait fait la connaissance d'une petite fille nommée Anne..un bien joli prénom. Elle n'avait pas le droit de se salir, pas le droit de faire tout ce que lui faisait tout au long de ses journées. Cela l'attristait bien souvent, il n'avait même pas le droit de lui faire un petit bisou sur le nez de peur que cela soit vu. Mais il ne voyait pas cela du même œil. Il comptait bien la revoir en catimini et lui apprendre les joies de la vie.

Antoine était assis là, sur une grosse pierre qui lui salissait le derrière, ses pensées tournés vers la fillette toujours bien peigné, les ongles toujours d'une propreté extrême, les vêtements toujours bien propre. Le garnement se releva passant ses mains sur son fondements afin d'en ôter la poussière qu'il avait sur ses petit braies. D'un pas nonchalant Antoine se dirigea vers l'atelier de son papa pour le prévenir de sa petite escapade au village. Ni d'une ni de deux il sauta dans sa chariote muni de son lance pierre et de sa petite épée en bois puis se mit en chemin, direction le village...




Arrivé au village

Il s'aimait a dévaler les rues, a faire un vacarme monstre pour attirer les regards sur lui, quand tout a coup il vit une grande maison qu'il n'avait jamais remarqué avant. Nul doute qu'il sagissait de personnes de grande noblesse qui y vivaient. Antoine s'arrêta un instant caché derrière un arbre afin de voir qui pouvait bien vivre dans un endroit pareil....Rien ne bougeait, même pas les étoffes qui semblaient être de très bonne facture accrochés aux fenêtre de la bâtisse...
Philipe_de_massilia
Les semaines précédantes

Philipe de massilia, sa femme Draguione et leur fils Antoine étaient arrivés à Vienne depuis quelques semaines. Ils avaient laissé derrière eux beaucoup de souvenirs mais aussi beaucoup d’amis.
Ils s’installèrent donc dans cette ville dont on leur avait parlé et surtout en bien. Doucement mais surement, ils firent connaissance de nombre de personnes, du simple vagabond, aux notables de cette ville. Comme à leur habitude, la famille de Massilia se mit en tête d’aider les plus démunis et de s’impliquer dans la vie du village.
Ils demandèrent donc à Dame Cococcinelle83, le tribun de la ville, de devenir parrain et marraine de jeunes gens arrivant dans le village.
En taverne, Dragui fit connaissance d’une petite fille un peu perdue et certes terrorisée par les adultes. Cela toucha la jeune femme qui se promit d’en parler à son mari, occupé avec son élevage de moutons à ce moment là.
Sa femme lui raconta un peu ses impressions le soir même. Phil pensa que ce serait une bonne idée que de prendre la jeune enfant sous son aile. Il demanda donc de devenir parrain de la petite fille, chose qui fut acceptée par les autorités de la ville, mais aussi et surtout par la demoiselle.
Phil était émerveillé par l’enfant, qui bien que timide, n’hésitait pas à poser des questions, et à en poser encore.
Jour après jour, le soldat fit donc connaissance avec sa filleule prénommée Anne_blanche.
Plus réservée que son bouleguon de fils, la fillette « absorbait » chaque conversation entre adulte et en comprenait immédiatement toutes les teneurs.


Le jour précédant

Anne_blanche était allé à la mairie et avait posé des questions aux différents échevins présents ce jour là. La demoiselle souhaitait avoir un petit lopin de terre, puisqu’elle y avait droit maintenant.
Elle tenait beaucoup aux animaux et sous les conseils avisés des échevins, elle demanda donc à avoir un petit élevage de cochons.
Phil eut un large sourire en apprenant çà.
Une fois de plus, la fillette avait compris les besoins de la ville et avait donc fait le nécessaire.
Phil était très fier d’elle et lui avait dit le soir même.
Au fond de lui, le soldat pensa fortement que son avenir serait lumineux.

