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Une jeune duchesse, jolie et très jeune. Vie et pérégrinations
Voici ce que l'on peut lire sur sa fiche
Je suis en larmes. Je viens de recevoir une lettre m'annonçant la mort de ma mère, la Duchesse de Luserne. Ma mère... Ma mère... Une merveilleuse et magnifique femme que je n'ai pratiquement pas connue.
J'essuie mes larmes et les yeux au plafond, je me remémore.
Il me souvient son rire. Son regard pour mon père.
Il est difficile d'être l'enfant de deux personnes qui s'aiment si fort. Ils m'ont oubliée.
Je sais qu'ils ne m'ont pas abandonnée mais il n'y avait pas de place pour moi dans leur vie. Laclemanus, mon père et Neottie ma mère, se suffisaient à eux-mêmes. Ils m'ont donné tout ce qu'ils pouvaient. Une excellente éducation, les meilleurs maîtres qui soient. Ils m'ont couverts de cadeaux, seulement c'étaient des coursiers qui me les portaient. Mes parents étaient toujours partis, en quelques missions ou guerre. C'est dans une guerre que ma mère est morte avant hier.
Les larmes coulent encore et mon cœur se gonfle de regrets. Je n'ai pas connu ma mère et je crains que mon père ne revienne pas vers moi. Ce n'est pas lui qui m'a annoncé la triste nouvelle.
Je me lève et je vais à la fenêtre. Je regarde les montagnes et j'y puise ma force.
Maintenant, il va falloir que je prenne la route de ma vie.
Maintenant, il va falloir que j'existe par moi-même
Je ne suis plus la fille de la duchesse de Luserne, je suis la fille de la défunte Duchesse de Luserne.
Je dois donc construire ma vie seule. Seule.
Je suis Alinoe_de_chenot.
J'ouvre la porte et sors de mon enfance.
Alinoe_de_chenot doit être.
Alinoë_de_chenot sera.
Ce jour du 24 avril 1458, j'entre dans ma vie d'adulte.
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14 Novembre 1458
Cela fait longtemps que je n'ai rien écrit dans le journal de ma vie. En fait je ne voulais plus rien écrire dans ce journal. Ma vie je l'estimais sans intérêt. Il faut dire que le chagrin m'avait terrassée puis doucement il s'en est allé. Bien sur ma mère me manque et me manquera toujours mais maintenant je vis pour moi.
Si je ne suis pas encore heureuse, je ne suis pas malheureuse.
Mon père est revenu de la guerre, changé, comme ailleurs. Une part de lui est resté à jamais avec la femme qu'il aimait mais il est un père tendre et attentionné et un brin trop protecteur. Je me sens en sécurité maintenant qu'il est là.
J'ai fait une demande pour devenir héraut de Savoie et le ban m'a accepté comme il m'a accepté comme duchesse à part entière. Oui, j'ai hérité de tous les biens de ma mère, mon père avait refusé d'en être l'héritier, il a préfère que son épouse me lègue tout.
Dois-je le remercier ? je ne saurais le dire, la charge est si lourde.
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17 Mars 1459
Il s'est passé des choses dans ma vie et pourtant je n'ai pas l'impression d'avoir grandi.
Je ne suis plus héraut. J'ai démissionné suite à une dispute avec un confrère. Dommage, j'aimais ce que je faisais mais j'aime encore plus ma liberté de penser et d'agir.
Je fais fructifier mes terres mais je n'arrive pas à me décider à me lancer dans l'artisanat. Je végète un peu de ce coté là, je dois l'admettre mais il faut de la stabilité pour se lancer dans cette activité. Moi? Je suis tout sauf stable. J'ai tant envie de bouger, de voir le monde, de m'évader. Cela fait plusieurs mois que j'ai préparé mes valises. Je ne suis pas encore partie faire le grand voyage. Je sais que je le ferais. Il faut que je le fasse. Je ressens comme un appel. De quoi? Vers où ? Je ne saurais le dire.
Je suis maintenant Chancelière de Savoie. C'est passionnant. il y a tant à faire, à découvrir, à comprendre. Cela me donne le tournis parfois. Mais qu'il est agréable de se lever le matin et de se demander ce que la journée vous réservera.
Je joue toujours de la musique, moins qu'avant, faute de temps. Je jouerais toujours, la musique me permet de me ressourcer.
Mon cœur est vide d'amour, mon cœur est rempli d'amitié et d'espoir.
Mon cœur, je le nourris de musique.
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Le mois de Juin 1459
Je ne suis plus chancelière de Savoie. Le Roi de Lotharingie m'a choisie pour être la chancelière de son Royaume, c'est un grand honneur pour moi et surtout un grand défi.
Mon père est devenu duc régnant, cela fait quelques temps que nous nous sommes rapprochés. Il surmonte mieux son chagrin mais il n'est pas encore prêt à refaire sa vie.
Je suis rentrée de mon voyage. Oui, je suis partie pour un grand voyage en Royaume de France. J'ai visité quelques duchés et comtés. Le lyonnais Dauphiné, la Bourgogne, Le Berry, la Touraine, l’Orléans, le Maine, l'Alençon, La Normandie, l'Anjou, le Poitou, le Périgord, la Guyenne, vais-je tous les nommer ? Je suis revenue en passant pas la Gascogne, Toulouse, le Languedoc.
Ce qui m'a surprise c'est le calme, on eut dit que les gens se cachaient. Pas grand monde sur les places et dans les tavernes. C'est étonnant, Par contre le peu de personnes que j'ai rencontré étaient sympathiques et ouvertes.
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Novembre 1459
Déjà l'automne et les sommets blanchissent.
Que dire de moi ? Ma vie est comme un long fleuve endormi.
Je ne suis plus Chancelière du Royaume, mon Roi est mort. J'ai préféré laisser la place.
Mais j'ai investi.Je me suis achetée une boucherie et je fais de l'élevage, Cela rapporte, mes gens travaillent bien et j'ai beaucoup de bétail. Avec mes vignes et mes carrières de pierres, je puis dire que je suis à l'abri du besoin pour un petit moment.
J'ai plus de temps maintenant pour m'occuper de moi. En fait les eaux du fleuve coulent doucement. Je voyage toujours mais cette fois-ci pour mon plaisir. Je ne puis rester en place. Comme si j'étais à la quête de quelque chose. Quête de moi-même, certainement.
Je cherche ailleurs ce qui est surement en moi, seulement je n'ai pas envie de regarder en moi. Je sais que j'y trouverais la solitude et elle, je ne veux pas l'affronter.
Je suis jeune me dit-on, oui , bientôt quinze ans mais la jeunesse ne chasse pas la solitude.
Il y a la guerre en Royaume de France et pourtant j'ai entrepris un autre voyage. Je vais traverser ce Royaume, braver les dangers, aller à la rencontre des gens, soigner les soldats et aider avec ma musique les coeurs les plus désespérés.
Sur les routes à l'heure vespérale, je regarde l'horizon et mon coeur s'enfle d'espoir.
Sur les routes, je sais qu'il y a quelque chose qui m'attend autre que la solitude. L'Espoir, l'Amitié.