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[RP ouvert]L'hôtel de Culan.

--Pere_comis
Le Père Comis n'a plus grand chose à faire, en l'hôtel de Culan.
Alors, il prie. Après tout, c'est son rôle.
Il prie pour le salut de l'âme de Dame Maryan, partie rejoindre le Très-haut.
Il prie pour la sauvegarde du corps mortel de Monseigneur Gabriel, nommé évêque chez des hérétiques qui ont juré la mort de tout noble, de tout aristotélicien. Un évêque noble, c'est pain bénit pour ces suppôts du Sans-nom.
Il prie pour Demoiselle Anne, si frêle, si malheureuse qu'elle est une proie toute désignée pour le Sans-nom.
Il prie pour Messire Walan, que l'on ne voit plus en-dehors des couloirs du Castel de Lyon, depuis la funeste nouvelle.
Il prie pour Messire Homme_des_bois, qui avait juré de prendre soin de Dame Maryan, lors de son veuvage, et n'a pu la protéger de la maladie.
Il prie pour Messire Hugoruth, dont la charge écrasante à la Cour d'Appel mange les jours et les nuits.

Le Père Comis prie aussi pour lui. Le bon moine a perdu un peu de sa confortable bedaine, ces derniers temps. Il se demande s'il a bien rempli sa tâche, s'il a su conforter en Anne la foi reçue à son baptême, de façon à la mettre à l'abri des manigances du Sans-nom.
Le Père Comis est inquiet.
Homme_des_bois
Une ombre passe dans la ruelle, un grand manteau noir, un chapeau porté bas sur un regard fatigué où une ancienne lueur semble prête à s'éteindre. Un murmure...

J'ai faillis, lourdement. Je reviendrais quand j'en serais digne.


Des pas lourds qui s'éloignent...
_________________

Homme_des_bois, dit HDB, Baron d'Aupic
Veuf de Mentaig et du Berry
"Pour le bien de tous et non la gloire d'un seul."
Anne_blanche
Préparez mes malles, Matheline. Je pars pour Paris.

Le nouveau Grand Académicien, Messire Voltaire, avait mandé Anne par missive privée. La noble institution, sous son impulsion, reprenait vie, après le malheureux intermède d'un Grand Académicien bafoueur de statuts et le plus souvent absent.
Aussi Anne avait-elle quitté Lyon au petit jour, dans le coche aux armes de Culan voilées de noir, afin de récupérer à Vienne ce qui lui serait nécessaire pour le voyage. Certes, elle aurait pu y envoyer Bacchus. Mais elle avait besoin de prendre l'air. Les couloirs du Castel de Pierre-Scize lui semblaient de plus en plus étouffants, l'hôtel de Messire Argael était accueillant, mais bien endormi. Le petit prince y coulait des jours insouciants, protégé par une petite armée aux ordres du vicomte. Anne pouvait s'absenter quelques jours sans appréhension.


Alors qu'elle rêvassait devant la fenêtre, tournant dans sa tête les termes d'un courrier qu'elle se proposait d'adresser à son évêque de frère avant le départ, une ombre se profila dans la rue. Le baron d'Aupic sortait...
C'était déjà en soi un petit événement. Depuis son arrivée à Vienne, il ne quittait pour ainsi dire jamais la chambre.
Il était tout de noir vêtu, malgré la chaleur. Il leva un instant la tête, et Anne recula brusquement, comme si elle avait reçu un coup. Dans les yeux du baron se lisait une telle détresse qu'elle sentit la sienne lui remonter à la gorge, la mettant au bord de la nausée. Elle vit les lèvres de l'homme s'agiter, le suivit des yeux quand il s'éloigna, voûté, le pas pesant.


Mon Dieu !


Les yeux agrandis d'horreur, Anne restait figée sur place. Celui qu'elle appelait affectueusement "mon oncle" avait juré protection à feue Maryan d'Ambroise, au pied du lit de mort de Valatar. Et Maryan à son tour avait rejoint le Soleil. Homme_des_bois s'éloignait, si triste, si désemparée. Et Anne se sentait incapable de le rattraper, de le ramener, de partager avec lui l'odieux chagrin qui la minait depuis la mort de sa mère et le départ de son frère.
Elle se laissa tomber sur le coussiège, effrayée de ce qu'elle lisait en elle. L'acédie... Elle était au bord de l'acédie, péché immonde s'il en est. Sa main se leva, elle voulait se signer, chasser l'ombre du démon. Elle n'y parvint pas.
Un dernier sursaut d'énergie.


Matheline ! Laissez cette malle. Faites prévenir la supérieure du couvent, qu'elle m'accueille jusqu'à dimanche en huit. Bacchus m'y conduira, et vous ramènera à Lyon auprès de Blanche.


Le visage lunaire de la servante se crispa dans une moue de mauvaise humeur.


J'ai dit !

Tant pis pour Paris, tant pis pour l'Académie, tant pis pour Pierre-Scize, pour Messire Althiof... Se retrouver, se plonger dans l'aristotélicisme, pour ne pas se perdre définitivement. On a toujours le choix, disait le Père Comis. Anne choisit de se couper du monde pour être à même d'y revenir intacte.

_________________
Terwagne_mericourt
Un soir comme tant d'autres depuis son installation à Vienne :


Assise devant la fenêtre de la chambre qu'on lui avait attribuée à l'Hôtel de Culan, la Dame de Thauvenay se noyait une fois de plus dans sa solitude, la tête pleine d'interrogations, le coeur rempli de nostalgie, mais aussi plein de celui qui lui manquait tellement, et dont elle aurait aimé recevoir enfin un signe, un tout petit signe.

Hugo...

Pourquoi ne l'avait-il même pas prévenue de son départ pour Lyon avec sa filleule? Et pas non plus de son séjour chez les moines? Quand reviendrait-il? Lui ferrait-il au moins un signe à ce moment-là? Se souviendrait-il qu'elle était sa fiancée?

Plus elle retournait ces questions, moins elle comprenait...

Où était le Hugo qui lui écrivait pour tout et pour rien auparavant? Celui qui ne pouvait tenir une journée loin d'elle sans confier ses pensées à un pigeon? Celui qui l'aimait plus que tout? Celui qui voulait faire d'elle sa femme devant Aristote et les hommes?

Sentant les larmes embuer ses yeux, elle se leva et ouvrit la fenêtre, comme si elle espérait que le vent emporte son chagrin, ou mieux encore ses pensées pour les mener jusqu'à lui.

Elle n'aurait jamais du le suivre, venir s'installer ici avec lui, en croyant à ses belles paroles, à ces mots tracés de sa main avec lesquels il lui faisait miroiter une nouvelle vie, à deux, auprès de son neveu et de sa filleule... Un nouveau départ, loin du Berry où tous deux avaient tellement souffert de la politique et de ses machinations.

Près d'Anne et Gabriel, oui, elle l'avait été, en arrivant, mais pas près de lui, qui aussitôt arrivé et installé avait semblé s'évaporer à nouveau dans les airs... Ne donnant plus aucun signe de vie.

