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Aphrodite Acte 2 réouverture: Willkommen, Bienvenue, Welkom!

Ysaoth
[Dans le grand Salon - devant la bouffe avec Elie rejoint pas "Elle" et Lucas]

Il avait jeté son dévolu sur un friand à la saucisse. Ça sentait le bon gras, ce qui pouvait trancher avec les fragrances florales dont s'imbibaient ses Dames pour les occasions mondaines. Mais les saveurs étaient bien là, riches et puissantes, rehaussées par du clou de girofle et quelques épices bien dosées.
Il se fit servir du vin rouge, certainement du même qu'on lui avait collé entre les pattes plus tôt...du Figeac ? Il le senti, ce dit que c'était possible, mais n'en était pas absolument certain. Cependant le picrate faisait l'affaire. Il enquillait les friands en les alternants avec une ou deux gorgées de vin.
Il penche aon visage pour tendre l'oreille à sa brune.


Prend le fiacre, je me débrouillerai, ne t'en fais pas. Au pire je marcherai. J'aime marcher la nuit...ça me fera un peu maigrir.
ajoute-t-il en souriant à demi.

Il ne savait pas quand il allait rentrer de toute façon.
Il leva les yeux vers un immense miroir qui couvrait la surface d'un des pans de mur, agrandissant la salle par un jeu de perspective parfaitement maîtrise mis en place par le décorateur en chef qui, décidément, avait bon gout.
Sabaude avait disparu tandis que d'autres quittaient mollement la piste de danse. Il fut surpris de trouver "Elle" qu'il pensait encore avec Edouard, aux côtés de Lucas, s'approchant de la table de réception. Décidément, relâcher son attention quelques minutes vous condamnait à perdre le fil de qui était avec qui, malgré deux trois immuables qui passaient sans aucun doute, comme on en trouve un peu dans toutes les réunions humaines, leur soirée à pondre de fines analyses saupoudrées de quelques poncifs, paskecélaklass. Chacun trouvait son plaisir après tout.
Pour l'heure il avait faim, donc il continuait d'enquiller les friands, la farce était délicieuse. Presque aussi bonne que celle de la Dauphine, qui avait un cuisinier en chef relativement démerdard. Le Bougre toqué avait l'art de cuir les viandes avec un réel talent. Ysaoth c'était de toute façon déjà fait une idée sur la question. Si le type loupait sa cuisson de l’agneau, on lui déroulait la tripaille sur la place publique, encore en vie, pour la servir comme boudin noir le soir au banquet. Fallait donc pas se louper, et l'histoire n'avait pas retenu, ou alors dans ses plus secrètes alcôves, combien étaient morts pour ne pas avoir satisfait le palet de la gourmande royale.
Un ingrédient échappait à sa vigilance dans la farce. Il se demandait si elle n'était pas piquée de quelques morceaux de confits de citrons qui apportaient une petite acidité et de l’exotisme. Sans compter la pâte enrobant la viande. Cependant, alors qu’il cherchait ce qui lui manquait, il avait l'oreille attentive de la conversation que le père Lucas menait habillement, manifestement à l’attention d’Elie et lui-même. N’ayant pas décroché son regard d’ « Elle » à mesure qu’elle avançait vers eux, l’observant pas le miroir interposé, il se tourna tout en enfournant sa dernière bouchée de friand et se lécha les doigts soigneusement. Le regard se porta avec attention sur les doigts qu’il examina. Il marqua un temps d’arrêt et sans avoir levé pour l’instant les yeux, il répondit, sans tenir compte des remarques précédentes, en s’adressant à la galante qu’il regarda enfin droit dans les yeux, chose qu’il n’avait pas fait depuis son retour.

Les friands sont délicieux, le vin est excellent, la décoration du plus bel effet… je me demande si tous les services de cet établissement tiennent leurs promesses ?
Et bien entendu, tout en restant impassible. Va déchiffrer le visage du Chancelier quand celui-ci a décidé de le fermer, même la Reyne en était parfois déstabilisée. Le ventre un peu plus rempli des quelques friands qu’il venait de s’avaler, il attendait, sans tendre plus aucune perche, une réponse. Il voulait que ce soit manifestement « Elle » qui la lui donne, et non Lucas ou qui que ce soit d’autre. La petite brune était donc en face du bonhomme et ce dernier pouvait attendre la réponse pendant des heures dans cette position, sans ciller, la fixant de ses yeux noirs.


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Ambre_m
    [Jardin - Ambre & Montparnasse ]


    Sourire venant étirer les carmines, bleutés s’accrochant au regard indéfinissable de Montparnasse, il avait au contraire de bien d’autre su capter son attention par l’onde de mystère qui enveloppait sa personne. L’ouïe attentive au propos elle hochait lentement la tête en signe d’écoute, guidant ses doigts sur les rebords de vestes elle s’en empara comme d’une cape protectrice.

    - Merci de cette attention et de prendre garde à ce que je ne choppe pas la mort.

    Glissant sa langue sur ses lèvres, elle réfléchit aux propositions de suite de la soirée, plusieurs choix qui étaient plus tentants les uns que les autres.

    - Vous m’offrez un panel au cœur duquel je peine à faire mon choix, mais je ne peux nier que le froid devient saisissant alors j’opte à vous garder jalousement en dégustant ce délicieux vin offert par la maison.

    Glissant ses doigts jusqu’à son précieux coffret elle se leva de l’assise froide de la pierre, reportant son regard dans le sien.

    - Je vous laisse me guider pour la suite, je suis convaincue que vous saurez me surprendre comme vous le faites depuis le début.

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Flav
Pris en aparté par Justin qui bien entendu du mettre son grain de sel au déroulement de la soirée, pour bien lui montrer qu'il n'était que son employé, décide de reporter les enchères au mois de janvier, car il a décidé que figure au calendrier de l'établissement le prochain événement.

Obligé d'aller dans son sens, il craint cependant que si des invités attendent les enchères, ils ne soient mécontent de leur report. Aussi, il imagine une pirouette qui satisfera tout le monde.

Il attrape une bouteille de vin pétillant de Champagne, se munit de sa dague, et oui privilège du gérant que de pouvoir être armé en les murs, et fait tinter le verre avec cette dernière afin d'attirer l'attention de l'assemblée.


Vos sérénissimes, vos grâces, gentes dames, messires, damoiselles et damoiseaux, nous vous remercions d'avoir honoré de votre présence l'Aphrodite, nous espérons que l'endroit vous aura ravi, et que pour vous détendre, vos pas vous mèneront jusqu'à nous.
Tout ce qui est monnayable peut se trouver à l'Aphrodite, pour vos négoces, n'hésitez pas à penser à nous! Nous nous faisons le relais des plus prestigieuses maisons et nous nous couperons en quatre pour satisfaire, mets fins rares et délicats, essences rares, prestigieuses étoffes, la moindre des fantaisies qui vous traversera l'esprit, nous sommes là pour vous exhausser.

J'en profite également pour remercier de leurs présences des personnes grâces auxquelles Paris peut offrir tant de richesses et diversités :

Elysandre, ravissante et aimable couturière de la Succursale des Doigts d’Or. Vous pourrez trouver leurs ateliers de couture et leurs maîtres couturiers de talent au quartier des Halles.
Ambre, toute aussi ravissante et aimable, propriétaire de la Lyre d’Eurydice, où vous pourrez trouver le parfum qui sublimera votre personne ou celle à qui vous l’offrirez. Vous trouverez la boutique en vous baladant dans les Galeries Lafayottes.


Je ne sais pas vous, mais je n'ai pas vu le temps passer. Les heures s'égrènent et je crains que nous n'ayons point le temps de mener à bien les enchères qui étaient initialement prévues, aussi, je vous propose de les reporter à la prochaine grande réception prévue en janvier. A moins qu'un des objets mis aux enchères, soit la raison de votre présence parmi nous, et nous organiserions alors l'enchère que vous attendiez. Et ce avant que nos artificiers, ne débutent la fin des hostilités... La maison vous reste ouverte, n'hésitez pas à profiter de son confort.

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Elienore
[Bref instant dans le Grand Salon puis dans les secrets obscurs de l'Aphrodite avec Lucas]

Le frôlement d'une main sur son épaule nue, glissant sur sa gorge offerte, se plaçant en coupe sous un sein tentateur n'aurait pas eu d'autre effet sur elle que son unique prénom prononcé par la voix de velours de Lucas.
Elle lui avait offert ce passe-droit comme une provocation envers la caste de privilégiés dont elle faisait partie. Sans pour autant cracher dans la soupe, il était bon parfois de se libérer des entraves de la noblesse. Sortir du cadre rigide était aussi plaisant qu'une cure de jouvence, un retour aux sources. Elle avait défié tous les codes de bonne conduite en affichant clairement son appartenance à un homme et sa volonté manifeste d'en séduire un autre sous son nez. Elle y était parvenue au-delà de toutes ses espérances. Après le jeu de la séduction, après avoir allumé le feu, elle ne pouvait plus s'y soustraire si près du but à cause d'un sursaut de sagesse. Non elle n'était pas sage la Duchesse de Ravel.

