--Gontrand
Et voilà.
L'autre artiste venait de cracher l'morceau. Ah bravo pour le coup tiens! Même pas d'interrogatoire musclé. Pas besoin d'arrachage de langue ou de retournement d'ongle. Inutile de tenter le supplice de la chèvre. Rien de rien. Une voix menaçante. Un regard foudroyant. Et voilà le comère qui flanchait comme un morceau de gimauve en plein vent et qui déballait son sac plus vite encore qu'une mamie kleptomane devant les agents de sécurité de l'auberge du coin.
DONG!
Sursaut.
Hé. C'était quoi ça? Regard aux deux autres. Ca a pas bronché. Pourtant il avait bien entendu un...
DONG!
Ca. Là. Le son d'cloche. Il l'avait pas rêvé, nom d'un chien galeux. Et les autres là qui faisaient comme si de rien n'était. Voulaient le rendre fou ou quoi? Lui laisser croire qu'il entendait des...
DONG!
Cloches...qui résonnaient dans sa tête...Frisson glacé parcourant son échine.
Qu'il était le seul à entendre.
Et qui sonnaient...inlassablement...Comme à l'entrée d'une église...quand on faisait s'avancer le cercueil du décédé....comme...
DONG!
Hé mais ça va ouais! Il avait compris, c'est bon, pas b'soin d'en rajouter!
Ca sonnait dans sa tête. Et ça sonnait pour sa prochaine oraison funèbre.
Parce que là, vu le regard jeté par la Vicomtesse une fois leur histoire racontée par l'autre froussard, c'est sur, il ne lui restait plus que quelques instants à vivre sur terre...tout du moins, avec un peu de chance, en un seul morceau...
DONG!
Ouais. Marrant.
Dernier coup, pour marquer l'rythme, c'est ça? Une sorte de petite blague pour finir et ponctuer toute cette réflexion intérieur. Le point final. Le dernier tintement. Le...
DONG!
Haussement d'épaules intérieures du Gontrand. A ce petit jeu là, les cloches, il le savait, allaient gagner.
Autant s'arrêter de penser tout seul et de se reconcentrer sur la tempête à venir, tiens...