Parfois, lorsqu'elle s'éveillait au milieu de la nuit, elle l'apercevait rentrant de Paris, où il siégeait à la Cour d'Appel, ou bien elle voyait un faible rai de lumière sous la porte de sa chambre à lui, mais rien de plus... Il semblait vivre de la même façon que le baron d'Aupic, depuis la mort de Mentaig et Valatar... Reclu, détaché de tous.

Alors, elle avait comblé comme elle le pouvait cette absence, ne croisant dans cet hôtel que les enfants Cornedrue, ceux qui l'appelaient "tante" et qu'elle-même aurait aimé pouvoir appeler ses neveu et nièce, si une étrange douleur ne s'était pas emparé d'elle en lui rappelant qu'elle n'était pas mariée, mais juste fiancée, à chaque fois qu'elle les entendait prononcer ce mot.

Elle les aimait comme si elle avait été de leur famille officiellement, bien plus même, mais ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle n'était dans ces lieux qu'une étrangère, et non une Cornedrue.


Ce soir-là, encore plus seule depuis le départ de Gabriel suite à sa nomination comme évêque et celui de Anne pour Lyon, et ensuite en retraite au couvent, elle se sentait plus mal que jamais, se demandant ce qu'elle faisait là, ce qu'elle espérait encore.

Hugo... Elle espérait Hugo, malgré lui, malgré elle... Hugo qui ne se rendrait même pas compte de son absence si elle avait disparu lorsqu'il reviendrait.

Sa main se posa alors sur le pendentif pendu à son cou depuis sa demande en mariage, et une envie soudaine de l'arracher et de le jeter par la fenêtre l'envahit. Sa tristesse se muait en colère, contre lui, mais aussi contre elle-même qui était si bête sans doute de continuer à espérer, attendre, périr peu à peu d'amour.

Fermant les yeux pour se calmer, elle relâcha son étreinte, et respira lentement. Ensuite, elle se leva, et prit de quoi écrire.

Lui écrire... Une fois encore...

Peut-être répondrait-il, cette fois?

Ensuite, sans trop savoir pourquoi, elle rédigea une seconde lettre, destinée à celui qui, il y avait bien longtemps à présent, avait fait d'elle sa vassale, l'anoblissant en remerciement de ce qu'elle avait fait pour Sancerre, lui confiant le domaine de Thauvenay : Homme des Bois, le Baron d'Aupic, l'âme de feu Mentaig, son amie qui lui manquait si souvent, elle à qui elle s'était si souvent confiée, et qui la comprenait si bien.


Citation:
Cher Baron,

Ne cherchez pas à comprendre pourquoi, mais ce soir, dans le silence de l'hôtel de Culan, je pensais à vous, et me disais que je n'avais pas pris de vos nouvelles depuis bien longtemps.

Vous me connaissez assez pour savoir que ce manque d'écrits de ma part jusqu'aujourd'hui n'est pas synonyme d'oubli, juste d'un manque de sociabilité parfois, dans les moments où mon chagrin est bien trop lourd pour que je le taise, et bien trop communicatif.

Je préfère alors ne pas trop prendre le risque de contaminer les autres, mais pense bien à eux, soyez en assuré.

J'espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé.


Avec toute mon affection,
Terwagne.

_________________
Terwagne_mericourt
Après la missive reçue avec un peu de retard, rédigée par Hugo juste avant son isolement chez les moines, isolement qu'il avait lâchement préféré à des explications de vive voix, Terwagne avait vu son monde s'écrouler.

Des nouvelles de sa part, Aristote sait à quel point elle en avait attendu...
A quel point elle avait espéré, chaque jour, voir un pigeon porteur d'une lettre écrite de sa main se poser enfin devant la fenêtre de sa chambre...

Mais ce qu'elle lu dans cette lettre, jamais, même dans ses plus horribles cauchemars, même dans ses moments de désespoir, elle ne l'avait imaginé.

La vérité, sa décision à lui de mettre fin au NOUS, sa fuite lâche en retraite afin d'éviter un affrontement, elle n'y était pas prête.

Tous ces mois à l'attendre, toutes ces années à espérer qu'un jour il redeviendrait celui qui l'avait demandée en mariage, qui parlait de futur sous le même toit... Et tout cela pour finir par être congédiée par une lettre... Pas même une discussion en face à face, non... Juste une lettre, comme une rupture de baille...

Son monde s'écroula, et c'est peu de le dire.

Etait-elle abattue? Désespérée? En colère? Remplie de détresse ou plutôt de haine? Elle ne savait pas, elle ne savait plus...

La seule chose qu'elle savait, c'est que dorénavant elle n'avait plus rien à faire à l'Hotel de Culan, dans cette famille où elle avait rêvé d'entrer, qu'elle aimait comme si elle avait été la sienne, mais dont jamais elle ne ferait réellement partie.

Alors, elle prépara ses bagages, chargea un porteur de les mener à l'auberge la plus éloignée, et se mit en devoir d'au moins prévenir les enfants Cornedrue de la raison de son départ, gageant que lui n'aurait pas pris la peine d'officialiser quoi que ce soit, trop pressé qu'il était de se retirer derrière les volets d'une retraite.

Elle choisit d'écrire à Anne...


Citation:
Très chère Anne,

Par la présente, je tenais à vous avertir du fait que je viens de quitter la chambre que vous aviez mise à ma disposition dans l'Hôtel familial, et de faire porter mes bagages dans une taverne de la ville.

En effet, votre parrain ayant décidé de mettre fin à ce qui nous unissait, il est à présent certain que jamais je ne serai votre "tante", comme vous et Gabriel m'appeliez malgré tout, et que ma place n'est plus parmi vous.

Mon affection pour vous et Gabriel est tout aussi grande que le désespoir qui est le mien en ce moment, n'en doutez jamais, tout comme jamais je n'oublierai ce qui m'a unit à vos parents et votre tante Mentaig.

Prenez soin de vous, surtout, et si un jour l'envie de rendre visite à une désormais étrangère vous tente, je serai heureuse d'avoir de vos nouvelles.

Terwagne...

PS : Manquant de force pour écrire à votre frère, je vous remercie de l'avertir en lieu et place de votre parrain et moi.

_________________
--Bacchus
Mais ousque tu vas avec tout ça, toi ?!

Ebahi, Bacchus regarde un portefaix coltiner malles et paquets dans sa charrette à bras.

Ben tiens ! C'est la dame, là-haut, qui m'a dit d'lui porter tout ça à l'auberge ! Tu crois quand même pas que je larcine ?!

Bacchus retire son bonnet et se gratte furieusement le scalp. La dame là-haut ? Ca ne peut être que Dame Terwagne. Demoiselle Anne, elle est toujours à Lyon, à veiller sur Son Altesse. C'est elle qui a dit à Bacchus de venir s'assurer que la chambre de Demoiselle Blanche serait prête en temps et heure, vu qu'avec la Matheline, on ne peut point avoir de confiance.

Bacchus lève les yeux vers la porte du vestibule, comme s'il s'attendait à y voir apparaître la silhouette de la dame de Thauvenay. Il revient au portefaix, a un geste pour lui prendre des mains la dernière malle.


Mais qui que t'es, toi, le Bacchus, pour empêcher les dames de faire ce qu'elles veulent ?