Son sourire se fit ironique aux paroles du Dentraigues. La brune n'était pas assez naïve que pour prendre comme argent contant tout ce qui pouvait sortir de la bouche du galant. Justement parce qu'il était un galant et qu'un pieux mensonge fait à une femme se révélait certainement plus efficace pour arriver à ses fins qu'une cruelle vérité.


La vérité est propre à chacun, même le plus coupable est convaincu de sa vérité...
Je préfère largement le plaisir sous toutes ses formes.


La main gauche galante emprisonne dans le sienne la main droite ducale. Le contact des doigts sur les siens est impérieux, possessif, n'acceptant implicitement aucune dérobade. Le regard est encore plus éloquent. Il était temps pour la jeune femme de quitter le domicile conjugal rassurant, pour découvrir une tanière inconnue. Un regard à son amant officiel n'était plus nécessaire, il n'avait déjà plus d'yeux que pour la belle aux senteurs de roses.

Une légère traction sur son bras et elle se retrouve derrière le dos de Lucas qui murmure quelques mots à l'esgourde de la galante avant de l'entrainer à sa suite pour traverser le Grand Salon. Aussi docilement que la biche,qui a compris qui est son maître, elle le suit au milieu de la foule. Un autre chuchotement à un valet cette fois. La vue du ruban noir qui glisse en libérant la chevelure blonde la trouble. Il semble encore plus indomptable, plus dangereux. Sa respiration s'accélère légèrement et ce n'est pas dû à la traversée du sous-bois et aux bifurcations itinérantes.

La porte s'ouvre sous la main du galant. Elle pénètre la première, dans ce qu'il lui parait de prime abord être un salon privé, assaillie par des odeurs épicées qui viennent chatouiller ses narines et enivrer un peu plus ses sens. Elle n'a pas le temps de détailler plus avant le nouveau cadre qui l'entoure, la porte se referme derrière elle avec un petit claquement sec. Elle s'y retrouve épinglée comme un papillon qui se serait approché dangereusement de la lumière. Il l'enlace, presse son corps masculin contre ses courbes toutes féminines. Prisonnière volontaire dans un carcan délicieux. Leurs lèvres se trouvent, dans la clarté faible dispensée par les bougies, affamées l'une de l'autre par le feu qu'ils ont allumés au cours de la soirée. Les mains du solitaire se font pressantes et fureteuses, froissant le satin d'un bleu irisée de sa robe. Instinctivement elle cambre ses reins, colle ses hanches ondulantes au bas ventre de Lucas lorsqu'il lui emprisonne les mains de ses doigts et relève ses bras au dessus de sa tête. Elle pousse un petit gémissement en sentant la barbe soignée se frotter sur sa gorge à la peau délicate. La voix grave lui parvient comme dans un brouillard ouaté. Elle penche légèrement la tête, la niche dans le cou, l'odorat aux aguets. Elle s'imprègne de son parfum qui l'envoute. Il a pour l'instant la fragrance de l'interdit, une touche d'indécence et pour finir de luxure excitante. Elle répond à la seconde question avec des inflexions plus sourdes trahissant ses désirs.


Je ne connais pas les codes olfactifs de l'Aphrodite.
Il faudra donc que j'y revienne pour que vous m'appreniez comment choisir le parfum souhaité...


L'étreinte se relache aussi soudainement qu'elle a commencé, la laissant pantelante contre la porte. Sa main s'empare à nouveau de la sienne et l'entraine plus avant dans la pièce. Elle découvre un lit à colonnes masqué derrière des tentures. Ce n'est donc pas un salon comme elle le pensait mais une chambre aux couleurs de contrées lointaines. Pourtant ce n'est pas vers ce lit qu'il l'entraine mais vers le mur du fond. Sa phrase était quelque peu sibylline et ce n'est qu'en entendant un déclic et voyant la paroi s'ouvrir qu'elle comprit qu'il allait l'emmener dans les passages secrets obscures dont il lui avait parlé.
Le passage semblait exigu et surtout le noir y régnait. La brune se fige sur place alors que Lucas franchit déjà le passage dérobé en lui tendant sa dextre pour l'inviter à le suivre . Réminiscence de sa mémoire profondément enfouie sur un évènement tragique de son enfance. Le galant ne peut pas savoir, il ne peut pas même se douter qu'elle est terrifiée par le noir absolu et les lieux confinés. Une sueur froide coule le long de son échine. Elle inspire profondément, tentant de retrouver son calme. Elle ne va pas s'avouer vaincu face à un obstacle aussi absurde. Elle n'a plus huit ans et il est temps de chasser les fantômes du passé. Déterminée à vaincre sa terreur, ses doigts légèrement tremblants se glissent dans la large paume rassurante, serrant un peu plus que de raison la main lorsqu'il referme le panneau les plongeant dans une obscurité d'encre. L'anecdote concernant les maris trompés la détend. Lucas, sans le savoir, parvient par son babillage à lui faire penser à autre chose que les ténèbres qui l'enveloppent.


Aucun risque en ce qui me concerne. Je n'ai point de mari et celui qui s'en approche le plus est dépourvu de toute jalousie importune.

Le long cheminement dans les profondeurs ténébreuses prend fin. Elle essaye de percer la nuit artificielle de son regard mais elle n'a pas les facultés visuelles d'un chat. Que peut avoir d'exceptionnel un passage souterrain plongé dans le noir? Sa curiosité prenant le dessus elle demande.

Pourquoi nous arrêtons nous?

Pour toute réponse il la saisit par les hanches et l'attire à lui avec autorité. les mains rampent sur le tissu, remontent le long de sa colonne vertébrale et avec une extrême agilité, digne des meilleures caméristes, dénouent les lacets du corsage qui lui semble de plus en plus étroit. Privée de la vue, l'ouïe et surtout le toucher prennent le relais, rendant toutes choses érotique. Elle entend parfaitement les cordons glisser sensuellement dans les petits œillets, éprouve cette sensation de délivrance lascive au fur et à mesure que le satin se relâche sur sa poitrine frémissante. Elie n'est pas du genre a se laisser idolâtrer comme une statue de la Grèce Antique. Passive n'est pas un terme qui lui convient. Ses petites mains fines et douces partent à la recherche de ce corps si proche du sien. Elles se posent sur la taille, remonte sur le torse jusqu'à découvrir l'ouverture de la chemise et s'y glisse sans vergogne. Elle découvre une peau chaude sous la pulpe de ses doigts.

Oh! Lucas...

Tant de choses dites dans ces deux mots. Toute son envie qu'il fasse disparaitre cette barrière de tissu entre leur peaux, son besoin d'être caressée, embrassée et bien davantage. Toutes les permissions pour qu'il l'emporte sur les chemins délicieux des plaisirs charnels partagés. Elle renverse la tête en arrière, expose son cou, sa gorge à la pluie de baisers dont il la couvre.

Je n'ai rien à vous cacher...

L'étoffe se détend un peu plus, glisse sur ses épaules galbées. Cachée sous sa jupe et ses jupons la rosée affleure délicatement.

Pourquoi?

Les seins s'épanouissent, libérés de leur cage bleutée. Il attise son désir par ses caresses et ses baisers autant que sa curiosité par ses paroles

Et?

Les tétons se durcissent au contacte de la main en coupe sous une colline, bien loin de ses chevilles joliment bottées. Un petit caillou, subrepticement caché entre eux, se rappelle à son souvenir en glissant dangereusement. Retour à une certaine lucidité.

Lucas auriez-vous une poche à me prêter?

Consciente que sa demande est complètement décalée dans le contexte et qu'il ne va probablement rien comprendre.

J'ai un grenat a y placer en dépôt... momentanément.

Délicatement, avant qu'il ne se perde dans les ténèbres, elle le pêche entre ses petits monts.
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.elle


["Elle", Lucas, Elienore, Ysaoth, grand salon, buffet]
    Délicieusement piquante, voilà la description que se fit intérieurement « Elle » de la duchesse de Ravel, un léger et gracile mouvement de tête répondant à l’assentiment implicite que la maitresse du chancelier venant de lui offrir, tout et autant que la rose en ai eu besoin…
    Outrageusement entreprenante pour une « Dame » au sens propre du terme fut la seconde partie de ce tableau que se peignait la brune aux reflets de feu de cette noble qui lui ressemblait par certains points physiques, y avait-il similarités au-delà de ça ? Le regard posé sur l’imposante carrure du sieur de Noilhac effaça d’un revers de main cette question au final sans intérêt.

    Point de réponse, Lucas et Elienore étaient déjà dans une autre sphère et l’indifférence qu’Ysaoth manifesta à l’égard des propos des uns et des autres en se pourléchant les doigts avec une minutie qui frôlait l’indécence, dont les déliés linguaux étirèrent un fin sourire à la rose.
    Lorsque la voix grave et chaude vint enfin offrir quelques mots, ils lui étaient exclusivement destinés, son regard sombre rivé vers le sien, troublante et grisante sensation d’un prédateur qui vient de décider de qui serait sa prochaine proie.
    Des émeraudes défiant les onyx, le murmure du Dentraigues à son départ, fut entendu sans pour autant dévier son regard de celui du chancelier, tout juste un battement de cils et un léger sourire en commissure pour signifier que le message avait été compris à son comparse galant.

["Elle", Ysaoth, grand salon, buffet]
    Chasseur chassé ou pécheresse capturée ?