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Anne_blanche
Anne resta un bon moment à contempler le porcelet, mais d'un peu loin. Il ne s'agissait pas de salir le bas de sa robe en approchant de trop près. Sinon, Matheline allait encore prendre un air docte et clamer : "Vous voulez faire mourir votre pauv' mère ? Déjà qu' vot' père est dans la tombe !"
Anne lui coulerait un regard azur sous ses longs cils soyeux, vivante statue du reproche, et la camérière tournerait le dos pour emporter la robe à la cuisine, le temps que la boue sèche devant la cheminée. Et la petite fille serait contrainte de rester dans sa chambre, roulée en boule sur les coussins disposés dans l'embrasure de la fenêtre, en attendant qu'on lui rapporte son vêtement.


Il lui faudra un compagnon de jeux, Bacchus. Il va s'ennuyer, tout seul. Vous savez, Bacchus : les cochons, ça ne sait pas lire pour se désennuyer. Rentrons !

Elle fourra sa menotte dans la grande paluche de Bacchus, pour avoir moins peur en passant le long du grand fleuve. On revint à ce qu'il fallait bien désormais appeler "la maison", et qui malgré sa taille paraissait bien petite à la gamine élevée au château de Culan.
Derrière un arbre, une silhouette bougea, et Anne sursauta, serrant plus fort la main de Bacchus. Elle se détendit aussitôt, reconnaissant le petit garçon qu'elle voyait parfois en taverne. Elle le désigna du menton à Bacchus.


C'est Antoine qui se cache là, Bacchus. On peut lui dire d'entrer ?

Les grands yeux azur se levèrent sur l'imposante moustache du digne homme, implorants.
--Bacchus
Humpf... Trop raisonnable, cette petite. Fichue Matheline ! Toujours à lui mettre des idées de bâsin et de soyeux en tête.

Attendri, Bacchus regarde Anne qui pose précautionneusement ses chausses sur les touffes d'herbe, loin des flaques de boue.

Il lui faudra un compagnon de jeux, Bacchus. Il va s'ennuyer, tout seul. Vous savez, Bacchus : les cochons, ça ne sait pas lire pour se désennuyer. Rentrons !

Et voilà ! Les livres ! Pauvre petite : ça n'a rien que les livres pour s'amuser. Bacchus sait un peu lire. Il a appris, quand il était huissier aux ambassades du Berry. C'est Dame Mentaïg qui lui a montré. Fallait bien, elle avait besoin de lui pour lui trier le courrier, tout ça. Bacchus sent sa paupière se mouiller, alors qu'il évoque le souvenir de cette heureuse époque. Son affection pour sa patronne, il l'a reportée toute entière sur la petite Anne, qui est comme qui dirait la nièce de Dame Mentaïg. Pas vraiment sa nièce pour de vrai. Ce n'était que la cousine du père de la petite. Mais c'est tout comme. Bacchus ne s'embarrasse pas de ces subtilités.
Il sent la main de la petite serrer la sienne, quand ils passent tout près du Rhône. Elle a peur de l'eau, cette gamine, que ça fait pitié. C'est depuis que cette sotte de Matheline lui a dit que son père avait été assassiné au bord de la Seine. C'est-y des choses à dire à une enfant, ça ? Bacchus a bien roulé de gros yeux fâchés sous ses sourcils en broussaille, mais que pouvait-il faire de plus ?
Une seconde fois, alors qu'ils approchent de la maison, Anne crispe sa menotte.


C'est Antoine qui se cache là, Bacchus. On peut lui dire d'entrer ?

Mouais... La Matheline ne verra pas ça d'un bon oeil. Il a l'air déluré, ce gamin. Les commères, au marché, pestent quand elles le voient débouler à toute allure dans sa chariote. Mais Bacchus s'est renseigné. Il est de bonne famille, et son père, Messire Philipe, a proposé son aide à Anne, qui dit bien l'aimer. Cela suffit à emporter l'assentiment du gros homme, d'autant que les prunelles bleues de la gamine le transpercent jusqu'à l'âme.