Il se gourmande, furibond. A défaut de pouvoir tourner sa colère contre les grands, il la tourne contre lui-même. Sous l'œil effaré du portefaix, il lance rageusement son bonnet sur le pavé de la cour et le piétine en proférant toutes les injures de son répertoire. L'homme s'empresse de s'éloigner, tirant son fardeau, de cette maison de fous.

Déjà que le baron l'est parti le Très-haut sait où, faut que la Dame mette les bouts aussi !

Quand Anne va revenir à Vienne - et Bacchus espère que ce sera le plus vite possible, vu que Lyon, c'est pas un endroit pour une jeune fille - elle et sa sœur vont se retrouver seules dans cet immense hôtel. Il y a bien le vieux vicomte, le parrain de Demoiselle Anne, là-haut. Mais ce bougre-là vit reclus pire que moine en cellule, quand il n'est pas à Paris en train de refaire le travail mal fait de tous ces vauriens de juges.

Bacchus en pleurerait. D'ailleurs, en ramassant son bonnet tout sali, il attrape du bout de la langue, dans sa moustache en berne, une goutte salée.
Et puis la Dame de Thauvenay, Bacchus l'aime bien. Elle est gentille. Qu'est-ce qui s'est passé, pour qu'elle quitte l'hôtel ? Se serait-y qu'elle se serait fâchée avec Demoiselle Anne ? La petite a souvent la tête près du bonnet. Non... Elle est se fâche, des fois, et elle n'aime pas les coups bas, ni les bisouilles, mais elle est droite, et elle aussi, elle aime bien Dame Terwagne.
Alors, c'est forcément le vieux vicomte qui lui a fait des misères... Il est gentil aussi, pourtant, Messire d'Angillon. Et puis, c'est le cousin de feue Dame Mentaïg. C'est un Cornedrue. Le chef de famille, même. Un Cornedrue, dans l'esprit de Bacchus, c'est forcément gentil.
Il secoue la tête, soupire, remet son bonnet, et s'en va à pas lourds cacher son chagrin dans la crinière d'une jument.


Avale celle-là encore, mon vieux Bacchus...
--Bacchus
Citation:
Mon bon Bacchus,

Dès réception de la présente, mettez-vous en route pour Lyon, vous savez où me trouver. Empruntez, je vous prie, deux houppelandes à Matheline. Prenez aussi, dans la malle du grenier, le vieil habit que portait mon frère à son arrivée à Vienne.
Nul ne doit savoir que vous venez à Lyon.
Je vous attendrai demain soir à la poterne des jardins.

Anne


Bacchus se gratte furieusement le scalp. Le gone qui lui a remis la missive, moyennant une pomme et une oublie que le brave homme allait engouffrer, mais qu'il n'a pas eu le cœur de refuser au gamin dépenaillé, a disparu au bout de la rue.
L'hôtel est vide. Messire Hugo est à Paris. Matheline est toujours à Culan, où la demoiselle l'a laissée s'occuper des affaires de feue Madame. Flamenque, qui n'a personne pour qui cuisiner, s'en est allée conter fleurette au bord du Rhône. Le Père Comis est à vêpres dans quelque couvent.


Mais qu'equ' elle a 'core inventé ?

Le meilleur moyen de le savoir, c'est d'atteler, et de tirer sur Lyon.
La fin de vêpres sonne quand Bacchus franchit la grande porte cochère.
Anne_blanche
Quand parvint à Vienne le coursier sale et crotté qui parlait avec un étrange accent, Anne était seule dans la grand-salle, sur son coussiège accoutumé, le regard perdu en direction de la cathédrale. Elle s'attendait depuis plusieurs jours à la visite de Messire Althiof, laquelle visite se faisait attendre. Elle avait eu le temps de tourner cent et mille fois dans sa tête ce qu'elle lui dirait, de bien peser ses termes, d'en éliminer tout jugement hâtif.
L'enfant princier jouait dans le courtil, à la garde de Bacchus, qui trouvait dans ce rôle de nourrice une nouvelle jeunesse. Matheline venait d'annoncer son retour prochain de Culan, Anne lui avait écrit d'attendre quelques jours, que l'alerte sur le Lyonnais-Dauphiné fût levée, et que le baron d'Aupic fût prêt à faire route sur Vienne avec elle, mais elle n'était pas sûre que sa lettre parviendrait à temps à sa servante. Dame Terwagne avait écrit, quelques jours auparavant, qu'elle se trouvait forcée de rester un temps à Montélimar. Son vicomte de parrain se trouvait probablement à Paris, en train de juger en appel quelque dossier de brigand en mal de reconnaissance. Quant à Blanche, si elle ne se perdait pas en oraisons dans sa chambre, c'est qu'elle faisait retraite en quelque couvent.

Anne s'ennuyait.
Malgré le travail acharné qu'elle fournissait, tant à la Mairie qu'au Duché, les tâches mécaniques, les calculs interminables, les montagnes de courriers dépouillés et envoyés, ne suffisaient pas à combler ses journées.
L'arrivée du courrier fut accueillie avec joie.
Et cette joie augmenta quand la jeune fille reconnut le scel.


Gabriel !


Le coursier fut gratifié de quelques écus, et remis aux bons soins de Flamenque, la cuisinière, avant que les doigts tremblants d'Anne ne glissent sous la cire une lame chauffée à blanc.

Citation:
A Genève
Le jour 9ème du mois de septembre de l'an de grâce 1457

    A l'attention de mesdemoiselles Anne et Blanche de Culan
    A remettre en mains propres à ces demoiselles, à l'hôtel de Culan, à Vienne.


Mes chères sœurs,
Voilà de trop longues semaines que je suis sans nouvelles de notre famille. Aussi est-ce le cœur soucieux, mais confiant dans vos bienheureuses compétences, que je prends la plume pour vous apporter des éclaircissements sur la vie que je mène, trop loin de mes chères sœurs, à Genève.

La Confédération Helvétique est un endroit étrange et assez différent de la France et de la Bretagne. On y croise, il est vrai, de nombreux Français de passage, marchands véreux, vagabonds crasseux ou pèlerins pieux, et j’y ai même vu un pauvre roturier breton, perdu, qui avait tant marché jusques ici qu’il en avait oublié sa propre langue.

Car c’est probablement le plus choquant dans cette Genève si surprenante : il n’y a point (ou peu) de noblesse. Ainsi la roture y a ses habitudes, on s’appelle par son prénom, on boit tout son saoul en chantant quelque paillardise, et on s’appelle « citoyen de la république ». Je vous confesse que ce sont là des coutumes que j’ai encore du mal à accepter, et en ceci mon ministère n’en est que plus facile, paradoxalement. Oui, plus facile, car finalement, la population me voit comme un être différent, à part, non pas tant à cause de ma robe, mais de mes manières aristocratiques. On y voit une distance qui, en plus de m’être agréable, m’est relativement profitable, puisqu’elle inspire le respect à ces petits sauvages.