    La galante s’avança d’un pas vers le buffet se penchant sur le coté du grand brun pour attraper une grappe de fruits, une épaule dénudée effleurant un bras drapé, arrachant un des joyaux ronds et juteux pour le faire rouler entre ses doigts.
      Les services de cet établissement se doivent d’être à la hauteur de leur hôte de marque tel que vous chancelier.
      Il me semble vous avoir entendu répondre être toujours partant pour renouveler les expériences lorsque je vous ai avoué qu’Il me serait plaisant de tenter de vous "perdre" dans les affres de l'Aphrodite, n’est-ce pas ?

    Grain de raisin entre les doigts roulant entre index et pouce de la dextre pour venir se déposer contre les lèvres masculines, roulant subtilement sur la pulpe labiale ourlée d’une barbe finement taillée, l’insinuant légèrement entre les carmines du ténébreux pour le maintenir de son index.
      Et si au lieu de "renouveler", vous vous laissiez tenter par… le parfum d’un goût nouveau Messire Ysaoth…

    Iris herbacées jaugeant les charbons du duc de Vichy, chausses talonnées insuffisantes se voient aidées de pointes de pied hissées pour venir englober de ses lèvres la boule sucrée sous son doigt, attouchement sensuel de lippes sur d’autres, à la limite d'un baiser sans l'être pour autant, récupérant le fruit juteux entre ses nacres pour le faire claquer entre ses dents, talons rejoignant le sol.
    Regard verdoyant provoquant d’un subtil sourire l’homme lui faisant face en lui offrant une main ouverte après avoir avaler le raisin.
      Avez-vous encore assez d’appétit pour savourer ce que je peux vous offrir au nom de l’Aphrodite ? Juger par vous-même si la beauté de cet ouvrage d’ébénisterie que vos mains m’ont fait caresser est en adéquation ou non avec les prestations de ce lieu ?

    L’invitation à découvrir les délices de l’endroit en sa compagnie ne pouvait être plus claire, à moins de se comporter comme une de ses catins de bas étage et de lui coller directement la main au paquet avec un aimable "alors chéri on va s'amuser un peu" .

    Sauf que…

    L’esprit de l’Aphrodite n’était pas celui là et celui de la rose encore moins, la subtilité d’un mot, d’un geste, d’une caresse, d’un effleurement tout en sensualité, ou comment exacerbés les sens pour les porter aux nues de la décadente indécence.
    L’attention se porta un subtil instant sur le discours de Flavien sonnant le terme de la réouverture, mais n’en tint en définitive aucun compte, ne venait-il pas d’inviter à profiter du confort de l’Aphrodite ?
    « Elle » venait de le devancer, au moins pour le chancelier, libre à lui d'accepter ou de refuser, soirée pouvait se poursuivre ou s'arrêter.


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Merci JDMonty
Gysele
[Grand Salon - Angèle, Evroult. Puis Evroult seul.]

Si j'avais su ce que je risquais d'interrompre en déboulant, j'aurais bien entendu laissé le temps à Angèle de délester mon frère de tout ce qu'il a. Je l'aurais encouragée à le déposséder, le vider de ses biens jusqu'à ce qu'il montre enfin son vrai visage : celui d'un vaurien crasseux. Heureusement, mon karma, ou la justice divine existe et la petite voleuse a le temps de commettre son larcin. L'eussé-je su que je l'aurais félicitée ! Si je suis qu'une sale hypocrite ? Peut-être. Mais moi, aussi crasseuse que je sois, je n'ai jamais cherché à faire de mal à mon benjamin. Pas... jusqu'à ce soir. J'esquisse un sourire aux propos de ma collègue et la remercie d'un hochement de tête.

- Je préviens, je suis affreusement mauvais cavalier,

Si seulement tu étais juste mauvais cavalier, Evroult. Tu es mauvais tout court. Tu es cette ombre qui plane sur ma vie et qui la rend moins belle à chaque fois que tu décides de t'y mêler. A croire que tu es né pour que je vende un peu plus mon âme au Sans-Nom pour te faire du mal. A croire que je suis venue au monde, pour subir ou te faire subir. Et crois-moi petit frère, mon esprit de survie est assez développé pour que je ne veuille plus être ta victime.

Je me rapproche de toi, je glisse une main dans la tienne, comme si j'y trouvais beaucoup d'intérêt. Tout, de ma posture jusqu'à mon sourire, donnerait le change à quiconque nous regarderait, pourtant mes yeux te maudissent si bien que tu ne peux avoir aucun doute sur mes pensées qui te sont toutes offertes, à toi et à toi seul. Tu es l'incarnation de ma folie, Evroult. Quand Louis-Marie me rend plus sage, plus posée, toi, tu me rends plus folle, plus instable. Lui, il m'aime, me protège et toi, tu me hais et m'attaque. J'ai l'impression parfois d'être une toile vierge sur laquelle vous déversez chacun vos sentiments ou ressentiments. J'absorbe alors le positif comme le négatif et si pour l'un je renvois de l'amour, il n'est pas illogique que pour l'autre, je libère toute ma noirceur. Tu as choisi ce camp là, frérot. Dès l'instant où tu as écrit ce mensonge sur ce vélin, tu as brisé mes derniers espoirs de renouer quelque chose avec toi. Était-ce si difficile de m'aimer...un peu ? Suis-je si laide que tu me considères comme une pestiférée ? Serais-tu meilleur, toi grand Evroult que tu m'estimes si peu ? Ah non ! Je refuse de te laisser insinuer la graine du doute plus longtemps dans mon esprit.


    - Affreux et mauvais, tu es bien doux avec toi-même.

Je te pique la première, parce que je ne veux pas te laisser l'occasion de me faire mal à moi. Je tourne, lançant parfois un coup d'oeil autour de moi pour vérifier la proximité des éventuels danseurs ou la présence des autres convives. Quelques uns se sont éclipsés discrètement, d'autres pièces de l'Aphrodite ont certainement été réquisitionnées. Ce ne sera pas le cas pour moi, ce soir. Suis-je inquiète pour mon poste ? A quel point ai-je envie de me venger de lui ? Je cogite tout en lui écrasant le pied d'une volte volontairement plus brusque.

    - Ah, le vin me fait tourner la tête !

Je n'ai même pas bu ce soir, mais te sortir des excuses bidons comme une gamine est libérateur. J'ai tellement de violence en moi te concernant que je me retiens de faire un bain de sang là en guise d'inauguration. Je serais certainement virée, mais Dieu que ce serait exultant ! Le petit couteau pèse lourd dans ma manche, je crève d'envie de m'en servir là, tout de suite et pourtant je me retiens et me permets même une phrase de conversation pour donner le change alors que mes ongles s'enfoncent dans ta main.


    - Ton destin semble étroitement lié au mien, cher frère. Jusqu'à Yohanna. J'ai l'impression que ce pays est trop petit pour nous deux.

Te sens-tu menacé ? J'espère bien.
_________________
Lucas.

      - Explorations avancées dans le couloir des voyours avec Elienore de Ravel -


 Ce sont elles qui avaient avait ensemencé son esprit. Elienore de Ravel avait rendu le champ fertile. Sa posture au centre du Grand-Salon, telle une proie désireuse qu’on vienne la dévorer, avait réveillé l’esprit de prédateur de Lucas Dentraigues. Lorsqu’une femme, non seulement jolie mais également attirante, criait ainsi à la face du monde : « Séduisez-moi et vous découvrirez ce que ‘plus si affinités’ signifie », Lucas devenait « Le Dentraigues ». Il avait mordu à l’hameçon et elle en avait fait son repas pour les vêpres…A moins que ça ne soit le contraire. Sur ce terreau fertile, l’attitude de Rose envers Ysaoth avait arrosé les graines semées par la duchesse et les avaient fait germer. La main d’Ysaoth sur celle de l’épineuse avait fait naitre les premières feuilles. Si Lucas avait amené Elienore ici ce soir-là, dans ce couloir sombre, c’était à cause de cela. S’il avait chuchoté à l’oreille de Rose alors que la pulpe de son pouce s’égarait sur une paume Ravelloise, c’était parce qu’il désirait récolter ce que d’autres avaient semé. Enfin, s’il avait dénoué ses cheveux, défait le catogan pour donner ce ruban noir au valet, c’était parce qu’il ressentait un impérieux besoin de mener, de reprendre le contrôle d’une situation que d’autres avaient instiller dans son esprit. Oui, s’il avait emmené Elienore ici, c’était à cause de cet enchainement de circonstances. Le marche-pied sur lequel il avait buté et qu’il cherchait à tâtons dans l’obscurité de la pointe d’une botte? Si effectivement il marquait l’emplacement recherché par le galant, celui-ci avait également un autre intérêt comme vous pourrez le découvrir plus tard. Deux portes… Deux portes se trouvaient sur le chemin de cet imaginaire érotique que Lucas Dentraigues avait tissu autour de sa proie du soir. Ils pouvaient n’en franchir qu’une. Ou deux. Voire même aucune. Cela ne dépendait pas seulement de lui. Mais quel que soit le nombre qu’il lui ferait franchir ce soir-là, Lucas donnerait à la duchesse de Ravel ce qu’elle était venue chercher à l’Aphrodite ce soir-là.

