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[RP ouvert]..." L'Imaginarium"...

Sandino
...Impatient de retrouver Salvador qui a été averti de leur arrivée, Sandino a quitté Dampierre au petit matin.

Ravi de constater que son ami a mis à profit son apprentissage de tailleur de pierre en sculptant un bout de la ruelle menant à l'Imaginarium, il encourage sa mule à se presser sur les dernières toises qui le sépare de l'entrée du cabinet de curiosités.

Sa mule rapidement attachée à l'anneau fixé au mur jouxtant la grosse porte cloutée, le bohémien rentre en trombe et se précipite vers le peintre, lequel à juste le temps de se lever pour le recevoir dans ses bras et lui donner l'accolade rituelle, tapes sonores dans le dos accompagnées du " Qué tal hombre !!" de rigueur.

Les salutations chaleureuses des deux hommes ne sont pas feintes et sans plus attendre, Salvador entraine le bohémien devant le tableau que Cali et lui ont réalisé. Promesse faite à Sandino avant que le clan ne parte il y a de cela des mois et qu'il est fier d'avoir tenue.


- ostia !! . S'écrit le bohémien à la vue de l'oeuvre.

La réaction de Sandino fait rire l'espagnol qui l'invite à s'approcher.

A quelques distances du tableau il s’arrête et lui précise la forme et le fond. Commentaires et échanges qui vont durer, ponctués du rire des deux hommes, lesquels se retrouvent après cette longue conversation assis de part et d'autre de la grande table encombrée.

Revigorés par la boisson et le jambon de Bayonne que Sandino a ramené à l'espagnol, les deux hommes continuent à discuter de ce qui a fait leurs existences durant l'absence des Romané Chavé.

Des deux c'est le bohémien qui a le plus à dire. Les mois de mer et ses péripéties, les pays visités, la Catalogne patrie du peintre où ils ont passé le solstice, les merveilles antiques entrevues.

Pour s'aider il a déroulé une carte destinée à orner un coin de l'Imaginarium, carte qu'il a avec lui, le reste des pièces promises au cabinet de curiosités se trouvant encore dans les cales du bateau amarré à La Rochelle.



Plus bavard qu'un couple de pie, le bohémien raconte par le menu, de la construction du bateau, en passant par le passage du détroit de Messine, l'arrivée brutale dans le port d'Alexandria suivie de la disparition du capitaine et son retour inespéré, la Catalogne, le passage des colonnes d'Hercule, le Portugal et enfin la guerre à laquelle il a participé comme soldat dans l'armée loyaliste du Béarn alliée des rangs royalistes commandés par Oane.

Rangs Béarnais au sein desquels combattaient sa fille d'adoption et ses amis. Fille qui au pied levé, pour remplacer Paimbohé souffrant, a pris la barre du Romané Chavé pour les mener au plus vite à la Rochelle mais qui hélas a du vite les quitter pour rentrer en Armagnac.
--Salvador.
L'oeil brillant comme sa moustache qu'il lisse compulsivement en suivant le tracé sur la carte, Salvador s'est contenté de hocher la tête et de pousser quelques jurons tout bas à l'écoute des histoires de son ami et mécène.

Tout les réunis et pourtant ils vivent de manières opposées constate t-il, preuve pour lui s'il en est, que la forme importe moins que le fond dans l'existence, à l'inverse de la peinture où le fond n'est que le faire valoir de la forme mise en avant. L'art de vivre se résumant à la lumière de ces deux constats, à ne favoriser ni l'un ni l'autre, mais à les fondre en un seul principe, celui qui veut que le réel est une perpétuelle transformation.

A l'évocation d'Oane il a sourit largement.

- ché !! primo, la señora Oane qué chula !! con ojos donde me soy perdido. Fait il l'air rêveur au bohémien.

- ostia !! una mujer de ferro !! si tu l’avais vu combattre los cabrones d’el féo !! tu sais quoi ! elle est de retour au Poitou, elle est à Dampierre et promène un ventre qui promet une naissance à venir. Lui répond Sandino

Soudain, lorsqu’il est question de la fille adoptive du couple, l’espagnol fronce les sourcils et demande des précisions sur son allure.