Eh ! Toi, petit ! Viens donc par ici, au lieu de te cacher dans les feuilles ! Ce n'est point les jupes de ta mère. Demoiselle Anne veut te parler. Allez hop ! A la maison, les loupiots !
pnj
Antoine était fortement impressionné par le grand homme donc les sourcils recouvraient presque ses gros yeux rond... Ce dernier regardait en sa direction, la petite Anne juste a coté quand il lui adressa la parole de sa grosse voix qui le faisait frémir...

Eh ! Toi, petit ! Viens donc par ici, au lieu de te cacher dans les feuilles ! Ce n'est point les jupes de ta mère. Demoiselle Anne veut te parler. Allez hop ! A la maison, les loupiots !

Le petit garçon sortit de derrière sa cachette doucement avec un petit sourire aux lèvres. Il n'en croyait pas ses oreilles, il avait le droit de rentrer dans cette grande bâtisse...Les mains derrière le dos il répliqua timidement en se balançant de gauche à droite...

C'est...c'est vrai? z'ai ...z'ai...le droit de venir zouer avec Anne?

Un regard sur sa petite accolyte de taverne, il lui sourit gentiement tout en continuant de se balancer...Antoine s'avança encore un peu quand tout a coup une chose lui revint à l'esprit....

*Anne n'aime pas les armes..ze vais laisser mon arsenal dans ma sariotte pour pas qu'elle a peur..*

D'un pas rapide il retourna vers sa chariotte parqué derrière l'arbre et y déposa son lance pierre et sa petite épée en bois. Ni d'une ni de deux, un demi tour rapide et se plaça aux coté de la petite fille. Il avait très envie de lui faire un petit bisou sur le nez comme sa maman lui en faisait chaque soirs avant de le coucher...mais l'homme qui toisait de haut ne lui plaisait guère... Il n'avait pas vraiment l'habitude de ses coutumes de nobles, malgré la famille dont il venait. Sa maman Draguione avait décidé de vivre cette noblesse différemment avec son époux et donc de garder une grande part de simplicité. Leur but était plutôt d'aider les nouveaux arrivés au village et de les soutenir comme ils le pouvaient.
Anne_blanche
Eh ! Toi, petit ! Viens donc par ici, au lieu de te cacher dans les feuilles ! Ce n'est point les jupes de ta mère. Demoiselle Anne veut te parler. Allez hop ! A la maison, les loupiots !

Anne éteignit très vite la lueur de triomphe dans ses prunelles bleues. C'était somme toute plutôt facile, d'obtenir ce qu'on voulait, avec Bacchus. Il était immense, presque aussi large que haut, il tripotait sans cesse avec les boudins qui lui servaient de doigts son énorme moustache d'un noir luisant, et sa voix d'ancien huissier faisait trembler la bière dans les chopes, en taverne. Taverne qu'il fréquentait d'ailleurs assidument, avalant chope sur chope sans jamais être ivre, grâce à une longue habitude. Mais Anne savait y faire. Un petit visage sérieux levé haut vers la grosse moustache, un battement des longs cils soyeux, comme elle avait vu faire à sa mère quand elle voulait obtenir quelque chose, et le tour était joué.
Et puis Bacchus, Anne l'aimait bien. Elle sentait confusément que le gros homme l'adorait, d'un amour désintéressé, simplement parce qu'elle était elle. Sa seule présence lui faisait chaud au coeur.
Il avait bien connu son père, aussi. La petite aurait voulu le questionner, encore et encore, comme elle le faisait en taverne face à des inconnus, pour comprendre. Mais elle n'osait pas. Une étrange pudeur la retenait.


Elle vit bien qu'Antoine était impressionné par la stature de Bacchus. Il sortit de derrière son arbre, mais sans l'assurance qui caractérisait d'ordinaire son attitude.

C'est...c'est vrai? z'ai ...z'ai...le droit de venir zouer avec Anne?