Sauvages aussi sont ces pauvres hétérodoxes. Je ne sais qui les a éduqués, mais ces pauvres gens, qui composent pour une grande part la bourgeoisie urbaine de la paroisse de Genève (les paysans sont plus sensibles au message du Très-Haut) font référence à des textes que je ne connais pas, et méprisent la parole de nos prophètes. Ainsi se décompose la plus grande part de ma tâche : j’accomplis les devoirs liturgiques habituels, je reste en contact avec la paroisse voisine d’Annecy, sous ma dépendance, et je lutte contre l’hérésie avec une force dont mère ne doit pas rougir de son paradis, et une diplomatie qui, je l’espère, honore la mémoire de père et tante Mentaïg. Car, mes chères sœurs qui vivez dans le luxe d’une ville entièrement acquise aux forces de Dieu, croirez-vous que la cathédrale qui m’est destinée m’est en réalité interdite d’accès par les chiens et les hommes de la garde urbaine, qui protègent des amis du Sans-Nom occupant la bâtisse ? Face à cela, mon prédécesseur, l’honorable Aurélien, a dû consacrer une taverne abandonnée, dans laquelle je suis réduit à célébrer l’ensemble de mes sacrements.

On m’a averti, par ailleurs, que le climat de ce pays étrangement vertical, deviendrait difficile à vivre passé le mois d’octobre, aussi ai-je dû faire des réserves de bois. Voilà d’ailleurs une denrée qui ne manque pas dans la région, même si les arbres ne sont pas les mêmes qu’en France. Les arbres helvètes sont plus secs, plus creux. Moins aimés du Seigneur, je pense, et je crois deviner pourquoi. La cathédrale étant occupée, j’ai cru devoir acheter sur mes fonds propres un nouvel hôtel particulier. Il n’en est heureusement rien, puisque le palais épiscopal et le potager attenant m’attendaient et avaient même été protégés et entretenus en mon absence par les « citoyens » détenteurs de la Vraie-Foi.

J’ai passé quelques jours à Rome, au mois d’août. La chaleur y était difficilement supportable, mais cette ville est d’une splendeur dépassant toute description. J’y ai fait la connaissance de plusieurs personnes très aristotéliciennes et fort aimables, et y ai même découvert un bureau qui m’y était spécialement réservé. Comme je regrette de n’avoir pu vous le faire visiter ! Promettez-moi que nous nous reverrons bientôt ! Pour ma part, je m’engage à mettre en œuvre tout ce que je puis pour cela.

D’ici là, que Dieu vous garde toutes deux sous Sa Très-Sainte protection.
Votre frère aimant,




Et Blanche qui n'était pas là ! Qu'importe, elle lirait plus tard. Anne s'installa à son écritoire, choisit soigneusement un parchemin neuf. Elle n'avait plus de vélin, bien trop cher pour sa bourse mise à mal par les dernières élections. Elle hésita un instant : plume ou calame ? Ce serait la plume. Son frère méritait bien ça. Elle s'appliquerait, écrirait lentement.

Citation:
A Monseigneur Gabriel de Culan, évêque de Genève

Vienne, ce vendredy onziesme de septembre MCDLVII



Mon cher frère,

A la première lecture de votre missive - car vous imaginez sans peine que je l'ai lue et relue bien des fois - j'ai béni le nom du Très-haut pour la grâce qu'il me fait d'avoir un frère tel que vous. Votre foi inébranlable, mon cher frère, face à la lourde tâche qui est vôtre, renforce la mienne, et me fait rougir des agacements que j'éprouve dans mes menus travaux au service du Lyonnais-Dauphiné. Si tenir les comptes d'un duché et attendre des heures que les maires daignent livrer leurs quotas de céréales est parfois fastidieux, ce n'en est pas moins simple, et sans commune mesure avec vos propres difficultés.

Mais je relis une fois encore votre lettre, Gabriel, et m'inquiète pour votre santé. Vous souvenez-vous des hivers dauphinois ? Je les trouve pour ma part bien froids, bien humides et bien longs, et vous me dites qu'en Helvétie ils commencent dès octobre ? Cette taverne où l'obscurantisme des mécréants vous contraint d'exercer votre ministère, est-elle au moins dotée d'une cheminée ? Voulez-vous, mon frère, que je vous envoie Bacchus ? Il saura veiller sur votre confort, comme il le fit pour Tante Mentaïg et moi-même. Vous le connaissez excellent cocher, vous le découvrirez fort apte à entretenir votre potager, bien mieux certainement que n'importe lequel de ces hérétiques dont vous êtes environné, et au moins aussi bien que tout aristotélicien helvète. Un mot de vous, et il prend la route de Genève. Me départir de lui me sera doux, si c'est pour votre sauvegarde.

Notre sœur vous écrira sans doute de son côté. Je la vois peu, hélas ! Son goût pour la prière la mène bien souvent au couvent. Je devrais m'en réjouir, je le sais. Mais l'hôtel de Culan est si vide ! Messire d'Aupic s'en est retourné en Berry, pour les obsèques d'un vieil ami, qui voulut nous faire visite au printemps dernier, mais qui passa le temps de son séjour à Vienne à l'infirmerie du monastère. Il avait nom Jelubir. Le Très-haut l'accueille en son paradis solaire !
Notre oncle de La Chapelle-Angillon passe à Paris le plus clair de son temps. A son sujet, mon frère, je dois vous avertir qu'il a rendu à la dame de Thauvenay sa liberté. Cette dernière a quitté l'hôtel. Elle se trouve en ce moment à Montélimar, auprès de Messire votre parrain.

En effet, mon frère, notre Duché connaît bien des épreuves. Des suppôts du Sans-nom, attirés par l'espoir d'une vaine gloriole, rôdent sans fin aux portes de nos villages, prêts à fondre dans la moindre brèche de nos défenses. Vienne ne semble pas pour l'instant menacée, et c'est heureux. J'y suis revenue depuis tantôt trois semaines, Blanche m'y a rejointe quelques jours plus tard. J'héberge en notre hôtel un enfant dont je vous parlerai plus tard, un garçon pour qui je me suis prise d'une réelle affection, et qui me le rend bien. Sa présence éclaire mes journées, l'honneur d'avoir sa garde me redonne goût à la vie. Pour sa sécurité et la mienne, je vous dirai seulement qu'il doit la vie à feue notre tante. Priez, s'il vous plaît, que le Très-haut me préserve de l'orgueil.

Peut-être est-il venu à votre connaissance, dans vos lointaines montagnes, que j'ai eu l'honneur, cinq jours durant, de gouverner le Lyonnais-Dauphiné. Notre Gouverneur, Messire Phelim, ayant été enlevé par des êtres sans foi ni loi, je me suis trouvée assurer la régence jusqu'aux élections suivantes. Malgré l'inertie de la plupart des Conseillers, Messire Phelim a été retrouvé en Berry, non loin de votre castel de Culan. J'ai à cette occasion dû surmonter ma répugnance, et écrire à notre grand-oncle d'Aigurande, lequel m'a fort aimablement répondu. Le temps de ma brève régence, on m'a communiqué les enregistrements du Conseil des Hauts Feudataires, et je suis encore bouleversée de ce que j'ai appris des manigances de cet homme. Je prie pour son âme immortelle tous les jours que le Très-haut fait, mais j'ai bien du mal à trouver en moi la confiance en sa rédemption.