Convaincu que celle qui s’est présentée comme étant la fille du couple de gitans auprès de Nadjka et qu’il n’a pas pu rencontrer, est vraiment ce qu’elle prétendait être, il parle alors du passage d’Eden à Sandino.

Suspendu aux lèvres de son ami, le vieux gitan écoute et confirme à la fin du récit que cela ne peut-être qu’Eden, la fille adoptive du couple qui a piloté le bateau et s’en est allée dans la foulée rejoindre son galant.

Heureux du retour des bohémiens, synonyme de bonne humeur et d'un regain d'activité, l'espagnol savoure à l'avance cette présence pour en tirer matière à combler la solitude qui est l'ordinaire de sa vie dans la capitale Poitevine, hormis les rares visites de Cali, celle qu'il considère comme sa cousine et qui est la soeur de Zézé, liens choisis qui les relient par la force du libre choix.
--Salvador.
…Il y a quelques jours de cela, sur le quai de la Rochelle où était amarré le Romané Chavé, une caisse énorme extraite avec difficulté de la cale a séjourné quelques temps sous la surveillance de Manu. Finalement chargée et emportée pour l’Imaginarium de Poitiers par un spécialiste du transport de marchandise fragile, la voila maintenant arrivée à bon port.

Du contenu de la caisse Salvador ne sait rien, le bohémien avant de partir remonter la Loire en famille, lui a seulement dit qu’il fallait être précautionneux quand il l’ouvrirait, se refusant à en dire plus au prétexte qu’il ne fallait pas gâcher la surprise.

De la pointe de sa miséricorde, il s’attaque à un coté de la boite, ayant pour consigne de ne pas la détruire afin qu’elle puisse à nouveau servir. Petit à petit les tenons cèdent, une première planche, puis une seconde sont décrochées de la structure laissant à peine entrevoir l’intérieur dans la pénombre. Une à une les planches restantes s’empilent et laisse voir enfin ce que refermait la boite.

De la forme protégée par un drap de toile, Salvador ne voit que quatre sabots blancs, le reste qu’il devine lui fait penser à la sculpture d’un cavalier sur son cheval, connaissant Sandino, cela peut-être Alexandre le grand ou César.

Ce n’est qu’en retirant la toile qu’il constate sa méprise.



Stupéfait par ce qu’il voit, le peintre à du mal à le croire. Un cavalier certes mais d’un genre inattendu. Lissant sa moustache il sourit la surprise passée.

- un centaure !! S’exclame-il tout haut.

Impressionné, il s’approche et caresse les os blanchis. Certain qu’il allait y retrouver le contact de la pierre ou celui du plâtre, il retire instantanément la main en prenant conscience que ce sont bien des os qu’il caressait.

Il ne sait que penser, ne pouvant se résoudre à croire que c’est là le véritable squelette d’un centaure qu’il a devant lui. Il s’en éloigne alors les sourcils froncés, triturant sa moustache, murmurant tout bas… « no se puede ».
--Salvador.
De retour à l'Imaginarium, Salvador éprouve un sentiment de travail accompli. En Armagnac où Sandino l'a appelé à la rescousse, il a pu donner toute la mesure de son talent.

A Séguenville, fief de Lady Eden, fille adoptive du couple de bohémiens, il a sculpté de vieilles souches éparpillées dans la forêt du domaine, peint quelques tableaux et aidé Sandino a évider de grosses sections de tronc d’un arbre mort pour y installer des essaims d'abeilles. Avec le bohémien, dans un coin sauvage de Séguenville, il a exploré un réseau de grottes à l'intérieur desquelles les deux hommes ont fait d'extraordinaires découvertes.

Le clan des Romané Chavé engagé dans la nouvelle quête, la maîtresse du domaine élue comtesse d'Armagnac, Salvador n'a pas souhaité y demeurer seul avec pour seule compagnie les gens de la comtesse.

Suivi de Manu qui l'a accompagné dans le sud, le peintre a pris la route du Poitou le jour où les bohémiens sont partis pour Bayonne, port d'attache du bateau du clan.