Il avait un joli sourire. Il se dandina un instant d'un pied sur l'autre, courut vers sa chariote, laissant Anne désemparée à l'idée qu'il refusait peut-être d'entrer dans sa maison. Mais non. Déjà il revenait, se postait à ses côtés, hésitant.
La petite fille lâcha la main de Bacchus pour prendre celle du garçonnet, et l'entraîna sous la porte cochère. La cour intérieure était vide de toute présence. Sans doute Matheline discutait-elle en cuisine des menus à venir, à cette heure.


Venez !

Plantant là Bacchus, Anne entraîna son compagnon dans la grande salle. Le feu n'y était pas encore allumé, mais il y faisait bon. Les tentures à images pendues au mur, les tapis sur les dalles de pierre, les vitraux des fenêtres gardaient la chaleur à l'intérieur. Elle hésita un instant. Antoine n'était pas, comme à l'ordinaire, affublé de son épée de bois et de son lance-pierre. A quoi donc pouvait bien jouer un garçon, quand ce n'était pas à la guerre ? Peut-être aimait-il lire, lui aussi ? La petite fille en doutait. Son front se plissa sous l'effort de réflexion, elle chercha dans sa mémoire. Le souvenir des jeux avec son frère aîné, Gabriel, s'effaçait peu à peu. Culan lui paraissait si loin ! Quand donc Mère arriverait-elle ?

Vous savez jouer à la main chaude ?
pnj
Le petit garçon était très surprit quand Anne lui prit la main. Une grande première, elle qui s'était essuyé lorsqu'il lui avait déposé un baisé amicale sur sa joue un soir en taverne, venait de lui prendre la main! Il n'eut le temps d'emboiter le pas qu'il faille de tomber emporté par la petite qui courrait certes très vite, pour finir sous la porte cochère de la demeure. Antoine était très impressionné par celle ci. Son regard ne savait plus où se diriger tant il y avait a voir. Sa maman ne l'avait pas encore mené au château familiale car le temps lui manquait quelque peu. Mais Antoine n'en avait cure, il s'amusait bien au village et maintenant il avait de la compagnie. Certes très élégante pour son âge ce qui l'amusait bien. En entrant dans la grande salle, il fut vraiment envahi par un sentiment de petitesse. Il s'approcha des étoffes accrochées aux fenêtres de la pièces en y passant doucement l'une de ses petites main comme il faisait très souvent avec les robes de sa maman. Son regard se posa en même temps sur les grandes tapisseries qui ornaient les murs.

Vous savez jouer à la main chaude ?

Il s'avança vers la fillette, regardant vers la cheminée qui était vide de flammes et se dit ...
*main saude, main saude...heureusement qu'il n'y a pas de feu dans la seminé sinon elle me ferait peur là Anne*

Tout en balayant la pièce du regard, il contemplait les assises recouverte de velours coloré. Pour sur qu'il n'aurait pas le droit de s'assoir là dessus avec ses vêtement poussiéreux. Antoine reprit ses esprit et posa à nouveau son regard sur Anne...

euh...non ze sais pas zouer à ton zeu...tu me montres?
Anne_blanche
euh...non ze sais pas zouer à ton zeu...tu me montres?

Comme ceci... Montrez vos mains, paumes vers le plafond. Je mets les miennes juste au-dessus, paumes vers le sol, sans les toucher. Vous devez essayer de taper le dos d'une de mes mains, et moi, je dois essayer de ne pas me faire toucher. C'est à celui qui ira le plus vite !

Le jeu était facile, et les deux enfants s'en donnèrent à coeur joie. Ce furent leurs éclats de rire qui attirèrent dans la grande salle Matheline et ses jupes.

Qu'est-ce que c'est que ça ?!

Anne se retourna vivement, prise en faute. La camérière, debout dans l'encadrement de la porte, les mains sur les joues, contemplait Antoine avec des yeux ronds, comme s'il se fût agi du Sans-nom en personne.

C'est ...

Anne se redressa de toute sa petite taille, respira à fond, et se reprit.

C'est mon ami, Antoine. Bacchus l'a autorisé à venir jouer avec moi.

Une demoiselle de noblesse ne joue pas avec n'importe quel garnement des rues ! File, petit ! Et que je ne te revoie plus ici !