Mon frère, dès que cela me sera possible, je vous viendrai visiter à Genève. Son Excellence Bastien d'Amilly, notre chancelier, me dit qu'un de nos ambassadeurs est actuellement là-bas. Je le recommande à vous, si son chemin devait croiser le vôtre. Il s'agit de Messire Mischmetal.

Le Très-haut vous garde, Gabriel, et vous conserve toujours votre foi.

Votre sœur affectionnée,




Elle cacheta sa lettre, se lança dans le corridor à la recherche du coursier, changea abruptement de direction. La fille de cuisine qu'elle faillit heurter dans le mouvement resta plantée là, à regarder la jeune maîtresse courir vers l'escalier à vis desservant les étages, comme la première enfant des rues venue.

Blanche ! Blanche ! Venez vite ! Nous avons un courrier de Gabriel !
_________________
--Pere_comis
La demoiselle est morose. Le Père Comis la surveille du coin de l'œil. Elle est assise sur son coussiège, et ne regarde même pas par la fenêtre. Elle a rapporté de la bibliothèque ducale un exemplaire du Concordat, qu'elle a lu et relu, sourcils froncés. A plusieurs reprises, elle a regardé en direction de son précepteur, et il s'est tenu prêt, sourire aux lèvres, à répondre à ses interrogations.
Mais elle n'a rien dit.
Le Père Comis s'est agenouillé sur le prie-dieu de feue Madame, que la demoiselle a fait apporter dans la grand-salle. Il prie. Plutôt, il voudrait bien prier. Mais l'attitude de son élève l'en empêche.
Le bon moine se demande quels nouveaux soucis l'ont encore amaigrie. Il se dit qu'il va aller tancer Flamenque, tout à l'heure. Depuis la mort de Madame, et le départ de Monseigneur Gabriel, la cuisinière passe plus de temps à faire des confitures, dont elle gave le bambin ramené de Lyon par la demoiselle, qu'à se préoccuper de servir des repas décents.


Je vais même le faire tout de suite, le Très-haut me pardonne !

Le Père Comis se lève, ouvre la porte, et se heurte presque à un gamin qui s'apprêtait à frapper.

Le bonjour, petit. Que désires-tu ?

Le bonjour, mon père. J'apporte une lettre pour la demoiselle de Culan.


Anne sort de sa torpeur, son petit visage se détend, elle est déjà sur pieds.

Donne, petit.

Le Père Comis a reconnu le scel de Tassin. Et c'est à son tour de froncer les sourcils. Qu'est-ce que l'ancien gouverneur peut bien vouloir à Anne ? Le digne moine n'apprécie guère le seigneur de Tassin. Oh ! Il est baptisé, certes ! Il a pris soin de s'en assurer lui-même. Mais son attitude est bien trop désinvolte pour plaire à un moine digne de ce nom, ordonné de surcroît. Il n'en tend pas moins la missive à sa destinataire, dont le visage s'assombrit de nouveau.


Vous attendiez un courrier, Anne ?

Oui, mon père. J'espérais une réponse de Gabriel.


La demoiselle retourne à son coussiège, le Père Comis à son prie-dieu. Non qu'il ait oublié Flamenque et ses confitures, mais il veut savoir. Le Très-haut lui pardonnera cette curiosité.
Anne_blanche
Mon Dieu, qu'il est difficile de se faire une opinion !

Anne était fatiguée. Les derniers événements ne lui avaient guère laissé le temps de se reposer. Elle avait l'impression de ne plus rien faire de bon, au Conseil Ducal, de n'être plus à même de réfléchir froidement. L'image d'une jeune fille à peine plus âgée qu'elle, jouant avec un lapin empaillé, auquel elle faisait dire des absurdités, lui revenait sans cesse en mémoire. Une jeune fille que son inconséquence allait mettre dans une position fort périlleuse...
Anne aurait pourtant voulu réfléchir posément aux dossiers en cours au Conseil. Les chiffres des comptes ducaux dansaient dans sa tête, les nouvelles en provenance du Languedoc tout proche n'avaient rien de réjouissant, la guerre ravageait le nord du Royaume. Et malgré tout cela, il fallait encore penser à l'anniversaire du Duché.
Elle aurait voulu parler avec le Père Comis du projet de révision du Concordat, mais n'osait. L'on dit que les murs ont des oreilles. L'on dit même que certains suppôts du Sans-nom s'adonnent à la voyance.


Le bonjour, mon père. J'apporte une lettre pour la demoiselle de Culan.

Gabriel ! Gabriel répondait à son courrier ! Anne se précipita, prit des mains du Père Comis le parchemin scellé. Mais le scel était rond, et portait les armes de Tassin. Messire Phelim...


Vous attendiez un courrier, Anne ?

Oui, mon père. J'espérais une réponse de Gabriel.


Elle était déçue. Elle n'en lut pas moins sa missive, qu'elle tendit ensuite à son précepteur. Elle avait bien remarqué son manège : il n'attendait que cela !



Citation:
A Anne de Culan,

Anne,

Je me dois de vous remercier pour avoir pris la régence suite à mon enlèvement. Il est rare qu’un Premier Conseiller soit amené à faire cela, et j’ai été satisfait d’apprendre que vous n’aviez pas reculé devant vos responsabilités .. comme toujours … comme quoi, le choix que je fis en plaçant ma confiance en vous fut le bon …

Je vous dois aussi des excuses, mon imprudence vous aura emmené ces soucis supplémentaires, à vous et à d’autres d’ailleurs. Puissent-ils me pardonner un jour.

Bonne continuation.

Faict à Tassin la Demi Lune, le dix neuvième jour du mois de Septembre de l’an de grasce mil quantre cent cinquante sept.

Phelim,
Seigneur de Tassin la Demi Lune.



Accepterez-vous d'être mon copiste, mon père ? J'ai tant écrit, ces dernières heures, que mes doigts en sont gourds, et me refusent service.

Ce n'était pas tout à fait la vérité. Certes, elle avait au majeur une belle ampoule, mais était encore parfaitement à même de tenir plume ou calame. Mais elle savait que son précepteur se méfiait du seigneur de Tassin comme de la peste, et tenait à le rassurer pleinement.
L'empressement qu'il mit à accepter lui montra, s'il en était besoin, qu'elle avait visé juste.


Très volontiers, Anne ! J'écrirai, et vous n'aurez plus qu'à signer !


Evitant soigneusement de sourire trop ouvertement, Anne se rassit sur son coussiège, joignit le bout des doigts, et se mit à dicter.

Citation:
Messire...


Non ... attendez. Je reprends...


C'était trop familier, pas assez officiel.

Citation:
A Haut et Puissant Messire Phelim, Seigneur de Tassin

Messire,

Votre missive me trouve bien aise de voir que vous avez totalement recouvré une santé mise à mal par vos odieux ravisseurs, et fort embarrassée des remerciements qu'elle contient. Assumer la charge du Duché en votre absence m'a paru chose naturelle, dans la position où je me trouvais.


Elle marqua une pause, relut le courrier de l'ancien gouverneur, sous l'œil vigilant du Père Comis.
Citation:

Pas plus que de remerciements, ne me devez d'excuses. Votre légendaire imprudence


Haussement de sourcil du Père Comis. Anne reprit :

Citation:

Votre imprudence ne suffirait à expliquer l'enlèvement dont vous fûtes victime. Vos ravisseurs sont seuls responsables du tracas, ainsi peut-être que quelques personnes trop promptes à se réjouir de ...


