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[RP][Oane Vira] L'Alabrena - Mesnie Saint Just

Gnia
Elle savait pourtant que la demande de Decombes à être reçu amènerait invariablement le sujet. Pourtant, elle ne put que difficilement masquer sa surprise devant cette capacité à ne pas s'encombrer de circonvolutions pour arriver à son but. Qualité indéniable pour la Saint Just qui elle-même avait toujours eu du mal avec les tournis autour du pot.

Une fois qu'il eut fini, elle laissa un instant de silence, simplement ponctué d'un profond soupir lorsqu'elle prit la parole pour lui répondre.


Vos opinions et vos croyances ne font pas de vous un meilleur ou un plus mauvais serviteur, Benjamin. J'ai toujours évalué les hommes pour ce qu'ils sont, dans leur entièreté et je considère que la foi de chacun lui est personnelle et n'entre aucunement en ligne de compte au moment de devoir lever l'épée ou s'allier politiquement pour la grandeur d'une province ou d'une ville.

Toutefois...
Lorsque je vous ai pris à mon service, j'ai bien stipulé qu'en aucun cas je ne souffrirai que l'un des miens puissent être le moyen de m'atteindre.
Aussi, étant moi-même discrète sur mes attaches à la Réforme, je vous demanderai donc de vous astreindre à la même discrétion.


Agnès porta le verre de vin à ses lèvres et y puisa non sans plaisir une gorgée du sang de la terre.

Si vous souhaitez être instruit de ce que la Nouvelle Opinion prône et défend, si vous souhaitez accéder à ces textes, je vous instruirai.
Si vous souhaitez prier et communier avec ceux qui partagent votre foi, vous pourrez prier.
Ici, dans l'intimité de cet appartement.
Nulle part ailleurs où je ne vous aurai pas emmené et avec personne que je ne vous aurai pas désigné auparavant.


Le regard marine s'ancra alors dans celui de son vis à vis, guettant une réponse qui ne saurai tarder.
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Decombes
Benjamin buvait les paroles de sagesse qu'émettaient la comtesse de Saint-Just. Elle avait diablement raison. Sa croyance ne ferait très certainement pas de lui un meilleur serviteur. Aussi le jeune se doutait que le comtesse, même si leurs idées eussent été différents, était empreinte d'une noble tolérance. Benjamin paraissait apaisé.

Le comtesse parut cependant l'inciter à une grande discrétion, et Benjamin ne comptait aucunement déroger à cette règle. Il ne savait que trop ce qui était en jeu pour lui et la comtesse. Aussi acquiesça t-il aux avertissement de la Saint-Just.


Si vous souhaitez être instruit de ce que la Nouvelle Opinion prône et défend, si vous souhaitez accéder à ces textes, je vous instruirai.
Si vous souhaitez prier et communier avec ceux qui partagent votre foi, vous pourrez prier.
Ici, dans l'intimité de cet appartement.
Nulle part ailleurs où je ne vous aurai pas emmené et avec personne que je ne vous aurai pas désigné auparavant.


Je vous remercie pour cette offre Vostre Grandeur. Je sais ce que vous traversé en ces temps troublés et je ne veux en aucun cas être une source de tracas pour vous. Aussi ne suivrais-je votre apprentissage que lorsque vous aurez le temps de le faire. Je peux être patient.


Une gorgée du succulent breuvage, et Decombes se sentait d'autant plus réchauffé qu'il ne l'était de savoir qu'il resterait au service de Dame Gnia.

Madame, je vais vous laisser en paix. Vous devez avoir besoin de repos. Si vous avez besoin de moi, je serais en bas avec les deux gardes. Si vous ne trouvez point le repos, je reste disponible pour que vous m'enseigniez quelques leçons.
Gnia
Non.

Abrupt. Un peu trop peut-être. Alors elle esquissa un léger sourire qui se voulait rassurant.

Parler de Foi et de religion ne me fatiguera pas, bien au rebours. C'est peut-être même le meilleur moment pour que nous en parlions...

Restez donc et dites moi ce que vous savez de la Réforme et ce qui vous fait dire que vous pourriez vous retrouver dans ce qu'elle prône ?


Lui laissant le temps de songer à ce qu'il voulait répondre, Agnès se leva jusqu'aux portes qui fermaient ses appartements et dans le couloir, héla une soubrette qui y passait.


Fait chercher Damisélà Ladivèze, je te prie.

De retour vers les fauteuils à haut dossier qui faisaient office de petit salon dans cette vaste chambrée, elle reprit place face à Benjamin et d'un imperceptible mouvement du chef, l'invita à parler.