Un doigt impérieux montrait la porte. Anne s'interposa.

Non, Matheline.

Comment, Demoiselle ?

La camérière n'en revenait pas. Que la petite Anne, d'ordinaire si sage, pût lui dire non, ça lui coupait le souffle.

Non, Matheline. Messire Antoine de Massilia est mon ami, son père est mon mentor à Vienne, et il restera chez moi aussi longtemps qu'il lui plaira, et qu'il me plaira.

La voix fluette avait à peine insisté sur "chez moi". Anne, les mains nouées dans le dos, faisait face à la camérière.
Fut-ce la particule ? Fut-ce le sentiment de sa position qui lui revenait soudain ? Matheline recula d'un pas.


Ah ben, si c'est le fils à Messire Philippe, alors... Ben il peut rester... Et soyez sages, hein ?! Sinon, je l'dirai à vot' mère, dès qu'elle sera là !

La fillette poussa un soupir de soulagement. Elle se retourna vers Antoine, avec un sourire complice.

On joue ?
pnj
Comme ceci... Montrez vos mains, paumes vers le plafond. Je mets les miennes juste au-dessus, paumes vers le sol, sans les toucher. Vous devez essayer de taper le dos d'une de mes mains, et moi, je dois essayer de ne pas me faire toucher. C'est à celui qui ira le plus vite !


Le petit riait et riait encore avec sa nouvelle amie...Ce jeu lui paraissait très plaisant et comprenait le pourquoi des mains chaudes! Ses petite mains rougissaient sérieusement sous les tapes d'Anne, mais cela ne le dérangeait absolument pas, il était simplement heureux de pouvoir jouer avec celle ci en toute liberté?


Qu'est-ce que c'est que ça ?!

Antoine ne put sortir quelconque mot de la bouche quand la dame pas très commode se montra à la porte. Le souffle coupé, il était prêt a détaler comme un lapin sous la grosse voix de la Matheline. Anne lui en avait certes déjà parlé, mais il ne pouvait pas s'imaginer qu'elle était aussi effrayante. Pourtant lui qui en général n'avait peur de rien, se recroquevilla sur lui en se mettant à l'abri derrière une assise. Il buvait chaque paroles autoritaire de sa complice du moment, ne bougeant surtout pas un petit doigt.

Ah ben, si c'est le fils à Messire Philippe, alors... Ben il peut rester... Et soyez sages, hein ?! Sinon, je l'dirai à vot' mère, dès qu'elle sera là !

Le jeune futur soldat se redressa subitement quand il entendit qu'il pouvait rester. Il monta sur ses grands chevaux, assuré plus que jamais!

On joue ?

Un regard vers la petite qui lui adressait la parole, il sourit et acqueissa avant de se tourner et de s'avancer vers la Matheline en prenant sa voix la plus angélique.

Promis m'dame! ze vais essayer de pas apprendre des bêtises à Demoiselle Anne.

Antoine recula a nouveau..il ne laissait rarement paraître son dos a l'ennemi, surtout quand il n'était paré ni de son épée, ni de son lance pierre! La aucun moyen de défense devant la grande dame qui avait un air très sérieux...Arrivé a hauteur de sa nouvelle amie, il lui prit légèrement la main, fit de grand yeux rond et lui chuchota sur un ton plutôt effaré...

c'est vrai qu'elle est pas très zentil ta nounou...

Tout en se redressant dans une posture assez droite et assurée il continua...

Tu veux encore zouer aux mains saude? sinon moi ze te montre comment on zoue avec les billes...

Un peu casse-cou, il balaya du regard la pièce repérant les vases disposés sur les tables et autres ameublement...

Euh .. les billes non..il y a trop de zolies sozes ici...et si on casse la Matheline va encore revenir ...z'ai une idée!!!

Il prit la main de la petite et l'entraina au dehors avec lui...un passage rapide par le jardin en riant, il s'arrêta devant un par terre fleurit et en cueilli une petite fleur, qu'il lui coinça dans ses cheveux. Un grand sourire assez fier de lui se figea sur ses lèvres...