Tttttt ...

Pardon, mon père !


Citation:
Vos ravisseurs sont seuls responsables du tracas. S’il faut expliquer à d’aucuns comment ne point se tromper de cible aux reproches, je m’en chargerai.


La lèvre du moine frémit. Il n'appréciait pas cette dernière phrase, mais Anne fit semblant de ne point s'en apercevoir.
Citation:

Dame Arwel m’a avertie de votre voyage. Veuillez, s’il vous plaît, si vos pas vous mènent du côté de Culan en Berry, y dire pour moi une prière sur la tombe des mes parents et de ma tante.

Le Très-haut vous garde, Messire !


Le Père Comis lui tendit la plume, Anne signa lentement, prenant garde à ne pas accrocher le parchemin, pestant intérieurement contre ce fournisseur qui avait vendu à Bacchus un matériau d'aussi piètre qualité.


Merci, mon père.

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Valric
Il y avait fort longtemps, peut-être trop longtemps, il s'était juré de venir voir son Parrain, voir sa Famille, voir ces gens avec qui il avait fait ses débuts dans le monde de la Cours Berrichonne. Ils étaient pourtant toujours ensemble à l'époque à Saint-Aignan, trop de choses passées, trop de temps ses passées et les choses elles sont simplement devenu si compliquée! Son Parrain fut annoncé mort un jour en Berry, une simple lettre avait été écrit... Puis la femme du Parrain... Une lettre parvenu à lui bien trop tard... Maryan était partie et il ne l'avait même pas apprit en des délais convenables! C'est un drôle de phénomène quand vous oeuvrer à tout savoir alors que vous ne savez en aucun cas comment se porte les gens proche de vous... Et comment être près d'eux alors que vous êtes toujours impliqué çà et là dans les conflits du Royaume?! Ce n'était pas des excuses, un explication peut-être mais certe piète explication!

Elle, elle avait reconnu son nom... Lui?! Il ne savait même pas, de mémoire assez sélective, s'il la connaissait! Son Parrain lui avait-il parlé du Gambiani? Quels mots avaient-ils dit? Dans le cas du Gambiani, on aime ou on aime pas... Peu importe les doutes et l'inquiétude, peu importe ses craintes et son regrets, il décida de ce rendre à l'adresse convenue... Il devait voir, savoir, et connaître les enfants de personnes qu'il avait sur le compte de la fonction laissé de côté. Ces gens si près de vous que maintenant il semblait entrer en territoire étranger.

La Famille de Culan était très Noble... Lui, un vulgaire homme de guerre, Noble d'une simple Seigneurie, aucun vêtement de grande classe sur lui, sa couronne au Castel Plaix et maintenant le voici, frappant à l'Hôtel, vêtu dans tout son atirail de combat... Tenu peu coutumière... Mais si son Parrain Valatar avait parlé de lui, sa Famille saurait alors qu'ainsi vêtu, était la façon au Gambiani de vivre...

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Anne_blanche
Le Berry...
Anne n'y avait vécu que ses cinq premières années, entre sa mère, son frère et sa sœur. C'était bien loin, ce temps.
Le souvenir qu'elle en avait, c'était l'absence du père, mort peu avant sa naissance, les longues retraites douloureuses de sa mère, mais aussi l'admiration pour le grand frère Gabriel si savant, et le bonheur de ne faire qu'une avec sa jumelle.
Dans le vaste castel de Culan, des gens venaient, qu'on lui donnait pour des oncles, des tantes, des cousins... D'autres se réunissaient dans la salle où elle n'avait pas le droit d'entrer, et parlaient politique. Anne s'était bien souvent cachée derrière les tentures pour les écouter.
C'est par le plus grand des hasards qu'elle était passée au bureau des douanes du Castel de Lyon. Son oncle le baron d'Aupic ne donnait pas de nouvelles, et elle avait voulu vérifier, simplement parce qu'elle passait dans le couloir, si par hasard il n'était pas en chemin pour regagner Vienne. Son regard avait accroché un nom, Valric.
Sa tante Johanara avait un vassal de ce nom, qui se trouvait avoir été le filleul de feu Valatar.
Pourquoi Anne avait-elle écrit à cet homme qu'elle ne connaissait pas ? La solitude, sans doute. La peur irraisonnée de se retrouver abandonnée de sa famille, comme quand, huit ans plus tôt, sa mère l'avait envoyée à Vienne sous la garde de Bacchus et Matheline, et l'y avait oubliée de longs mois. Dans ses cauchemars désormais quasi quotidiens, Anne revivait le douloureux arrachement aux bras de sa sœur, les larmes, les supplications.
Mère était finalement venue, et elle était morte. Gabriel avait traversé le Royaume, depuis son couvent breton, et il était parti ; les nouvelles de Genève, où il avait été nommé évêque, étaient mauvaises. Blanche avait quitté son couvent franc-comtois pour la rejoindre, et à peine arrivée, avait rejoint un couvent viennois.
Anne avait peur, elle avait mal.
Son parrain, Hugoruth, se mourait lentement mais sûrement de quelque maladie dont il ne disait mot, son oncle Homme-des-bois ne se décidait pas à rentrer du Berry, sa tante Terwagne avait quitté l'hôtel de Culan.

Alors, elle avait écrit.
Le seigneur Valric avait répondu à sa missive, et elle l'attendait, dans la grand-salle de son hôtel si vide.
Si elle fut surprise en voyant l'homme en armes introduit par Bacchus, elle n'en laissa rien paraître. Trop bien élevée pour cela. Elle afficha un sourire, se leva et vint au-devant de son hôte.


Bienvenue, Messire Valric. Je suis Anne de Culan, fille de feu votre parrain Valatar. Je suis ravie de faire votre connaissance.


Assise près de la cheminée, Matheline, la servante, lançait sur le soldat des regards peu amènes. Quand Anne lui avait annoncé sa venue, elle s'était contentée d'un reniflement de mauvais augure. La jeune dame de La Mure n'avait pas cherché à savoir pourquoi sa servante n'approuvait pas la venue d'un filleul du vicomte de Culan. Elle ne voulait pas savoir. Elle voulait seulement se retrouver avec quelqu'un qui avait connu ses parents.
Elle désigna un siège à son hôte, et se mit en devoir de lui servir un verre de clairette.


Ainsi, vous êtes en route pour le Berry ?