Ne soyez pas gêné d'être ignorant. Celui qui reconnait son ignorance fait déjà un pas vers la sagesse...
J'ai fait venir Matalena Ladivèze que vous connaissez, elle est pasteur réformée, elle saura répondre aux interrogations que vous aurez mieux que moi...

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Decombes
Soit, Benjamin resterait en compagnie de son illustre Maîtresse pour parler Réforme. Ce qu'il en savait ? Decombes tenta d'expliquer son point de vue.

A vrai dire, Madame, je me reconnais surtout dans l'opposition au dogme d'Aristote, où plutôt à ses dignitaires qui s'insinuent un peu trop à mon goût dans les affaires des autres. Aussi, je reconnais davantage la tolérance religieuse dans le culte réformé que chez les disciples d'Aristote. Selon moi, chacun devrait pouvoir observer ses croyances comme il le veut et en tout lieu.

Après cela, j'avoue ne pas en connaître davantage. Mais Dame Matalena pourra certainement m'éclairer sur ce point.


Ses connaissances pouvaient paraître bien lacunaires. Il est vrai que l'arrogance des dignitaires arsitotéliciens agaçaient au plus haut point le jeune Capitaine des gardes. Le désir de porter l'épée contre les intolérants le démangeait fortement. Mais la guerre était bien assez proche de la Guyenne. Ce moment viendrait très vite. En attendant Matalena, Decombes boit une nouvelle gorgée du divin breuvage.
Gnia
Agnès tenta de dissimuler la grimace qui voulait naître sur ses lèvres aux paroles de Benjamin. Comme la plupart de ceux qui versait vers la Réforme, il s'y intéressait tout d'abord par esprit d'opposition à l'Eglise romaine.
Ce qui valait toujours mieux que par simple esprit rebelle sans que rien ne soit soutenu par une réelle envie de s'informer des fondements de la Réforme.


Je voudrai vous détromper sur un point, Benjamin. La réforme n'est pas la voie de la tolérance.
La Nouvelle Opinion ne pourrait survivre si elle se targuait de tolérance. Mais s'il fallait mâtiner cet état de fait, de part la volonté de rallier le plus d'âmes à cette cause, elle s'ouvre plus au monde extérieur, ne serait-ce que parce que ses fondamentaux sont relativement plus accessibles au commun que ceux des papistes.

Mais il ne faut pas se leurrer, il s'agit d'une lutte d'idée, où encore une fois, la voie du milieu n'est pas concevable.


Elle porta le godet de vin à ses lèvres, savoura lentement le liquide et reprit.

La première chose à intégrer est que les réformés sont aristotéliciens. Le dogme de Rome et le dogme réformé reposent sur des textes communs. Il s'agit d'un schisme au sein de l'aristotélicisme et non d'une nouvelle croyance louant un nouveau Dieu, ce qui est en soit une hérésie.
Il s'agit juste de croire autrement.

Si l'on devait résumer les différences qui opposent romains et réformés, elles tiennent en trois axes principaux.

La Réforme ne reconnait ni le Pape ni le clergé, car elle ne conçoit pas que le lien entre Dieu et les hommes doive se faire par le biais d'intermédiaires.

La Réforme ne reconnait que deux sacrements. Le baptême et l'action de grâce.
La Réforme ne place pas l'Enfer sur la Lune mais dans la Montagne de la Désolation qui se trouve sous la mer et le Paradis n'est pas solaire, mais un Jardin des Délices qui se trouve dans l'immensité des cieux.

La Réforme place Aristote, Christos et Averroès sur pied d'égalité et reconnait les trois comme prophètes.
Les Saints n'ont pas de nature divine mais sont des hommes comme vous et moi dont la vie mérite d'être contée.


Un sourire contrit vint fleurir sur le visage inquiet de la Comtesse. Peut être un peu trop d'informations d'un coup à digérer pour un homme qui avait avoué ne s'intéresser guère à la religion jusqu'alors.

Ne vous effrayez pas de cette manne subite d'informations, Benjamin.
Je veux simplement savoir si vous vous retrouvez là dedans.
Il est important de savoir à quoi l'on décide de croire et pourquoi.
Pour ma part, je ne conçois pas que l'on verse dans une opinion si l'on ne sait pas de quoi il en retourne.

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Matalena
[Douze ans après la guerre... Quelque part dans la Lune.]