Papa il fait toujours comme ça à ma maman..Il lui pique touzours une zolie rose dans son chignon quand ils se promènent dans le zardin.

Tu veux que ze t'emmène faire le tour du zardin en sariotte?


La petite n'eut le temps de répondre qu'elle fut déjà emporté par une course folle! Mais il avait vraiment envie de lui montrer les joies de la vie, quitte à se salir les vêtements...Antoine l'entraina à l'avant de son engin et monta à son tour derrière elle. Il prit ses deux bâtons fermement en main qui lui servaient à avancer. Le petit garçon ne voulait certes pas l'effrayer donc il commença doucement. Les cheveux d'Anne virevoltaient sur son visage à ne plus rien y voir ...
--Bacchus
Qu'est-ce que c'est que ça ?!

Bacchus passe dans le corridor. Il entend la voix aigre de Matheline, et roule de gros yeux agacés sous ses sourcils en broussailles.

V'là qu'elle va encore râler, l'autre !

Il s'approche, pour intervenir si besoin. Par-dessus l'épaule de la camérière, il voit la petite Anne, plantée toute droite sur ses deux jambes, ses yeux bleus dardés sur le visage de Matheline qui la gronde.

Messire Antoine de Massilia est mon ami, son père est mon mentor à Vienne, et il restera chez moi aussi longtemps qu'il lui plaira, et qu'il me plaira.

Bacchus se retient pour ne pas rire. Elle a du caractère, la gamine ! Tout le portrait de feu son pauvre père ! La Matheline, elle peut retourner à ses chiffons. C'est ce qu'elle fait, d'ailleurs.

On en fera quelque chose, de c'te gazoute (1).

Emu, plus fier que si l'enfant était sienne, Bacchus regarde le petit bout de femme qui a fait plier le dragon femelle, et propulse sa grande carcasse jusqu'à la cuisine. Elle grandit, c'te petiote. Bacchus chasse de l'index l'humidité qu'il sent au coin de sa paupière, et se sert une large rasade de bière pour oublier que le temps passe. La cuisinière ne lui accorde pas la moindre attention. Elle a l'habitude de voir "Messire Bacchus" s'installer au bout du banc, les cuisses écartées pour que chacune puisse trouver place auprès de l'autre, et s'enfiler coup sur coup deux ou trois pintes de bière de ménage. Elle est même secrètement fière qu'il l'apprécie tant, sa bière.
Des cris de frayeur proviennent du jardin. Aussitôt, Bacchus est debout. Avec une rapidité qu'on n'attend pas chez un homme de sa corpulence, il se précipite dehors. Echevelée, Anne est assise dans la chariote de son petit camarade, qui mène son engin par les allées, un peu trop vite au goût de la gamine. Son bonnet s'est envolé. Ses cheveux, aussi noirs que ceux de feu son père, lui fouettent le visage, s'envolent jusqu'à celui du petit garçon. Elle rit et crie à la fois. Elle est heureuse.
Bacchus adosse ses deux cent cinquante livres à un noyer qui croule sous les fruits verts. Il reste là une bonne heure, à se régaler du spectacle de deux enfants qui s'amusent. Si les pages du Castel des Ambassades, qu'il terrorisait de sa grosse voix à l'époque où il était huissier, pouvaient le voir ! Mais c'est bien loin, tout ça. Le Berry, c'est fini. Messire Valatar n'est plus, Dame Mentaïg non plus. Ne reste plus que cette enfant, fille de l'un et héritière de l'autre.

Dans un repli de son cerveau embué de chagrin, Bacchus forme le voeu de la rendre digne de ces deux-là.

Mais il est l'heure d'arrêter les jeux. Quand Anne est trop fatiguée, elle fait des cauchemars, la nuit. Et Matheline, que cela tire du sommeil, la gronde.