L’obscurité de l’endroit était un des éléments d’ambiance qu’il désirait Oh certes, l’amoureux du corps féminin qu’il était aurait volontiers aimé saisir de visu l’effet que ses caresses auraient prodiguées à ce corps offert au fur et à mesure que l’effeuillage progressait. Il aurait apprécié voir cette peau se hérisser lorsque le désir né au creux de ses entrailles se serait diffusé partout, jusqu’aux moindres extrémité de son corps. Sans aucun doute, son regard aurait eu cette brillance de satisfaction lorsque l’épaule se serait dévoilée dans toute son intimité, lorsque le décolleté d’une robe n’aurait plus été que naissant. Et que dire d’un visage qui aurait exprimé l’éclosion du désir alors que les yeux se seraient fermés et que les lèvres se seraient désolidarisés. Mais après tout, n’avait-elle pas évoqué la possibilité qu’elle revint à l’Aphrodite? Pour le voir lui? Alors, n’avait-il pas eu raison ce soir-là de leur soustraire la vue et laisser le désir s’alimenter des messages que leur envoyaient leurs sens de l’odorat, de l’ouïe, du toucher? Ce soir, mieux « valet » que les cochers n’entamassent point de moyens de pressions car la Duchesse de Ravel risquait fort de découcher dans ce cas.

Ce fut d’ailleurs à l’équilibre des trois sens qu’il la soumit. Celui de son parfum qu’il avait fait préparer à la Lyre d’Eurydice, celui de ses mains qui avaient pris la mesure du haut de son corps. celui du froissement de l’étoffe au fur et à mesure que son exploration manuelle défrichait le chemin cachant ses trésors de féminité, du bruit de sa respiration qui trahissait son état d’esprit du moment. Qu’importe qu’Ysaoth soit son mari, son amant ou son complice, le fait de l’avoir dans ses bras et de savoir qu’elle se donnait à un autre habituellement nourrissait son esprit d’images que la religion mettrait sans aucun doute à l’Index. Ce fut sans doute lorsque le torse parisien enveloppa un dos ravellois, qu’un bassin masculin fit sentir sa présence contre un séant charnu fet éminin et que des lèvres galantes embrasèrent un cou ducal sur toute sa longueur qu’Elienore aurait pu mieux percevoir les fragrances qui se dégageait de son amant d’un soir. Avait-elle saisi qu’à l’Aphrodite, les services de Lucas Dentraigues se choisissaient au travers d’une gamme de parfums qu’il avait fait concevoir de manière ô combien personnalisée? Que l’homme porterait le parfum choisi par sa partenaire pour éveiller ses sens et leur faire prendre le chemin pour lequel elle était venue à l’Aphrodite? Le Dentraigues en doutait mais cela n’avait aucune importance. Elle le découvrirait un jour…ou pas.

La gangue que formait sa main sous son sein entra alors en contact avec la pulpe de ses doigts lorsqu’elle vint pêcher le grenat. Contact tactile, subtil, éphémère. Il aurait voulu les capturer un à un. Qui ça? Ses digitales, éclaireurs lancés non pas à la poursuite d’un octobre rouge mais d’un caillou de la même couleur. Il s’imaginait déjà capturer son majeur afin de le glisser entre ses lèvres, de darder sa serpentine ferme sur l’extrémité de celui-ci, de l’envelopper d’une douce moiteur, esquissant un léger mouvement de va-et-vient évocateur d’autres libertés. Sa question le fit revenir sur terre et un sourire qu’elle ne pouvait percevoir, ici dans l’ombre, dans son dos naquit à la commissure de ses lèvres.


- Un grenat? Ainsi donc la destinée vous a choisi? Intéressant…

Et c’est à lui qu’elle demandait de garder ce trésor? Est-ce cela qu’elle était venue chercher au creux de sa poitrine, la raison pour laquelle leurs doigts se sont croisés et non parce qu’elle voulait aller à la rencontre de ceux qui lui délivraient tant de frissons? Dans le noir, Lucas posa sa main sur son épaule et la fit glisser lentement, paume suivant un tracé sinueux sur un velours charnel du plus délicieux. Il emprisonna la main d’Elienore, enveloppa ses phalanges autour des siennes et les entrecroisa avec ceux de sa maitresse. De sa main à la sienne, le sésame d’Aphrodite changea temporairement de propriétaire. Une poche…Où pouvait-il trouver une poche sur cette tenue? L’idée germa dans l’esprit du Dentraigues lorsque sa tête se releva et tourna vers la gauche, vers la paroi du couloir des voyours comme le Maître appelait cet endroit.

- Savez-vous pourquoi je vous ai fait venir ici Elienore? Dans cet endroit où mes yeux sont aveugles et ne peuvent s’abreuver d’un corps qui s’offre sans aucune retenue…

Il tourna légèrement la tête de sa partenaire vers la droite et ses lèvres vinrent chercher leurs homologues. Le baiser n’avait plus rien de ces escarmouches sensuelles dont ils avaient volontairement usé et abusé durant la soirée pour se séduire. Le contact de ses lippes sur celles de la duchesse respiraient l’envie, le désir, l’indécence et la luxure. D’aucun aurait pu dire vulgairement qu’il la goutait littéralement de la pointe de sa langue. Souffle chaud qui roulait sur l’arête de son menton, baisers dont l’intimité ne faisait que croitre indéfiniment. Lucas fit brièvement rouler le grenat sur le haut de son décolleté avant de le faire rouler entre le pouce et l’index, Il approcha son visage de son oreille et lui glissa dans un murmure:

-…Si vous voulez tourner votre tête vers la gauche…

Clic. De la pointe du caillou, Lucas Dentraigues déplaça une petite plaque de métal qui masquait un oeilleton enfiché dans la porte.

- Cette paroi? Une porte… Derrière? Une chambre, un des lieux de plaisir de l’Aphrodite. On l’appelle la décadente.

Le ton de la voix était chaleureux, confidentiel, emprunt d’une grande sensualité. Il avait volontairement ralenti le débit de ses paroles pour donner à celles-ci une plus grande impression d’intimité. Un sourire étira ses lèvres mais dans l’obscurité, il se doutait qu’elle n’en avait conscience. Les images d’un chuchot glissé dans l’oreille de Rose, le ruban noir que se délie et qui est transmis à un valet consignes à la clé affleurèrent à la surface de sa conscience.

- Qui sait ce qu’on pourrait découvrir au travers de cet oeilleton?

Point d’effleurements, ni de toucher délicat cette fois. Sa main se fit ferme lorsqu’elle glissa sur l’étoffe soyeuse de sa robe, au dessus de sa cuisse, coté extérieur.

- Pendant que je m’attache à satisfaire le besoin que vos bottines ont éveillé en moi, voulez-vous jeter un coup d’oeil ou dois-je mettre ce grenat à l’abri et masquer ce qui pourrait être vu au travers de ce mouchard de verre?

Se faisant, Elienore de Ravel put sentir le corps de son galant parfumé par Aphrodite perdre de sa hauteur. Ses mains s’agrippèrent à sa cheville. Les doigts du Dentraigues tissèrent autour de celle-ci une toile voluptueuse, un entrelacs de fils de soie virtuels qu’il répandit jusqu’au bout du plus petit orteil. Dans le silence de l’endroit, le bruit de l’attache de sa botte qui saute sous l’initiative du galant fit autant d’effet qu’une goutte d’eau qui ruisselle du plafond, dans le choeur d’une église. Bottine fut retirée. Cuir reçut toutes les attentions de la paume de main du galant, presque autant que le décolleté d’Elienore quelques instants auparavant. Lucas se pencha vers l’avant. posa ses lèvres sur le bottillon. Fermer les yeux ici, dans l’obscurité, fut un geste quasi machinal bien qu’inutile. Ses lèvres entr’ouvertes glissèrent sur le talon, fleuretèrent avec le dessus de son pied jusqu’à son extrémité qu’il mordilla délicatement. Les allumeuses s’enroulèrent ensuite autour de sa jambe nue. Le galant joua autant de ses lippes que de son menton barbu ou d’une patoisante prompte à laisser un chemin humide derrière elle. Une murmure s’échappa de sa bouche, roula sur la peau satinée et éveillée de la duchesse alors que les abords de son genou étaient atteints par le galant.

- Je vous préviens, si vous ne pouvez contenir le côté sonore qui pourrait émaner de votre plaisir, celui-ci risque fort de se propager aux oreilles de nos potentiels voisins.