Heureux de retrouver ce qui est devenu leur maison, l'espagnol et le gamin ont mis deux jours à redonner à l'endroit le lustre qu'il mérite et que leur absence a saupoudré de grains de poussière. Le nettoyage terminé, ils ne leur restent plus qu'à extraire des caisses ramenées d'Armagnac, les curiosités que le clan leur a confié.

Manu, que cette activité amuse beaucoup, est le premier à mettre à jour une des pièces qui doivent trouver leurs places sur les rayonnages de l'Imaginarium.

C’est un morceau d’une matière couleur olive, proche du beurre à peine mou dans sa consistance que Manu retourne dans tous les sens. Sur un coté on y voit l’empreinte de dents comme sur une pomme qui l’on vient de croquer.



Sur le bout de parchemin qui a servi d’emballage, Salvador lit à haute voix la description de la chose donnée par Sandino.

« pain de graisse de truite angora mélangée à de la saponaire et à de l’huile d’olive. Inventé par Paimbohé à Savona durant la fabrication de notre navire, le PAIMOLIVE est un « savon » une diablerie qui tire son nom du lieu de son invention, Savona, et qui n’est pas du pain, je le sais j’ai essayé et c’est pas bon du tout."
Nadjka
Traversant les ruelles animées, la blonde et la brune arrivèrent devant l'ancien théâtre qui rappelait toujours des souvenirs émus à Nadjka. Elles pénétrèrent dans ce lieu si joliment nommé Imaginarium. Le nombre déjà important d'objets hétéroclites fascinait la brune... Elle reconnu l'espagnol en train de vider des caisses en compagnie d'un enfant.

Bonjour, messire Salvador, vous nous portez de nouvelles trouvailles de contrées lointaines? Je vous présente Arylis, qui selon moi, ne pouvait venir à Poitiers sans découvrir ce lieu...
_________________
Arylis
Ce matin-là Arylis avait fait ce qu'elle faisait le mieux depuis deux semaines : Suivre sans rien demander.
Car si le début de l'aventure n'avait pas été de tout repos, et que la blonde avait fait montre d'une agressivité et d'un répertoire injurieux des plus surprenants, depuis La Rochelle elle s'était comme éteinte. Elle suivait Nadjka comme son ombre, luttait jours et nuits contre la bête d'angoisse dans son ventre et avait un comportement complètement décousu en taverne, allant des larmes aux jérémiades en passant par les silences colériques et les colères sans argumentaire.

Evidemment, la brune ne lui avait rien dit de l'endroit où elles allaient, alors la brodeuse lui avait collé aux chausses pendant de longues minutes dans les rues agitées de la capitale. Puis Nadjka avait poussé la porte d'une échoppe dont l'enseigne indiquait "Imaginarium", laissant Arylis perplexe quand aux articles qui pouvaient bien y être vendus.

L'imagination fertile de la blonde n'eut pas à travailler bien longtemps, et même au meilleur de sa forme elle n'aurait pu concevoir l'endroit dans lequel elles venaient de pénétrer. Les salutations de Nadjka ne furent qu'un brouhaha lointain. De même que l'inaudible "Bonjour" qu'elle-même offrit au gardien des lieux. Son être tout entier s'était tendu vers les monstruosités, curiosités, merveilles et autres étrangetés que recelaient les étagères.
Avançant comme une somnambule dans un rêve éveillé, la brodeuse glissait le long des rayonnages et son visage changeait à chaque nouvelle découverte, livre ouvert des sentiments qu'elle éprouvait en cet instant magique où la peur l'avait enfin quittée.

Arylis aurait voulu avoir plus d'explications sur tel ou tel objet, mais elle ne savait pas où s'arrêter. Quand enfin elle faisait le choix d'une sculpture, un coquillage l'appelait un peu plus loin, aussitôt supplanté par une peinture ou un instrument inconnu. Alors elle continuait à passer d'un animal empaillé à une boîte incongrue, les yeux grands ouverts et le coeur léger.