Ce qu'il y a de pratique à avoir trois maisons différentes c'est que, en fonction des situations, l'on peut décider d'occuper l'une ou l'autre selon le trajet qui nous parait le plus court. En l’occurrence, compte-tenu du fait que nous nous trouvions aux premières heures de la Lune, la Languedocienne s'apprêtait à plier bagages direction la taverne quand une des servantes vint la trouver en sa chambre, mandée par la maitresse de céans.
Si elle ne montra rien de sa surprise, la jeune femme n'aurait su deviner ce que pouvait bien lui vouloir la noble. Toute distante et occupée qu'elle était ces temps derniers, la balafrée ne lui adressait plus guère que quelques mots polis aux détours des couloirs. D'un naturel taciturne et solitaire, le pasteur réformé n'en prenait guère ombrage, jugeant qu'il est un temps pour tout... Mais parfois à la faveur de ses interminables veillées insomniaques, lui venait la nostalgie de temps plus complices où elle coiffait la longue chevelure bouclée en éclusant du rouge Bordelais de contrebande des heures durant. Avec un haussement d'épaules, elle se présenta à la porte où s'enchainaient deux voix. Celle, attendue, d'Agnès, et celle, plus rare à l'oreille, qu'elle reconnut comme appartenant au discret soldat qui partageât quelques pas de danse en sa compagnie. Hésitant un instant entre interrompre le discours et écouter aux portes, la brune choisit de laisser son aînée définir la réforme, se glissant dans la pièce sans perturber l'exposé, attentive.
Puis elle fit quelques pas dans leur direction, dévoilant sa présence additionnée de son habituel salut de la tête, bref et martial.


Le bon soir Votre Grandeur. Vous m'avez faite chercher.

Et me voici.
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« Ne confondez pas le sombre avec l'obscur. L'obscur accepte l'idée de bonheur; le sombre accepte l'idée de grandeur. »
Victor Hugo

Gnia
[Une éternité plus tard. Tandis que les oriflammes couvrent l'horizon.]


Elle en était revenue de l'autre bout de la Guyenne. Voyageant de nuit, évitant les villes et marchant en lisière, celle entre les chemins et les forêts.
Elle était revenue à Montauban, étrangement épargnée par les conflits, en proie à une sorte d'émulation de se voir libérée du joug guyennois.

Il y avait eu quelques jours de calme. Une parenthèse, une dépression entre deux instants d'activité intense. Un instant qu'il fallait mettre à profit pour se préparer au pire.


Aussi, rapidement, l'Alabrena fut prise d'une effervescence rare, préludant à un changement. De ceux durables.
Rapidement la bâtisse perdit vite son apparence de place forte transformée en villégiature pour revenir à son usage premier. Les portes et fenêtres en furent barricadées, et à la faveur des nuits, les sous sols et souterrains palpitaient au rythme d'un déménagement d'ampleur.

Hors des murs, l'austère bâtiment flanqués de ses tourelles était un avant poste scrutant le fleuve. Le manoir Albar sur l'autre rive, comme un écho, les colosses de Rhodes qui n'avaient plus guère d'utilité s'ils étaient débordés sous le nombre.


En quelques jours, la place forte barricadée s'était transformée en coquille vide, les oriflammes avaient quitté les murs. Tout ce qui avait de la valeur avait été transporté.
Ailleurs.
Aucun souffle ne respirait plus à l'abri des murs.


La mesnie Saint Just avait pris le maquis.

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Gnia
[Va où tu veux, meurs où tu dois]


Et certainement pas là.

Le regard embrassait l'horizon depuis les courtines, paysage qui ne changeait que par ses couleurs et la lumière spécifique de l'instant.
Une brume étrange s'élevait des champs et de la forêt, drapait furtivement le Tarn, le Vieux Pont, et avait terni le flamboiement des saules sur Montauban.

En contrebas, les derniers préparatifs d'un voyage qui sonnait une sorte de glas, la mort d'une époque, de rêves et d'espoirs mais aussi un linceul déposé sur déceptions et tristesses, terrain fertile pour en entrevoir de nouvelles.

Elle frissonna un instant tandis qu'un pâle soleil passait un horizon nuageux et au claquement de la portière du coche dans la baille intérieure, elle s'ébroua enfin, laissa planer une dernière fois le regard sur la Cité des Saules avec un étrange sourire en coin et elle quitta les hauteurs pour revenir au monde présent.

L'Alabrena allait vivre au ralenti, hantée par quelques domestiques et le Vieux Georges qui ne souffrait plus l'aventure. Comme pour se persuader que l'on y reviendrai un jour.