Le feu qui s’écoulait des lippes du Dentraigues se propagea sur la haut de la cuisse ravelloise. La tête du galant disparut totalement sous les différentes épaisseurs de tulle, toile, taffetas et autres dentelles de la robe ducale. Dans ce lieu clôt, le froissement de l’étoffe ressemblait à un appel si indécent au plaisir, si sonore que n’importe qui dans l’Aphrodite aurait pu le percevoir… Enfin. le crut-il. Vous vous demandez peut-être ce qui advint par la suite? Avez-vous donc si peu d’imagination pour que l’on doive vous dire ce qu’il advint alors? Car oui, ce que vous avez en tête arriva. Coincé entre entre le pouce et l’index, le galant souleva et repoussa toute couche de tissu qui pouvait encore se mettre en lui et la caresse la plus délicieuse qu’une homme comme le Lucas Dentraigues puisse délivrer à une dame de la qualité de Elienore de Ravel. Un par un , il prit possession de chaque pli, de chaque rondeur, de chaque interstice. Ce fut elle qui le guida: par un soupir, par un muscle qui se tend, par tout un corps qui réagit à l’initiative sensuelle du galant. Son objectif? L’amener au bord de l’extase qu’il lui avait promis, la laisser en équilibre sur cette arête étroite, prête à chavirer d’un côté ou de l’autre…ou à avancer encore un peu pour découvrir d’autres plaisirs tout aussi délicieux que celui-là qu’ils soient manuels, buccaux ou plus intimes encore. Et alors que ses lèvres brillantes portaient encore en elles les saveurs intimes de la duchesse, le parisien s’extirpa de sous le tissu qui avait masqué l’indécence extrême de son attention voluptueuse. Dans le noir, ses doigts glissèrent à nouveau le long de la jambe ducale jusqu’à retrouver ce pied dénudé où tout avait commencé.

- Cette étoffe est certes élégante et donne à votre corps l’écrin qu’il mérite amplement mais à cet instant, elle a terminé son rôle et ne devient qu’une entrave superflue à nos envies duchesse. Cette caresse intime a fait plus qu’éveiller mes sens et je ne vous lâcherai point avant de les satisfaire pleinement.

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.elle
Clôture de rp entendue sur demande LJDYsaoth et LJDElienore
Merci à eux du champ libre laissé pour fermer ce rp proprement.



"Elle" et Lucas
"Décadente" puis chambre de "Elle"
(RP écrit à 4 mains)



    ~ La rose ~

    Alanguie dans le lit à baldaquin de la Décadente, "Elle" s'étirait entre les draps soyeux, profitant de la torpeur du moment, cet instant de calme après l'indécence à l'état pur.
    Le chancelier ne s'était pas attardé plus que de raison dans le voluptueux de ce décor, dans ce stupre et cette luxure rouge et or, tout comme il n'avait guère tardé à répondre favorablement à l'invitation de la galante à découvrir les méandres de l'Aphrodite en sa compagnie.
    Pourquoi cette pièce plus qu'une autre ?
    Désidérata formulé par le Duc de Vichy ?
    Aucunement... Même si le choix avait semblé lui convenir.
    Un valet croisé dans un couloir, un murmure à l'oreille de la rose, un sourire esquissé et un message qui l'avait poussé à chercher un ruban noir déposé sur la poignée d'une des portes en était la cause réelle, Ysaoth ayant accepté de bonne grâce, et avec un entrain certain, l'ambiance de ce lieu.
    La mine exténuée et la chevelure brune décoiffée ne pouvaient que laisser comprendre l'intensité des ébats charnels qui s'en suivirent, enflammés, débridés, sans tabous et sans retenue, que seuls cette alcôve et leurs protagonistes sauraient vous compter.... quoique... Si le Dentraigues avait mis en oeuvre ses intentions, deux paires d'yeux supplémentaires devraient normalement pouvoir en témoigner.
    L'idée fit largement sourire "Elle" qui se prit à imaginer ce qui avait pu se passer en ce cas derrière le mur, le linge de lit venant rejoindre le corps dénudé de la jeune femme lézardant un moment avant de se décider peut-être à rejoindre sa chambre, ou de se faire renvoyer par les petites gens passant remettre de l'ordre.

    ~ Le Maître ~


Il l'avait raccompagné jusqu'à la porte de l'Aphrodite. La nuit cédait déjà le pas aux premiers rayons du soleil lorsque le carrosse emportait la duchesse de Ravel vers une destination que le Dentraigues n'avait pas à savoir. La reverrait-il? Lui avait-il donné l'envie de revenir à l'aphrodite? D'user de l'avantage que lui octroyait le grenat? Et même si c'était le cas, de le demander lui, Lucas Dentraigues? Les premiers invités avait quitté les lieux depuis quelques heures déjà lorsqu'il grimpa les escaliers qui menaient à sa chambre. Il n'avait aucune idée de ce que les propriétaires de l'Aphrodite avait pensé de la soirée mais lui, l'avait trouvé ma foi fort à son goût. A l'étage, Lucas passa dans le long couloir qui donnait sur les chambres des galants et des employés de l'Aphrodite. A cette heure précoce du matin, il n'avait plus rien du séduisant ex-avocat, propre sur lui, portant des vêtements sur lesquels pas un pli de travers ne se voyait. La chemise largement ouverte jusqu'au nombril, la veste jetée sur l'épaule et tenue nonchalamment de la senestre, les cheveux dépenaillés, il avait plus l'air d'une homme prêt à regagner sa couche après une soirée éreintante et peut-être un peu trop arrosée.

La main sur la poignée de sa chambre, Lucas entr'ouvrit la porte et finalement se ravisa. Un doute, une envie... Il était tard...ou tôt... À votre guise. Il était fatigué et pourtant il avait envie d'user d'un avantage que quelqu'un de cher lui avait conféré il y a quelques jours. Il referma la porte de sa chambre, fit quelques pas en arrière et changea de côté de couloir pour ouvrir la porte d'une chambre, de celle avec qui il avait envie de parler un petit moment. Comme il le lui avait annoncé, il ne se signala pas, ne frappa pas, ne demanda aucune autorisation. La porte s'ouvrit sur une pièce plongée dans la pénombre la plus complète, ce qui fit sourire notre parisien. D'une voix assurée, sur un ton bas mais suffisant pour se faire entendre d’ « elle », il déclara:


- Déjà couchée? Votre soirée vous aurait-elle épuisée à ce point? Je suis venu chercher quelque chose qui m'appartient.

Pour toute réponse, il n'eut droit qu'au silence froid d'une chambre vide. Le Dentraigues haussa un sourcil et un sourire taquin naquit à la commissure de ses lèvres. Manifestement, il semblait que le duc de Vichy arriverait après la duchesse de Ravel. Qu'à cela ne tienne. L'arrogant aurait très bien pu se débarrasser de ses derniers vêtements et prendre place dans le lit mais cela n'aurait guère été digne du galant qu'il était. Il se ravisa, alluma la chandelle se trouvant sur la table basse en face de la couche et prit place dans le fauteuil d'osier, croisant les jambes, appuyant cheville dextre sur cuisse senestre, savourant avec patience un fond de Figeac qui ne demandait qu'à être consommé.

    ~ La rose ~

      - Dame... Il faut rejoindre vos quartiers... On doit... fin, faut qu'on refasse la pièce

    Emeraudes embuées,le corps sylphide glissa hors de la couche, attrapant sa robe de velours carmin que la jeune femme avait déposé au pied du lit en venant l'éveiller avec douceur.
    Combien de temps avait-elle sommeillé ?
      Il est tard ?
      - Il est tôt... de l'aide pour votre robe ?
      Non, je monte me coucher, merci Justine
      - Bonne nuit Dame Elle

    Petit signe de tête aimable et étoffe glissée succintement sur ses courbes, la décadente fut quittée, rose de ses cheveux en main, couloir fut traversé puis le grand salon en attrapant le reliquat d'une coupe de fruits de la réouverture, la montée du grand escalier vite effectuée pour rejoindre son home sweet home, petit chez soi mais où personne ne viendrait la déjuquer pour le ménage.
    Porte poussée, le regard vert fut surpris de découvrir une chandelle encore allumée à cette heure-ci, peut-être la servante qui en aurait pris le soin, sans chercher plus que ça, sa compagne de séduction vint rejoindre un grand bocal de verre où d'autres têtes de rose finissaient de sécher, quand une étrange sensation lui fit déporter regard vers le fauteuil, avançant de quelques pas pour y découvrir un chevelu blond confortablement installé, assoupi.
    Depuis combien de temps l'attendait-il ici ?
    La vision du "Maïtre" muet lui étira un léger sourire, c'était un fait si rare qu'il se devait d'être savouré à sa juste valeur, avec délicatesse, le verre resté en main fut extirpé des doigts et déposé avec les fruits sur la table où vacillait la luminosité de la bougie, baiser déposé sur un front, un murmure s'éleva dans la pièce.
      Vous seriez mieux dans un lit Lucas

    Elle n'aurait pas l'impudence de le bousculer pour le réveiller, "Elle" savait que certains clients se pouvaient réclamer beaucoup d'énergie, et elle doutait que le grand blond soit du genre à contenir ses ardeurs lorsqu'il offrait ses services, même si elle ne pouvait qu'en supposer.
    Le laissant à son fauteuil, direction du lit fut prise et la robe glissa d'un corps sur une chaise, une autre, dévolue à la nuit, plus courte, d'étoffe fine, venant habiller la silhouette de la fleur avant qu'elle ne s'allonge en observant le galant du coin de l'oeil.
.

    ~ Le Maître ~


Il avait entendu le plancher du couloir grincer, la porte geindre lorsqu’ « elle » l'ouvrit. Il avait alors posé sa tête contre le fauteuil et avait fermé les yeux. Il l'avait senti approcher et n'avait pas bougé d'un poil. Il lui avait fallu toute sa volonté pour ne pas sourire en entendant la réplique de l'épineuse. Il serait sans doute mieux dans un lit? Le tout étant de savoir de quel lit elle parlait, si cela était une invitation à déguerpir ou à se montrer audacieux. Le baiser sur le front aurait-il pu constituer un indice de ses intentions?