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Valric
Le souccis quand on va rencontrer des gens que l'on est supposé connaître mais que l'on ne connait pas c'est le malaise que l'on vit quand on se retrouve face à face... Il était pourtant du genre à dire ce qu'il pense, penser ce qu'il dit et faire ce qu'il dit mais là... Comment excuser son absence auprès de la Famille de feu son Parrain? La discorde politique dans laquelle il s'était retiré suite aux évènements passés pour rejoindre l'Ost Royal, peut-être le gros manque d'amitié qu'il avait pour l'Oncle des enfants du Parrain? Hugoruth et le Gambiani n'étaient pas ce que l'On pouvait qualifié d'amis... Le Cornedrue avait délibérement fait tout en son pouvoir pour que le jeune Noble de Saint-Hilaire en Lignières se retrouvent pourchassé par mandat d'arrêt par la Prévôté Royale... Pour l'Homme de guerre s'était là qu'une autre fuite, une autre opération à mener à terme... Fuir un groupe de brigands en colère parce que vous les avez matté, infiltré ou trahis ou bien fuir la Prévôté Royale, que son propre Cousin Sebbe de Valrose dirigeait venait à être du pareille au même. Mais comment porter des amitiés pour ce Cornedrue pour qui il avait mené des troupes Berrichonnes au plus Nord du Nord connu en Artois, puis en Bretagne où il avait combattu cinq mois durant et retourner au Pays pour se faire dire que votre action n'était pas légitime, que vous n'aurez aucun honneur de vos actions faites au péril de votre vie et qu'au bout du compte, cet ancien Duc Berrichon vous trahis pour faire de vous un inconnu chez vous qui était depuis trop longtemps partie guerroyer en une terre inconnu...

Voilà beaucoup de faits qu'il l'avait poussé hors de la Famille Cornedrue, poussé loin des terres de Culan et de ces gens chez qui pourtant, il avait vécu de si bons moments... Là, devant l'hotel de Culan, armé tel un spartiate et près à servir tel le sang des valeurs romaines qui coulaient en lui le voulait, il était là, avec ce malaise parmit la gamme des émotions en lui.

Quand Anne vînt devant lui pour l'accueillir il fut frappé... Non pas par elle mais par ses traits! Elle lui ressemblait tant, à lui, son parrain... À elle! À Maryan sa mère! Une vague de souvenirs qui le frappa. Souvenirs lointain à la Taverne Chez Valounet, taverne de son père à elle... Couramio, Valatar, Maryan, Johanara, Scanx, Hugoruth, Amberle et lui... Ce temps était loin où le Valounet se levait en tourné bien haut vers les pouttres de cette taverne où tous ils étaient pour célébrer leur amitié...

La belle de Culan se présent à lui, il fit de même mais avec toute la distinction qu'il le pouvait.

Belle de Culan je vous remercie de cette accueil. Je suis Valentin Ricclot Gambiani de Valrose, le Seigneur de Saint-Hilaire en Lignières, Vassal de votre tante Johanara d'Amboise Baronne de Lignières en Berry. Filleuil de feu votre père, ami de longue date de feu votre mère et ayant servit par les armes pour l'ex Duc du Berry votre Oncle Hugoruth. Je ne sais comment trouver les mots pour vous éclairer sur ma personne, ainsi je vous ferai confiance pour ouvrir la discussion et répondre en bon vouloir à vos questions, que vous devez certes avoir...

Il l'a suivit un instant dans l'Hotel, la démarche telle sa mère, la prestance de son père... Norf!!! Un verre de Clairette lui fit du bien, un repas aurait été apprécié mais il n'était pas en droit de demander... Alors il prit place enlevant son épée bâtarde quil avait à la diagonale dans son dos, ramenant sa rapière sur sa cuisse gauche et délassant quelque peu son bustier d'armure aux muscles dessinés aux allures Romaines... Il passa une main dans ses cheveux en bataille, geste qu'il l'accompagnait depuis le tout début, même à l'époque des parents de la Belle en Berry... Et du Berry elle se demandait s'il faisait route...

En effet ma Demoiselle, je suis en route vers le Berry. Notre Duc a rapellé son Nobilliaire, les hommes clés sont de retour au travail et moi le Gambiani? Le Gambiani reprend le travail du Gambiani et en cela je ne peux m'élaborer plus qu'il ne le faut... Sachez seulement que les armes ici présentées devant vous seront remises à une usage juste et remplit d'honneur... Telle est la façon de faire du Gambiani... En ces faits, je fais route au Berry... Duché de Culan sans gardien et vous ici-lieux... Peut-être souhaiteriez-vous user de ma personne comme escorte pour ce trajet? Ce serait là la moindre des choses que je pourrais offrir en la mémoire de feu votre père... En ce sujet, avez-vous quelques questions auxquelles je puisse répondre?

Il se calla dans son siège retenant sa main de ne pas se diriger vers la poche de son gilet où herbe à fumer se trouvait... Habitude de la solitude sur les routes ou seulement ces moments passés en compagnie de tant de gens qui maintenant, n'était plus là...
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Anne_blanche
Anne sentait peser sur elle le regard du seigneur de Saint-Hilaire. Sans doute cherchait-il des ressemblances entre elle et ses parents. Il en trouverait sans peine. Tous ceux qui l'avaient connu s'accordaient à dire qu'elle était le portrait de son père : mêmes traits, mais au féminin, mêmes yeux bleus, même chevelure brune.
Tout en lui clamait le soldat, de sa vesture à ses gestes pour s'arranger de ses armes, de sa façon de saisir le gobelet de clairette à celle de s'embroussailler les cheveux. Les soldats, ça a tout le temps faim. Anne adressa un signe à Matheline, pour qu'elle aille quérir de Flamenque quelque collation.


Belle de Culan je vous remercie de cet accueil.

Belle... Anne savait qu'elle ne l'était pas. Elle le serait peut-être un jour, quand elle aurait pris quelques années et quelques formes. Pour l'instant, malgré ses efforts pour se tenir droite, bien serrer ses cheveux sous sa coiffe, sourire en dépit de l'angoisse, elle se trouvait l'air, dans la psyché de sa mère, d'un chat écorché qu'on aurait vêtu à la mode des humains.
Pourquoi Messire Valric l'appelait-il "Belle", alors ? Pour se moquer d'elle ?
Elle décida que non. Cela ne semblait pas être dans la manière du personnage.
Elle l'écoutait attentivement, essayait, à travers son discours, de se représenter son père.


En effet ma Demoiselle, je suis en route vers le Berry. Notre Duc a rapellé son Nobilliaire


Anne hocha la tête. Oui, cela, elle le savait. Elle en avait été prévenue par le vieil Anicet, qui veillait toujours sur Culan.

Peut-être souhaiteriez-vous user de ma personne comme escorte pour ce trajet? Ce serait là la moindre des choses que je pourrais offrir en la mémoire de feu votre père... En ce sujet, avez-vous quelques questions auxquelles je puisse répondre?


Je n'ai pas l'intention de me rendre en Berry, Messire. Mes charges en Lyonnais-Dauphiné ne m'en laissent point le loisir. Je vous remercie toutefois de votre proposition.


Elle hésita à interroger le soldat sur son père. Elle en avait eu la ferme intention, pourtant. Mais une étrange pudeur la retenait. Elle avait saisi une ombre de tristesse sur le visage de son vis-à-vis. S'il avait choisi Valatar pour parrain, c'est sans doute qu'il l'appréciait, qu'il l'aimait bien, même. Il répugnait à Anne de raviver les cendres. Valatar était mort depuis un peu plus de treize ans. Pour elle, ça représentait sa vie entière, c'était un laps de temps énorme. Mais elle avait remarqué à bien des occasions que, pour les gens aussi âgés que l'auraient été ses parents, treize années ne représentaient pas grand-chose. Elle retint donc sa question sur ses lèvres. Avec Dame Mysouris, elle avait osé. Mais elle était petite, alors. A sept ans, on ne se rend pas compte que les grands aussi peuvent avoir du chagrin.