Plus attentive aux trésors que recelaient les présentoirs qu'à son environnement, elle fini par buter contre un obstacle. La brodeuse étant ce qu'elle était, malgré le voyage et son mutisme, la collision ne s'arrêta pas là, et elle se retrouva en quelques secondes le postérieur dans une caisse vide. Quand la blonde releva la tête, elle découvrit le visage surpris d'un gamin qui, inévitablement, éclata de rire.
Libération ultime, Arylis joignit son rire cristallin à celui du garçon.
--Salvador.
Ailleurs, comme bien souvent les artistes quand une idée germe en eux, le peintre Catalan n’a pas réagit à l’entrée des deux femmes, ni aux salutations qui ont suivi.

Dans son esprit le bruit des pas et les paroles qu’il a vaguement entendu mais pas écouté, ces paroles ne pouvaient venir que de Manu qui parfois commente à haute voix ce qu’il extrait des caisses.

Ce n’est qu’à l’instant où les rires ont éclaté qu’il a ouvert les yeux et constaté que des visiteuses étaient entrées.

Il se lève alors, se porte à la hauteur de Nadjka qu'il reconnait et plie le buste en guise de salut.

- señora benvengut !! pardonnez moi ce silence qui doit autant à votre discrétion qu’à ma nature rêveuse.

Puis se tournant vers la seconde femme assise sur une caisse dans un coin de l’imaginarium en compagnie de Manu, il lui souhaite pareillement la bienvenue et l’invite à rejoindre la table où va être offert une boisson aux visiteuses.

- Manu ! va chercher un pichet de cidre à la taverne !! adelante hijo !!
Arylis
Les sonorités inconnues firent relever la tête de la blonde, et elle considéra un instant le bonhomme à moustache auquel elle n'avait pour le moment guère prêté attention. Après quelques secondes de réflexion, elle décida qu'il lui était sympathique. Mais on pourrait se demander s'il y avait quelqu'un en ce bas monde qui ne l'était pas aux yeux de la brodeuse.

Arylis s'extirpa de la caisse en tortillant du derrière, puis, prenant soin de remettre en place ce qu'elle avait pu malencontreusement déplacer, elle saisit un objet qui l'intriguait particulièrement.
La blonde s'avança vers la table de son pas sautillant, s'assit et posa sa trouvaille sur la table.



Bonjour messire. Je vous prie de m'excuser pour le dérangement. C'est que votre Imaginarium est incroyable ! J'en ai oublié où j'étais et, croyez-moi, actuellement ça frise le miracle !

Puis rapprochant le cône de terre cuite du gardien, elle enchaîna.

Qu'est-ce donc que cela ? On dirait un dé à coudre, mais les doigts de la brodeuse qui l'utilisait devait être énormes !

Illustrant ses dires, Arylis enfila son majeur dans l'outil et exhiba sa main à demie cachée.

Enorme et très long !

Les yeux clairs, écarquillés de questions, fixaient sans presque ciller le visage à belle moustache de leur hôte.
--Salvador.
Vive et ingénue, la seconde visiteuse que Salvador rencontre pour la première fois les a rejoint à la table avec un objet de l’Imaginarium, dont elle voudrait connaitre l’usage.

Pris de court par la demande, l’espagnol fixe la jeune femme un moment tout en lissant sa moustache puis se lance dans une improvisation, fidèle à l’esprit qui a présidé à l’ouverture du lieu, à savoir que la nature des choses, objets, animaux, plantes, humains, cette nature qui semble évidente en cache d’autres, fantaisiste, symbolique, imaginaire.

- cette pièce damoizelle est un « Canouto » un réceptacle à herbes magiques.

S’emparant de l’objet il le maintient en équilibre sur la pointe d’une main et de l’autre fait mine de remplir l’intérieur.