Elle s'éloigna de lui et il ouvrit les yeux. Avait-elle perçu l'esquisse de son sourire quand elle lui parla? Ou la pénombre avait-elle fait son office jusqu'au bout pour masquer le visage du Maître, lui qui aimait pourtant tant se pavaner à la lumière du jour? Il ouvrit les yeux alors qu'elle ôtait sa robe. C'était la deuxième fois qu'il la voyait dans le plus simple des accoutrements. Cette fois, c'est la pénombre qui rehaussa le beauté de ses courbes. Spectacle délicieux s'il en était pour le maître. Décidément, "Elle" le fascinait, "Elle" l'attirait.


- Auriez-vous la même pour homme? J'aimerais moi aussi me mettre à l'aise avant de vous rejoindre.

    ~ Le Maître et La Rose ~

    Ce qu'elle avait cru percevoir dans la pénombre, sans en être certaine, se confirma lorque la voix chaude du Dentraigues s'éleva dans la pièce, un fin sourire venant orner ses lippes.
    Je ne suis pas certaine que cela vous aille au teint très cher

Même à cette heure tardive de la nuit ou précoce du jour, il fallait qu'elle lui tienne tête. Jusque quand lui résisterait-elle donc?

- Alors, dans ce cas, j'espère que vous ne vous offusquerez pas que je ne porte pas grand chose quand je me glisserais dans ces draps.
    Par tous les Saints, un homme dénudé dans mon lit... Il est vrai que je risque grandement de m'en offusquer.
    Lucas voyons soyez sérieux quelques instants.
    Cessez vos minauderies et venez me dire si la soirée fut aussi rentable pour vous que pour moi.

    Invitation d'un signe de tête à le rejoindre dans la couche qu'il comptait de toute évidence investir.

Confirmé! Le baiser sur le front devait donc bien être pris comme un indice du comportement à tenir. Décidément, cette galante le surprendrait toujours. Il se leva et se dirigea vers elle, ôtant chemise qui alla rejoindre la robe sur la même chaise.

- Si vous voulez vous retourner, c'est le moment. Sans cela, la pénombre peut aussi faire votre affaire.
    Petit rictus un brin amusé se dessinant sur les carmines de la rose.
    Seriez-vous pudique Maitre Dentraigues ?
    Vous avez un paravent à disposition si vous le souhaitez

    Tête reposée lentement sur l'oreiller de plumes, détournant regard pour laisser au sire une certaine intimité, sorte de rideau virtuellement tiré.

- Le seul paravent que j' accepterais en pareille occasion ma chère serait celui de vos paupières.

S'asseyant sur le lit, il ôta bottes et braies presque dans le même élan. Ces dernières furent pliées avec soin et déposées sous la couche. Puis il se glissa sous les draps et se retourna alors vers la fascinante épineuse.

- Pour répondre à votre question, j'ai adoré ma soirée et j'espère la terminer de la même façon. Quand à savoir si elle a été rentable, je ne puis répondre à cette question encore maintenant. Vous savez qu'en ce qui concerne les aspects monétaires, tout est une question de récurrence. J'imagine que je ne vous apprends rien. Et si vous voulez le savoir, la duchesse de Ravel est une personne...très...intéressante!
    Chaleur masculine et literie s'enfonçant d'un poids supplémentaire, le visage de la rose se positionne de façon à pouvoir converser en appréciant les traits du visage du galant.
    J'ose croire oui que la soirée vous fut plaisante, et que vous avez su mener la dame de Ravel là où vous le souhaitiez et que ce que vous y avez vu fut à hauteur de vos espérances. Quand au fait qu'elle soit intéressante, son parfum qui reste imprégné sur votre peau m'en donne une vague idée oui.

Les lippes du galant s'étirèrerent en entendant les paroles de Rose. Se pouvait-il que...Vraiment? Lucas étira le bras vers "Elle" pour, de toute la longueur de l'index, caresser la peau de son bras, du coude jusqu'en haut de son épaule, une partie de son corps qui, il n'en doutait pas, avait cette nuit subi les hommages d'un autre homme.

-Ne me dîtes pas que vous êtes jalouse d'Elienore ma chère. Je m'en trouverais fort....surpris. Quand au parfum...Eh bien, vu que vous n'avez point de vêtement à me proposer pour cette nuit, me voilà donc au moins couvert et décent sous vos draps.
    L'éclat de rire qui sortit de la gorge de la rose en entendant les propos de celui qui distillait fines caresses sur le satin de sa peau aurait pu suffire pour toute réponse, et pourtant le corps de la brune chatoyante pivota pour se mettre face à lui en redressant la tête pour lui répondre.
    Lucas la jalousie n'a pas sa place ici, ne l'avez vous pas dit vous même le premier jour de mon arrivée ici quand vous m'avez aidé à "m'installer" et je retrouve encore ce mot dans votre bouche ?
    En seriez vous un adepte inavoué ?

    Reprenant position plus lascive, les émeraudes cherchèrent une réponse dans l'argent de Lucas, un sourire étrangement taquin ornant son visage, la supposer jalouse... "Elle"... aurait-il seulement fallu qu'il ait été sien un jour.

Elle le provoquait, elle le cherchait, elle évaluait sa capacité à résister à ses propres envies, à rester le Maître de ses décisions. La pose qu'elle prenait était indécente. Il l'avait constaté, elle le savait. Si là il t'attirait contre lui, roulait sur elle, passait ses mains sous l'étoffe superflue et lui faisait connaître le fin fond de ses pensées actuelles, alors il n'aurait rien eu à se reprocher. Cette pose était pour lui une porte ouverte à la découverte et étonnamment Il s'en abstint.

- Adepte de beaucoup de plaisirs que vous découvrirez peut-être un jour oui... Je ne considère pas la jalousie comme un plaisir excepté quand je le lis dans les yeux des maris dont les dames quittent ma couche satisfaites. Enfin couche, fauteuil, parquet, mur...J'imagine que je n'ai pas besoin de vous faire un dessin, surtout à cette heure-ci.
    Superflu oui je pense, surtout vu la lune qui cède place au soleil, heure où nous, pauvres esclaves du désir charnel des nantis, achevons notre journée de "dur labeur".
    Le ton et l'étirement de lippes que le Dentraigues pourrait traduire sans peine, reflétait toute l'ironie du propos, en revanche le fait était avéré que si certains avaient passés leur nuit à dormir tout leur saoul, ces deux là avaient donnés de leur personne, au propre comme au figuré, lors de cette réouverture et de son after et quelques heures de sommeil ne leur seraient sans doute pas un luxe à refuser.
    Souhaitez-vous terminer votre soirée aussi bien qu'elle a commencé en partageant mon lit pour les quelques heures de sommeil qui nous sont offertes Lucas ?

- Je serais ma foi bien fol de refuser pareille offre ma chère mais pour trouver le sommeil alors que je me trouve dans le lit d'une femme désirable, il va me falloir une petite aide de votre part.
    Une petite aide de ma part ?

- N'est-ce pas point vous qui parliez de parfum tout à l'heure? Je vous échange un ruban noir qui doit être en votre possession contre un baiser déposé sur mes lèvres.

- Devait-il préciser quel était le goût particulier que ses lèvres portaient encore en cet instant? Vraiment? L'apprécierait-elle ou non? votre curiosité vous perdra...

La suite...
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Merci JDMonty
Montparnasse.
{Grand Salon en compagnie de Ambre et d'un serveur}


Montparnasse offrit son bras à la jolie blonde pour la ramener à l’intérieur. Ils pénétrèrent au moment du discours de Flavien. Attentif Montparnasse l’écouta jusqu’au bout avant de délaisser un instant sa partenaire du soir.
Se dirigeant vers un des serveurs, celui qui leur avait amené la bouteille de vin, il lui murmura quelques mots à l’oreille avant de poursuivre à voix haute.


- Pouvez-vous nous faire préparer le petit salon ? Et nous y déposer une autre bouteille de ce vin que vous nous avez amené tout à l’heure je vous prie ?

Il ouvrit brièvement à l’homme avant de glisser une main sur la taille d’Ambre et de murmurer à son oreille :

- Suivez-moi, allons au petit salon, laissons la soirée se terminer loin de nous…

Il n’avait aucun besoin de murmurer ces mots, il profitait seulement de cette intimité imposé pour se rapprocher d’elle et venir sentir son odeur…
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Evroult
[DU GRAND SALON À LA RUELLE - GYSÈLE & EVROULT]

    D'un grognement couplé d'un onyx noir, tu réponds au pied écrasé par la piètre ballerine. Tu lui saisis la taille avec rage, rapproches vos corps jusqu'à sentir les moindres de ses courbes & coutures, soulèves & relâches ta cavalière en prenant garde à retirer toute once de douceur. Tu es si contracté que les veines ressortent à ton cou, & si tu n'étais pas obnubilé par la créature démoniaque que tu tiens entre tes doigts, tu aurais conscience que la chaînette d'argent ne vient pas agresser la peau pourtant fine de ta gorge. Du mouvement du menton, dédaigneux, tu grondes entre tes dents :

      - C'est qu'il faut sans doute qu'un de nous laisse la place... & ma foi, tu as déjà vécu plus que moi.