Messire Antoine ! Vot' père va chercher après vous. Filez donc, maintenant. Demoiselle Anne, venez ça que la cuisinière vous r'mette vos nâpîlles (2) en place. Z'êtes toute accorgeante (3), à c't' heure !

Il enlève la gamine dans ses bras, sourit par-dessus son épaule au bonhomme qui le regarde s'éloigner vers la cuisine.

On va prendre un mainguion (4), Demoiselle. Et quand z'aurez un peu dormi, on ira voir vos nourrains (5)!

(1) jeune fille
(2) chiffons
(3) dégoûtante
(4) petit repas
(5) porcelets
pnj
Les instants passèrent tandis qu'Antoine se régalait des cris et rires de sa complice. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir à cet instant. La vie, la liberté, même s'il savait bien qu'il ne pouvait pas venir la voir chaque jours, il savait néanmoins qu'elle filerait à l'anglaise pour aller en taverne.

Bacchus était là, a les regarder, le nez légèrement rougit par l'alcool qu'il ingérait à longueur de journée. Il avait l'air amusé par ces petits tours en chariote, mais surtout de voir son Anne aussi heureuse. Il se leva, et appela. Fin des amusements, Anne devait rentrer. Antoine stoppa net son engin offert par son papa lorsqu'un jour il était sage. Ses deux bâtons crissaient sur le sol. Il sortit de la chariote en premier pour aider son amie a sortir dans se déchirer ses jolies vêtements.

Non sans un joli sourire, il la laissa partir. Il savait...il savait qu'il la reverrai.


A....A bientôt Anne!

Antoine remonta dans sa chariote, la regardant partir avec Bacchus un sourire aux lèvres. Lui aussi était heureux. Le petit garçon remonta la rue pour rejoindre son Papa...
Philipe_de_massilia
Depuis quelques jours, Phil travaillait dur dans son échoppe de charpentier. Les commandes de seaux non cerclés n’arrêtaient pas. Quand il en avait fini avec la confection des seaux, il s’occupait des comptes des soldes de la garnison qui lui tenait très à cœur. Pendant tout ce temps, il laissait son fils jouer dans leur jardin, ou vagabonder dans la ville, d’échoppe en échoppe, de taverne en taverne. Phil connaissait bien la plupart des villageois de la ville et savait que son fils était surveillé « l’air de rien ».

Phil avait maintenant terminé ses comptes et vit qu’une fois de plus, son illustre fils en avait profité pour aller balader. Phil se nettoya les mains encore pleine d’encre, se demandant où allait-il retrouver son fils se coup-ci. Il se changea rapidement et partit dans les rues de Vienne la belle.

Les tous premiers lieux que le soldat visita furent …..les tavernes.
Son fils adorait ces lieux d’échanges, il le savait bien. Avec le sourire, le père d’Antoine entra dans la première, sans résultat, puis il entra dans les suivantes, sans plus de résultat. Commençant à se faire un peu de souci, il demanda donc aux passants dans la rue, si, par hasard, ils n’avaient pas vu un bolide rapide non identifié avec un soldat miniature dessus.
Deux gueux qui passaient par là, éclatèrent de rire et lui répondirent :


Citation:
Oui, nous l’avons bien vu, mais il était accompagné par la jeune demoiselle que vous avez prit sous votre aile, Messire.


Tiens donc, Antoine serait partit avec Anne_blanche, hum…

Phil ne connaissait finalement que peu sa filleule. Mais surtout il ne connaissait absolument pas les personnes qui s’occupaient d’elle en l’absence de sa famille. Quelque peu méfiant, il partit en direction de la demeure de la demoiselle.
Se rappelant de la description faite par Anne, Phil trouva la bâtisse, somme toute bien humble, mais surtout son fils juste devant qui paraissait tout heureux.

Phil le prit dans ses bras et lui fit claquer une bise sur ses joues toutes rouges.


Eh bien dit moi, je te cherche depuis un moment là !

Rassuré, le père passa affectueusement une main dans ses cheveux.

Alors, dit moi, c’est donc là qu’habite Anne ?
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