- on l’utilisait jadis dans les temples de Babylone, pour rencontrer l’oracle et connaitre un mystère, plein d’herbes sèches on place au sommet du tas une boule de fibre incandescente, se dégage alors une fumée acre qui dit-on permet au porteur du cône de rencontrer l’oracle dans un des couloirs sombres du temple dans lequel il déambule en passant symboliquement les portes des mondes cachés, les inscriptions que vous voyez sont des formules magiques sensées aider celui qui porte le « Canouto ».
Arylis
A la fin de l'explication, les yeux clairs étaient toujours écarquillés.
D'abord, parce que les accents chantants qui s'échappaient de la fine moustache laissaient la brodeuse curieuse et enchantée.
Ensuite, parce qu'un dé à coudre magique qui résolvait les mystères c'était pas quelque chose qu'elle voyait tous les jours. Et si l'esprit-papillon d'Arylis venait de faire un raccourci des plus indécents entre l'histoire racontée par Salvador et celle qu'elle voulait entendre, peut importait. Le seul résultat notable était la question qui suivit les trente secondes de silence émerveillé.

C'est combien ?

En même temps qui n'aurait pas demandé ?
La brodeuse se croyait dans une échoppe, certes un peu spéciale mais pas moins commerçante que les autres. Et une nouvelle fois : Un dé à coudre magique qui résolvait les mystères, ça ne se laissait pas passer sous le nez comme on pourrait céder la plus belle pomme du panier à son voisin, sous prétexte que l'on en a encore plein.

Et du coup, je prendrais un sachet des herbes magiques qui vont avec s'il-vous-plaît !

La bouche trop large dessinait de nouveau ce sourire innocent et enjoué propre à la blonde, et elle s'imaginait déjà essayant son acquisition.
Car s'il y avait un mystère qui intriguait et turlupinait la brodeuse depuis un temps déjà, c'était bien celui de la charlotte aux poires ! Sûr que l'oracle du canouto saurait lui confier une recette à faire se damner les Saint"ais".
--Salvador.
Soucieux de donner une bonne image du lieu, le Catalan garde le sourire face à l'ingénue qu'il trouve de plus en plus malicieuse et de moins en moins candide. Avec un soupir de satisfaction il s'empare du pichet de cidre que son aide vient de rapporter et fait le service.

- désolé de vous décevoir señorita, mais l'Imaginarium n'est pas un commerce, c'est un lieu ouvert à la visite dont le but est de faire découvrir l'insolite, le curieux, l'incroyable, à ceux qui ne voyagent pas, c'est du moins le but des fondateurs qui de part leur condition de bohémiens parcourent le monde et en rapportent ce qui alimente ce lieu .

A nouveau assis il lève sa choppe en direction des deux femmes.

- sasto gentes dames !! que votre visite en appelle d'autres, car je dois bien l'avouer, la plupart des visiteurs viennent et repartent sans un mot, rarement ils me confient une pièce pour que s'enrichisse la collection, ou comme vous demandent des précisions sur ce qui est montré.
Arylis
Arylis frissonna malgré elle à l'évocation du voyage. Que des gens choisissent consciemment d'être toujours sur les chemins lui semblait une idée aussi improbable que détestable. Puis les yeux clairs voletèrent du canouto aux autres merveilles exposées, et elle révisa son jugement.
Certes elle détestait l'insécurité, l'instabilité et l'imprévisibilité d'une expédition, mais certains semblaient y trouver leur compte et offraient aux sédentaires comme elle la possibilité d'entrevoir les mondes qu'ils parcouraient. Comment pouvait-elle les blâmer, ou seulement les juger ? L'attitude la plus adaptée aurait été de les remercier.
Alors la brodeuse envoya en silence une pensée reconnaissante aux gens de la route pour que leur périple se déroule bien, et elle en profita pour en envoyer une, encore plus silencieuse et toute petite à Nadjka, qui l'obligeait malgré elle à admettre que les voyages formaient peut-être la jeunesse.

Puis l'esprit-papillon préféra le cidre et les derniers mots de l'espagnol à ces considérations itinérantes.

Santé ! Et merci pour cet accueil.

Arylis eut un sourire pour le gamin qui avait été leur chercher à boire.

Ainsi les gens ne s'arrêtent pas pour discuter ? Ils ont bien tort ! Ils ratent certainement l'une des plus sympathique curiosité de votre caverne aux trésors.
Vous re-diriez le mot là ? Ségniorita ?