    As-tu seulement conscience de l'écho que tu fais aux pensées de ta sœur ? si tu rêves souvent d'un monde déserté par cette fratrie de parasites, tu es encore loin d'imaginer mettre un terme définitif à ces vies que tu hais tant. Jamais tu n'as été de ces mains qui exécutent, de ces âmes froides & sans remords, de ces faucheurs résolus capables d'achever leur œuvre de haine & de mépris d'une lame aiguisée. Jamais les côtoyer, dans les secrets tamisés des alcôves des bordels, ne t'a donné l'idée seule de dévier vers cette voie trop trouble. Tu es de ceux qui offrent la petite, de mort, tu ne vis que pour pouvoir la servir, encore, & encore, & encore aux mêmes corps tendus d'un manque que tu sais si brillamment provoquer. La tentation de ton aînée ne peut t'effleurer l'esprit, & la menace proférée comme on serre la corde au cou du condamné ne t'arrache de fait qu'un sourire méprisant, & une pensée moqueuse pour celle que tu crois encore dominer.

    Inconscient, tu l'es. Suffisant, aussi. La honte ne t'étreint pas au rappel de ce qui vous a mené là, à vous jauger la haine aux lippes, la rage au ventre, prêts à vous étriper jusqu'à ce que le plus faible flanche. Tu sais te trouver les excuses & pardonner ta propre folie, celle qui t'aura poussé à couler sur ce parchemin terne une vaste blague, mauvaise & ridicule. Tu te félicites même, en public, de la finesse d'esprit dont tu as su faire preuve pour faire croire à ton frère que tu saillais sa sœur. Le souvenir, en d'autres circonstances, t'amène encore à verser quelques larmes de félicité. Tu es gamin, Evroult. Sans repères, sans limites, sans mesure. Tu es gamin, & hais avec rancœur & jalousie, caprice & rivalité. Parce que Louis-Marie est le préféré, parce que Gysèle est la digne descendante, parce qu'ils ne savent voir la monstruosité de la mère Ponthieu, que toi tu vois mieux que personne, & qu'ils accaparent en prime l'amour qu'elle avait à donner. Ils prennent tout, sans jamais rien laisser. Ils s'offrent tant d'amour l'un à l'autre qu'il n'y a plus de place en leurs palpitants étriqués pour toi, le benjamin résolument oublié. Oh ! bien sûr que tu n'en veux pas, de leurs sentiments mielleux & répugnants, souillés de ce nom de famille mille fois honni. Tu n'en as jamais voulu. L'idée même te révulse. Tu veux bien admettre qu'il te faut leur attention, parfois, oui. Un peu. A demi-mots. Mais tu préfères qu'ils s'acharnent à te détester comme tu sais si bien le faire pour eux, plutôt qu'ils glissent dans cette douceur condescendante & vicieuse dont votre génitrice sait si bien user.

    En somme, tu t'assures que vos relations restent saines. N'es-tu pas le seul épargné par cette lignée si laide ? tu t'étouffes. Tu dois admettre que ce n'est pas le moment de te louer si bien, quand rouquine ne perd pas un instant pour t'enfoncer, ci un coude dans les côtes, là une épaule dans le torse. Il te faut te reprendre, ne pas te laisser déséquilibrer par ces flammes qui dansent devant tes yeux, cet insupportable parfum de trahison, cette piteuse allure moulée dans les pas de la mère Ponthieu. Tu accuses un coup de trop, avant que ta lippe ne se retrousse en un simulacre de sourire. Pincer la taille. Écraser la main. Percuter de l'épaule. Et rire, de ces éclats surfaits & mal actés, pour donner un change faussé aux spectateurs des retrouvailles. Tu n'es pas mauvais acteur, pourtant. Mais à mesure que tu la frôles, la bouscules, la heurtes, tes humeurs s'affolent & attisent cette même folie qui te fit, quelques semaines plus tôt, jouer avec le désespoir de ton frère.

      - Il y a déjà ta mère, ce monde n'a pas besoin de toi. Tu es piètre catin, piètre sœur, piètre fille... Piètre, piètre, piètre. Ta vie est piètre.
      Ah ! tu n'es qu'une copie ratée de ta très, très chère mère. Tu devrais laisser les moines finir de s'occuper de toi, tiens. Et... essaye, cette fois, de ne pas rater ta mort.

     Quant à toi, Gysèle, tu as oublié ce que tu voulais depuis ta plus tendre enfance. Depuis ces jours où, malmenée par la jalousie d'une génitrice irresponsable, tu reportais tes besoins d'affection sur Louis-Marie et parfois sur Evroult, avant qu'il ne devienne trop borné pour voir que tu étais différente...ou du moins que tu faisais tout pour l'être. Si le nom Ponthieu est maudit, contrairement à ce qu'en pense le benjamin, le sort s'est malheureusement acharné sur tous et tu ne lui tenais pas rigueur des haines et coups bas régulièrement envoyés vers vous jusqu'au jour où il est allé trop loin. Perdre LM, c'était comme perdre ton appui dans ce monde. Tu avais alors réalisé que tu n'étais rien du tout et ton gigolo de frère avait ouvert un trou tellement béant dans ton palpitant, que tu n'a pas pu pardonner. Pas cette fois. Evroult est coupable. Coupable de ton malheur, coupable de ton incapacité à retenir Louis-Marie, coupable de te toucher autant. Tu le hais de savoir viser si juste et tu voudrais retirer à son visage ce sourire faux qui te glace le sang. 

    Il te pique encore. Ne voit-il pas combien tu n'attends qu'une provocation pour lui faire du mal ? Est-il donc dépourvu d'instinct de survie qu'il lui faille continuer de te mettre le cœur en miettes ? Piètre, piètre Gysèle, tu n'as pas ta place dans ce monde. Pâle double de ta mère, fille indigne, sœur désastreuse, tante maladroite et mère criminelle. Ah, c'est douloureux quand il te reparle de ce moine, lui qui se rappelle sûrement l'état dans lequel tu étais après cette rencontre. Il continue, votre danse est brutale, tu ramènes une main à ses reins avec une force qui pourrait s'assimiler à de la passion si tu n'y plantais pas tes ongles. Tes yeux ne quittent pas les siens, cherchant à creuser les pensées profondes de ton double de sang et tu n'y trouves que de la haine à l'état pur. Le jour où tu avais extorqué une étreinte à ce jeune homme semble presque irréel quand à cet instant précis tu n'as qu'une envie, le faire disparaître de vos vies. Elles seraient tellement plus faciles sans ce nuisible colérique et inconstant qui n'a de plaisir qu'à semer le chaos. Chevalier de l'apocalypse, Evroult réveille en toi des instincts meurtriers et le couteau logé dans ta manche n'a jamais été aussi pesant.


      - Tu es jaloux, mon chéri. Jaloux de moi, de ma vie. C'est toi la piètre réplique. Tu es ma copie en bien médiocre. N'es-tu pas mon petit frère après tout ? Tu essaies de suivre les pas de ton aînée, mais tu es court sur pattes et tu aboies si fort que l'on a tendance à oublier que tu es un homme pour te confondre avec un toutou. Brave, brave Evroult, ce n'est pas grave tu sais, tu ne peux tout maîtriser, commence déjà par savoir garder une femme. Si tu ne sais pas faire, je gage que Marie-Gertrude sera ravie de te l'apprendre.

    Un baiser termine ta tirade, là au coin de ses lèvres. Ça te dégoûte, mais quoi de mieux qu'un faux baiser pour dégainer discrètement cette lame qui te brûle presque la manche. Tu es en colère, Gysèle. Tout ton corps est tendu et tu te colles contre celui de ce cher petit frère feignant l'enlacement quand tu ne rêves que d'une chose : lui faire très très mal. Alors que la pointe meurtrière est déjà en train de remonter le flanc fraternel, qu'il peut déjà sentir l'ombre de la menace que tu apposes contre lui, tu oublies presque où tu te trouves et qui pourrait te surprendre à faire couler le sang dans un établissement comme celui de l'Aphrodite. Tu es folle. Aveuglée, ton égo meurtri, ton cœur trop souvent malmené à force de tenter de trouver une place à ce jeune frère qui la refuse, ton pouls semble soudain plus bruyant à tes tympans et l'adrénaline monte vicieusement. Là, il serait si facile d'en finir maintenant. Plus d'Evroult, plus de peine, plus de douleur, plus de danger. Ton couteau est à présent logé sous les côtes de ce dernier, là où Pierre t'a enseigné à frapper. Tu murmures tout contre sa joue :

      - Tu n'aurais jamais dû écrire cette lettre. Je me serais effacée de ta vie comme je te l'avais promis. Mais tu n'as pas pu t'en empêcher... et mon pauvre chéri, malheureusement pour toi, ce soir, c'est moi qui tient ce couteau.