Mon grand-oncle d'Aigurande sait sur qui il peut compter dans ses entreprises, dit-elle simplement, pensive.

Matheline, qui revenait avec un plateau de charcuteries lyonnaises et un gros pain encore tiède, apporta une diversion bienvenue.


Restaurons-nous, Messire, si bien le voulez.
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Valric
Le malaise se dissipait peu à peu chez lui... L'habitude peut-être de se retrouver dans des situation inconfortables? Se retrouver devant un Chef Brigand alors que vous devez l'amener à attaquer la cible choisie et par la suite prévoir à leur arrestation et le tout en foutant le camp au bon moment pour pas se faire soi-même poutré... Travailler au service des plus grands Nobles de ce Royaume et diner à leur table comme si vous seriez des leurs... Bref... Le Gambiani était comme ça, côtoyer la pire racaille et les plus grands de ce monde... Une drôle de vie mais c'était sa vie... Il était comme ça... Son Par... Feu son Parrain l'avait initié à ce genre d'opération dès son arrivé à Saint-Aignan... La confiance qu'ils avaient l'un pour l'autre était sans faille et quand le Duc de Culan simple Maire de Saint-Aignan à l'époque lui avait demander de se lancer en territoire ennemis pour aller chercher de l'informations, le Gambiani lui n'avait pas hésité et avait foncé... Lorsqu'il lui avait demandé d'utiliser ses nombreux contacts pour prendre en genre les finances de Saint-Aignan, lui, il l'avait fait s'occupant des ces finances alors que Maryan, feu son épouse, était devenu Maire à son tour... Voilà ce qu'il était le Gambiani, un Homme-Lige de quelqu'un de connu et à position... Il avait été le responsable du Commerces à Saint-Aignan sous Maryan, Johanara et Mysouris... L'Adjoint de la Baronne de Lignières et de Mysouris... Il l'avait servit cette Famille, sans faille, sans travers et il avait été à la hauteur...

La Guerre en Berry avait fait rage alors qu Johanara était la Maire... Valatar, George, Hugo, Mentaig... Tous au conseil pour préserver le Berry et lui, le Gambiani? Adjoint d'une ville assièger, défendant ce peuple et ces êtres chers et faisant sa marque en s'exposant seul devant les Lucioles concluant une trève pour que Saint-Aignan soit sauf... Voilà en quoi il se rendait utile... Il concluait les accords impossibles, rendait les missions les plus difficiles ordinaires lorsqu'exécuté par lui et les opérations clandestines choses communes... Voilà comment lui servait ces gens... Cette partie sombre que tous gouvernement poscède... Les gens oubliaient rapidement pour qui on travaille ou que l'on a travaillé... Les gens doutes et oublient... Hugo a oublié... Oublié qu'alors qu'il était Duc le Gambiani oeuvrait son service de renseignements indiquant stratégie et tactique juste à la défense de ses terres face aux Brigands... Il avait oublié pourquoi il était partie en Artois... Il avait douté de lui... Valatar aussi, George et les autres... Sa raison dans l'Ost Royal et tout le reste... Peu importe il connaissait les risques du travail de l'ombre et le bagage de connaissances et de souvenirs qu'il trainait avec lui devaient seulement être utilisé à profit.... Aujourd'hui était l'occasion de faire remonter quelques souvenirs devant la Belle de Culan et l'éclairer... Elle n'oserait pas mais elle devait le savoir... Peu importe ce que l'on avait pu dire de lui, peu importe comment les gens de Culan osaient le regarder... Il était le Gambiani et en ce fait il se devait de faire les actions quand elles devaient être faites!

Un peu de pain tiède, de la charcutries et de l'alcool... La Belle savait s'y prendre pour le mettre à son aise... Il hochait la tête buvant et mangeant et lorsque le silence du "repas" s'installa il ne pu s'empêcher de laisser filler entre ses dents retenant un morceau de pain quelques paroles...


Il était bien vous savez...

Lecture de son regard interrogé et reconnaisse de son attention captée. Prenant le temps de se vider la bouche gardant quelques manières il poursuivit.

Votre Père, "Val' ", était quelqu'un de bien ma demoiselle... Il était l'ami le plus précieux que j'eu en Berry et même en ce Royaume... J'avais pour Val une confiance aveugle et une loyauté sans faille. Nous avons livré plusieurs batailles ensemble sur des fronts différents et à nos manières propres mais ensemble nous avons fait de belles et grandes choses... La Politique était son domaine... Il m'a initié en celle-ci et je l'ai suivit longtemps en ce sens jusqu'à ce que je prenne ma propre voie qui était les armes vous devinerez... Je ne suis pas un Soldat... J'oeuvre dans un milieu différent... Val lui était un fin parleur... Un politicien et un Diplomate de grande classe et d'excellence sur... Devant ces foules qui l'écoutaient avec attention, il savait atisé leur flamme et soulever les gens... Moi j'oeuvrais et j'oeuvre encore dans l'ombre...

Il sourit et prit une petite gorgée de Clairette avant de poursuivre...

Vous ne le savez certainement pas mais si je suis dans le coin c'était bien pour protèger le Dauphiné à ma manière... Demanderez à Pénélope... Tel votre Père, il n'y a pas de combat trop loin quand la cause mérite que l'on s'en occupe... Diplomate Royal votre Père à fait beaucoup pour l'Académie Royal... Comme lui, je partage des valeurs pour lesquelles j'aurais tout risqué... Votre Père croyait en ce qu'il faisait... Ce qu'il faisait était alors tout à son honneur et je peux vous jurer que jamais votre Père de s'est contredit en parjure et en tromperie... Honnête et juste... Tel était votre Père... C'était là parmit ses valeurs les plus chères tel que je chéris l'Honneur et la Justice... Nous n'avons jamais trahis ces valeurs qui nous étaient propre et ainsi nous avons, à notre manière, tout fait pour que le Peuple soit en plus grande aise... Val' a bien réussit... Plus que des centaines de gens ensemble ne pourront accomplir...

Il déposa sa coupe pour plonger son regard perçant gris-bleu dans le fond des yeux de la Belle de Culan pour qu'elle pèse bien chacun de ses mots.

Ne doutez jamais que votre Père était homme un bon et remplit d'honneur, ne doutez jamais! Il était de ces hommes que l'on ne peut oublié car le souvenir de sa perte ne serait pas aussi douleureux que la perte du souvenir qu'un jour, on est pu connaître en personne le Personnage qu'était Valatar Cornedrue! Ce fut honneur de passer chacun de ces moments avec lui que je garde précieusement en mémoire Belle de Culan.

Il se radossa en sa chaise laissant de côté repas et beuverie pour se concentrer sur les traits de la jeune cherchant à percer les émotions qui passerait sur ce doux visage. Il ne voulait pas poursuivre sur cette lancé sans laissé le temps à la demoiselle le temps nécessaire d'assimiler ses paroles... Il aurait pu poursuivre avec sa Mère, son Oncle, son Grand-Oncle etc... C'était là un des mandats du Gambiani que de savoir...
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