Le R avait râpé sur sa langue, bien plus agressif que le roucoulement qu'elle avait entendu quelques secondes plus tôt. Alors les oreilles grandes ouvertes, la brodeuse attendit que les sonorités chantantes viennent s'y loger avant d'enchaîner sur un autre sujet.

Et vous savez, moi aussi je ramène des choses de mon v...
De ce p...
Enfin de là où j'ai été.
Des gens m'ont donné des cadeaux ! Moins extravagants que vos merveilles mais intéressants quand même. Vous voulez les voir ?


Sans attendre la réponse, Arylis sortit de sa besace la petite boîte ronde de Thémis et le brin d'Angélique confié par Sarah. Un sourire fier sur le visage, elle considérait d'un oeil presque tendre ses nouveaux trésors.
--Salvador.
Salvador écoutait attentivement les commentaires de la visiteuse. Les propos étaient amicaux, comme lui elle regrettait l’absence de dialogue des curieux qui passaient. Nadjka demeurée silencieuse, se contentait de suivre la conversation, tout comme Manu.

Penché sur la table pour mieux observer les présents reçus par la visiteuse, l’espagnol a compris que la valeur qu’elle leur prête est inestimable rien qu’au regard brillant qu’elle a affiché en les dévoilant.

- señorita, je crois que l’émerveillement tient plus à l’esprit qu’à la valeur, les petites attentions sont grandes de la charge d’amour qu’elles portent, à l’homme vénal la merveille est souvent sonnante et trébuchantepetit rireamusant d’associer l’idée de chute avec l’or, le poids sans doute.

C’est alors que par mégarde d’un trait il vide sa timbale ébréchée, celle dans laquelle il lave ses pinceaux et en recrache illico le contenu sur le sol, un jus bleuté, résidu du dernier trempage.

- Ostia !! por la sangre…

Se reprenant, il s’essuie la bouche du revers de sa chemise et reprend comme si de rien n’était.

- je disais donc, la véritable merveille n’a pas de valeur marchande, c’est ce qu’elle évoque à l’esprit, cette coïncidence heureuse de celui qui regarde et la chose regardée qui fait ou non l’émerveillement, un coucher de soleil en hiver qui donne à la neige une couleur de sang, n’est ce pas la pure merveille, gratuite, offerte à tous ? Qui en profite vraiment ? Celui qui veut bien se laisser émerveiller, nulle fortune ne peut acheter cela, il suffit d’ouvrir les yeux, tout comme ici, ou comme quand vous regardez vos cadeaux.
Arylis
Arylis était restée bouche bée. Les yeux clairs étaient passés de l'espagnol, à la brune avant de s'arrêter sur le gamin. Ils exprimaient une unique question, assez simple : Mais qu'est-ce qu'il raconte ?

Il faut dire qu'à l'accent chantant que la brodeuse aimait de plus en plus, l'homme avait ajouté des tournures de phrases à rester en suspend. Et c'est exactement ce que faisait la blonde. Elle était suspendue aux lèvre de l'artiste, montant le long de ses mots, mais craignant à tout instant que la chute ne survienne.

Cette chute arriva de bien étrange façon, puisque l'espagnol confondit le cidre dorée avec une eau à la couleur douteuse. Toujours perchée, Arylis mit quelques secondes avant de comprendre la scène. Quand elle en intégra enfin le comique, son rire cristallin envahit pour la seconde fois l'Imaginarium.
Mais déjà Salvador reprenait.

Je disais donc, la véritable merveille n’a pas de valeur marchande, c’est ce qu’elle évoque à l’esprit, cette coïncidence heureuse de celui qui regarde et la chose regardée qui fait ou non l’émerveillement, un coucher de soleil en hiver qui donne à la neige une couleur de sang, n’est ce pas la pure merveille, gratuite, offerte à tous ? Qui en profite vraiment ? Celui qui veut bien se laisser émerveiller, nulle fortune ne peut acheter cela, il suffit d’ouvrir les yeux, tout comme ici, ou comme quand vous regardez vos cadeaux.