    Ta main tremble. Serais-tu devenue un assassin ? Pourrais-tu ravir la vie de ton petit frère de sang froid, là ici et maintenant ? Tes paroles sonnent-elles aussi fausses aux esgourdes evroultiennes qu'elles ne le font aux tiennes ? Tu étais pourtant si déterminée à en finir quelques secondes avant, tu t'étais convaincue qu'une vie sans lui t’allégerait de bien des problèmes. Alors, pourquoi cette hésitation ? Tu sais qu'il va continuer à te faire du mal, tu sais qu'il va vouloir briser Louis-Marie aussi. Votre vie sera bien plus simple une fois que tu auras dépassé ta crainte. Quelle crainte d'ailleurs ? Est-ce seulement la peur de tuer ou juste celle de trop aimer ce jeune homme malgré tout, en dépit de tout ? Un léger hoquet s'échappe de tes lèvres et ton cœur s'accélère, tu reprends un peu de cran et raffermis ta prise sur le manche. Evroult, Evroult, tu vas lui faire perdre la tête, si ce n'est pas déjà fait. Il fait office de purgatoire, capable de ressortir toute la crasse que tu accumules, rouquine. La vérité, c'est que si Louis-Marie est différent de toi sur bien des points, tu n'as jamais été aussi consciente de ta ressemblance avec ton benjamin qu'en cet instant. Et si jusque là tu avais mal, cette révélation est bien plus atroce encore et embrume ta raison. Dextre frappe soudainement, plonge dans le flanc, malheureusement pas assez profondément pour en finir. Tu n'avais pas calculé, le manque d'amplitude de tes mouvements et l'épaisseur du vêtement. La lame blesse l'étalon fou, mais n'ira pas finir son chemin là où tu l'espérais. Le voulais-tu seulement ? Ton visage blafard, tes grands yeux écarquillés et larmoyants semblent pourtant déjà regretter ce que tu as fait. Trop tard, le sang est versé, tu retiens un sanglot, le masque se craquèle et tu t'apprêtes déjà à prendre la fuite et oublier ce cauchemar qui ne fait qu'empirer.

    Pourquoi ne pousses-tu aucun cri, Loupiot, alors que la lame triomphe du tissu épais & riche pour entailler ta chair ? pourquoi te tais-tu donc, soudain, alors que la seconde d'avant tu préparais une logorrhée inutile & pourtant tellement satisfaisante, à voir cette aversion dans les pupilles de ta sœur ? pourquoi ce vacarme résonnant en ton esprit ne vient-il pas transpercer tes tympans ? tes lèvres se sont ouvertes, laissant mourir un hoquet de stupeur dans l'ambiance échauffée de la grande salle, & tu n'as plus émis aucun autre son. Pourtant tu l'entends, ce palpitant affolé d'adrénaline & de douleur. Tu l'entends si fort qu'il te grésille à l'esgourde, & tu pourrais parier que même les invités échappés dans les nombreuses chambres de l'Aphrodite ont du l'entendre aussi. Il te semble, même, entendre ces perles carmines imprégner le sombre de ta mise & goutter sur les dalles. Mais non. Non, tu ne dis rien. Tu ne cries pas. Tu ne tombes pas. Tu vacilles certes un peu, tu tangues & te rattrapes au premier soutien qui te passe sous la main.

    Gysèle. Es-tu fou ? ne viens-tu pas de découvrir que sa flamme, non seulement fascine & réchauffe, mais brûle, aussi ? ne devrais-tu pas plutôt fuir, tomber, hurler à l'aide ? ta main libre s'est portée à ton flanc, parce que ça pique, certes, mais surtout parce que tu n'y crois pas. Ce n'est pas du sang, qui poisse sous tes doigts tremblants. Ce n'est pas un couteau, que tu as vu briller sous les milliers de bougies vous éclairant. Ce n'est pas de la peur, qui transpire dans les quinquets effarés de ton aînée. Non, Gysèle. Non, Marie-Gertrude. Tu ne m'as pas tué. Tu n'as même pas tenté de me tuer. Tu n'as pas le droit de m'ôter la vie, après avoir passé des années à la gâcher.

    Tes doigts se sont serrés si fort sur le bras de la galante que tu crois risquer de lui briser les os. Mais Gysèle n'est plus Gysèle, en cet instant précis. Gysèle est sa mère, parce qu'elle lui ressemble tant, de son minois catin à sa manière, crois-tu, de tenter de te foutre dans son lit. Elles te poursuivent, de tes aventures à tes rêves, de tes cauchemars à tes conquêtes, harcelant toujours, abandonnant, toujours aussi. Tes genoux fléchissent. C'est que ça fait mal, hein ? cet éternel recommencement de violences, par la chair & l'esprit, & d'abandon, encore, encore, encore. Ça fait mal, comme un couteau enfoncé dans le flanc, tiens. Ça fait mal, comme une sœur qui te poignarde. Tu raffermis ta prise. Gysèle, Gysèle, Gysèle. Non, Gysèle, tu n'es pas ta mère.
    Toi, tu assumeras tes actes. Tu ne me fuiras pas.

    Pas cette fois.

    Et pourquoi te trouves-tu encore devant lui Gysèle, retenant un cri de douleur à la poigne qui enserre ton bras ? Tu n'arrives pas à le quitter des yeux, tu ne mesures pas encore ce que tu viens de faire, hypnotisée par tout ce qu'il dit sans même ouvrir la bouche. Il vacille, tu le retiens, vieux réflexe fraternel qui te reste même après avoir tenté de lui voler sa vie. Tu es un monstre Gysèle, un monstre des plus dangereux. On ne te voit pas venir sous tes airs de jeune femme toujours taquine et insolente, sous tes airs de victime, de pauvrette, de femme bafouée. Là sous ta crinière rousse, vit la pire des hypocrite, la plus infâme des fourbe et traîtresse. Car si Evroult vous a fait du mal, tu viens de montrer que tu es pire que lui. Du sang coule sur ta robe, Quelle importance, pourvu que tu aies un sourire sur les lèvres.* Quelle importance, pourvu que le spectacle continue. Tu lances un regard autour de toi et pour la première fois depuis que tu as commencé cette danse, tu te préoccupes qu'on vous regarde. Mais ton benjamin est silencieux, comme trop stupéfait pour crier ou se faire entendre et toi, tu es déjà pleine de remords, tes mains tremblantes et des sueurs froides longeant ton échine. Si le carmin ne se voit pas sur la tenue sombre d'Evroult, sur ta robe à toi, la tâche est des plus saisissantes. Il te faut quelques secondes pour te ressaisir et quelques unes supplémentaires pour entraîner ton frère vers la sortie.

      - Je suis...Je vais te...
      - ... tuer... me tuer... tu vas me tuer ?

    Que vas-tu lui faire, Gysèle ? L'achever ? Le soigner ? Te rends-tu comptes qu'on ne joue pas avec une vie comme tu le ferais avec une poupée ? Réalises-tu seulement que tu as failli lui prendre son dernier souffle d'un simple caprice, d'une simple colère que tu n'as pas maîtrisé. Il rend tout tellement vrai, tellement palpable, tu sens le goût du sang, de votre sang que tu as fait couler et ça te rend malade. Déjà aux prises de tes regrets, tu le soutiens et l'enlaces comme le ferait une sœur, une vraie avec son frangin démuni. Non, tu n'iras pas au bout de ta première envie. Étrangement, le besoin de le tuer t'est passé dès que la lame a percé sa peau. Envolée, cette pulsion s'est rétractée, remplacée par un profond sentiment de culpabilité et une certaine colère. Cette ire lui est toute adressée à lui, mais contrairement à la précédente, tu la couves avec un calme surprenant. Il t'a poussée à bout et il te rend monstrueuse. Déjà, tu le remets coupable de tous tes délits et si tu ne le tues pas, tu ne souhaites tout de même plus l'avoir dans ta vie.Tu hèles un gardien, tu le connais, il surveille les entrées de l'Aphrodite et tu fouilles le corps de ta victime à la recherche de sa bourse que tu places entre les mains du type.

      - Pouvez-vous le raccompagner à une auberge et préciser qu'il a besoin de soins ? Ce maladroit s'est blessé en jouant avec une lame, les jeunes hommes sont vraiment idiots, ne trouvez-vous pas ?
      - Tout d'suite Mam'zelle Gygy. Pauv' garçon, j'vais m'occuper d'ça. Z'êtes bien bonne, ma p'tite, z'avez même tâché vot' jolie robe !

    Pour sûr que ces propos te hanteront un bon moment. Bonne hein ? Il n'y a qu'à sentir la poigne de ton frangin pour savoir ce qu'il en pense et tu n'oses même pas le regarder tellement tu crains ce que tu lirais dans ses yeux. Demain, les ecchymoses à ton bras te rappelleront ce que tu as fait et la tâche qui vient de t'endetter auprès de tes patrons d'une nouvelle robe à fournir, ravivera la crasse que tu t'évertues à cacher sous ce sourire enjôleur. Tu réalises alors, quand enfin, le bonhomme te libère du poids de ton frère, quand tu perçois le souffle haché de ton propre sang et quand tu relèves tes doigts tâchés de pourpre devant tes yeux, qu'il aurait mieux valu pour tes deux frères, que le moine s'occupe de toi une bonne fois pour toute. Evroult n'a jamais eu autant raison que ce soir, Evroult a vu juste. Evroult sait ce que tu es. Bien heureux les simples d'esprit. Car tu aurais été bien plus heureux, Evroult, si tu avais été plus ignorant..


* Adapté d'une réplique de Margot dans le film "La reine Margot".
À 4 mains.

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[REFONTE]
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