Un voyage qui promettait d'être harassant, ne serait-ce que parce qu'il allait falloir partager le coche avec son fils, sa fille, et bientôt son époux.
L'angoisse ultime.

D'autant qu'on ne savait pas vraiment pour où l'on partait, donc encore moins pour combien de temps.


Va où tu veux, meurs où tu dois.
Mais certainement pas là.

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Sancte
[Sommaire]

On en disait des vertes et des pas mûres à Montauban en ce moment. Pendant ce temps, juché sur les falaises à proximité d'Albar, Iohannes assistait impuissant au faussement de la belle mécanique Montalbanaise qu'il avait mis tant de soin à établir. Il ne pouvait cependant regretter cet exode massif, qu'il espérait provisoire. Il devenait jour après jour plus évident que le salut de Montauban se situait désormais hors de ses murs. Ailleurs qu'ici, en somme.
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Scath_la_grande
[Il y a deux choses inévitables : la mort et les taxes*]


Deux choses qu’aiment étrangement distribuer la Musteile.
Recroquevillée sur le banc de la charrette, le museau blanc emmitouflé dans l’épaisse cape hivernale bordée de fourrure, la rousse reste taiseuse durant le trajet. La carriole oscille lentement dans la brume crépusculaire jusqu’à ce que l’imposante bâtisse vienne à bouffer le regard. S’accaparant l’ombre comme un manteau effrayant, l’Alabrena étend sa haute silhouette dans un ciel en fin de vie.
L’équipée stoppe devant l’entrée. La carcasse massive d’un grand type s’extrait de la charrette et martèle à coups de poings le lourd battant dont le bruit sourd résonne en écho funeste et meurt dans le silence.
Grognement du butor devant la porte close.


Crétin ! La délicatesse, tu connais ? Ils vont croire qu’on tente de forcer l’entrée !

D’une démarche souple, la Belette a rejoint son homme de main, regard en coin adressé à ce dernier.
Ses doigts gantés se saisissent agilement d’une corde et tire vigoureusement dessus jusqu’à ce que le tintement d’une cloche se fasse entendre.


Holà de l’Alabrena , c’est l’Gouverneur Von Frayner, ouvrez !!! Au nom de la municipalité… se tourne vers le géant, ça s’dit ça ? Récolte un haussement d’épaule ignorant. Au nom de la municipalité, ouvrez !!!

Re-coups de cloche virulents jusqu’à se que les gonds grincent et que le visage usé d’un des domestiques apparait. La rousse le questionne sur la maîtresse invisible des lieux, reçoit une réponse négative qui ne l’enchante guère.

Vous savez quand elle revient ?

Toujours une négation.

Si ça continue ainsi je vais devoir me saisir de quelques uns de ses biens pour l’acquittement des impôts que Sa Grâce me… hum que Sa Grâce doit à la ville. Musteile tend d’un geste sec un parchemin au le dit George. A transmettre à votre maîtresse dans les plus brefs délais.

Avec une certaine grâce, la Gouverneur prend congé et réintègre la carriole. C’est décidé la prochaine fois elle prendra un coche fermé et de la fourrure pour se protéger du froid.


Citation:
A Sa Gracieuseté Agnès de Saint Just et de tout un tas d’autres noms & titres dont nous ne sommes pas fichue de nous rappeler.

    Nous, Sublime Gouverneur de Montauban tenons à porter à votre connaissance un certain oubli (ou un oubli certain) à payer votre impôt foncier à notre bonne ville Montauban. Nous devons dire que nous apprécions que moyennement de voir votre nom dans notre liste des « Ouh les vilains pas beaux, ils n’ont pas payés leurs impôts », nous aimerions y remédier en vous rayant de là. Pour ça il suffit simplement de vous acquitter de la somme réclamée, et presque risible connaissant les nombreuses terres dont vous devez retirer un usufruit plus que confortable.
    Dans le cas contraire, nous serions obligée de nous saisir de votre réserve de vin bourguignon que vous escamotez dans votre cave, et ce, à titre de dédommagement personnel. Ce qui ne vous exemptera pas, toutefois, de régler vos taxes et pénalités.

    Nous eussions préférée une missive plus agréable et espérons néanmoins que vous vous portez bien dans l’exil. Que Déos accorde lumière à votre chemin.


Sublime Gouverneur de Montauban


Fait le 22e jour du mois de janvier de l'an MCDLX



*Expression anglaise
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"Musteile arrive... Fuyez pauvres fous ! Fuyeeeeez !!!"
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