Un long silence ponctua la fin de cette réflexion.
Silence pendant lequel les yeux clairs ne quittèrent pas la moustache élégante.
Silence pendant lequel l'esprit-papillon tentait de trouver une réponse convenable. Car si les mots avaient touchés la brodeuse, qu'elle en avait saisit le sens profond, elle n'était pas certaine d'avoir saisit toutes les subtilités du langage de l'artiste, et était en revanche convaincue de ne pouvoir répondre avec la même éloquence.

Alors elle restait là, à le fixer, bouche à demi ouverte, yeux pétillants et cerveau en ébullition. La blonde n'était pas coutumière de la panne sèche. Quand il s'agissait de parler elle était même plutôt dans l'excès que dans l'absence, et dire ce qui lui passait par la tête ne lui avait jamais semblé embarrassant. Mais devant Salvador, elle se sentait incapable de prononcer le moindre mot sans dire une parfaite idiotie.
Nadjka semblant décidée à la laisser se débrouiller, il fallait pourtant bien qu'elle réponde. Elle ne pouvait pas laisser son interlocuteur ainsi. Sa comparaison appelait un échange, au minimas une confirmation.
Coucher de soleil ...
Émerveillement ...
Gratuité ...
Fortune ...
Yeux et cadeaux ...
Quelque chose à dire ! N'importe quoi !

Bon !

Ca ne voulait rien dire "Bon", juste comme ça. Et en plus elle avait légèrement haussé le ton. Heureusement que le ridicule ne tuait pas, et qu'il était même quasi- inconnu d'Arylis, sinon elle aurait été sérieusement touchée.
Avec un sourire presque timide, elle développa sa pensée.

Le cidre est très bon. Vraiment. Merci.

Puis elle osa quand même proposer une réponse à la valeur des choses.

C'est un peu comme quand je demande un caillou aux gens qui partent en voyage ... En fait ce n'est pas le caillou en lui-même qui a de l'importance. Mais ce qu'il représente : Le retour de ceux que l'on aime.

Et comme elle était lancée ...

Ou comme les mésanges !
Vous avez déjà fait attention à une mésange ? Je veux dire, vraiment ?
Leurs plumes sont si fines et les couleurs si précisément séparées. Leur couronne noire, le bleu de leurs ailes et le citron de leur poitrine : C'est un accord qu'aucun couturier digne de ce nom ne s'autoriserait. Pourtant la nature l'a fait et le résultat est magnifique !
Et leur chant ? N'est-il pas reconnaissable entre tous et annonciateur de bonnes choses ? Si une mésange siffle, je sais que la journée va être pleine de surprises !
Et puis elles sont si légères, sautillantes, elles semblent gaies tout le temps. Pourtant une vie de mésange n'est pas toujours facile. Quand le froid arrive, je leur donne un peu de pain et de gras pour les aider à passer la mauvaise saison. Mais à aucun moment elles ne ronchonnent ou se plaignent, elles continuent leur petite vie de mésange !
Vous aimez les mésanges ?


Ou était le rapport ? Peut-être n'y en avait-il pas. Mais quelle importance ? La brodeuse était ravie d'être là et l'ambiance atypique de l'Imaginarium lui avait rendu sourire et babillage, chassant pour un temps au moins, l'angoisse et le mal-être.
--Salvador.
Signe de concentration chez lui, le peintre écoute en lissant soigneusement sa moustache.

Pour signifier son accord aux propos de son interlocutrice, il a hoché la tête durant l'échange. Toutefois, à la question qui lui est posée à la fin, il ne sait que répondre.

- en terrine ou lardée et rôtie sur une tranche de pain ?

Finit-il par répondre, laissant un instant planer le doute sur la sincérité de sa réponse, avant d'éclater de dire en se levant.

- vengas señoras !! venez, suivez-moi !! Fait-il aux deux visiteuses.

Les précédant en direction d'un amas de caisses, il leur fait signe de la main en désignant une des caisses encore fermée.

- je vais vous faire partager une expérience dont Manu et moi-même raffolons, avec nous vous allez découvrir une des nouvelles pièces qui nous sont parvenues il y a peu.
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